Récit de la course : 24 heures de Séné 2006, par mico34
CR d'un 1er 24h
Jeudi après-midi départ pour la Bretagne (en train) très dubitative sur mes chances de finir ce premier 24 heures que j'ai décidé de faire.
A l'origine j'avais prévu de faire celui de Villennes mais Belves m'ayant mis sur les rotules j'ai préféré surseoir et aller à Séné me donnant ainsi une semaine de plus pour tenter d'arriver en forme. Le temps pourri du week-end de Villennes m'a fait un peu peur et j'ai pensé tout le w.end à Jojo et à tous les courageux qui allaient passer 24 heures sous la pluie et un vent d'enfer. Pourvu que ce ne soit pas la même chose ce week-end. D'autant que je n'ai pas une pêche d'enfer. Depuis Belves, j'ai eu beaucoup de mal à me remettre à courir (plus de motivation, plus de pêche, l'impression de ne plus avancer et pire de ne pas avoir envie de courir). Avant dernière semaine très allégée donc (fainéantise quand tu nous tiens) et dernière semaine encore plus light puisque je n'ai couru (un peu) que mercredi.
Au départ, je m'étais inscrite à la pasta-party de la veille au soir mais ayant de la famille près de Vannes ceux-ci m'ont invité à dormir chez eux ce soir et m'ont proposé de m'emmener à Séné le vendredi matin. Super dans un sens mais dommage car je me faisais une fête de cette pasta. Tant pis j'espère me rattraper pour le repas d'après-course.
Vendredi matin : 9h : j'arrive au Gymnase et prend mon dossart. Je fais le tour des environs pour me familiariser et pour prendre mes repères. Me voilà dans l'arène. Je vois beaucoup de monde du forum dont je suis très heureuse de faire la connaissance mais assez crispée de ce qui m'attends.
Je cherche un coin pour installer mes affaires (les places sont prises d'assaut mais finit par trouver un petit coin à côté des tables de ravito non loin de Diogène que j'aperçois après.
Inquiétude : ais-je emmener tout ce dont je vais avoir besoin. Quand je vois toutes les bouteilles (de toutes les couleurs) qu'ont emmené certains coureurs, je me demande si avec le peu que j'ai emmené je n'ai rien oublié d'important.
9h30 : départ pour l'église et réajustement des dossards qui ne seraient pas assez haut pour prendre en compte les tours.
10 h : départ - ce n'est plus le moment de réfléchir. Y'a plus qu'à .....
Pour l'instant cela ne semble pas aller trop mal - Je pars très lentement (aux alentours de 8,5 km/h) avec comme secret espoir de parvenir à faire 150km et surtout à ne pas avoir besoin d'aller me coucher.
Je passe le marathon en 5h (méthode cyrano 9mn/1mn) et à la 6ème heure je suis presque au 50ème. Le 100km est plus dure à atteindre - tenir, courir le plus possible pour réussir ce fameux cap des 150.
14h : enfin le voilà : les 100km sont atteints - ce ne fut pas sans mal.
Nouveau calcul : mon objectif est-il tjours réalisable ??? Il me reste 10 heures à tenir et 50km à parcourir - Si j'arrive à tenir les 4 tours à l'heure pendant les 10 heures qui restent mon objectif sera atteint. Il commence à y avoir des troux dans le peloton. Certains s'arrêtent pour dormir semble -t'il. J'ai bien prévu un duvet (au cas où) mais pas l'intention d'en faire usage. Je continue donc cahin-caha principalement en marchant et je me rends alors compte que les 4 tours en 1 heure deviennent de + en + juste à réaliser - je suis obligée de courir de temps en temps pour franchir le passage des heures dans les temps mais pour l'instant la volonté tient tjours -
Inquiétude : ne me suis-je pas trompée dans mes calculs ? Impossible de savoir régulièrement où j'en suis. Je ne suis jamais au bon endroit au moment où le commentateur défile les kms parcourus par les coureurs. Je n'ai que mon estimation et je ne peux plus voir ma montre pour voir le km qu'elle affiche. La hantise de faire 149 km parce que je n'aurai pas eu le courage de courir plus souvent. Temps tjours gris et humide. J'ai froid - je me suis changée plusieurs fois mais le bénéfice n'a jamais duré très longtemps. L'humidité me pénètre - le prochain coup il faudra que je prévois une écharpe.
Deux heures avant la fin gros choc : j'arrive au ravitaillement et je vois un grand gars s'écroulait comme une masse, aussitôt secourue par deux personnes. J'espère qu'il aura pu repartir.
Longues ces 10 dernières heures pendant lesquels je n'ai pas arrêté de me faire doubler par les courageux du 12 heures en short (comment ils pouvaient rester dans cette tenue grand mystère) et par les premiers du 24 heures qui imperturbablement me mettaient des tours dans la vue.
Admiration : pour cette dame de 67 ans qui courait encore quand moi je marchais et qui finira par arriver quelques kms devant moi.
Nouvelle inquiétude : problème intestinal : j'ai dû m'arrêter aux toilettes et j'y ai perdu presque 1/4 heures de temps - Vais je réussir à rattraper ce temps perdu. je suis obligé de recourir sur presque 3 tours pour rattraper mon tempo des 4 tours à l'heure.
Continuer - Ne pas s'arrêter il reste deux heures - 8 tours à faire - Cela suffira t'il pour atteindre mon objectif ? La question m'obsède. Je suis loin d'en être sure. Pourvu que je ne me sois pas trompée dans mes calculs. 23ème heure : le commentateur m'indique que les 150km sont envisageables mais sans plus. Au tour suivant n'y tenant plus je demande à quelqu'un qui a les résultats en main où j'en suis : 147 km - c'est jouable - Il faut absolument continuer - tenir ; marcher sans tenir compte du mal aux pieds et aux jambes. Plus que 3 trois tours, plus que 2 ; il reste 29mn - ça va être dur - je n'ai vraiment plus envie de faire l'effort de courir - juste marcher - finir ce dernier tour en espérant que ce sera suffisant car pas envie d'en démarrer un suivant. Passage sur la ligne d'arrivée en 23h50 - J'en ai vraiment marre - j'arrête même pas le courage de continuer encore 1km pour être sûr d'avoir atteint mon objectif.
Je rentre dans le gymanse faire regarder mon pied droit qui me brule depuis longtemps. Constat : les pansements ont glissé et les ampoules pullulent - l'autre pied a également souffert et la personne présente très gentille me les percent - j'ai de la chance puisque pour l'instant je suis seule - les autres plus courageux finissent leur dernier tour - Passage à la douche -
Plus qu'à attendre pour avoir les résultats et savoir si j'ai réussi ce que je voulais faire. Satisfaction néanmoins d'avoir réussi à passer la nuit sans défaillance. Inquiétude et désappointement - Les résultats trainent à arriver et l'heure approche où je vais devoir partir pour reprendre mon train. Finalement juste avant mon départ, les résultats arrivent - 151km471 - Super je suis hyper contente, ravie d'avoir vu tant de monde réaliser des exploits, d'avoir cotoyé tant de champions et d'avoir à mon petit niveau réussi mon objectif. Triste par contre de ne pas avoir pu attendre les résultats ni participer au repas d'après course. Pas de chance.
Mille mercis aux organisateurs qui ont été fabuleux, à tous les coureurs et coureuses qui m'ont encouragé tout au long de cette aventure et bravo à tous les participants.
4 commentaires
Commentaire de totoche58 posté le 30-05-2006 à 22:02:00
Superbe récit ,superbe course . Félicitations MOBYDICK et quel bel exemple de tenacité...
Commentaire de Geronimo posté le 01-06-2006 à 20:17:00
Un seul mot: chapeau !!!!
Commentaire de runner14 posté le 05-06-2006 à 19:18:00
Salut Mobydick! Ton courage t'a amené là ou tu voulais allez bravo à toi ,ta progression peut continuer avec la détermination que tu possèdes!
Commentaire de Pat'jambes posté le 04-05-2011 à 19:36:00
151km pour 150km visé sur 24h... ça m'impressionne...
Bravo (un peu tardif)!
Et merci pour ton CR où j'ai glané des info pour mon 1er prévu à l'automne :)
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