J’essaye de me frayer un passage vers mon sas de 7h30… 7h30 ! Mais ils sont fous ! J’ai 75 km dans les pattes moi ! Je retrouve les amis en chemin et de toute façon, c’est le cirque, impossible d’aller ou on veut. On partira de là.
PAN !
C’est parti. J’essaye de dérouler, mais j’ai les jambes raides, alors je continue le petit train de l’aller.
A peine 5 minutes de passer qu’une nouvelle fois, je regrette d’avoir été frileux. Je m’arrête sur le cote, j’enlève une couche, la range dans le sac…et perd (a vue de nez) 2000 places.
C’est impressionnant d’être spectateur ! Toute cette masse de trailers sur la route !
La route s’élève, le chemin m’a paru moins long qu’à l’aller. Mais comme la pente augmente, les palpitations aussi. Je marche et reperds 2000 places… décidément, je ne tiens pas la forme. Tiendrai je jusqu’au bout ?
J’essaye de prendre une photo, mais il fait trop sombre. Je le range définitivement pour la nuit.
Beaucoup de glace cette année, je préférais la neige de 2010. A l’aller, on pouvait choisir sa trace, mais là, dans la foule, ça craint. On doit souvent se décider entre piétiner, prendre le risque de faire un soleil sur la glace ou aller patauger dans la neige profonde. En d’autres temps, je serais allé dans la neige, mais cette nuit : modération ! Alors, je piétine, je piétine, et quelques fois, j’attends mon tour.
Ah ! le chemin qu’on a raté ! ça y est, j’ai compris pourquoi on ne l’a pas vu, il fallait bifurquer juste avant la fin d’une descente… On s’est posé la question 30 mètres plus loin, derrière ce bosquet…
Et ça monte dans la neige… je prends mon train de sénateur. Je me laisse quelques fois aller dans les descentes, mais je m’interdis de prendre un risque ! Et pas moyen de revoir un allumé de l’aller pour discuter. Ils doivent tous être devant…
A chaque congère, son petit sillon de franchissement, son petit bouchon et ses minutes d’attente. Que n’ai-je la forme pour les franchir gaillardement ! Mais MODERATION !
Après les congères, la glace, vive et brillante dans la lumière des frontales m’incite à rester prudent (je crains pour mes côtelettes, allez savoir pourquoi).
Même la neige damée devient glissante, le mélange boue-neige gèle.
Je retraverse le ravito de St Christo rapidement pour ne pas m’apitoyer sur mon sort et me satisfaire d’une chaleur bienfaitrice.
Les montées se font tranquillement, les descentes aussi, reste les plats où sa bouchonne. Je n’avance pas vite, mais je suis déjà content de tenir… jusqu’où ?
On prend un chemin qui s’est transformé en flaque de boue… sauf que normalement, une flaque, c’est plat…mais pas là. J’essaye de rester au sec en sautant d’un caillou sur l’autre…pas très joueur le fulgu cette nuit, mais je n’ai pas envie d’avoir les pieds mouillés, je dois déjà avoir 100 bornes dans les jambes… mais quand même, je me suis connu plus téméraire…
Finalement, je vais courir dans les champs à coté… pour revenir quelques dizaine de mètres plus bas et être obligé de taper des pieds dans la boue. Mauvais choix finalement ! j’ai encore perdu des places. Je me retourne et la guirlande de frontales me rassure un peu, il reste du monde derrière.
Ravito de Ste Catherine. Contrairement à l’aller, je ne traine pas, trop de monde. Je chope un truc à manger et je file.
On remonte le chemin « de Noel » qui a vu le fulgu plein d’extase à l’aller. Il est méconnaissable : plus un brin de neige sur les branches, mais surtout, le sol est un torrent de boue. J’essaye encore de préserver un peu de sécheresse de mes pieds.
Ça n’avance pas, mais je me laisse porter par la torpeur générale. On arrive dans une descente tellement scabreuse que tout le monde s’agrippe aux troncs, aux branches, à quoique ce soit qui soit fixe. Tout est glissant. Le dessus des pierres est recouvert d’une fine couche de glace. Je ne fais pas le malin et comme tout le monde, je joue à Tarzan d’arbre en arbre. Arrivé en bas, je découvre que c’était le bois d’Arfeuille ! Que je n’avais pas reconnu. Bientôt le ravito de St Genou, mi parcours.
On sort du bois. Les lumières de Lyon arrivent jusqu’à nous et laisse croire à un lever du jour. Je ne suis pas le seul à avoir cette impression puisque les gens s’interrogent autour d e moi.
Je regard l’heure : il est déjà 6 h ! 6heures et on n’est qu’à mi chemin.
J’en ai marre, je suis levé depuis 24 heures, et s’il me faut encore 5 heures pour aller à Gerland, j’arriverai à 11 heures. Sans intérêt, je n’ai rien à prouver, j’ai sommeil, je veux dormir… allez ! J’arrête, je prends le bus !
Arrivée au ravito, trop de monde, la flemme de me battre, je sors ! Et je tombe sur Tidgi. Quoi ? Il n’est que là ? Je l’interpelle et lui confie mon souhait d’arrêter, espérant surement qu’il me pousse à le suivre. Mais le pauvre Tidgi doit être dans le même état que moi. Difficile de raisonner et il me répond. « AH ? » « je continue, viens»
L’argument est trop faible pour me faire changer d’avis. Et puis si c’est pour arriver aussi tard, quel intérêt, je vais faire comme Jean Mi… mais on en reparlera.
Et là, au lieu de me reposer, de m’hydrater et de prendre du sucre pour alimenter le cerveau, je reste bloqué sur mon arrêt. Je patiente dans une tente d’attente et tentant d’avoir une place dans le prochain bus…qu’il faut aller chercher un kilomètre plus bas.
Dans le bus, je discute… donc, je ne dors pas, moi qui voulais tant dormir, je n’ai plus sommeil.
Même à Gerland, je lutte pour m’endormir : je n’ai quand même pas abandonné pour ne pas dormir !
Et je vois les copains arriver les uns après les autres. Même Jean Mi !
Ça y est je regrette déjà ! Que n’ai-je réfléchi un peu : la neige était finie, que du goudron ou presque ; que de la descente ou presque… je pouvais assurer un 8 km/h… cela me faisait arriver à 10h00. Mais surtout, ça me faisait arriver et terminer un ultra cette année. Décidément : 2012 année de la loose. (vivement 2013, le fulgu sera balèze)
Surtout que le mardi, je reprends l’entrainement comme si de rien n’était, pas une crampe dans la course, pas une courbature deux jours plus tard…
Ce que je retiens de cet événement c’est que l’ultra, c’est dans la tête que cela se joue plus que dans les jambes. Je m’étais trop programmé à abandonner, qu’il a presque fallu le faire.
Il ne faut jamais prendre une décision définitive dans l’action : prendre le temps de se poser, de se reposer, d’alimenter le cerveau pour prendre les bonnes décisions. J’aurais peut être perdu ¼ d’heure, mais j’aurais gagné un tee shirt finisher.
Pour retrouver la motivation, mon père a su trouver les justes mots qui m’ont piqué : « si tu as abandonné, c’est que tu as eu raison… mais n’en prends pas l’habitude ! »
Promis-juré, on ne m’y reprendra plus.
Reste à se venger en 2013 sur la prochaine LSL.
5 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 20-06-2013 à 22:31:26
on en reparlera..... en juin 2014 pour ton CR rafraichissant de la LSTL 2013.
mais, surement auusi avant au Flore !
Commentaire de tidgi posté le 20-06-2013 à 22:39:44
Tu le regrettes, et moi aussi...
Je me rappelle bien avoir essayé de t'embarquer avec moi à Saint Genoux. Mais je sortais de mon "hallucination" ;-) Et n'ai pas été suffisamment convainquant... face au bitume que tu ne voulais pas voir.
La LSL, tu l'as déjà eue... et tu l'auras encore.
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 21-06-2013 à 00:02:00
Toi qui a connu 2010 (qui était bien pire que 2012 !), j'ai envie de dire qu'à Saint-Genou le plus dur était fait, mais quand on vient de Lyon -> Wahou !!! Euh... Je m'abstiens !!!
Un grand grand bravo (quand même) et en plus ça nous remémore cette course
Commentaire de Benman posté le 21-06-2013 à 00:40:44
Vivement décembre qu'on puisse avoir le CR de l'UTCO, mais on en reparlera...
Commentaire de Jean-Phi posté le 21-06-2013 à 10:20:47
On sent que le rendu des copies 2013 est pour aujourd'hui ! Je dis ça je dis rien mais bon !
PS : Bravo quand même ! Et puis tu as raison, tu n'avais strictement rien à prouver. Abandonner fait mal au mental et à note fierté. Mais l''abandon fait partie de notre vie de coureur à un moment ou un autre.
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