Récit de la course : Trail du Grand Lubéron 2006, par pierrot34

L'auteur : pierrot34

La course : Trail du Grand Lubéron

Date : 20/5/2006

Lieu : Cabrieres D'Aigues (Vaucluse)

Affichage : 3445 vues

Distance : 24km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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Courir au pays de Manon des Sources

Bonjour à tous

Le Lubéron, je l’ai mythifié depuis longtemps. Il y a des endroits comme cela dont on dit : « ah, j’aimerais bien y vivre ! ». C’est beau, ça sent bon et surtout, à travers ce que la littérature en a chanté, chez moi, ça fonctionne comme un aimant spirituel.
Donc quand j’ai vu « Trail du Grand Lubéron », j’ai aussitôt dit : « Je le fais ». Autrement dit, j’y retourne pour en savourer pour de vrai l’attirance que cette région m’inspire.
Une petite peur au départ :il fallait que je parte la veille de Frontignan, à deux bonnes heures de voiture, et dormir quelque part, pas en hôtel ,mais en chambre d’hôte. Après avoir demandé à l’Office du Tourisme s’ils ne connaissaient pas une bonne adresse pour un sportif, je me suis vu répondre : regardez sur internet ! Merci quand même. Je sais lire mais trop exigeant peut-être, je demandais un petit conseil, l’Office ne devant pas être bousculé pendant la saison hivernale. Je mets un petit mot sur le site de Caval-Pertuis et là, première belle surprise, la réponse, gentille, détaillée, que j’attendais plutôt de l’O.T.
Je fais alors mon choix, contacte la personne de la chambre et je pars tranquillement vendredi après-midi pour Pertuis.
Gros bourg, finalement. Un peu à l’écart, dans un quartier calme, pas facile à trouver, cette chambre. Excellent accueil. On parle. Je pose mes affaires. Je fais mon insuline et pars en ville pour dîner. Finalement, pour ne pas perdre trop de temps, ce sera une « calzone », demi de bière, sur la terrasse du « Chalet », juste devant…l’Office de Tourisme ! Petit coup d’œil de touriste sur la ville puis retour à la chambre pour la nuit. Contrôle de glycémie à 2h –j’étais seul. On ne sait jamais. Pas le moment de faire un coma ! – Réveil à 6h. Petit déj. Super avec pain et confitures maison. On reparle avec la dame. J’en oublie ma piqûre du matin. Je règle (33 euros) et c’est parti pour Cabrières- d’Aigues, à 10km.
On se rapproche de la montagne. Ca « bouge » en moi. La vigne, les arbres, la tranquillité.
La nature de Manon des Sources, tourné pas loin de là. Ah, vraiment, j’y resterais. Village perché. Service d’ordre pour se garer. « Bonjour ! ». Encore un bon signe. Par contre, les voisins de parking, un peu coincés… !
Faut marcher un peu pour aller aux dossards. Ca monte (déjà). Petits jardins. Cerisiers, mais pas mûrs, tiens ? Village perché. Maisonnettes proprettes…
L’accueil aux dossards : féminin, déjà ! Souriant, chaleureux. Pas possible, on n’est pas dans le sud ! Le sac des sponsors, bien garni, avec le dossard (le N°9-comme quoi, j’étais parmi les premiers inscrits !) et le ticket repas.
Retour à la voiture. Costume de scène- pardon, de course ! – la ceinture gourde (obligatoire) avec barres, gel et appareil photo –envie de faire quelques vues, pour moi, pour kikourou.- casquette, lunettes et direction le départ. Nous sommes quelque 250. Le Caval-Pertuis a fait le plein et aurait refusé 50 inscrits. Briefing de départ, animation chaleureuse. Originalité : les féminines vont partir devant pour traverser le village. Il est demandé aux « cadors » de jouer le jeu. Pas de problème. C’est après les dernières maisons que nous commençons à doubler des filles. Ca monte. Et ça ne va pas arrêter de monter, disons sur 6km, jusqu’au Mourre Nègre (1125m), le plus haut sommet du Lubéron, me dira un coureur à côté de moi. Pénible. Faut marcher. Comment courir sur ces pentes ?
Ravito, là-haut. Panorama splendide. Le cœur du Parc naturel du Lubéron. Il a été demandé de respecter l’environnement pour faciliter l’organisation de l’édition 2007. C’était sans doute évident pour tout le monde et le Caval pourrait organiser cette course tous les jours, il n’y aurait pas plus de deux gels –quand même ramassés –sur les chemins et pistes de l’épreuve.
Le Ventoux est là, à droite. Les arbres de la forêt sentent bon. Le thym, les cistes cotonneux nous font la risette. On les cueille avec les yeux.
Ca redescend. Ouf, on respire mieux ! Tiens, on croise des coureurs à la sortie d’un village !
C’est Auribeau, village provençal de carte postale, avec ravitaillement –une vraie épicerie !- sur la placette centrale. Accueil féminin, encore, empressement, paroles gentilles, respect des lieux avec les gobelets plastique dans la poubelle (qu’une dame emboîte les uns dans les autres, « pour que cela prenne moins de place » !). Je ne prends pas de charcuterie. La rosette est pourtant belle. Et l’emmental aussi. Banane, coca, eau, sucre. Car je sais que cela va remonter. Eh oui, nous allons repasser de l’autre côté de la montagne, par un sentier forestier, qui n’est pas un mur infranchissable, mais qui monte régulièrement, en douceur et qui alourdit les jambes.
Les premières crampes me prennent (vers la mi-course, après le ravito du 12èkm donc). Ca commence à « tourner ». Je sens l’hypoglycémie. Pratiquement jamais connue en course. Je m’assieds sur le bord du chemin et puise dans mes sucres. Un gars me demande en passant si ça va. Oui, mais il était temps. Finalement, je me suis rechargé, mais trop tard. Et je vais finir l’ascension, comme les sherpas de l’Everest. Et au sommet, la piste a beau être plate (je fais une photo) même les cuisses se bloquent. Je ne suis pas dans la m…. ! Alors, comme au marathon de Carcassonne, je me traîne tant bien que mal, jusqu’à la fameuse descente, ultra dangereuse, en dévers, avec cailloux et racines et…le précipice à gauche ! Je passe des filles, plus prudentes. Les jambes me reviennent. Elles ne travaillent pas de la même façon, peut-être.
En bas, sur les pistes plates qui mènent vers l’arrivée, ce sera du petit trot, très léger, pour assurer. Au dernier ravitaillement en eau, je demande l’heure :11h30. Reste 8 km à faire. Pas si mal, nous dit-on, vous êtes dans le premier tiers. Ca m’étonnerait.
On approche de Cabrières. Ca descend toujours. On serpente par les chemins habités. Tiens un cerisier avec plein de cerises noires mûres. J’en prends une poignée et cent mètres plus loin, je ne vois pas une balise, dans l’ombre des arbres ! Je prends à gauche. Une dame de son balcon me dit que c’était à droite. Je n’avais peut-être pas été le seul à ne pas voir.
C’est enfin le village. La dernière descente, par un escalier, puis la ligne, où de chaque côté, s’agitent de jolies provençales qui encouragent de leurs vivats les concurrents ! Et une rose pour chaque dame ! Extraordinaire ! Et jusqu’au dernier qui arrivera sur le coup de 14h45, alors que l’on en est au café du repas, des groupes du club iront chercher les derniers concurrents pour les accompagner jusqu’à l’arrivée, où tout le monde applaudit.
Après la ligne, petite toilette à la voiture et direction le repas. Apéro. Queue pour la paella.
Fromage aux noix (on aime les noix ici ; il y en avait aux ravitos aussi). Gâteau, avec coulis. Pain frais. Une poignée de cerises. La paella. Mais les derniers devront s’asseoir sur des rebords de mur, sous les ombrages, les places à table étant insuffisantes. On vient nous servir un sacré petit rosé. Les concurrents arrivent toujours sous les vivats et quelques notes de musique dynamique.
On passe à la remise des prix vers 14h30. Concert de félicitations, de satisfaction, de bravos pour les bénévoles, le parcours, les sponsors, l’organisation…Tout y passe. Rien n’est oublié. Il faut vraiment pinailler pour trouver un défaut à cette grande première, l’œuvre d’un club qui vit quelque chose hors du commun. On ne fait pas cela sans une riche préparation en amont, déjà.
Bon toutes les catégories, avec leurs trois premier(e)s sont richement récompensées. Chacun dit un mot positif. Arrivent les V3. Bon, j’en suis le deuxième et c’est un (rare) podium, pour moi, mais je n’ai aucun mérite : nous n’étions que trois ! Il n’empêche, si on ne me demande rien au micro (alors que je voulais parler des diabétiques et du récit sur kikourou), c’est une chaude poignée de mains entre les V3 hommes et femme, champions aussi de la sportivité.
Voilà tout ce en quoi cette épreuve laissera chez moi des marques indélébiles. Je sentais bien les choses et elles se sont déroulées bien au-delà de tout ce que j’espérais, grâce à cette organisation de pros, pleine de chaleur humaine –et solaire – et de promesses pour l’avenir.
Et comme je l’ai dit sur le forum de courseapied.net, aussitôt rentré : il y a danger pour les copains de Caval-Pertuis. Ils sont condamnés à ouvrir les inscriptions plus largement l’an prochain. Car cela va se savoir et on va se précipiter de partout- il y a plein de sportifs intelligents, qui savent faire des choix - pour vivre cette épreuve , magnifique en tout point.
S’ils continuent à limiter à 250, cela en fera des mécontents ! Mais je crois qu’à une telle organisation, tout est possible. C’est ce que je souhaite le plus sincèrement à toute cette belle équipe.













5 commentaires

Commentaire de pierrot34 posté le 21-05-2006 à 21:02:00

Je fais mon propre commentaire: impossible de passer la photo, pourtant aux normes. Et impossible de contacter le webmaster depuis un certain temps. Comment faites-vous? Merci

Commentaire de climber posté le 26-05-2006 à 06:16:00

Du grand art cher Pierre, bravo, et je peux noter que les provençales de l'étape ne t'ont pas laissé indifférent...climber

Commentaire de riri51 posté le 28-10-2006 à 20:20:00

c'est décidé, je serai au départ de l'édition 2007, merci pierrot34 pour ce CR

Commentaire de mokujin13 posté le 15-04-2007 à 20:55:00

superbe récit qui me reconforte sur le choix d'y participer,merci a toi et bon courage,felicitation

Commentaire de DJ Gombert posté le 04-03-2008 à 09:08:00

Super récit, qui m'a donné envie de courir cette course restreinte dans le parc du Lubéron.

Je me suis inscrit pour le 17/05/2008.

A bientôt.

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