Récit de la course : Sur les Traces des Ducs de Savoie 2013, par Greg136

L'auteur : Greg136

La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie

Date : 28/8/2013

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1564 vues

Distance : 119km

Objectif : Objectif majeur

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TDS 2013 : que d'émotion!!!!

Ayant lu et relu de nombreuses fois les récits des Kikoureurs afin de me motiver et de comprendre le parcours. A mon tour de partager mon récit de cette superbe course.

Mercredi 28 Août, 3H30 le réveil sonne. C'est l'heure de commencer la préparation pour pouvoir attraper le bus de 4h45 pour Courmayeur (Bus attribués par l’organisation et ça n'est pas le premier bus). Habillement, Crème solaire, Crème NOK, etc. Un petit déjeuner rapide dans la chambre de l'hôtel et ça y est on y va. 

Comme pour la CCC, l'organisation est exemplaire, et je me retrouve dans le bus à 4h30. L'ambiance est silencieuse et j'en profite pour dormir un peu. A l'arrivée, on nous dépose au complexe sportif de Courmayeur. Ils ouvrent à peine les portes, j'en profite pour entrer dans les premiers et me trouver un petit coin pour patienter. Fort de mon expérience de l'année dernière, j'ai pris un sac de couchage et je commence ma dernière sieste.

6h15 : ça s'agite vraiment autour de moi et j'ouvre les yeux. Maintenant on y est. Derniers préparatifs, je remballe mon sac de couchage et je me dirige vers le départ pour déposer mes sacs.

6H30 : je suis positionné vers la fin du peloton. Je ne suis pas inquiet de rencontrer des bouchons, car depuis l’année dernière, le parcours a évolué pour éviter le col de la Youlaz et les bouchons de l'année dernière.

7h00 : enfin nous partons. Grosse ambiance à Courmayeur, même si je regrette que l'organisation n'ait pas fait monter l'ambiance avec les musiques de Vangelis, comme ce fut le cas l’année dernière sur la CCC.

Après un parcours en ville, on monte fort sur un chemin qui doit être une piste de ski en hiver. Le rythme est élevé 750/800 m de D+ par heure. Je me sens bien, mais je suis surpris du nombre de personnes à ce niveau. Rapidement voici le col de Chercrouit à 1960m. Comme prévu, je ne m’arrête pas et repars direct : je suis alors 917ème en 1H18.

La suite nous emmène vers l’arrête Mont-Favre. Le paysage est top et j’ai une pensée pour mon Beauf qui empruntera ces chemins vendredi lors de l’UTMB. Lors de l’ascension, un coureur me tape sur l’épaule, c’est un coureur de la CCC de l’année dernière qui était dans le même train que moi pour venir de Paris, puis qui était assis à côté de moi à Champex et surtout que j’avais retrouvé au restaurant post course. On discute un bon bout de chemin et puis au hasard des petites accélérations, on se perd et on ne se reverra plus. (A l’année prochaine ?). Sur cette partie en single track ça avance à un rythme régulier, pas trop rapide et j’en profite pour m’émerveiller de tous ces glaciers. C’est vraiment beau. Avec tout ça, j’arrive à l’arrête du Mont Favre en 2H17 et 791ème.

J’attaque alors la descente sur le lac Combal. Ce fut une superbe descente, très ludique, même si les nombreux concurrents imposaient de retenir un peu la foulée. Cela dit on arrive rapidement au Lac Combal pour le ravitaillement. 2H52 en 730ème position. L’ambiance du ravito est géniale, les bénévoles aux petits soins pour remplir les bidons, servir un bon coca ou du bon fromage.

Néanmoins, je ne m’attarde pas et je repars pour le Col Chavanne qui est la nouveauté du parcours 2013.

Nous commençons par un sentier large en montée (150m de D+), puis un replat sur 2 ou 3 km. J’en profite pour courir et sortir mes bâtons, avant que la pente ne se raidisse. Ca y est on y est, et c’est parti pour 450m de D+. Le sentier est régulier et on voit le col en permanence. Je prends beaucoup de plaisir dans cette montée, même si elle est raide. On commence à voir les premiers coureurs en difficultés. Les bénévoles au sommet mettent une ambiance de folie et nous motivent pour finir avec un grand sourire cette ascension. Ca y est, on y est en 3h58, 693ème. La vue est magnifique et on s’engage sur un large chemin roulant de 8km où nous courrons tous. Pour être honnête, c’était assez pénible après quelques km et la bifurcation dans des petits passages boueux m’a reboosté. Nous voici donc en direction du col du petit St Bernard. Le rythme des concurrents est proche du mien et tout le monde discute assez facilement. Ce qui fait de ce passage un bon souvenir (très beau au demeurant), jusqu’à ce qu’on atteigne un petit lac juste en dessous du col pour monter tout droit dans les arbustes un raidillon de 100m (mais où ont-ils eu l’idée de dénicher ce chemin J ?) En haut le col du petit St Bernard en 6H16 620ème. Il y a un peu de vent, je prends garde de rester à l’abris de la tente et je me fais un beau ravito : pain, fromage, saucisson, soupe.

C’est maintenant que commence la voie romaine, que j’attaque avec prudence (ne pas courir trop vite) sur les conseils de Serge, [Serge, rencontré la veille dans le train, vient accompagner des amis car il ne peut pas faire la course cette année, mais il a reconnu tous les passages]. En effet Serge m’avait recommandé d’en garder sous la pédale, car la montée après Bourg St Maurice est vraiment dure. Cette descente est effectivement longue, plus raide que ce que j’imaginais et on sent la chaleur monter progressivement (il est 14H et on perd 1400m de dénivelé). J’arrive en forme à bas et j’en profite pour courir tranquillement pour rallier Bourg St Maurice. Grâce à cette technique, je redouble tous ceux qui étaient partis à fond dans la descente pour atteindre Bourg St Maurice en 8h24 en 570ème position. Jai l’immense plaisir de retrouver le fameux Serge qui m’attendait (merci encore).

 

Bourg Saint-Maurice, après un copieux ravitaillement (les gourdes pleines de 3L d’eau car on part pour 5H sous le cagnard) je repars 647ème. Serge m’explique alors que la montée est vraiment raide et qu’il faut en garder sous la pédale car c’est 2000m de D+ qui nous attendent. Effectivement la montée est raide et le cagnard est là. Au bout de 10 min, j’hésite à tremper ma casquette, mais je ne le fais pas en me disant que je trouverai surement d’autres fontaines dans l’ascension. Ce fut là une belle erreur : il n’y a eu aucune fontaine jusqu’au Cormet et la montée jusqu’au fort du truc est très, très, très raide sous le cagnard. On monte vite à cause de la pente (600 m de D+ à l’heure) mais la chaleur fait des dégâts : chaque coin d’ombre est occupé par des coureurs allongés, tout pâle visiblement en coup de chaleur. Je ne me sens pas très bien non plus mais je m’accroche en me disant qu’à la prochaine fontaine ça ira mieux (il n’y en aura pas). Arriver au fort du truc, je décide de lever le pied avant de tourner de l’œil et comme les autres, je cherche mon coin d’ombre… Après 5 min je commence à frissonner donc je repars pour un long chemin de croix (que c’est long une montée lorsqu’on a plus de jus). Après 20 min je vois qu’un groupe de coureur en perdition s’accroche à moi et ça me motive pour maintenir un rythme régulier jusqu’au fort de la Platte en 10h52 et 608ème. Je me dis alors que ça va maintenant être plus tranquille jusqu’au Passeur de Pralognan. Je mets ma Gore-tex et mes jambières car il fait maintenant plus froid et je repars. Le chemin est bucolique mais je suis surpris car je vois les concurrents qui me précèdent partir en descente… Et là je vois le mur du passeur de Pralognan. (un vrai mur). J’en ai les jambes coupées, comme une hypoglycémie. Je fais donc une pause, mange et repars en m’accrochant au courage à deux coureurs. Après 30 min et 300m de D+ nous voici enfin en haut en 12h48 à la 619ème position). Enfinnnnnnnnnnnnnnnnnnnn.

 

La descente était raide mais ça passe bien et je finis en courant pour atteindre le Cormet de Roseland où je retrouve Serge qui m’attendait (merci encore). Je cours depuis 13h52, je suis 617ème, j’ai fait 67km et 5000 de D+. Je suis très confiant pour la suite, tous les voyants sont au vert, mon coup de chaud à l’air d’être passé, je peux toujours courir, pas de douleurs particulières.

Le système pour récupérer les sacs est parfait, la tente est grande mais ça manque un peu de table, et il faut se faire un peu de place pour pouvoir se changer. Je mange un peu, boit des soupes, change mon T-shirt pour un sous-vêtement de montagne, je prends de nouvelles réserves de nourriture et repars après 50 min. Je n’ai pas été très efficace pour refaire mon sac et me changer (j’ai changé 2 fois de short…).

 

Il fait maintenant nuit et nous sommes dans le brouillard, heureusement la montée vers le col de la Sauce nous met au dessus du brouillard. J’ai un peu de mal à trouver un rythme et fait le yoyo entre les différents groupes de courreurs. Une fois au col, je fais la descente avec ma technique de marche rapide et double de nombreuses personnes. Je reconnais le passage du curé, c’était magnifique à la lumière des  frontales, et j’arrive à la Gite, où je mange ma barre énergétique (une toute les heures). Là ça ne passe pas très bien (bizarre), mais je ne m’inquiète pas.

Je badge à la Gitte en 16h34 et 611ème et je repars vers le col du Joly avec les 2 gars qui m’avaient guidé dans la montée vers le Passeur de Pralognan. On monte bien (comme d’habitude sur la TDS ça monte droit dans la pente), mais je me sens bizarre. Au bout d’un moment je commence à me sentir nauséeux et je perds le rythme. Je continue doucement, mais je n’arrive plus à boire. J’ai maintenant besoin de m’arrêter toutes les 5-10 min. Devant ce constat peu reluisant, je me force à avaler un gel, et ce qui devait arriver… je commence à vomir assez régulièrement, environ toutes les 10 min. Après chaque spasme, je me force à boire (boisson énergétique) pour éviter d’avoir l’estomac vide. Ce calvaire va durer une bonne heure et je découvre qu’en buvant des minis gorgées toutes les minutes, je ne vomis plus. En parallèle j’attaque une descente, et je retrouve un bon rythme. Cependant dès que la dernière montée vers le col Joly se manifeste, je perds mon rythme et je monte en m’arrêtant toutes les 5 min.

J’atteins le col Joly en 20h05 en 635ème position (j’aurais mis 1h30 de plus que prévu).

Au col Joly, le ravitaillement est vraiment super. Je tente une soupe et je vais faire une sieste de 15 min. en me réveillant je me sens beaucoup mieux !!!!!!!!!!!

Je décide de repartir doucement et fais la descente en marchant. Dans ma tête, arriver aux Contamines, c’est presque gagné. Je m’accroche à cette pensée, et je constate que je peux de nouveau boire des gorgées de boisson. Cependant, un autre ennemi m’attaque : le sommeil. Je me découvre une nouvelle aptitude : je suis capable de marcher en dormant (sur le chemin entre Notre Dame de la Gorge et les Contamines). Le réveil est à chaque fois un peu stressant car je vois des petites hallucinations (des chiens, des avions). Je continue à avancer et j’arrive en 23h24 et 686ème. J’ai fait 95km et 6100 m de D+. Je sais que je ne grimpe pas à mon rythme normal, mais je n’ai mal nulle part ce qui me réconforte. En plus, mon téléphone a retrouvé du réseau et je peux lire tous les messages d’encouragement et appeler ma femme (je n’avais plus de réseau depuis le passeur soit 11h de course). Je ressens un sursaut d’énergie et l’émotion m’envahit un peu.

Avec le soleil qui se lève, me voici en route pour le col du tricot dont la réputation me laisse imaginer que je vais galérer. Mais avant ça il faut monter au chalet de Miage et comme d’habitude sur la TDS, c’est tout droit et très raide. Pour la première fois, je commence à râler contre l’organisation qui nous fait passer par des chemins trop raides, etc…. Tout le monde me double, je n’arrive pas à m’accrocher, c’est l’enfer. Au bout de 1h30, j’arrive au bas du col du tricot et je me dis qu’il est temps de faire un dernier baroud d’honneur : je pars sur un rythme assez élevé et je commence à avoir le plaisir de doubler des gens en montée (ce qui ne m’était plus arrivé depuis la Gitte) et je repars dans une spirale positive. Signe du destin des bouquetins traversent devant moi et je continue sur le même rythme pour faire la dernière ascension à 600m de D+ pour arriver en 25h59 et 678ème.

Je bascule dans la descente et pars dans une partie de Pac-Man pour doubler les concurrents. La montée vers Bellevue, me semble insignifiante et je cours dans la dernière descente vers les Houches que j’atteins en 28h01 et 654ème. L’arrivée aux Houches se fait sous les hourras des supporters massés sur la route : un petit air de ligne d’arrivée.

Après avoir pris le temps de me changer (T-shirt light car il est quand même 11H) et manger (j’ai encore à l’esprit mes aventures nocturnes), je pars en courant jusque Chamonix, ne marchant qu’en côte. Cette dernière partie était vraiment superbe avec de nombreux supporters pour nous encourager. L’arrivée dans Chamonix fut grandiose : c’était noire de monde, dès les Gaillands et l’émotion était très haute avant même d’avoir entamé la rue principale de Chamonix : 1,5 km de pure émotion. Merci encore à tous. Fidèle à lui-même Serge, m’attend à l’arrivée, même si tous ses amis sont arrivés depuis longtemps (à charge de revanche mon ami).

Je franchis la ligne d’arrivée en 29h15 en 632ème position, très ému mais aussi très fier de moi.


Après avoir discuté avec Serge, répondu à mes nombreux SMS de félicitations et pris une bonne douche, je me suis à mon tour mis en terrasse avec une bonne bière pour encourager durant 3H tous les concurrents jusqu’aux derniers et voir leurs yeux briller à l’approche de la ligne d’arrivée.

En conclusion, je dirais que c’est une très belle course, mais aussi très dure. Le parcours est exigeant et ne doit pas être sous-estimé. Cela dit, à peine la ligne franchie, je savais que je m’inscrirai sur l’UTMB pour l’année prochaine.

 

7 commentaires

Commentaire de DidierC posté le 01-09-2013 à 20:39:05

Très belle course et très beau recit, ça me donne envie d'y retourner même si l'année dernière en bâchant au fort de la Platte je m'étais dit "jamais plus !!!"

Commentaire de benlacrampe posté le 01-09-2013 à 21:07:20

Bravo pour cette course bien gérée avec ses hauts et ses bas. C'est bien ça la TDS. Merci de parler des hallucinations, ça me rassure sur mon compte. Perso, c'était plus tard dans la descente du Tricot. Des rochers devenus des voitures en stationnement !! :o)

Commentaire de Caro74 posté le 01-09-2013 à 21:10:57

Je suis impressionnée. Quel courage! Entre tes vomissements et tes hallucinations, je trouve que tu as été incroyablement persévérant d'arriver à terminer, et qui plus est, en bonne forme. Bonne recup!

Commentaire de Renard Luxo posté le 02-09-2013 à 16:47:13

Merci pour ce super récit, j'ai l'impression de revivre ma course en légèrement décalé, vômissements inclus (jusqu'au Joly également), râleries contre les derniers murs, mais sans les hallucinations pour ma part. Le parcours de la TDS est fantastique, tout comme l'organisation d'ailleurs. On m'avait dit bcp de choses, qu'il s'agissait d'un trail "industriel", impersonnel, machine à fric sans âme, etc ... C'est totalement faux ! Malgré le nombre, la course reste "humaine", et les nombreux bénévoles (2.000 !) ou spectateurs massés à toute heure sur le parcours la rendent véritablement chaleureuse. R-V next year pour l'UTMB, si notre nom a la chance d'être tiré ...

Commentaire de st ar posté le 03-09-2013 à 05:11:33

Merci pour ton récit. Et un grand bravo, tu as su surmonter chaque moment difficile ....ça donne envie....bonne récup!

Commentaire de beurt posté le 05-09-2013 à 21:32:01

Beau récit détaillé, qui me rappelle ma course !

"marcher en dormant" ou "dormir en marchant" ?? J'ai eu exactement le même problème, au même endroit ...

Commentaire de Greg136 posté le 05-09-2013 à 22:41:43

Vu comment le japonais devant moi zig zaguait on était au moins trois :)

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