Récit de la course : EmbrunMan 2005, par Embrunman

L'auteur : Embrunman

La course : EmbrunMan

Date : 15/8/2005

Lieu : Embrun (Hautes-Alpes)

Affichage : 3034 vues

Distance : 234km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Le récit


Il est aux alentours de 4h30 du matin lorsque j’arrive sur le site du triathlon d’Embrun ce 15 août 2005. L’entrée dans le parc à vélo a quelque chose de solennel. Je n’ai pas mis mon cardio au réveil mais si j’avais eut cette idée farfelue, je suis sure qu’il m’aurait indiqué un petit réveil cardiaque en ce si paisible matin. La faute à une montée d’adrénaline, le sentiment que malgré cette sérénité et cette pénombre ambiante, quelque chose va se passer aujourd’hui.

Une fois mon vélo retrouvé, mon sac à dos posé à terre, je m’assoie un moment et regarde un peu autour de moi. Tout le monde est calme, le silence est impressionnant mais n’en n’est pas pour autant pesant, les gens chuchotent, on se croirait dans une église.
Je tente par moments d’entamer quelques échanges mais les discours sont court, on n’a pas grand chose à faire en attendant le départ mais chacun parait ailleurs, dans ses pensées comme si l’activité était dense… pourtant, nous n’avions qu’à mettre notre combinaison !
Au fur et à mesure, le parc à vélo se rempli, le niveau sonore augmente tout doucement et après quelques prises de paroles du speaker, le calme va revenir. Une minute de silence est demandée en mémoire d’un triathlète décédé récemment accidentellement.
A partir de ce moment, le calme est le maître mot des minutes qui vont nous séparer du départ, même l’appel du speaker pour nous rendre sur la ligne de départ se fait dans le plus grand des calme.

Quelques minutes avant le coup d’envoi, la pression monte subitement, on commence à frapper dans les mains pour le départ des handisport et là tout le public y prend part et on se rend alors compte de cette présence si nombreuse.

Enfin, le cou de pistolet retenti, signe du départ d’une journée mémorable.
Nous voilà donc à foncer en ligne droite vers la première bouée qu’il faudra laisser à notre gauche. La bataille n’est pas féroce, quelques coup tout de même mais rien de bien méchant. Le passage à la première bouée ne fait pas trop de remous et ensuite, direction la deuxième qui nous est indiquée par un camion de pompier situé sur la rive… on se repère donc au gyrophare bleue (facile à viser de nuit). Pour la fin du tour, le jour commence à se lever et on y voit de mieux en mieux. Je fais le premier tour dans un bon temps par rapport à ma prévision (ce qui explique que je ne me bat pas de trop avec le plus gros du peloton qui est en fait juste derrière moi). La deuxième boucle, au soleil levant, est magique. Un décors sublime se découvre et mes sensations sont en plus très bonnes. Je finis la natation avec 10 petites minutes d’avance sur ma prévision.

Je ne perds pas trop de temps à la transition et me voilà parti à l’assaut des montagnes qui vont montrer leurs plus dur aspect en cette journée.

Le début de parcours avec une température tout juste suffisante (surtout encore mouillé par la natation) monte tout de suite sur les hauteurs d’Embrun. La journée sera longue et personne ne semble l’enflammer à l’attaque de cette partie vélo. Le soleil levant me permet une vue imprenable sur le lac de Serre-Ponçon aux alentours du 25ème kilomètre pour la première descente de la journée. Celle-ci m’amène sur le Pont de Savines qui enjambe le lac. Je rejoint un peu plus loin Embrun pour un passage au milieu de la foule qui s’était déplacé de quelques mètres pour nous encourager dans la côte de Baratier (que l’on retrouvera pour la course à pied).
La suite du parcours toujours sur les hauteurs nous amène ensuite dans la vallée du Guil qui me fait déjà penser au gros morceau de la journée… le col de l’Izoard.
Son approche dans la vallée est assez roulante mais ce que je pressent déjà ne sera qu’une confirmation lorsqu’au 75ème kilomètre on tourne à gauche pour entamer le col… le vent est assez fort et il est de face pour les 10 premiers kilomètres de la montée. Autant dire que cette première partie, bien dégagée n’est pas une partie de plaisir. Je pioche un peu et j’ai du mal à trouver un bon rythme, je préfère ne pas me mettre à la planche car je me dis que le parcours n’est pas encore fini. La deuxième partie de la montée, en lacets nous protège du vent mais la pente est plus rude donc le compteur ne décolle pas vraiment. Au Pas de la Case, on a droit à la fameuse descente au milieu de la montée… J’avais l’impression qu’elle est longue mais en fait, à peine le temps d’atteindre les 50km/h que la fin de la montée est déjà là et ce petit élan ne me mène pas bien loin. Je retrouve quand même de bonne sensations pour ces 2 derniers kilomètres du col. Au sommet après 100km, je prends juste le temps de remplir mes poches au ravitaillement, de fermer mon maillot et me voilà parti pour la descente vers Briançon.
Je fais la descente prudemment pour bien récupérer, j’en profite pour manger et pour me préparer à la fin de parcours. La traversée de Briançon nous fait retrouver du monde qui nous encourage avant de retourner vers le sud pour le retour. Après un petit secteur de plat, la côte de Pallon arrive avec un pourcentage important et le soleil qui commence tout doucement à se faire sentir. Cette côte de 4 ou 5 kilomètres me rappelle que j’ai déjà consenti des efforts depuis le matin et mes cuisses me rappellent à leur bon souvenir. Heureusement, beaucoup de gens ont rejoint cette bosse et les encouragements ne se font pas prier. A la suite de cela, une petite route sinueuse va nous faire rejoindre Embrun avec une descente assez technique mais j’ai l’impression que mes jambes sont bonnes et mon avance a encore augmentée par rapport à mes prévisions. A l’entrée dans Embrun, on ne rejoint pas directement le parc à vélo mais il nous reste un ‘petit’ détour d’une grosse dizaine de kilomètres. Il reste à gravir la cote de Chalvet qui même si ce n’est pas la plus longue de la journée n’est pas la plus facile (7km et un pourcentage qui n’a rien de roulant surtout après déjà 175 kilomètres). J’ai quand même de bonnes sensations dans cette bosse et je rattrape du monde en me disant que ma transition avec la course à pied devrait bien se passer. La dernière descente assez sinueuse dans Embrun n’est pas très bonne et je préfère ne pas prendre de risque vu la fin de la journée qui s’annonce.

Je rejoint finalement le parc à vélo en réalisant les 188km en 7h40min.
Le marathon se fait en deux tours. Le début du parcours nous fait faire le tour du plan d’eau où quelques heures avant, nous commencions notre course… du temps est passé et avec lui les jambes se sont bien durcies. Après cette petite boucle on entame la première montée du parcours qui nous emmène au centre de la ville d’Embrun, sur les hauteurs, où on retrouve pas mal de monde. Les ravitaillements s’enchaînent, je les prend régulièrement, et ensuite viens la descente vers la Durance. On a droit à un petit aller retour le long de la digue qui me permet de voir les concurrents de devant que je vais tenter de rattraper et en même temps de surveiller si il y en a derrière moi susceptibles de me reprendre. Après cela, la deuxième côte du parcours est celle de Baratier… Tiens tiens, on y est déjà passé ce matin ici, mais c’était en vélo et ça allait plus vite. J’ai tout de même de bonnes sensations et sous un rythme pas très soutenu mais régulier, je passe assez bien cette bosse. La descente vers Embrun est assez roulante et il ne reste que 6 ou 7 kilomètres pour finir le premier tour. Au passage au parc à vélo, j’ai un peu de retard sur le temps que j’avais prévu au marathon mais grâce à mon avance de la natation et du vélo, je suis encore dans les temps. De toutes façons, je me vois mal pouvoir aller vraiment plus vite si je ne veux pas craquer d’ici l’arrivée. Je fais donc un deuxième tour sur le même rythme en ne marchant que pour les ravitaillements où ce qui nous est proposé me plait de moins en moins mais je me force quand même à manger. Encore la montée dans Embrun, encore l’aller retour sur la digue et encore la côte de Baratier… pour la dernière fois. A aucun moment je ne faibli et je garde un bon rythme. Je continue à rattraper un peu de monde dans ce deuxième tour et je me dis que j’ai de très bonnes chances de finir. Au sommet de cette dernière côte, il reste la descente puis un dernier tour du plan d’eau. Le dernier kilomètre est tout plat, je retraverse le parc à vélo et savoure cette fin de parcours pour aller passer sous cette arche d’arrivée que j’attendais tant.

Je fini en 13h13min mais le principal n’est pas le temps ni la place. J’ai fini Embrun et c’est ça qui compte, de très bonnes sensations, des souvenirs pleins la tête, des mois de préparations pour cet instant intense de satisfaction...

1 commentaire

Commentaire de fanfan59 posté le 09-01-2009 à 07:40:00

Oh oui Jérôme ! Je comprends mieux ton peuso kikourien désormais. Quel joli parcours ! quelle détermination ! Comme je le dis très souvent autour de moi "il a un putain de potentiel". Merci pour ce joli cr

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