Récit de la course : Trail des Frahans - 40 km 2006, par Bourdonski
Trail des Frahans : une bonne claque pour mon égo
Bonjoir tout le monde,
Dans le cadre de ma préparation à l' Ultra Trail du Mont Blanc cet été, j'ai participé ce dimanche au 1er trail des Frahans et j'espère pas le dernier car de toute beauté : ah la vue sur Samöens de tout la haut sur les crêtes, les montagnes enneigées, les névés, du soleil et les gentils organisateurs (un grand merci à eux et à tous les bénévoles sur le parcours et à l'arrivée).
Inscription de dernière minute sur place et me voilà sur la ligne de départ gonflé à bloc : 40 petit kms, une misère !
6h39 plus tard, je me rends compte du boulot qui me reste à faire. Comment encaisser l'UTMB alors que ce "petit" trail m'a paru interminable sur la faim (et fin aussi). Je pensais être bien préparé. De plus le week-end juste avant, j'étais parti en montagne marcher avec des amis. Donc pas de course mais des montées et descentes rapides en marchant avec 7 kgs sans problème. Pas de sport pendant la semaine pour cause de baby sitting : donc bien reposé. Ce trail ne devait être qu'une formalité sur la route de l'UTMB. J'ai bien déchanté. Après un bon départ, les sensations étaient là, j'avale la 1ere longue montée plein d'entrain : j'alterne course et marche d'un bon pas. Une longue descente technique que j'avale rapidement en dépassant certains concurrents. Là, j'aurais du tilter car ça commencait à faire mal aux cuisses mais pensez-vous, je suis bon moi ! 2eme et dernière grosse montée pour accéder au point culminant du trail. J'arrête de courir car ça grimpe dur mais je maintiens un rythme rapide en marchant. Une féminine que j'avais doublé dans la descente me dépasse en courant ! Sacrée caisse (au propre comme au figuré) ! Je pointe à la barrière horaire fixée à 12h30 à 11h00. J'ai de la marge et heureusement car c'est là que mes pb commencent : ils vont durer 3h39 ! Une fringale à la limite de l'hypo et des jambes en bétons ! J'ai beau m'abreuvé et grignoté nos gels miracles, ça ne passe pas. La montée est rude, droit dans la pente et pour arranger le tout les crampes apparaissent. J'ai régulièrement, toutes les 5', les jamber tétanisées. P..... que ça fait mal. Je n'avais jamais connu ça. Des petites crampes oui mais rien qui ne m'empêche de courir. Ma pire galère ! Je suis obligé de m'arrêter plusieurs fois ds la montée et d'essayer de m'étirer. Je me dis que n'arriverais jamais au sommet à ce rythme ! En plus je suis assailli par les mouches, il y a plein de moutons dans le coin ! Un secouriste quitte son poste et grimpe vers moi à toute berzingue et me propose son aide ainsi qu'un peu d'alcool de menthe sur un sucre. C'est gentil mais je décline, j'arriverais bien à passer ce foutu col. Enfin le sommet, j'ai toujours faim, le sucré m'écoeure et je rêve du sandwich saucisson que les bénévoles mangaient au point de contrôle. Je profite quand même du paysage qui s'offre à moi. J'attaque la descente en me disant que ça sera plus facile maintenant sauf que la dite descente fait une bonne douzaine de km qui ressemble plus à un terrain d'entrainement pour char qu'à une piste forestière ou même un GR alpin : pas du tout roulante, "on a oublié d'enlever les cailloux". De plus, j'ai horriblement mal aux jambes, les crampes sont toujours là. Je réussis quand même à rattraper et dépasser 2 coureurs plus mal en point. Enfin Samöens, du moins je le croyais mais les organisateurs ont du penser que j'en redemandais encore : une nouvelle terrible montée (heureusement très courte) mais paradoxalement plutôt bénéfique pour mes jambes. Je dépasse un concurrent et son mentor : j'ai pas trop discuter mais je pense qu'il avait le niveau pour être beaucoup plus devant car il avait l'air très facile. Il accompagnait certainement un copain dans ce trail et il a tenu bon jusqu'à la ligne d'arrivée, rongeant certainement son frein. J'ai moins mal en montée mais voilà que ça redescend dur : ouille ouille ouille ! Enfin Samöens et cette fois c'est la bonne. Ligne d'arrivée franchie en 6h39 (la honte pour moi !). Le doute m'assaille mais heureusement je suis bien protégé !
Après avoir réfléchi en moi-même et parce que je suis un optimiste de nature (peut-être un peu trop ?), je me dis que ça aurait pu être pire. J'aurais pu abandonner ou bifurquer vers le 25 km (il y avait 2 boucles - 25 ou 40 km - avec une partie commune) : c'était facile car j'étais à 10' du retour circuit 25 km et m'éviter ainsi une longue montée et sa descente.
Analysons ensemble :
Je n'aurais pas du faire ce trail, mon week-end devait aussi être un WE baby-sitting qui s'est libéré au dernier moment (vive Mamy). Le Tour des Glacirs de la Vanoise étant complet, pourquoi pas les Frahans ! Donc pas de préparation particulière.
1 - D'habitude, avant toutes les courses de + de 30 km, en dehors de l'entrainement, je prévois une alimentation type marathon les 3 jours qui précèdent : des pâtes à tous les repas + boisson glucidique afin de me charger un max en glucides (pas en EPO). Là rien et même plutôt une alimentation déficitaire : il fait chaud et l'appétit n'est pas là. Un seul plat de pâtes avalées vite fait entre la fête de fin d'année à l'école de ma fille et le match France-Brésil.
Ca explique certainement ma fringale.
2 - Le match, justement, à cause de lui je me suis couché tard (0 h) pour mal dormir à cause de la chaleur. Réveil à 3h30 pour avoir le temps de déjeuner et à 4 h15, je fais tirer de Saint-Etienne à Samöens : je compte arriver tôt pour pouvoir m'inscrire sur place. Donc une dette en sommeil mais ça je le savais et je me disais que ça ferait un tout petit entrainement pour l'UTMB.
3 - Une mauvaise gestion de course : gonflé à bloc le petit ! J'ai oublié mon objectif principal : me servir de ce trail pour faire un entrainement pour l'UTMB. Ca devait être une sortie longue rando-course faite en dedans volontairement. Résultat, j'ai tout oublié et je suis parti vite, pas comme une fusée mais vite quand même, trop vite surtout dans la 1ere descente.
4 - Une mauvaise gestion ravito : . je suis une petite cylindrée qui a besoin d'être alimentée régulièrement. J'aurais du déjeuner juste avant (ça ne me gène pas pour courir mes sorties endurance) et prévoir (dans mon cas personnel) un peu de salé et du consistant et faire une vraie pause. Je pense avoir suffisament bu mais peut-être pas assez. Pourtant j'ai pas l'impression d'avoir souffert de la chaleur mais ça peut expliquer en partie les crampes.
Les points positifs alors :
J'ai fini en grande partie en courant sans me traîner finalement.
Je n'ai pas franchi la ligne complètement naze : j'étais bien à part la sensation de faim et les douleurs aux jambes. J'ai pu marcher, discuter, grignoter. Je ne me suis pas affalé sur la carpette donc j'avais encore de la ressource.
Mais le + important à mes yeux, c'est que le mental a tenu le coup toutes proportions gardées. Toutes les conditions étaient réunies pour un abandon ou au mieux un raccourcissement de la course et pourtant, j'ai tenu bon sans avoir eu l'impression d'aller au-dela de mes limites et de jouer avec ma santé.
Finalement, c'était une bonne leçon (bien qu'un peu douloureuse pour mes jambes et mon amour propre) pour pas cher : je préfère me planter là qu'à l'UTMB.
Je suis regonflé à bloc, à moi de ne pas commettre les mêmes erreurs.
PS : le retour a été très difficile. Dur de conduire avec des crampes, j'ai révé du régulateur de vitesse et de la boite automatique !
3 commentaires
Commentaire de Régis Cahn posté le 06-07-2006 à 17:22:00
Merci pour ce CR...on apprend en courant !
Bonne leçon pour les autres !
Commentaire de le_kéké posté le 16-07-2006 à 22:24:00
Super ton CR et oui on n'est pas toujours dans un bon jour et parfois ça ne s'explique pas.
En tout cas cela montre qu'il faut toujours rester humble même pour une coursinette de 40 km :-)
Je te souhaite bon courage pour l'UTMB
Philippe
Commentaire de rapace74 posté le 23-02-2007 à 08:27:00
bravo pour ton CR je l'ais fais aussi cette course et j'ais vraiment apprecié .c'est celle qui m'a motivé pour continuer le trail
manu
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