L'auteur : L_Olive
La course : La 6000 D
Date : 27/7/2013
Lieu : La Plagne (Savoie)
Affichage : 1887 vues
Distance : 63km
Matos : Adidas riot 4 gtx
sac salomon 1.5L
Objectif : Faire un temps
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La 6000d – la course des Géants
Inscrit suite aux moultes relances d’un pote l’ayant fait déjà deux fois, je me dis qu’il est temps de me lancer… mon plus « long » trail est la saintexpress 2012 (45Km avec 1500D+) alors dès début 2013 je continue l’entrainement avec un trail d’un moins 30Km chaque mois…
Bilan du 1er Janvier au 26 Juillet 2013 :
Course à pied : 80 sorties, 745Km, 20 663mD+
Vélo (VTT + route) : 31 sorties, 1 276Km, 23 500mD+
Plus 3 entrainements piscine / semaine (à peu près régulier)
Je suis assez confiant, la 6000d ne m’impressionne pas plus que ça, je me dis que cela va être long et difficile mais aucune pensée négative particulière sur mes capacités à réaliser ce challenge. Je me sent prêt ! Mon entourage qui m ‘accompagne lors de cet événement est plus inquiet que moi à ce sujet !
Donc arrivé avec la famille pour une semaine à La Plagne le jeudi 25 Juillet il fait bien beau (un peu trop chaud même 35°C dans le village de Aime).
Retrait des dossards le vendredi 26 (je prend même le dossard de ma copine qui fait le trail des 2 lacs mais elle n’arrive que vendredi soir) personne ne pose de question et je repars avec son dossard.
Beaucoup de monde belle ambiance, les terrasses sont pleines. Je récupère ma copine à 20H à la gare et direction l’appart, gros repas de pates vendredi soir préparation du dossard, sac, vêtements et gâteau sport puis dodo vers 23H pour se lever à 4H50 ! J’engloutie en vitesse sans mâcher tout le gâteau, m’habille et saute dans la voiture départ de l’appart 5H10 !
Arrivé sur Aime vers 5H30, petite photo d’avant départ, je retrouve mon pote qui court sa troisième 6000d !
A la vue de mon entrainement je me dis « objectif moins de 10H » !!
On se place sur la ligne de départ, petit discours et le départ est donné par le maire de la ville.
Les 3 premiers Km sont assez roulant mais le peloton (1200coureurs) reste compact. Nous voilà dans un sentier large et en faux plat montant (mais déjà bon nombre de participants marchent et sortent les bâtons) Avec mon pote on zig zag en évitant les coups de bâtons tant bien que mal pour doubler les randonneurs qui occupent toute la largeur du sentier pourtant roulant.
S’en suit une monotrace avec un plus fort pourcentage, là aucune possibilité de doubler mais la pente fait que marcher ne me dérange pas. Mon collègue est quelques participants derrière moi, il à ralentit un peu la cadence dans les derniers mètres avant le monotrace.
Et on monte tranquillement, on relance dès que cela redevient moins pentu. Le soleil se lève gentiment sur la montagne, il ne fait pas encore trop chaud.
Dans chaque village traversé, l’ambiance est superbe, les spectateurs sont nombreux et encouragent tous les participants.
Nous rentrons dans la piste de bobsleig, l’expérience est unique ! C’est très atypique, mais c’est vrai que l’on est content d’en sortir ! 1,5km de béton c’est un peu long !
L’ascension continue, 1er ravito je passe sans m’arrêter, je prends un gel toutes les heures (j’ai embarqué avec moi une dizaines de gels).
On arrive à l’intersection où les parcours coïncident entre la 6000d et le trail des 2 lacs. Je me dis qu’avec un peu de chance je verrai ma copine, alors je double les derniers du « petit trail ». Je remonte à bon rythme le peloton et vois le cardio s’emballer (170/180) aïe aïe aïe faut faire attention il reste 43km encore avec 2500/3000mD+
Arrivé au sommet de la roche Mio, toujours à bon train (pour moi) on redescend au pied du col de Chiaupe. Mais que ce passe t’il ???? De grosses douleurs dans la ceinture abdominale !!! NOOOOOOON :’(
Mon estomac doit frotter sur les côtes ! Je n’ai pas digéré le repas surchargé d’hier soir ? Trop mangé ce matin ? Bref un peu de tout et mon estomac est trop chargé… « Bien joué champion, quel gros nul, 6mois de prépa pour devoir marcher/trottiner en descente »…
Bon à partir de maintenant j’arrête de manger jusqu’à ce que l’estomac se vide !
La descente passe en contactant les abdos pour que l’estomac ne bouge pas trop et en serrant les dents, mais on remonte vite vers le col de chiaupe, dans les montés mon ventre va bien car il n’est pas trop secoué !
Au col de Chiaupe je vois mes parents, ils m’annoncent que ma copine est passée il y à 20min ! On bifurque vers le sommet du glacier, la monté est longue, longue, longue et dure !!!! Le climat est super, pas trop chaud et pas froid è !
Par contre cette pente démotive pour courir ! Chaque sommets laissent apparaître les suivants à gravir !
Puis au bout de longues minutes on aperçoit enfin le sommet ! Arrivé en haut en 5h09min, je remplie mon camelback qui est tout juste vide ! le temps est magnifique, ici à 3070m d’altitude à 11H09 il fait bon courir, ni chaud ni froid, juste impeccable.
Je vide mes chaussures des petits gravillons histoire de bien descendre. Mais dès les premières foulées à rythme normal je sens l’estomac qui frotte… l’irritation est là. Pas grand chose à faire, j’appuis dessus, je contacte, pas grande amélioration… je descends pas vite…
J’ai l’impression que tous les concurrents que j’ai doublé pendant la monté me redoublent !
Arrivés au pied du col de l’arpette il fait bien chaud et cette monté me calme direct ! Là je ne double plus et je commence à ne pas être pas au top dans la tête alors que les jambes vont bien… il serait peut être temps de m’alimenter car cela fait environ 4H que j’ai rien mangé… mais aucune envie de manger… je me force à prendre un gel, j’ai du mal à le manger complètement et finalement l’arpète passe,
je m’assoie 1min pour vider mes souliers une seconde fois puis dans la descente vers Bellecote je mange difficilement une barre de céréales, j’ai envie de la vomir au fur et à mesure que je la mange. Mais quelques minutes plus tard, cela va mieux ! La tête ne tourne plus, et je rejoins le village où je trouve mes parents et ma copine ! Le ventre me fait toujours mal mais le moral et les jambes ont la forme !
Il reste 17Km avec majoritairement de la descente et le chrono m’annonce 7H44 de course. Il me reste donc pour finir 2H16! Cela me parait assez simple (bon là il faut juste bien gérer ma douleur au ventre qui est de plus en plus handicapante)!
Alors je déroule comme je peux, mais je ne m’alimente toujours pas ou alors quand je commence à voir trouble.
La descente m’est très pénible, je cours sur le plat et dans les faux plats montants/descendants ainsi que dans les montés.
Je saute tous les ravitaillements (optimisation de la moindre seconde) je fais juste une pause de 30secondes pour vider une troisième fois mes chaussures des gravillons.
Km 53, 8H45 de course !! 1H14 pour faire 10Km !! allllllller on y crois. En temps normal je tourne en 42/44min au 10km
Mais la chaleur aplatie tout le monde, je double pas mal, beaucoup en ont marre, ils me demandent si c’est normal toutes ces petites bosses, certains s’étirent et les autres boitent !
Km 58 (plus que 5Km) en 9H22, il me reste 38min pour faire ces 5 derniers Km !!!! On y croit encore, et je sais que les trois derniers sont sur une piste cyclable sur du plat !! :D
Là je serai rapide, car les jambes sont douloureuses mais pas autant que le ventre !
Mais quand est ce qu’elle arrive cette piste cyclable ???? je sens le camelback qui se vide, j’ai pas fais le plein depuis le sommet du glacier. On annonce un point d’eau et il y à effectivement un robinet mais 5/6 participant font la queue pour remplir leur bouteilles/camel alors à la vue du chrono je me dis que dans l’état où je suis, ça peut difficilement être pire !
La piste cyclable n’arrive toujours pas !!! arrffff et les minutes qui déffilent et enfin la piste cyclable !!! Je regarde le chrono 9H50 o_O
Mais qu’est ce qui c’est passé ? Je comprends pas… je me dis 9min59 pour 3km… frais et reposé ça se fait mais dans l’état où je suis c’est perdu d’avance, j’explose ! « BAM » je perd l’ouïe, j’entends juste un écho, je n’entends pas mes propres pas ni l’Isère qui coule sur ma droite. je marche et j’ai froid et j’ai soif…
Mon camel est vide, plus une goute ! Je me force à manger une barre de céréale, je mettrai plus de 10min pour la manger sans la vomir, les marcheurs me doublent un concurrent se cale sur mon rythme, pose sa main sur mon épaule et me parle, je n’entend pas ses paroles, je vois juste ses lèvres bouger je lui fais signe de la main que ça va, il pensera surement que je suis sourd ou muet !
Ces 3 derniers Km seront fait en 29min !!! Avoir manger la barre de céréale m’aurait fait du bien car je retrouverai une partie de l’audition dans les derniers 500m (même si un écho me poursuivra jusqu’au lendemain). Mes parents sont près de la ligne, je termine les 200 derniers mètres avec ma copine.
Ils essayent de me mettre sous la tente des médecins car ils ont très peur de mon état, je ne comprends pas ce qu’ils me disent et eux n’entendent pas ma voix. En fait je pense parler mais aucun son ne sort… j’arrive à leur faire comprendre que je veux juste m’allonger et surtout BOIRE !! Après 1L d’eau ingurgité et assis dans l’herbe je commence à aller mieux.
Ils souhaitent tous que je consulte un médecin, mais je reprends vite mes esprits, je pleure un peu (les nerfs surement et un peu de déception) mais aussi de la joie, j’ai quand même fait une belle course, et les perfs de chacun sont revu à la baisse (pas mal d’abandons).
Temps total 10H19, très déçu d’avoir eu ses douleurs d’estomac, car mon objectif était largement à ma portée !
Une course très bien préparée et magnifique mais je m’en veux de louper mon objectif pour un estomac trop chargé et une mauvaise gestion avec un grosse fringale sur la fin. Car 5H09 pour monter et 5H10 pour descendre….
2 commentaires
Commentaire de Caro74 posté le 07-08-2013 à 13:05:45
Ah, je comprends ta déception.. Dur de passer à côté d'une course pour des maux de ventre! Tu as vécu l'enfer sur la fin! J'espère que tu t'es bien rétabli et que tu sauras en tirer la leçon.
Commentaire de nono's coach posté le 08-08-2013 à 15:25:19
La déception vient surtout du fait d'avoir fixé un objectif chronométrique.
Le parcours était plus long et plus pénible de part la chaleur. Les premiers sont bien loin de la performance chronométrique attendue.
Ce que je retiens dans ton CR, c'est ton mental car beaucoup aurait abandonné à ta place. Cette course te sera à coup sur, une référence positive dans ta vie de traileur. Merci pour ton récit et bonne récupération!
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