Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km 2014, par reynaldbavay

L'auteur : reynaldbavay

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km

Date : 22/8/2014

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 3821 vues

Distance : 167.5km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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ut4m 160 des hauts et des bas

 

 

 

 

Parc Mistral, Vendredi 22 août 2014, 8h00

Dix …neuf …huit… sept…six… cinq…. quatre…. trois…. deux…. un… partez ! Nous sommes au parc Mistral, un coup de pistolet retentit, donné par le maire de Grenoble venu pour la cause. « Relier Grenoble à ses montagnes » tels ont été les mots que le premier magistrat de la ville a prononcés quelques minutes plus tôt. C’est bien le sens de cette course : partir de Grenoble pour gagner le massif du Vercors, puis celui de Taillefer, de Belledonne et enfin de la Chartreuse avec chaque fois une descente dans la plaine qui forme le « Y Grenoblois », soit 167,5 km et près de 10 000 mètres de dénivelé.  UT4M comme ultra trail des 4 massifs ; certains le font en relai à quatre, d’autres comme moi et 450 autres, « en solo ».

Christine, mon épouse, est là ; c’est ma coéquipière. Alexis, un collègue de l’agence d’urbanisme de Mulhouse, devenu ami Grenoblois, est venu aussi et ça me touche beaucoup.

 

Vers La Moucherotte (km 17), en toute sérénité.

Pour l’instant, je cours avec mes compagnons de galère sur une avenue tracée tout droit vers le Vercors. Je suis positionné juste derrière Michel Cercueil que j’ai croisé hier. Il était avec moi et Vincent Delebarre lors d’un stage Tour du Mont Blanc en 2010. Depuis, nous nous croisons de temps en temps. Je cours assez vite tout de même, à 11 km/h pour être exact, avec mon sac de 2 kg sur le dos et mes deux bidons totalisant 1,3 litres. Pourtant, tout semble léger ; il est un peu plus de 8h, l’air est frais, l’atmosphère est détendue, les coureurs conversent et plaisantent. Les automobiles semblent tirer leur révérence à leur passage. Les citadins se rendant à leur travail sont un instant distraits par ces hordes de coureurs aux tenues colorées, munis de bâtons et chargés d’un sac. Contraste sévère entre deux mondes, travail/loisirs, raison/passion, ville/nature, plaine/montagne….  Je pense à tout cela pour oublier peut-être ce qui m’attend : 1600 mètres de dénivelé pour atteindre la Moucherotte, l’un des sommets du Vercors.

Les premiers lacets se présentent. « Et c’est parti ! » lance, résigné, un coureur. Le cliquetis des bâtons se fait entendre et ce sera ainsi chaque fois que la pente se fera plus forte. Cette première ascension me semble facile ; elle est entrecoupée de portions plus douces ou planes, voire en légère descente ; je scrute ma montre GPS pour mesurer le dénivelé accompli ; effectivement c’est progressif je m’étonne un moment d’en être à seulement 600 mètres d’altitude ; j’avais l’impression d’être plus haut.  Mais bientôt la pente se fait plus régulière ; nous sommes follement encouragés lors d’une traversée de la route qui monte à Saint – Nizier. Bientôt 1000 mètres d’altitude ; le tremplin n’est pas loin. Christine m’attend au pied de l’équipement. Nous avons reconnu certains points de passage hier en voiture.

La voilà, Christine ! ça me fait du bien de lui dire que tout va bien et que je suis en forme. Une caresse pour Astuce mon Border collie, mon compagnon d’entrainement et parfois même de compétition. Un chien exceptionnel, de fidélité, de loyauté et d’intelligence;  un bisou à Christine et c’est reparti. La montée par les escaliers du tremplin à ski est pénible ; il y a des bouchons dus à l’étroitesse du passage, et puis fouler cette infrastructure montée à l’occasion des JO de 1968 et aujourd’hui si délabrée a quelque chose de dérangeant. Pas le temps de s’apitoyer sur le sort de l’argent public dépensé car voilà déjà le premier ravitaillement. Ça bataille ferme pour se faire remplir le gobelet de coca, d’eau plate ou gazeuse… en ce début de course, tous veulent aller vite, moi y compris ; à peine deux minutes pour me ravitailler et c’est reparti pour l’assaut final de la Moucherotte. Cette fois ça grimpe plus sévère. Mais je me sens toujours aussi léger. Et voilà bientôt le sommet atteint à 10h30 ; on grimpe sur une table d’orientation ; 3 secondes d’arrêt pour admirer le Y grenoblois tout en bas. C’est grandiose.

 

Vers Vif (km 46), à toute allure !

La descente est bien sûr sèche. C’est presqu’un aller-retour vers le fameux tremplin laissé quelques 700 mètres d’altitude plus bas. Les travaux forestiers, rendus tardifs par la météo pluvieuse de l’été ont en effet obligé l’organisation à nous faire adopter le parcours de repli établi sur la face est des contreforts du Vercors, entre le Col de la Morte et Rioupérou. En conséquence nous ferons environ 6kms de plus jusqu’au Col de la Morte et 2kms de plus ensuite pour atteindre 167,5 au lieu des 165,7 initialement prévus.

Nous atteignons à nouveau le tremplin, par le haut cette fois. Petit coucou à Christine restée au même endroit. On suit bientôt un chemin tantôt forestier tantôt monotrace qui monte et qui descend. Les kilomètres défilent vite : les 25 puis les 30 km sont atteints. A cet instant, je pense à mes quadriceps qui semblent intacts. Les jours précédant la course j’avais pourtant ressenti des courbatures consécutives de la reconnaissance que j’avais effectuée. C’était il y a exactement une semaine. Arrivé de Bretagne la veille, j’avais besoin de reconnaître la descente vers Rioupérou située aux environs du 80ème kilomètre et réputée difficile. Mal m’en a pris. Le lendemain, je me suis réveillé avec de vives douleurs aux cuisses comme si j’avais couru 50 kms. Et ces courbatures ont perduré jusque mercredi, 48 heures seulement avant le départ !  à tel point que j’ai vraiment douté de ma capacité à relever le défi. Mais, après quatre heures de course, tout semble aller normalement et c’est relativement frais que j’accélère mon allure pour atteindre Saint Paul de Varces. Il fait un peu chaud en bas et j’ai soif. Lorsque je vois deux mômes qui ont dressé une table avec de l’eau, j’en profite en les remerciant chaleureusement avant de reprendre la route pour parvenir au « vrai » ravitaillement face à l’église du village.

Vif et sa première base ne sont plus très loin, à peine 7 kms. Mais avant la fin de cette première grande étape du périple, il me faut gravir encore 600 m de dénivelé et en descendre à peu près autant. La montée se passe très bien pour moi. Mais lorsque je dépasse une victime de la descente de la Moucherotte aux jambes en plaie et à qui l’on a du recoudre la blessure au genou, j’ai presque envie de ralentir pour l’aider. Il me semble bien courageux et j’ai pitié pour lui. A –t-il terminé ? je n’ai pas relevé son numéro. La descente vers Vif, au km 46 arrive très vite et j’ai peine à croire qu’il n’est que 13h45.  J’arrive finalement à 14h15 après quelques kilomètres de plat accomplis dans la ville. Environ 2h d’avance sur ce que j’avais prévu.

Dans la salle de sport reconvertie en « base vie », j’aurais pu m’attarder un peu. Mais je me sens si bien que sitôt avalées deux ou trois mini canettes de coca tendues par Christine, j’ai hâte de redémarrer. J’ai les jambes légères et c’est avec une certaine allégresse que je repars.

 

 

Vers Laffrey (km 63), un avertissement sans frais.

L’objectif est maintenant d’atteindre Laffrey et son lac ; ce sera le kilomètre 63 si j’ai bien calculé.  Je sais que cette distance-là marque toujours pour moi un tournant. Je peux  connaître mes premiers moments de fatigue ou mes premières douleurs que j’arrive ou non à surmonter. Et bien ça ne manque pas, la forte montée vers La Chal (1190m, km 56) m’est fatale. Hypoglycémie caractérisée ; le moteur tourne au ralenti. La fin de la montée est pénible et je grimpe lentement à l’économie en pensant très fort au prochain ravitaillement. Du coup mon compagnon de route avec qui j’avais fait la causette depuis Vif  s’en est allé….mais je le reverrai plus tard.  Comment ai-je pu tomber en hypoglycémie alors que je n’ai jamais forcé l’allure ?  je crois bien qu’il aurait fallu avaler un peu plus de sucre plus bas et ça passait. La descente me sauve de la déconvenue. Tel un vélo à assistance électrique, il me semble pouvoir recharger les batteries et finalement j’arrive encore à courir sur le plat qui m’amène au ravito de Vif. J’avale trois soupes, me gave de chocolats et termine par près d’un litre de coca. On dirait que mon ventre va éclater mais au moins je vais vaincre l’hypo. Charles Antoine, le fils de Christine et sa compagne Chloé, eux aussi Grenoblois, sont venus. Ça me fait vraiment plaisir. Je repars, requinqué.

 

Vers le Col de la Morte (km 73), petite sortie de route.

Il me faut grimper jusque 1500 m d’altitude, pour redescendre ensuite sur le col de La Morte, station de l’Alpe du Grand Serre. Pas de problème pour grimper même si mon ventre est trop plein pour que je sois en pleine capacité de mes moyens. Qu’importe, la route est longue. Je me force à ralentir pour m’économiser. Au sommet, trois militaires veillent et m’indiquent la voie à suivre. « Plus que trois kilomètres avant le ravitaillement du col » m’indiquent-ils presqu’en choeur. La descente se fait sur piste de ski mais je ne suis pas assez vigilant et rate un virage. Plus de banderole orange UT4M ! me voilà hors circuit. Tant pis, je descends à vive allure vers la station et j’atteins la route du col quelques centaines de mètres plus bas. J’enrage d’avoir dû faire ce détour et j’espère que l’organisation ne va pas en plus me pénaliser. J’explique à un organisateur que je suis sorti du parcours sans m’en rendre compte et que j’ai sans doute fait 1 km de plus. Les photos attesteront que je suis bien venu en courant depuis Laffrey.

 

Vers Rioupérou et La salinière (km 87), un ravito en musique et la descente avant la nuit.

Pas le temps non plus de s’apitoyer sur mon sort, le ravitaillement s’offre à moi et je dois en profiter pour me changer tant je transpire. Christine me tend des vêtements secs que j’enfile avec plaisir car la température baisse.  Nous sommes au km 73 et il est bientôt 18h soit 10h de course environ. Elle m’annonce que j’occupe la 20ème place. Je n’en crois pas mes oreilles. Je pensais bien être dans les 50 premiers mais pas 20ème. De toute façon, ça ne signifie rien. Mon objectif est de terminer en 35 h pas d’être à tel niveau de classement. J’ai de la marge car je calcule que je peux arriver à Rioupérou avant la nuit vers 21h soit 2h de moins que prévu.

Avant Rioupérou et sa terrible descente, un arrêt sympathique se présente au lac du Poursollet. Les bénévoles du ravitaillement animent copieusement à renfort de chants, de guitare et d’encouragement bien sûr. Bravo à eux. Encore 200 m de dénivelé positif et je parviens à l’altitude 1860 m avant d’entamer la descente. Dès les premiers lacets, je réalise que je vais bien taper sur les orteils et solliciter les « quadri ». Pente à 30 - 35 %, 1300 m de dénivelé négatif sur 3, 5 km. Je prends mon mal en patience. Soudain, tel un geste divin, le soleil couchant parvient à transpercer la couche nuageuse mettant le feu à la montagne. C’est magique. … et ça m’évite de sortir la frontale. Mais qu’elle est difficile cette descente !

A Rioupérou puis Salinière, j’ai accompli plus de la moitié du parcours soit 87 km, en 13h15. 19ème au classement. Incroyable ! Christine m’accueille avec joie. Elle m’aide à me changer totalement pour la nuit. J’appréhende la nuit. En lui disant à demain, je réalise que je vais passer les huit prochaines heures en haute montagne et dans le froid.

 

Belledonne, des cailloux, des pierres, le noir, le froid… besoin de dormir.

Christine m’accompagne jusqu’au début du sentier ; la montée vers le plateau est sévère, courte mais très sévère. Il fait nuit noire et j’ai décidé de modérer fortement mon allure pour bien passer la nuit. Je grimpe donc  lentement. J’atteins le plateau plus tôt que prévu pourtant. La fraîcheur est bien au rendez-vous. J’avais prévu de grimper avec des vêtements secs mais légers et je dois m’arrêter pour enfiler la veste gore tex. En revanche rien n’est prévu pour traverser les marécages qui ont raison de mes pieds secs.

Au premier pointage (Arselle, km 91) on m’annonce que la Croix de Chamrousse est pour bientôt. Je m’en étonne. C’est vrai qu’il reste peu de kilomètres avant ce point mais j’atteins bientôt des sentiers qui n’en sont plus, jonchés de pierres et de blocs. … ça m’agace d’autant qu’une fatigue générale m’envahit. Je n’ai pas mal aux jambes et je transpire à peine. Mais tout en moi tourne au ralenti. Je butte mille fois sur ces tas de cailloux ; je rentre « dans le dur ».  Je finis par atteindre la Croix de Chamrousse à 2240 m. J’ai laissé ma montre GPS déchargée à Christine mais je pense avoir dépassé les 100 km de courses; on m’annonce que l’on est au kilomètre 96. Coup de massue ! Il faut m’en faire une raison. Je me rassure en me disant que je viens de gravir 1700 mètres de dénivelé depuis Rioupérou en seulement 9 km.

Descentes, montées et surtout cailloux et pierres…. j’en ai assez et cette fois, je « pique du nez », je manque de tomber à deux reprises. Je titube, je stoppe, redémarre puis à nouveau titube et stoppe. On me dépasse ; ce sont surtout des relayeurs. Beaucoup m’encouragent à tenir, voyant que je suis en difficulté. Arrivé au refuge de la Pra (km 102) où un poste de secours est installé, je m’effondre presque et provoque l’attention du secouriste. Il fait bien son travail ce jeune gars qui prend soin de moi et me convainc d’arrêter pour dormir un peu. Un coureur renchérit : tu le regagneras après. On prend ma tension : 11/7 c’est faible pour moi qui taquine souvent les 14/15. Il y a plusieurs lits superposés et 4 à 5 coureurs allongés ; l’odeur dans la pièce est proche de celle d’une écurie mais la chaleur me fait du bien. Il est 2h45, on me promet de me réveiller à 3h20. Mais à l’heure dite, je préfère rester encore au lit et finirai par me lever à 4h10. Les vêtements sont humides et je plonge dans le froid et le brouillard en claquant des dents. Je claque des dents en courant, je claque des dents en descendant et toujours ces rochers, ces pierres pour m’empêcher d’avancer. Car malgré le froid, je vais mieux.  

Après le col du Grand Colon à 2370 m (km 104,7), le sommeil dont j’ai bénéficié m’a donné des ailes. Lorsque le chemin devient plus roulant, je vole littéralement vers le ravitaillement de la Freydière (km 111,8). J’étais venu la semaine dernière avec Christine reconnaître les lieux. Je connais la descente qui suit et nous amène vers le Grésivaudan qui marque le début de la dernière étape celle de la Chartreuse. Cette descente est accomplie alors que le jour se lève. Voilà bientôt 24h que je cours mais à cet instant de la course je suis quasiment certain que je franchirai la ligne au parc Mistral en soirée. La descente est terminée et j’atteins très vite le point bas à Versoud (km 122). Un ravitaillement, ça se mérite car il faut maintenant traverser le Grésivaudan, fond plat d’auge glaciaire large de plusieurs kilomètres entre Belledonne et Chartreuse. C’est à l’autre bout de la plaine que nous rechargerons les batteries.

Dernière étape vers le bonheur ?

Après 4,5 km de plat et au 126ème km, le ravitaillement se présente à Saint Nazaire les Eymes. L’ambiance y est sympathique malgré l’heure matinale. Il est en effet 8h15.  Je suis donc dans le créneau prévu initialement (7 -10h). Christine est bien sûr au rendez-vous. Pour elle aussi, la nuit a été courte. Cette fois, je prends le temps de me réparer : pommade sur les aisselles littéralement brûlées par les frottements du textile sur la peau, pansement sur une ampoule, changement de chaussettes et de chaussures, petit tour aux toilettes pour s’alléger un peu.

Il est pile 9h, me voilà déjà à l’assaut de la Chartreuse avec pour objectif Chamechaude, 2000 mètres plus haut. Christine a pu recharger ma montre GPS et je pourrai bien suivre cette ascension que je ne connais pas du tout.  Je pars en compagnie d’un « solo » avec qui je discute bien. Mais me voilà une nouvelle fois pris de somnolence. Je ralentis sans toutefois m’arrêter. Heureusement ça ne dure pas. Un dernier ravitaillement avant Chamechaude s’offre à nous.  L’ambiance y est très conviviale et on est vraiment soutenus. Reste encore Chamechaude à gravir. Beaucoup de coureurs vont vite. Ils ont pris le départ d’une course de 40 km qui se déroule en parrallèle au « 160 ». Montée difficile dans une atmosphère minérale. Et descente aussitôt ou plutôt plongeon vers Le Sappey où m’attend l’avant dernier ravitaillement situé à 900 mètres d’altitude. Cette descente est longue mais mes jambes sont encore solides et je peux courir correctement. J’accompagne un concurrent qui m’avoue se sentir très bien et m’annonce qu’il terminera très fort. Pour ma part, je n’en suis pas si sûr mais quand même heureux de n’avoir pas de courbatures après 150 km de course. Christine, Charles Antoine, Chloé et Astuce sont là. L’ambiance est détendue. On sait que c’est la fin. Je dois respirer la sérénité même si mon visage trahit aussi la fatigue. Il faut monter jusqu’au fort Saint Eynard, encore 300 m de dénivelé positif puis descendre jusqu’au col de Vence, dernier ravitaillement.

Depuis le Sappey, je fais route avec un coureur du 40 km, pompier de Paris fort sympathique. Je n’en mène pas large dans la montée très raide et mes jambes commencent à me faire un peu mal en descente. Peu m’importe, je cours comme je peux et réalise que je vais descendre sous les 35h. Plus Grenoble approche, plus le bonheur m’envahit. Ni  la pénible descente de la Citadelle, beau site grenoblois par ailleurs, ni les deux kilomètres sur berges, n’ont raison d’un moral au beau fixe.

 

Parc Mistral, samedi 23 août 18h20

L’arrivée est maintenant visible, il est 18h20, le Parc Mistral est encore ensoleillé. Je cours savourant cet instant d’allégresse, si rare. Des passants et des bénévoles mes saluent, m’encouragent, me félicitent. Je leur dit merci, merci, merci et je ris comme je pleure, envahis par l’émotion. J’entends les commentaires crachés par les hauts parleurs. Plus que 200 mètres maintenant; Christine me soulève le bras et c’est en vainqueurs, unis main dans la main, que nous franchissons la ligne qui marque la fin du périple. 34h23, au 35ème rang au classement, toutes catégories confondues. Je m’assois par terre. Chloé me mitraille de photos dont elle me fera cadeau quelques heures plus tard. Charles Antoine me congratule, Astuce m’entoure et lèche mes joues salées. Assis, comme hébété, je ne veux plus me relever, je voudrais que ce moment dure longtemps car c’est aussi pour vivre cela que je cours. J’ai relevé un défi, j’ai maîtrisé l’ensemble des paramètres pour venir à bout de cette longue course… ou plutôt nous avons maîtrisé car Christine a été parfaite à chaque ravitaillement et arrêt. Je pense aussi à mes parents qui ont suivi à distance heure par heure la course sur internet et c’est comme s’ils étaient là. Merci à tous. Merci enfin à l’organisation et à ses bénévoles pour une course qui m’est apparue sans faille. Ils peuvent être fiers de ce qu’ils ont fait comme je suis fier de l’avoir fait.

Ce week-end de fin août, 1000 coureurs auront communié, épris de nature, d’altitude, de qualité paysagère, d’aventures humaines…   1000 coureurs ont, pas à pas, uni Grenoble à ses montagnes.

3 commentaires

Commentaire de LTDB posté le 04-09-2014 à 09:43:08

Très joli CR, j'ai frissonné avec toi durant tes hauts et tes bas et vécu ton arrivée avec une joie non feinte.
Merci.
PS : il ne manque plus que les photos :-)

Commentaire de reynaldbavay posté le 04-09-2014 à 12:17:19

merci pour ce commentaire. pour les photos, j'ai essayé sans y parvenir. Je ne suis pas doué mais je vais me faire aider.

Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 04-09-2014 à 18:01:50

Le courage , la ténacité et le plaisir font se surpasser, et quand en plus d'autres ingrédients s'y ajoutent (parcours, orga, bénévoles) pour n'éprouver que du bonheur...alors ça n'est que du bonheur.
Bravo pour ta course et un récit qui fait frissonner comme le dit LTDB.

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