L'auteur : jpoggio
La course : L'O'Rigole - 75 km
Date : 8/12/2012
Lieu : Perray en Yvelines (Yvelines)
Affichage : 3733 vues
Distance : 31km
Matos : Salomon XA Pro 3D, Bâtons, Frontale Petzl MyoXP toujours fidèle...
Objectif : Terminer
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Mvouais.
Pour changer un peu, c’est avec ce vieux réac de Courbertin que naît le malentendu, nous verrons pourquoi un peu plus loin.
Cette affaire d’Origole est une bizarrerie, probablement inconcevable pour le commun des trailers qui n’a jamais prétendu traverser un marécage au galop. Parce que, bon, un truc qui vous bousille le candidat finisher à une cadence d’UTMB des débuts, franchement, sur les collines à vaches de l’ouest parisien, là où la Top 25 ne voit jamais plus de dix courbes de niveau juxtaposées – et encore avec une équidistance de 5 mètres, faut pas déconner, ces parigots tout de même…
Non, c’est vrai, quoi, 2000m D+ en 75 bornes, c’est du 25m/km, on n’est pas à la Montagn’Hard…
A vaches, j’vous dis.
A se demander pourquoi cette affaire traîne une telle réputation de boucherie, statistiques à l’appui. On a bien en mémoire un Trail de la Vallée de Chevreuse et des passages cassants à souhait au-dessus des Vaux de Cernay, on est donc enclin à se méfier du terrain. D’ailleurs, on s’y est inscrit la fleur au fusil dans l’euphorie du retour de vacances, mais on n’en tweete pas moins, à quelques heures du départ, sur un ton méfiant...
Et d’ailleurs, quand à deux minutes de l’heure dite, les panneaux d’affichage annoncent que les trains « ROPO » et « PORO » – la ligne Montparnasse - Rambouillet, en gros – sont « retardés », on se prend à rêver d’un alibi en béton, la faute à la Sneuf comme d’hab’(désolé Trinouill), et l’annonce d’une erreur d’affichage nous déçoit presque.
Résigné, on entreprend de parcourir le train à la recherche d’un camarade d’infortune, et on tombe sur Rayarun dans la troisième voiture. Au moins, on ne passera pas quarante quatre minutes de trajet à flipper tout seul.
On s’installe dans le gymnase facile à trouver (c’est le bâtiment à côté de la Kikoumobile), prépare soigneusement la configuration course avant d’aller glander au milieu de la foule conséquente des Kikoureurs (c’est la bande de gens chelous avec du blanc sur fond rouge à côté du Bagnard).
On retrouve avec plaisir la foule des visages connus, y compris non Kikourou (Philippe A. avec qui j’ai partagé la fin de l’Ecotrail) et, arrivés quelques minutes avant le briefing, mes camarades de club avec qui j’ai prévu de faire une course d’équipe. Briefing durant lequel on nous informe en passant qu’il y a quelques kilomètres de plus par-ci par-là, qu’il faut plutôt voir à compter dans les 80, en fait. Joie.
Course d’équipe, donc.
Et c’est ce qui se passe, pendant une centaine de mètres. Puis, je les double sans m’en rendre compte et m’inquiète un instant, jusqu’à ce qu’ils me rattrapent plus loin, et que je prenne repère sur le bonnet de l’un. Mais ils repartent comme des boulets de canon (au moins du 9.75 km/h) après le ralentissement du boyau sous la N 10 et j’ai du mal à les rejoindre. Nous sommes dans le second kilomètre et je sais que les carottes sont cuites. Après la Croix Vaudin, la rigolade (…) est terminée : le peloton patauge dans la gadoue, bouchonne un peu et je vois ma moyenne s’effondrer, s’approchant dangereusement de la vitesse de décrochage (par rapport à la Barrière Horaire). Les premières montées me permettent de rattraper quelques coureurs, ce qui me remet un peu de baume au cœur…mais voilà qu’en descendant une belle trace pleine pente, je vois de la rubalise remontante non loin. Puis redescendante. Puis…
Oké, j’ai compris, le coup de l’oscilloscope, c’est ce que je fais un certain nombre de fois par semaine, et je vois maintenant où ce coquin d’organisateur a trouvé son D+, et le procédé m’apparaît alors à la limite de la fumisterie. S’il faut se taper les 70 bornes qui restent à faire du fractionné en côte, ça va pas aller.
On passe devant le château des Mesnuls, un peu d’asphalte par-ci, de l’allée un peu stable par là et je récupère encore quelques places, mais à cinq cent mètres du Camp Romain, le tracé remet le couvert. D’accord, c’est engagé, technique, raide, mais c’est putain de chiant, et je décide que même si la barrière est encore ouverte au Perray, j’arrêterai là cette connerie.
Les montagnes russes cessent avec le bois des Plainvaux, pour faire place à de larges allées largement feuillues-boueuses, sur lesquelles je m’obstine à relancer pour gratter les deux types de devant, puis celui là qui traîne un peu la patte et que j’achève dans une rigole – non, pardon, ça c’est Assassin’s Creed, mauvais récit – en m’étonnant de cette obstination dans une attitude compétitrice – surtout, ne pas se laisser rattraper – alors que la BH va se refermer d’une minute à l’autre, à deux ou trois kils de là…Au retour à la Croix Vaudin, je décide de finir « à fond » pour que ça dure moins longtemps. Ce qui me vaut de friser la Landinade de l’année sur une flaque gelée, mais il faut dire qu’il n’y avait presque pas de nuages et qu’Orion était spectaculaire. Des années que je n’avais deviné la nébuleuse à l’œil nu…
Cinq heures vingt huit.
Beurk.
Je récupère des fringues et des pompes sèches, pour me changer presto dans un vestiaire apocalyptique, sinistré, lavabos bouchés par la boue de ceux qui y ont lavé leurs chaussures…
Je retrouve deux de mes camarades de club inscrits sur le « court » qui s’en sont bien tirés, assiste à l’arrivée de Marioune et du Loup à la fin de leur seconde boucle, dans un état de fraîcheur qui fait envie, pour un ravito expédié avec efficacité. C’est ensuite Michel (leptimichel) serre-file du court, qui regagne le bercail après 6h20 de service, intarissable sur le bonheur d’enfiler des vêtements secs (je crois qu’il a vraiment eu froid sur la fin…). Je me rends compte que prendre le train de 5h42 exigerait que je me hâte un peu, j’ai la flemme et prévois de prendre le suivant, me rendant compte un peu trop tard qu’à cette heure, l’intervalle n’est pas de trente minutes…
Je resterai donc près d’une heure de plus dans le gymnase, à regarder passer des concurrents de plus en plus défaits, que leur entourage aura parfois à remotiver avec véhémence pour qu’ils repartent. Le spectacle est assez intéressant, et c’est presque à regret que je finis par sortir affronter le froid jusqu’à mon train, empruntant pour quelques mètres le début de la « Boucle 3 », en maudissant Coubertin et ses maximes à la con, culpabilisant un peu devant l’impression de ne m’être pas super bien battu sur ce coup là.
7 commentaires
Commentaire de djikai posté le 11-12-2012 à 22:33:17
Sur l'O'Rigole, ton ami Pierre n'aurait-il pas plutôt dit "plus boueux, plus long, plus froid" ?
A dans 2 ans... au Perray...
Commentaire de Bacchus posté le 12-12-2012 à 04:00:55
Merci pour ce récit super imagé, qu'est ce que ça aurait été si tu avais été au bout ?
Rassure moi, la nébuleuse tu l'as piqué sur wikipédia ?
Commentaire de jpoggio posté le 12-12-2012 à 06:50:49
Absolument, d'ailleurs si tu passes la souris au-dessus, tu as la mention de licence Creative Commons qui va bien :).
Commentaire de Arclusaz posté le 12-12-2012 à 10:16:38
C'est au moment du passage du "on" au "je" que t'as lâché l'affaire.
"On" aime la boue, "je"préfère son lit.
Bien tenté quand même et rien que pour Orion, ça valait le coup !
Commentaire de jpoggio posté le 12-12-2012 à 12:24:59
Oui, la figure "de style" (...) est facile. Pataugeons, pataugeons, il en restera toujours quelque chose...
Commentaire de JLW posté le 13-12-2012 à 22:36:12
TVC de jour, je me rappelle de la difficulté, alors la nuit, ds la boue, et un peu plus long, bcp plus long c'est pas evident, pas evident. Il faut une bonne dose de moral et surtout d'envie de terminer pour y arriver, et ce jour là je crois que l'envie n'y était pas. Ai-je raison ? Ai-je tort ? Toi seul le sait.
Commentaire de francois 91410 posté le 26-12-2012 à 17:00:07
C'est vrai y a des jours où, avant de partir, on se demande déjà ce qu'on fout là ?!
Bravo Jacques pour ta (relative) obstination !
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