L'auteur : ringo73
La course : Interlac Trail - Intégrale
Date : 20/7/2014
Lieu : Duingt (Haute-Savoie)
Affichage : 2319 vues
Distance : 77km
Matos : Saucony xodus 4
Objectif : Terminer
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Dimanche 20 juillet le réveil sonne . Il est 3h. je suis content j'ai bien dormis (depuis 22h30 et non stop). J'ai rendez-vous avec l'histoire... mon histoire! Enfin avec un trail!
Déjà dans un premier temps rdv avec mon pote Nico et sa femme qui a gentiment accepté de nous servir de taxi à une heure bien matinale (4h) pour nous déposer au départ de ce nouveau trail: l'interlac.
Avant ça tout s'est bien passé. La prépa a été bonne même si il me manque peut être une ou deux grosses sorties mais j'ai préféré écouter mon corps et ne pas forcer à certains moments pour ne pas me blesser. L'alimentation les jours précédents la course a été la même que pour la marathon l'an dernier: malto pendant 3 jours et pates au deux repas de la veille.
Nous arrivons à Duingt 30minutes avant le départ, et tout de suite on va éliminer le trop plein de la boisson d'attente (on se soulage sur un buisson quoi!).
On est sur la ligne, on discute et c'est la que je dis à Nico qui a fait la 6000D l'an passé: "tu as l'avantage de connaitre ce genre d'épreuve, car en fait je suis un peu barjot. Moi j'ai fais que "un marathon" l'an dernier" et même jamais un trail!". On rigole. Enfin moi intérieurement je flippe quand même!
Allez un petit selfie de nous deux comme souvenir dans la nuit sur la ligne de départ et on est partit!
Nous connaissons tous les deux le début du parcours (jusqu'au col de la cochette km7) que nous avons fait lors d'une sortie d'entrainement.
Nous savons que nous avons 3kms de route qui peuvent se courir sans problème. Sans compter sur la vessie de Nico qui était de nouveau pleine au bout de 10 minutes de course! Je m'arrêterai pour l'attendre, je lui avais dis je fais le col de la cochette avec toi même si lui m'avait dis de faire ma course. Puis cela me permet de partir cool car il me faut être prudent.
Ensuite on prend un sentier et c'est parti pour 3/4kms bien raide, je dégaine mes nouveaux bâtons (ca aussi c'était nouveau pour moi, et je crois que je pourrais plus m'en passer!). Au début ca bouchonne un peu, puis on prend un rythme cool derrière un traileur, derrière certains s'impatientent et passent puis nous aussi avec Nico un peu plus loin. Puis à un kilomètre du sommet de nouveau derrière un traileur qui nous ralentit un peu, je fais l'effort de passer tout de suite et Nico lui attendra un peu, c'est la que nos chemins se sépareront! ;-)
Passage au col de la cochette, cette montée ne m'a pas entamé. C'est fou ce que un dossard change! a l'entrainement j'avais trouvé ca bien raide et bien difficile!
J'attaque la descente qui se révèle être pas trop pentue, je la fais à une bonne allure sans les bâtons (j'aime avoir les mains libres en descente). Fin de la descente...arrivée de la pluie, c'était annoncé, je l'espérais plus tard. J'enfile la veste et la le tonnerre...je me dis que la journée risque d'être compliquée... J'arrive au pied de la deuxième montée: le Semnoz (900d+) et finalement la pluie se calme. je comprends vite que comme le col de la cochette je ne vais pas courir dans cette montée mise a part quelque dizaines de mètres par ci par la, et j'opte pour une marche soutenue bien aidé des bâtons. c'est assez raide, mais pour l'instant tout va bien, j'envoie un message à ma femme ou je lui dis: "pour l'instant je suis frais"!
Je commence à m'impatienter, j'aimerai en finir avec cette montée et un mec qui encourage les participants nous annonce le ravito (et donc le sommet) à 10 minutes! Voila de quoi me motiver. Je continue de passer quelques traileur et finit l'ascension en discutant avec deux personnes bien sympa.
On arrive tranquillement au ravitaillement. J'apprendrai plus tard que je suis passé en 182eme position). Je fais le plein de la poche à eau, jusque la j'ai fais attention à bien manger quelque chose (barres de céréales maison, gels) toutes les 30/40minutes et boire très souvent.
Un verre de Pepsi, une soupe (je pense au sel pour éviter les éventuelles crampes plus tard), pain d'épice, un morceau de banane (je mange tout ce qui me fait envie tant que ca passe, on sait jamais...). Allez c'est reparti. Et la pluie aussi... cette pluie battante ajoutée à un vent sur les crêtes du Semnoz me donne froid aux mains et je n'ai pas de gants. Vite la descente pour se mettre à l'abri et perdre de l'altitude et gagner des degrés.
Ca va vite mieux et la pluie s'arrête une nouvelle fois. Pour l'instant après 4h de course deux averses de 10minutes!
Je regarde ma montre et décide d'appeler mon père qui doit venir au km 30 avec ma mère et j'ai peur qu'ils me ratent car je suis en avance sur mes prévisions (enfin sur ce que j'avais essayé de calculer car je n'ai pas d'objectif de temps bien évidement pour une première sur ce genre d'épreuve juste la ligne d'arrivée compte).
Donc téléphone en main je marche dans le descente et au moment ou mon père décroche un rocher glissant m'envoie au tapis de tout mon poids sur le dos! Je me relève avec encore le téléphone en main, pas une égratignure, mon père qui entend rien (pas de réseau) et la c'est le drame! Pourquoi de l'eau coule en abondance de mon sac... Un mec qui me dépasse me dit tu as percé ta poche à eau! je crie à mon père "je te rappelle!".
J'ouvre le sac alors que moralement je suis mal (comment faire 50kms sans poche à eau...), et la gros ouf de soulagement, la poche a servie de coussin amortisseur pour mon dos et le choc a fait sauter "l'attache" ou la "glissière" (je sais pas comment appeler ca, système des poches source). La poche n'est pas percée mais il me reste tout au plus 30 centilitres et 15kms avant le prochain point d'eau... sans parler que j'ai un sac imperméable mais que ca sert à rien quand l'eau vient de l'intérieur... tout est trempé mais la veste était encore sur moi!
Je réfléchis pas longtemps, je rappelle mon père qui me dit qu'il sera la au km 30 et je lui laisse pas le temps de finir sa phrase et lui demande si il a une bouteille d'eau. Réponse non... je lui explique, il me dit ok j'en aurai une! ouf! Comme quoi même à 31 ans on à toujours besoin de ses parents! ;-)
Fin de la descente, bonjour papa et maman! Vite de l'eau dans la poche! j'enlève la veste et j'attaque la le Revard (800d+), toujours aidé de mes bâtons le rythme est bon, je cours peu (juste quand la pente est raisonnable).
au refuge du Trousset des gens m'annonce qu'il reste 300 de d+ alors que je cherchais cette info sur la panneau de randonnée, et que le passage le plus raide est juste la et que après ca va. Ca se vérifie, passage raide qui me fait mal aux jambes et au cardio. J'ai peur d'avoir un début de crampes (ce qui me fait peur au 35eme...!), je prends le temps de prendre deux gels et bien boire et je finis cette montée avec un mec sympa qui me taquine et me dit qui lui reste que 10kms car il passe ensuite le relai à sa femme! grrrr...!
Petite descente qui commence à me faire mal à l'intérieur des rotules...bizarre... mais je me répète que mentalement il faut gérer ses temps faibles et que les douleurs finissent par passer! Nouveau point d'eau, un petit gel et c'est reparti.
Normalement le gros du D+ est fait mais les deux petites bossent avant le deuxième ravitaillement me feront assez souffrir, puis avant ce même ravitaillement, 5kms sur une piste forestière qui monte mais vraiment pas beaucoup et ca devient difficile de courir, je me fais violence pour courir 10min d'affilé!
Le ravito est enfin la au bout de 8h20 d’éffort (135ème position). C'était long mais ca me booste, j'ai définis la course non pas dans son ensemble mais point par point et le prochain sera dans 10km et je dois y voir ma femme de quoi me gonfler à block.
Niveau ravito, plein d'eau, Pepsi, et tout ce qui passe et me fait envie! Ca sera pain, fromage, jambon, chips (toujours du sel), abricots secs et même des bonbons! Si ca fait pas du bien ca fera pas de mal! Pas eu besoin de me forcer pour manger!
Je repars, je sais qu'il reste 150 de D+ pour monter au belvédère. Cette montée sera difficile. Et nouvelle apparition de la pluie, j’enfile la veste que je ne quitterai plus même si cette averse la durera une dizaine de minutes.
Petite descente, puis 5/6kms de piste de ski de fond jusqu'à la Féclaz lieu du troisième et dernier ravitaillement, c’est vallonné , c’est pas facile mais ca va ! Je ne pense qu’a voir ma femmes et des amis qui sont avec elle !
J’arrive à le Féclaz en 10h (137ème). Plein de la poche à eau, je mange, cette fois je dois me faire violence, je discute avec ma femme et nos amis Yves et Juliette. Yves me dit qu’il me trouve bien, que j’ai l’air pas trop dans le dur. Je réponds que je commence à avoir mal partout, mais bon je rigole et dis que j’ai « juste » 60kms dans les guiboles !
Je leurs dis que il me reste deux heures ou plus si ca va mal (dans ma tête a ce moment la je savais que je finirai mais la descente m’inquiétait vu mes jambes et son coté très raide).
Ma femme me taquine et me dit qu’elle ne veut pas rentrer trop tard à la maison alors 2h !
Moi je demande qu'à te faire plaisir chérie ! Je salue nos amis et repars pour 100m de d+ avant la descente, je découvre que les 2kms avant la descente seront de la route et à ce moment la moi le bitume je l’aime car ca grimpe pas trop et je n’ai pas besoin d’etre vigilant sur mes appuis !
Arrive la descente et l’arrivée est annoncée à 15kms ! les 1000m de D- seront un calvaire , je descends avec mes batons pour une fois, et doucement, j’ai mal aux rotules, aux cuisses et c’est raides meme exosé parfois avec des cables pour se tenir !
C’est ici que la barrière des 12h c’est envolé je pense, mais peu importe !
Dernier point de contrôle à Mery, il reste moins de 10km presque que du goudron. Certains diront que c’est bof et que c’était moche, c’est vrai que niveau paysage c’est pas beau mais moi je suis du coin, j’ai grandit par la et je sais ou je suis, j’ai mes repères et encore une fois le goudron a ce moment la je l’aime ! Il me « suffit » de mettre un pied devant l’autre. Et d’ailleurs j’arrive à courir à 9km/h. Je commence à me rendre compte de ce que je réalise…comme sur le marathon ma gorge se serre d’émotion (j’adore ca !).
Il y a des petits panneaux humoristiques ou sérieux bien sympa.
L’un d’eux dit : « rappelle toi toujours pourquoi tu cours » et la je me suis dis merci Papa d’avoir transmis le virus (à ce moment la, virus c’est bien le mot !).
Les kms passent tant bien que mal, les candidats sont espacés et j’apprécie cette solitude de fin de course, moi seul avec ma souffrance et les efforts qui me restent à faire. Quand il me reste 6kms la pluie fait une nouvelle fois son apparition et cette fois ca tombe ! mais peu importe ca me dérange pas (et en plus j’ai finis avant the orage !), j’ai encore la veste et puis de pluie ou de sueur je suis déjà trempé !
Dernière surprise du tracé 200m qui monte un peu…mes derniers pas en marchant puis il reste 3kms et surprise mes parents, ma sœur et son copain sont la, avec les parapluies. J’entends c’est Yannick ??? Oui oui coucou c’est moi ! je leur dis je ne m’arrête pas, je suis pas sur de repartir !
Puis les 2 derniers km j’arrive a augmenter l’allure (et hop un kilo en 5’55 !)
Je reprends trois participants dont un qui m’avait doublé comme une fusée dans la descente (prenant beaucoup trop de risques à mon sens), une femme me double à une allure impressionnante (le temps de voir le dossard, c’est une participante en relai ! je me disais bien aussi !)
Les derniers 500 mètres, nouvelle fois la gorge qui se serre, envie de pleurer, de crier, de sourire… au bout de la ligne droite mes parents, ma sœur et ma femme, mon père m’explique la cerise sur le gateau : « tu vas tourner la bas au bout pour rentrer sur la plage »
Dernière ligne droite, je suis cuit mais j’ai cette sensation de joie et je voudrais qu’elle dure tout le temps. Sans réfléchir, encore une pensée pour mon copain la haut, un accomplissement personnel de plus que je lui dédie en faisant un signe vers le ciel, je lève les bras pour la photo que fait mon père, et pour répondre au speaker qui dit que j’i une belle allure et je saute aussi haut que je peux pour faire « un joyeux » !
La ligne c’est fini… le regard de mes proches si touchant ou je sens de la fierté fait beaucoup de bien. Les yeux qui brillent de ma femme… Je suis un homme heureux.
Je suis Finisher d’un ultra trail. Non ce n’était pas assez technique pour être un ultra? Pas assez de kms ? Pas assez de dénivelé ? Trail pas difficile ?
Peu importe je suis finisher d’un trail bien assez dur pour moi, je suis finisher d’un trail long, de mon premier trail tout court !
J’ai appris qu’il ne fallait pas gagner une course pour lever les bras mais juste finir ce genre d’épreuves.
J’ai donc passé une bien belle journée certes pas ensoleillée au niveau dans la météo mais oh combien dans ma tête et dans mon coeur.
Et le plus important je suis impatient de recommencer !
6 commentaires
Commentaire de aymeric posté le 23-07-2014 à 14:15:10
Bravo Ringo! Même âge, même type de gadin dans la descente du semnoz (un peu plus d'égratignures pour moi).
Tu as tout pour t'éclater sur de prochaines aventures.
A bientôt.
Aymeric
Commentaire de ringo73 posté le 23-07-2014 à 15:21:11
Merci Aymeric! Ce même rocher a fait une autre victime juste après moi pendant que je faisais le constat des dégâts dans mon sac!
Commentaire de the dude posté le 23-07-2014 à 14:36:41
Bravo, pour une première t'as assuré comme un chef!
Et c'est sympa de ressentir toute l'émotion qui se dégage de ton récit, ça rappelle plein de souvenirs.
Ce trail n'est sûrement pas le + difficile qu'on puisse trouver mais il est très loin d'être facile: le début est très exigeant (mon GPS donne 1900m D+ pour 19 km au Semnoz!!!), la montée au Revard était bien costaude et puis après ça il fallait encore trouver les ressources pour courir sur les portions roulantes, et enfin la dernière descente était une pure tuerie (perso j'ai bien aimé ;-) ), d'ailleurs il y a quand même 40% d'abandons.
Commentaire de ringo73 posté le 23-07-2014 à 15:23:40
Merci beaucoup! Apparemment déjà beaucoup de non partants plus d'une cinquantaine et d'apres mes calculs une petite trentaine sans doute qui ont été arrêtés à la feclaz à vcause de l'orage! Tout ça ajouté au nombres d'abandons "classique" en effet ça fait beaucoup
Commentaire de Philippe8474 posté le 08-09-2015 à 11:15:50
Salute Yannick!
Franchir la ligne avec sa femme, sa famille, ses amis autour de soi... On court aussi beaucoup pour ces moments-là!
Commentaire de ringo73 posté le 01-10-2015 à 17:29:39
Hey, salut Philippe. Je viens de découvrir ton commentaire! Tu as tout fait résumé ce que je pense aussi! C'est d'ailleurs ce que j'expliquais à Luisa hier soir en évoquant une possible CCC l'an prochain! Passer la ligne de cette course avec elle j'en rêve... mais d'abord il me faut finir la saintélyon pour les points et ensuite être tiré au sort! ;-)
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