L'auteur : yop
La course : Grand Raid Dentelles du Ventoux - 100 km
Date : 18/5/2013
Lieu : Gigondas (Vaucluse)
Affichage : 1371 vues
Distance : 100km
Objectif : Terminer
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Dire qu'au briefing, la veille du départ, j'ai eu un pincement au coeur quand j'ai appris que nous ne dépasserions pas 1600m et qu'il faudra donc oublier le sommet...
Le lendemain matin à mi-hauteur de l'ogre de Provence, tout va bien.
Le lever du jour sur les dentelles a été magnifique même si la forme de la chape de nuages sur le sommet ne nous laissait aucun espoir pour la météo à venir. Le Barroux dormait encore et seuls deux pêcheurs étaient réveillés au Lac Du Paty.
Première rencontre de la journée avec Lilian, l'Istréen.
Les rencontres, les encouragements des bénévoles, ce seront nos seuls gilets de sauvetage pendant cette journée pour le moins humide.
Avec Lilian, nous sommes en avance sur les horaires que nous avions imaginés mais ne vaut-il pas mieux prendre de l'avance vu ce qui nous attend ? Première montée sérieuse de la journée ensemble, coude à coude, sur la crête ouest puis on plonge par la combe vers les champs de Bédoin, avec une lumière électrique et le tonnerre qui tonne au loin... pas très loin.
7h environ, nous sommes dans les montagnes russes avant d'arriver à Curnier lorsqu'il commence à pleuvoir. Pas la bruine, pas la petite averse, non, la pluie qui mouille. C'est parti pour 12 h de pluie sans discontinuer. La seule chose qui change c'est la force du vent - entre 40 et 80 km/h - et la température.
Dès les premières gouttes, Lilian s'est arrêté sagement pour mettre son coupe-vent. Je préfère continuer en tee-shirt manche longue : erreur ! A mi-hauteur, au dessus des jas, les premiers du 56 nous doublent comme des fusées. A mi-hauteur, il commence à faire frisquet. A mi-hauteur, je commence à avoir mal au coeur. Je porte un gel à mes lèvres... spasmes... vomissements violents. Lilian m'attend. Fonce l'ami, fonce. Es-tu passé avant 17 h au Groseau ? As-tu fini les 100 ?
Je me couvre, je repars, je finis mon gel, soulagé ne plus avoir mal au coeur mais gambergeant sur le pourquoi du comment : coup de froid ? trop de sucre ? mal absorption de la flotte ?... vous avez un avis ? Merci de vos conseils.
C'est parti pour la séquence solitude sur la piste... de ski de fond. Crampes. Je marche. Mes doigts sont trop engourdis pour parvenir à saisir le tube de sporténine. Hier j'ai enlevé les gants du sac... c'est ballot.
Brouillard, tempête, neige fondue au Mont Serein. Deux cyclistes passent sur la route (Ils sont fous ces cyclistes ;-)), on s'encourage. La soupe du Ravito semble divine pendant quelques secondes mais pour se réchauffer il n'y a qu'une solution : courir. C'est parti pour cette descente interminable avec les genoux qui grincent déjà alors qu'on vient à peine de passer les 40 km. Zig zag zig dans la forêt... avec ce vent je vais finir par me prendre un arbre sur la tête. Le chemin se transforme en piste forestière. Comme d'habitude je cours à peine. Un énième coureur me dépasse au moment où nous franchissons un torrent en crue. Il me sort de ma torpeur, je reprends un rythme honorable à ses côtés jusqu'en fond de vallée, jusqu'au Toulourenc. Merci à toi l'ami.
Vous connaissez la signification de "Toulourenc"? "Tout ou rien"... no comment.
Petit coup de cul pour monter à Brantes et rejoindre au ravito 4 ou 5 compagnons qui ont du mal à quitter l'abri relatif de la tente. Nous venons de dépasser le 50ème, nous avons fait le plus dur, il ne reste plus qu'à rentrer !
Un jeune Breton, drapeau au vent, claque des dents. Nous repartons ensemble. Nous nous sommes croisés à la Sainte Baume. Il est arrivé 5mn avant moi à Sainte Victoire. C'est parti pour 50 km côte à côte ?
Le chemin en balcon de Brantes à Veaux est magnifique. La vue sur Saint-Léger très classe. On oublierait presque qu'il pleut. Il suffit pourtant de regarder les chemins. C'est désormais des ruisseaux, les ruisseaux des torrents, le Toulourenc a pris l'option "tout" !
Au fait, le jeune Breton qui a adopté la Provence pour ses études, c'est Maxime.Nous faisons la connaissance de Fabrice et Laurent. Leur binôme a l'air de bien fonctionner aussi. Ils nous doublent en descente, on les rattrape en montée. Aux intersections, nous chassons la balise en meute. Chacun dans une direction ; le premier qui voit le pompon hurle de joie pour battre le rappel.
Veaux, Rissas, Sainte-Marguerite, nous avons trouvé notre rythme pour produire juste ce qu'il faut de chaleur pour ne pas avoir froid et ne pas trop sentir l'humidité. Les "bols de soupe/jambon/fromage/dattes/bananes séchées" se succèdent tous les 10 km, avec le sourire chaleureux des bénévoles, c'est parfait. On tient le bon bout, on devrait arriver juste pour la nuit.
Mon portable ne passe pas pour confirmer à mon ami Philippe, qui habite sur le parcours, aux Ambrosis (je vous conseille son Gîte !), que je serai à l'heure vers 18h au point de Rdv pour qu'il m’accompagne sur quelques km du 85ème au 90ème.
On patine dur pour passer la bute entre Sainte Marguerite et le Groseau. Mais que ce parcours est beau, que ce parcours est logique avec pour seul bémol quelques jonctions bitumées où il faut reconnaitre que nous n'avons jamais croisé une voiture...
Le Groseau, enfin. Il reste moins de 20 km, une grosse bute, il n'est pas encore 18h, les parents de Maxime sont là pour l'encourager : nous avons le sourire. Pas pour longtemps. Depuis 17 h les coureurs sont stoppés ici alors que le matin même la barrière horaire avait été portée à 22h30 pour ce poste. Sécurité ! Je rends mon dossard, une accolade à Maxime, je remplis mes gourdes, les balises sont toujours là... Je continue sur le parcours pour aller rejoindre Phiippe qui m'attend, nous faisons ensemble la dernière bute. La pluie s'arrête.
Le paysage est désormais paisible.
On continue jusqu'à Gigondas ? Rentrons aux Ambrosis : feu de cheminée, douche chaude, omelette divine.
Mon premier 100 km ce sera peut être pour une autre fois.
Merci les amis
6 commentaires
Commentaire de chanthy posté le 19-05-2013 à 23:35:57
salut l'ami
moi j'ai abandonné au km 62 juste avant VEAUX vu mon état de "fraicheur" :)
trempé jusqu'aux os,j'ai eu peu pour ma sécurité et
disons que j'avais trop froid et trop fatigué pour pouvoir continuer dans la nuit.
sans regret car j'ai appris juste après que le Groseau était bloqué à 17h et je pense que je serais arrivé après de toute façon.
on remettra ça avec le soleil :)
bonne récup et à bientôt.
Commentaire de yop posté le 20-05-2013 à 14:39:54
Oui pas de regret ! RdV l'année prochaine ou avant sur un autre trail !
Commentaire de patdours posté le 20-05-2013 à 06:57:57
Coucou Yo,
tu y es finalement allé malgré le temps de ouf, chapeau et tu y es resté et a avancé jusqu'au bout (car si l'on t'avait pas arreté, au bout tu y serais allé et ça, te connaissant bien j'en suis sur). Rechapeau.....
Recup bien, si c'est pas deja fait, tu me raconteras tout ça de vive voix... Et puis pour le 100, tu m'attends : il fera beau !!!!!
Commentaire de yop posté le 20-05-2013 à 14:42:36
Coucou Pat,
alors ce prochain (premier pour moi) 100... il commence par un V et se termine par un N ?
Commentaire de anyah posté le 20-05-2013 à 08:19:57
Bonjour, J'ai bien pensé à vous tous pendant cette journée... En voisine du Ventoux, je sais comme il peut être inhospitalier... 100 bornes dans ce déluge : chapeau !!! t'a pas fait 100 bornes, mais les bornes que tu as faites comptent plus ! bravo pour le moral et la gestion de ta course.
Commentaire de stouf posté le 21-05-2013 à 11:19:11
Salut, pour ma part j'étais aussi engagé sur le 100 bornes. C'est vrai que sur le Ventoux j'étais congelé, c'était une horreur. Mais après une bonne soupe chaude et mettre changé je suis reparti avec mon collègue. Malheureusement nous avons été stoppé avant Veaux par l'organisation car la course a été stoppée. C'est bien dommage car nous étions partis pour le finir notre premier 100 km...
Mais bon il s'agissait d'une sage décision je pense vu les conditions météos, cela aurait pu être dangereux dans la nuit....
L'année prochaine il sera à nous cet ultra ;)
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