Récit de la course : Off - Ascension Illiniza Norte (Equateur), 2ème tentative 2006, par Mathias

L'auteur : Mathias

La course : Off - Ascension Illiniza Norte (Equateur), 2ème tentative

Date : 1/5/2006

Lieu : El Chaupi (Equateur)

Affichage : 3160 vues

Distance : 11.33km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Le récit

Et voici mon dernier CR équatorien.
Ce 1er mai, alors que mon avion décolle de Quito le lendemain matin, j’avais prévu d’aller faire un tour à un endroit bien touristique, un peu au nord de Quito, qu’il ne faut pas rater parait-il : El Mitad del Mundo, c’est-à-dire la ligne symbolisant l’équateur, avec des expériences intéressantes comme celle de l’eau qui siphonne dans un sens puis dans l’autre, selon l’hémisphère !
Bref, une dernière journée tranquillou, pour bien récupérer du Cotopaxi et de la nuit presque blanche qui va avec.
Oui, mais le problème, c’est que je n’ai toujours pas réussi à « faire » un sommet excepté le « modeste » Rucu Pichincha, 4715m, même pas la hauteur du Mont Blanc, peuh ! ;-)

Et donc, ce matin là, me voici avec mon sac et mes chaussures de trail, dans un taxi direction « terminal terrestre »… je vais retenter l’Illiniza Norte, pour rebondir sur mon échec de la semaine dernière ;-)

Cette fois-ci, je suis un peu mieux préparé. Outre une couverture de survie et une frontale, j’ai pris un vrai petit déj :



Et j’ai bien analysé la « voie normale », y compris le « Paso de la Muerte » (j’ai même pris plusieurs photos en photo, histoire d’avoir des points de repère une fois tout là-haut…). Ca a l’air facile : on trouve la crête et hop c’est tout droit jusqu’en haut. Oui, bon, le WE dernier, j’étais loin de la trouver, la crête… cette fois-ci ça ne se passera pas comme ça !



Après le taxi, le Bus à 1$. Je m’inquiète un peu : je suis en retard par rapport à la semaine dernière. D’autant plus que je ne me fait pas déposer au bon endroit sur la panaméricaine cette fois-ci, je m’offre un détour inutile par Machachi… puis le nouveau bus qui fait le tour de Machachi à 2 à l’heure, histoire d’embarquer un max de gens !

Arrivé à El Chaupi, au lieu de partir à pied sur l’interminable piste de 4x4 qui monte tout doucement jusqu’à « La Virgen », 3900m, je négocie ça avec un gars du coin, qui veut bien m’emmener là haut pour 10$. Ca prendra une petite demi-heure (au lieu de 1h30 à pied).

J’arrive donc à La Virgen plus tôt que le WE dernier, mais j’y passe un long moment pour me faire expliquer le trajet (en français !) par des randonneurs qui en reviennent. Ils ont une carte « IGM » que je photographie. Il y a peu de détails, je ne sais pas si ça me sera vraiment utile.



Arrivé sur la crête, il y a tout de même moins de nuages que la dernière fois. A cet endroit là, la visibilité se comptait alors en mètres !



Je monte en marche rapide. Je croise des randonneurs. C’est bon signe : les conditions sont bien meilleures que le WE dernier. Mmmm c’est couvert, mais au moins il ne pleut pas !




Végétation…



Cette fois-ci, je ne lâche pas ma boussole, et je fais très attention au paysage. Faut dire que je l’aperçois un minimum, le paysage, ce qui me permet de me repérer un peu mieux.
Je monte en direction du refuge par la crête. Mais cette fois-ci, contrairement à la « voie normale » que je cherchais le WE dernier, je changerai de direction avant le refuge, suivant les conseils des randonneurs rencontrés à La Virgen. Je recherche une falaise sur ma droite, qu’il me faudra contourner par le haut. Je prie pour que le plafond de nuages ne descende pas plus. C’est déjà limite.

Je contourne comme prévu la falaise, en coupant un peu à travers champs. Où est le chemin que j’étais censé trouver ? Mystère. Continuons « à la boussole »…

Je me retrouve de l’autre côté du vallon (celui qui arrive entre les 2 Illinizas, cf. la carte), sur les flancs de l’Illiniza Norte. La carte « IGM » me sera finalement d’un grand secours : les falaises n’y sont pas indiquées ( !), mais je peux tout de même me repérer en suivant l’orientation du flanc. Il faut que j’attaque la montée par le Nord : il me faut donc continuer en restant à flanc, jusqu’à apercevoir le changement d’orientation (le « nez nord »).

Toute cette marche à flanc se fait dans la caillasse :



C’est exténuant. On s’enfonce, les cailloux sont roulants, les appuis fuyants… les cuisses explosées !

Au bout d’un petit moment, je me dis que je suis allé trop loin, je me suis trop rapproché du « nez nord ». Je continue donc, sans trop chercher à monter (trop dur !) et je reviens un peu en arrière. Gagné, voici un cairn.



Bon, ça m’aide pas vraiment, car je n’en vois pas d’autre… Mais au moins, j’ai trouvé un terrain plus rocailleux : au lieu ne pédaler dans le sable, j’escalade des rochers ! Ca va beaucoup plus vite…

Tiens, je viens de dépasser l’altitude du Mont-Blanc !



Je commence sérieusement à me demander comment je vais pouvoir trouver mon chemin. Juste au-dessus de moi, je devine une zone beaucoup plus rocailleuse. Le « sable » se termine ici, place aux rochers. Ca devient dangereux : il va falloir escalader, avec le risque de se retrouver face à des barres rocheuses à la redescente…

Tiens, mais qu’entends ? Des voix ! Ca tombe très bien ! Je fais un gros effort pour arriver à la hauteur de Carlos et de ses 2 copains.
Carlos, qui a étudié 1 an à Chambéry, m’explique en français la fin de l’ascension. Ca n’a pas l’air très facile, mais il me rassure sur un point : il n’y a presque pas besoin de mettre les mains.



Je suis maintenant sur la crête. Il ne reste plus qu’à la suivre ! En fait, pas tout à fait… Si je veux éviter l’escalade, je dois faire un détour. Et malgré ça, je dois faire un peu d’escalade. Jusque là, tout va bien, il n’y a pas trop de « gaz » :



J’arrive encore à suivre les traces de Carlos et de ses copains, dans le sable. Tout va bien.



Ca devient plus compliqué. Là, il faut grimper.



Une fois cette petite difficulté passée, ça ne s’améliore pas beaucoup. Je commence à stresser un peu. Ca me coupe l’envie de faire des photos. Il n’y a toujours pas de « gaz », mais je suis maintenant un peu en hauteur, je dois escalader, et même si c’est de l’escalade facile, une chute est vite arrivée, et peut être méchante. Et, tout seul dans la montagne, une « simple » jambe cassée est déjà très problématique…

Et quand j’arrive au sommet, je trouve vraiment du « gaz » cette fois-ci, avec en plus de la brume qui, au lieu de rassurer en masquant le vide et la difficulté, inquiète en laissant travailler l’imagination…

Je fais quand même une photo au sommet, en restant collé au rocher, c’est plus sûr ;-)



J’attends quelques minutes, car je sens que les nuages ne sont finalement pas très épais… j’aperçois quelques coins de ciel bleu, mais je ne vois aucun des volcans de la fameuse « avenue des volcans », ni même l’Illiniza Sur (sud), qui n’est pas loin du tout…

Je suis assez inquiet, mais en fait pas tellement à cause du vide ni même des quelques parties de désescalades un peu craignoss qui m’attendent. Je crains surtout de ne pas retrouver le bon chemin dans ce labyrinthe, avec cette brume.
Et, y’a rien à faire, je ne suis pas un aventurier : dès qu’il y a un peu de gaz, un endroit un peu glissant, un peu craignoss… je stresse ! Un peu comme en escalade : j’ai beau savoir que les risques sont minimes, je m’inquiète.



En fait ça se passe mieux que prévu : je trouve un passage qui évite quasi la désescalade. Je ne comprends pas pourquoi la « voie normale » passe par le « paso de la muerte » (pas de la mort), alors qu’il y a une vois très facile de ce côté-ci !

En quelques minutes, je retrouve les pentes ensablées. Ouf, ça va mieux.



Je me mets face à la pente, et zou ! Je me sens dans mon élément, à fond dans la sable / les pierriers ! D’ailleurs, étant donnée la pente très importante (mon GPS m’indique plus de 60%), je prends probablement plus de risques ici que là haut dans les rochers… je m’amuse ! (et je m’enfonce…).



Je fonce, car depuis que j’ai croisé Carlos, j’ai une idée derrière la tête : les rattraper avant La Virgen et me faire prendre en stop pour éviter de redescendre la dernière partie à pied.
Le plafond nuageux monte d’un coup, découvrant une large partie des flancs du volcan. Tout à l’heure, je suis presque allé jusqu’à ces rochers à gauche, alors que j’aurais pu monter directement par la droite... la descente va être plus facile que la montée ! Je pense d’ailleurs que par temps clair, ça doit être un jeu d’enfant de trouver son chemin vers le sommet !



Oh ! La vallée !





Je rejoins sans difficulté la 1er chemin sur la crête (celui qui va au refuge).
Maintenant que les nuages sont montés, on voit mieux par où il faut passer. Cette photo est prise de la crête. A gauche, on devine le vallon qui monte parallèlement au chemin, jusqu’au refuge. Il faut le traverser, puis couper perpendiculairement cette « trace rouge » qui descend de la montagne. Ensuite, monter un peu puis continuer à flanc à peu près à la même altitude, jusqu’à arriver au nord du volcan. Et là, on peut monter tout droit, par le sable ou par le rocher, au choix !



Mer de nuages derrière petite colline…



Là on voit bien le chemin sur la crête. Je m’arrête à peine pour prendre ces photos. Rattraper Carlos…



D’ici, on voit bien la falaise, à droite, qu’il m’a fallu contourner par le haut tout à l’heure.



Ah ! Mes copains les taureaux de combats… Comme le WE dernier, je garde sagement mes distances…



Les nuages se lèvent encore. Il en manque vraiment pas beaucoup pour apercevoir le sommet ! Sur cette photo, on voit encore la « trace rouge » de tout à l’heure. On voit la « langue » de rochers juste à droite (il faut passer en dessous) puis encore à droite l’étendue de sable qu’il faut atteindre pour pouvoir monter droit dans la pente.



Juste avant d’arriver à La Virgen, je rattrape enfin Carlos et ses copains (qui espèrent eux aussi pouvoir faire une photo des Illinizas…). Ils me proposent de me redescendre. Avec joie !



A gauche, on devine le Corazon. Tout droit, le Pasochoa. A droite, le Ruminahui qui fait face au Cotopaxi (hors champ).



Corazon et Pasochoa.



Ruminahui



Et, encore à droite du Ruminahui, dans les nuages, on aperçoit les contreforts du Cotopaxi. Il faut vraiment que je revienne un jour sans nuage…



Le 4x4 de Carlos.



Je ne suis pas le seul à profiter du wagon !



Au second plan : Javier. Au 1er plan : de quoi reprendre des forces : patate, maïs, avocat, un genre de pois chiche, et plusieurs morceaux de barbaque ! Plein d’énergie !



Tiens, d’ailleurs, voici peut être le cochon à qui appartenait ce que je viens de baffrer !



Et une heure après, me voici de retour à Quito. Bien vanné… mais bien content de mon WE !
Il faut absolument que je revienne en Equateur au plus vite, il me reste beaucoup de choses à voir, à faire… mais la prochaine fois, ce sera en touriste, avec un peu plus de temps devant moi pour me balader !

3 commentaires

Commentaire de Pasqui posté le 22-05-2006 à 18:49:00

Bravo pour cette ascension! Les photos sont maginifiques, t'as dû te régaler :)

Commentaire de akunamatata posté le 24-05-2006 à 09:34:00

C'est superbe! l'altitude de la course est etourdissante et les photos sont à la hauteur!
Akuna

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 12-06-2006 à 21:30:00

Plein les yeux ! Et comme toujours : respect,
non seulement pour la performance mais aussi pour
ces vrais reportages que tu nous fais !
Heureusement d'ailleurs, car moi, sinon, j'aurais
jamais vu l'Illiniza Norte !!!
Merci et continue !
NoNoFR-01

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