Récit de la course : Trail du Josas - 35 km 2015, par jpoggio

L'auteur : jpoggio

La course : Trail du Josas - 35 km

Date : 12/4/2015

Lieu : Jouy En Josas (Yvelines)

Affichage : 2515 vues

Distance : 36.7km

Matos : La Sportiva Ultra Raptor

Objectif : Se dépenser

8 commentaires

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Où l’on découvre les joies du Pacman.

Bon, c’est bête, mais le titre de ce récit ôte tout suspense.

Veni, vidi, vici (l’adversité), en quelque sorte.

Commençons par un résumé des épisodes précédents : à l’automne, je découvre une communication tapageuse autour du « challenge trail du Mordor », et considère que, ma foi, le « long » consistant en quelques courses de 25 à 35 km, cela me permettrait de m’organiser quelques séances durant lesquelles la « gestion de course à l’économie » ne se justifierait pas, m’obligeant par là-même à secouer la pulpe, ce qui n’est pas dans mes habitudes, un tort que je regrette régulièrement. Inscriptions donc en rafale pour l’Hivernale, le Josas et les Cerfs, trois premières manches dudit challenge.

L’épisode suivant nous voit par un matin glacial sur la plage des Etangs de Hollande, pour une prestation peu convaincante mais au cœur de l’hiver, je ne suis pas très regardant.

Troisième épisode de la saga, donc, ce dimanche 12 avril, dans les brumes de la vallée de la Moria (nom local de la Bièvre, pour les non initiés), dès potron-minet pour soutenir moralement les Hobbits en partance pour le 50km : on y trouve un Hamster venu de la Comté sur son scooter, un Fredvil venu des Terres du Nord, prêt à bouffer de l’Orc au sortir de trois mois de fractionné en côte, le Lutin du 9-3,…).

Peu à peu arrivent aussi la seconde vague d’Elfes du 35, telle la Maîtresse des Neiges du Modor, le Mulot à la Hache Sanglante, le Bikoon prêt à en bicoudre, le Philippe à la collection de dossards haute comme deux ou trois annuaires, un Luca Papi en jaune pétant, le Sebkikour et tous ceux que j’oublie. Tout ce petit monde renâcle à rejoindre le briefing, parce que bon, si les premiers rayons du soleil commencent à dissiper le brouillard, il fait encore frisquet.

La température est d’ailleurs une source d’angoisses existentielles pour votre serviteur, qui le matin est frileux comme pas deux, qui a oublié de chercher ses manchettes dans le foutoir qu’est ses boîtes à affaires de trail et partira finalement en deux couches.

(oui, mais et notre second petit déjeuner ?)

Passé le briefing, nous nous dirigeons donc vers le départ à quelques centaines de mètres de là, et ça part. Vite. Les montagnes russes des premiers kilomètres sont un peu pénibles, je suis au taquet en cardio et je souffre un peu, et comme d’habitude, tout le monde me double. Je m’efforce de garder certaine jupette rose en ligne de mire, mais elle ne tarde pas à diminuer à l’horizon pour disparaître définitivement. Tant pis, je me choisis quelques lièvres moins glamour pour tenir la cadence, et lorsque nous longeons LFPV(1), le cardio redevient raisonnable, on me double de moins en moins et je constate que je ne me traîne pas avec une moyenne dans les 8.3 km/h. C’est bien.

( photo Poulo (son blog))

Arrêt express au premier ravito (un verre de coca, deux tucs et deux rondelles de saucisson) et je repars, assez motivé, d’autant que nous attaquons la boucle au-dessus de Viroflay où j’ai mes repères. Donc là, ça va bien, je déplore juste la traversée d’une flaque boueuse dont nous ressortons en traînant une odeur de vase peu ragoûtante. On ne me double presque plus, je double même parfois et modère mes efforts dans les coups de cul qui nous ramènent vers l’A86 via le Bois du Pont Colbert , discutant au passage avec un couple de joggeurs et me délestant d’une couche.

Arrêt express au premier ravito bis, qui s’est déguisé en second ravito (même menu auquel je rajoute un tronçon de banane, parce qu’il y aurait du magnésium et que ce serait utile contre les crampes.

Là, je relance, ayant maintenu ma moyenne dans la boucle, je commence à croire en mon ambition folle de parcourir les 35 bornes à 8 km/h. Relance donc, quelques dépassements, en majorité en ma faveur, puis descente sèche sur Les Loges et on remonte sur Satory. Le long du golf, je maintiens un petit trot malgré le sentier en montée. Un quidam ahane derrière moi. Je m’écarte pour le laisser passer mais il décline. J’ai l’impression de forcer un peu trop, et je n’aime pas avoir quelqu’un sur mes talons dans ces conditions, donc j’accélère un peu, puis encore un peu quand la pente s’adoucit. A l’analyse, j’ai tenu les 166 bpm (soit 97% de ma FC Max théorique…) pendant l’incident. Je double régulièrement, et l’enthousiasme me gagne.

La sagesse populaire prétend que « le premier trace, le second tasse et le troisième passe » est le secret d’une bonne gestion de course.

Euh, non, ça c’est en alpinisme. Ah, j’y suis : le premier tiers, tout le monde te double, se second, personne te double et au troisième tiers, tu doubles tout le monde. Je commence à considérer que pour une fois, je suis en train de bien gérer ma course.

Et si on regarde de l'autre côté, on voit une troupe de scouts. Etonnant, non ?

Ben tiens, voici que nous longeons Versailles,  on doit aborder le troisième tiers et dame, je double. Je rattrape même Sebkikour et un pote.

« C’était pas l’Alpe d’Huez qu’on a descendu, là ? »

« Je ne crois, pas, ça doit être un peu plus loin » répond-je. Il me semble que la minière n’est pas bien loin, mais tout de même…eh bien si, tiens. Voilà la Minière. C’était bien l’Alpe d’Huez, c’est plus cool à la descente…

Seb, qui court. 

Je fais une photo, gère le troisième ravito comme les deux précédents et hop, je relance sur le petit chemin sympa qui longe la Bièvre, chemin qui m’est fort familier depuis les 6h de Buc de 2011.

Je double encore, et à chaque fois, je découvre un nouveau concurrent plus avant qui m’incite à maintenir le rythme pour le rattraper…un concurrent ? que dis-je ! une proie que je m’en vais dévorer, tel une figure géométrique jaune dans un labyrinthe qui…

Bon sang, mais c’est bien sur !

C’est donc ça, le « pacman » !

Alors, là, j’euphorise, à tel point que le bain de pieds dans l’eau glaciale de la Bièvre passe sans trop de protestations (enfin, si, je proteste que c'est froid, mais c'est pour avoir l'air d'exister.

Dans les mines de la Moria.

Et que je repars, et que je double !

Yeaaaaah !

Lorsque nous remettons pied sur le plateau,  on nous indique un kilométrage restant légèrement supérieur à ce que l’affichage de la montre pourrait laisser croire. Je commence à sentir un peu de lassitude, mais j’arrive à maintenir un bon rythme, et même, dieu me tripote, à doubler encore quelques coureurs en galère.

Un petit coup de mou en traversant HEC – sans doute la proximité des gourous du marketing – et ses travaux (toute rubalise n’est pas bonne à suivre) mais je sens l’écurie et après un peu de slalom entre promeneurs, une dernière volée de marches, un dernier dépassement et un sprint pour la forme et c’est dans la boîte, 4h18.

8.5km/h.

Par le sacré nom du Saint Graal, c’est quasiment aussi vite qu’un Hobbit à bâtons sur un Ecotrail MN, ça.  J’en suis tout décoiffé. Pour dire à quel point je suis allé vite, je me trouve dans l’aire d’arrivée alors que la remise des récompenses commence juste, j’en ai le tournis.

Bon, une fois remis de mes émotions, j’erre un instant en quête de rouge (la couleur, pas le pinard) jusqu’à repérer confortablement installé le nid de Kikous : il y a même le Bagnard et Caro qui sont venus en voisins.

Une assiette de paëlla arrosée de lait de Soja en blaguant est bien réconfortante. Sebkikour arrive peu après moi, puis un Hamster un peu pâlot après ses cinquante bornes que la paëlla requinque vite.

Then Frodo felt himself falling, and the roaring and confusion seemed to rise and engulf him together with his enemies. He heard and saw no more.

Bref, j’ai repris la N118.

 


1 Parce que j'avais la flemme d'écrire Base Aérienne 107 Velizy-Villacoublay "Sous-Lieutenant René Dorme"

8 commentaires

Commentaire de PhilippeG-638 posté le 17-04-2015 à 21:31:02

Super Jacques ton récit, comme d'habitude, très bien écrit et qui ne se prend pas au sérieux: j'adore ! :-)
Beaucoup de références à Bilbo.
Bon, bien la suite aux cerfs alors ;-)
Bonne récup;
@+
Philippe

Commentaire de Overnight posté le 18-04-2015 à 07:41:45

Bravo pour cette course de Pac-Man :)... et c était donc HEC que l on traversait avant de revenir sur le bitume! Ça va y a pire comme coin pour étudier :D
Rdv aux cerfs:)

Commentaire de bubulle posté le 18-04-2015 à 08:06:24

Je n'ose imaginer ce que sera le troisième tome du Jacques of the Rings (vu que là c'était le deuxième épisode de la saga et non le troisième comme une certaine confusion résiduelle l'indique en début de récit). En effet, il faudra, là, aller aux confins du Mordor, jeter l'Anneau dans les flammes de la Montagne du Destin, après la traversée d'une partie de la forêt de Fangorn (attention aux Ents et même aux quelques Huorns survivants).....mais ensuite pouvoir enfin célébrer l'achèvement de cette Quête, avec force Hobbits, Maîtresse Elfe et peut-être même un Gandalf de retour de sa Longue Marche, si tu sais être patient pour guetter leur retour.

Mais, sacrebleu, je me suis quand même bien marré avec ce compte-rendu, vous devriez en faire plus souvent, très cher...

Commentaire de jpoggio posté le 18-04-2015 à 09:29:32

Las, mon ami, je ne sais si ma muse sera à la hauteur dans quatre semaines.
ET à partir de la rentrée, pour les dernières manches du challenge en référence, j'attaque le Silmarillion.
On n'est pas rendus.

Commentaire de lemulot posté le 18-04-2015 à 16:43:49

"Pour dire à quel point je suis allé vite, je me trouve dans l’aire d’arrivée alors que la remise des récompenses commence juste, j’en ai le tournis."

J'adore ;-) donc on se voit aux cerfs du mordor, attention les bêtes sont sauvages :-)

Commentaire de stphane posté le 18-04-2015 à 21:50:34

C'est qu il écrit bien le bougre....

Commentaire de jpoggio posté le 19-04-2015 à 10:16:37

Merci :).

Commentaire de Arclusaz posté le 23-04-2015 à 08:35:22

oui, il écrit bien mais il est avantagé : il a une barbe et des lunettes d'instit !!!!

merci pour ce bon moment de lecture.

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