L'auteur : yop
La course : Trail de la Sainte Victoire
Date : 7/4/2013
Lieu : Rousset (Bouches-du-Rhône)
Affichage : 1827 vues
Distance : 60km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
Je lis avec plaisir les récits du peu de trails où j'ai gambadé alors je me lance...
...Je me suis lancé dans les trails il y a à peine un an avec le trail de Lambesc (13) avec pour objectif déjà de participer au trail de Sainte Victoire. Tout simplement parce que c'est là avec les Calanques et le Verdon où je prends le plus de plaisir à grimper.
Aucune culture de la course à pied, juste le plaisir de cavaler pour atteindre le pied des voies d'escalade, cavaler encore pour revenir, histoire de raccourcir les "marches" d'approche... de rechercher ce sentiment de glisser dans les paysages.
6h30 salle des fêtes de Rousset, je me suis habillé de pieds en cape à la maison. Je ne connais personne, je m'occupe en cherchant le meilleur emplacement pour mon dossard.
7h00 c'est parti dans le brouillard : combien de temps vais-je mettre ? des bobos vont-ils apparaitre ? Ce sera la surprise à l'arrivée à moins que je demande l'heure sur le parcours... je ne supporte pas les montres.
On part vite, mais j'aperçois encore les premiers au deuxième virage. Un papa de Rousset passe devant chez lui et fait coucou à son bébé qui l'encourage de la fenêtre. Moi, j'avais une pencarte sur la table de la cuisine signée de mes 3 oursons : "bonnes courses papa !". Je parie que c'est le meilleur des dopages... on va voir.
Petit bouchon pour accéder au Moulin de Rousset, première bosse... jusqu'à là tout va bien. Derrière nous l'autoroute et la ZI devant nous... l'inconnu.
On traverse la RN7 comme les sangliers et nous voilà à serpenter pour savoir à quel endroit on va passer la falaise du Cengle. Le petit bouchon pour accéder au plateau me permet de boire un coup. Avec cette fraicheur matinale on en oublierait presque de s'hydrater.
Les fauves sont lachés dans la piste roulante vers la maison Sainte Victoire, une gazelle en rose fluo en point de mire dans le brouillard. Je me dis qu'au retour je ne vais pas l'aimer cette portion.
Maison Sainte Victoire, mes deux gourdes sont quasi pleines, je ne m'arrête pas, bien trop pressé de traverser la route... Sainte Victoire est là mais on ne la voit toujours pas.
Personne devant ? Si, un groupe à 100 m, si je les rejoignais je me sentirai moins seul !? Erreur, l'inclinaison n'est plus la même, je vais passer dans le rouge. Le brouillard part en lambeau subitement, la montagne est éblouissante ! Dire que de ma naissance à 15 ans j'ai passé tous mes étés dans le cabanon de mes grands parents à Gréasque avec une vue imprenable sur cette muraille blanche sans savoir son nom... en pensant que c'était peut être les Alpes...
Carrière, Pas du Clapier. Les coureurs devant dérapent, hésitent, ça glisse, je double à droite, à gauche... autant que ça serve de grimpoter, je vais leur montrer à ces traileurs !
Grande gueule, j'aurais mieux fait de rester dans la file... plus de cuisse, plus de mollet, une sensation bizarre d'avoir le coeur dans les chaussettes et je ne suis qu'à mi-hauteur. Juste derrière, deux féminines pipelettes (la deuxième et la troisième ?) discutent tranquillement pendant toute la durée de la montée : "ça doit faire longtemps que vous vous êtes pas vues ?". "A peine une semaine"...
Les Crêtes, la croix est en vue, Venelles, mon village d'adoption lui est dans le brouillard. Je relance que dalle, j'ai l'impression de me trainer et ça gamberge... Je ne suis pas le seul il faut croire : mon voisin vient d'avouer qu'il est crevé parce qu'il est malade. Mon cerveau moi aussi trouve plein d'excuses à mon allure de limace : j'ai le rhume depuis une semaine alors que je n'ai pas été malade de l'hiver, je n'aurais pas du aller grimper vendredi au fin fond des Calanques (j'ai lu quelques part la nécessité d'un réveil musculaire avant un trail...).
Descente vers Vauvenargues. Je descends prudemment, des fusées passent. Je pense à mes articulations et à ma hanche... Ravito à 3 km (ouille), j'aurais préféré éviter le village et le bitume mais le village en délire va être là pour nous envourager ?
Je ne verrai que la boulangère qui m'invite à prendre un croissant. j'ai les jambes, surtout une, vraiment lourde.
Ravito. Cette fois-ci, je fais le plein. "Vous voulez savoir où est le premier ?" /"non"/ "il vient de passer au Pic des Mouches" et la demoiselle de poursuivre admirative "c'est un jeune, grand, habillé tout en blanc"... Un dieu ! Si près et tellement loin déjà !
Montée des plaideurs. Je sors les bâtons que je garderai jusqu'à la fin. Une flêche blonde me double en position de sprinteuse en patins à glace : corps en avant, bras dans le dos. Et si je jetais mes bâtons ? En passant, elle me lance : "tu sais que tu as mis ton booster de droite complétement à l'envers ?!". Je suis un vrai rigolo... peut être que la jambe lourde ça vient de là ? Le booster sert donc à quelque chose ? Voilà un beau sujet de réflexion jusqu'au Pic des Mouches. Un peu ennervant cet histoire... je rattrape 2/3 compagnons mais je double surtout des randonneurs.
Ah les crêtes de nouveau ! Tiens, il nous font passer en face sud sous le Baou de l'Aigle ? La voie classique du coin s'appelle "la voie du crabe". Dans l'éboulis, c'est un peu mon allure pour rejoindre les crêtes puis le Pic des Mouches.
Après une intense réflexion dans mon esprit fatigué, je fais une pause au sommet pour remettre mon booster à l'endroit, le temps de voir passer en trombe ceux que j'ai doublé dans la montée. Allez, plus d'excuse (?) on file vers le Col des Portes.
Ravito, Puyloubier n'est pas très loin je remplis qu'une gourde. Je prendrai bien un peu de Rosé pour me rafraichir... Personne ne semble décider à quitter le point d'eau... je pars tout seul (snif), je double un ou deux coureurs sur la piste puis plus personne en vue jusqu'à Puyloubier ! C'est la solitude...
On passe pas loin de chez Patdours : merci de m'avoir fait découvrir ce P.... de sport ! Je vais abandonner l'escalade ? on verra à l'arrivée. Du bon fromage au ravito, je repars en marchant et en grignotant... je m'étouffe. Un grand chauve avec un seul baton me double avec une bonne foulée... Le soleil commence à taper : si je croise un gamin avec une casquette, je la lui vole... le problème c'est qu'il me rattrapera sans problème !
La route, les vignes, Baudino est encore loin. Plus personne devant, mais un petit groupe derrière. Personne ne veut passer ? Je tchache un peu avec mon compagnon de cordée direct habitant La Duranne et qui a déjà fait plusieurs fois le trail de Sainte Victoire. J'arrive à Baudino vraiment fatigué comme jamais alors que j'ai déjà fait la montée avec deux gamins sur le dos et les affaires pour la nuit. Je trempe la tête dans le bidon de récupération des eaux de pluie. J'ai même plus l'excuse du booster mal positionné, je dois pas être à la bonne allure à moins que ce soit normal d'être fatigué ???
Direction la maison de Sainte Victoire avec 2 compagnons de fortune. Tiens il y a des grimpeurs sur une des arrêtes de Suberoque. Au dessus de la carrière on hésite (pas longtemps) à repartir pour une boucle mais le ravito nous temps les bras... retour à la civilisation.
Bon maintenant reste ce que je redoute le plus... le retour. Une carriole avec des ânes nous laisse passer dans la piste boueuse qui monte tranquillement mais sûrement... je ferais bien du stop. Deux coureurs en point de mire, un coureur qui me double... impossible de m'accrocher. Arriver sur le plateau, plus personne, plus de rubalise... Je prends plein sud sur 200 m, pas de trace, je reviens... toujours personne. Par où est-on venu ce matin ? Je tourne en rond, je m'énerve un peu... au moment où je retrouve une rubalise les courreurs qui étaient devant moi reviennent eux aussi de la mauvaise piste.
Nous sommes de nouveau sur de bons rails, j'essaie de rester avec eux pendant toute la descente vers la nationale. Mais le problème dans cette descente c'est qu'il y a aussi du plat qui fait très mal... je les laisse filer. La RN7 est à 500 m après c'est "dans la tête".
Plus de rubalise ! C'est pas vrai... la route est juste là... je n'ai pas le courage et la lucidité de revenir en arrière. Je suis un ruisseau... il doit bien me conduire au passage sous la route ! Quelle logique ! Je suis dans le ruisseau, je suis à 1 m de la route mais même un sanglier ne passerai pas dans ce tuyau là...Je vais longer la route : mais vers la droite ou vers la gauche ? Personne en vue. Il me semble entendre vaguement des clameurs à droite. C'est partie dans les vignes et dans la boue pendant 500 m vers ce qui semble au loin être le passage de ce matin...
Une voiture klaxone, je salue machinalement. Un tee shirt jaune d'ange gardien me fait des grands signes : le passage est à l'opposé. Demi-tour, un petit km de rab histoire de tester le moral.
Je finis par trouver le "bon" tunnel qui me semble bien plus bas de plafond qu'à l'aller. Un jeunot qui montera sur le podium me double allerte. Je m'accroche au second qui passe. Le magnifique moulin tant attendu est toujours là. On se soutient mutuellement, on gambade, le village est magnifique et la plénitude de l'arrivée !!
Quelle heure est-il ? 9h26 que je suis parti. Je suis arrivé sans bobo et très heureux, c'est le principal !
Un immense merci aux bénévoles et organisateurs.
Pour ceux qui ont lu le texte, toutes mes excuses pour les fautes d'orthographe... j'ai des courbatures au cerveau : je ne sais toujours pas si je vais faire du trail et/ou de l'escalade.
C'est quand le prochain trail : l'ardèche ? Mais les 100 km du Ventoux ce doit être sympa aussi ? Il faudra partir plus doucement et mettre le booster à l'endroit !
4 commentaires
Commentaire de kkris posté le 09-04-2013 à 10:27:13
bravo pour ta course et merci pour ce récit très vivant.bonne récup.
Commentaire de Rudyan posté le 09-04-2013 à 10:56:51
Très bon récit! Toujours sympa de revivre la course par les mots d'un autre. Bravo pour ta perf, c'est un super temps!
Commentaire de Matchbox posté le 09-04-2013 à 11:34:09
Super récit ! Bravo pour ta détermination.
Au regard de ton récit, on a manifestement fait le yoyo pendant toute la course.
On était au même moment dans le Pas du Clapier car je me marrais aussi d’entendre les filles papoter. Je suis bluffé par leur performance d’ailleurs ! Elles ont apporté un sacré bol de fraicheur, comme quoi on peut concilier performance et bonne humeur (je dis ça pour moi... Vous comprendrez à la lecture de mon CR).
J’ai un peu le même passé que toi, à savoir que c’est l’escalade et la montagne qui m’ont conduit vers le trail. On peut dire que ce dernier accapare aujourd’hui presque tout mon temps libre.
Commentaire de chanthy posté le 09-04-2013 à 20:36:05
Bravo pour ta course et RDV au VENTOUX :)
oui oui, pour le 100km...j'ai intérêt à être prêt moa!
au plaisir
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.