L'auteur : Génep
La course : Les Templiers
Date : 28/10/2012
Lieu : Millau (Aveyron)
Affichage : 4639 vues
Distance : 71km
Objectif : Objectif majeur
Partager : Tweet
Après le St Jacques et les Cabornes, deux courses de préparation réussies en bon nombre de points, l’heure des Templiers a sonné.
Mais, je suis nettement moins confiant qu’en Septembre. Pas mal de fatigue accumulée en septembre (une rentrée et un automne, ça use, je vous promets ;) ), bref je ne me présente pas en pic de forme, c’est certain.
Mais le travail effectué en amont doit me permettre de faire ma course.
L’objectif de départ (avant de voir la liste des inscrits !!) était un top 100 et un temps de 8h environ.
Ca me semble une bonne base et raisonnable.
Mais la course s’annonce hyper relevée, la plus relevée de l’histoire des Templiers avec une densité énorme devant.
Dernière semaine avant la course :
Rrrrrr, la petiote,pas malade, mais qui nous offre des nuits bien coupées notamment le vendredi soir L
Pour le repos, on repassera.
On arrive sur Millau le samedi matin : FA-TI-GUE !
Manque de Sommeil 1 : Repos 0
Je croise Fabien, idem pour lui ! Ils se sont passés le mot.
Bon, on relativise hein. L’avantage, c’est que je me prépare sans pression, sans stress.
J-1 :
Dernières préparatifs et réunion logistique avec ma frangine et le beauf qui me suivront dès le départ pour une super assistance.
Il fait un vent de fou, fort et très régulier, ça promet sur les Causses !
Pas de neige pour nous.
21h30, Dodo.Comme d’hab, Morphée ne décide de m’embarquer que très très tardivement.
Manque de Sommeil 2 : Repos 0.
3h30, le réveil sonne.
Guillaume me dit qu’il a neigé et que c’est tout blanc. Euhhh, j’y crois pas sur le coup.
On tire les rideaux. Oups !
Va falloir se bouger les fesses, avec cette neige, le timing s’annonce serré.
Je déjeune rapidement (trop). Nous sommes à 20 km de route de Millau dont 12 km d’une toute petite route…
Mais finalement, la neige disparaît rapidement, elle était bien localisée.
Arrivée sur Millau où nous retrouvons Fabien qui a encore et aussi passé une nuit pourrie.
J’arrive tranquillement dans mon sas aux côtés des gros cadors.
Un bon point.
A 5 min du départ, pas de stress particulier, je cherche juste à ne pas me geler sur place en sautillant.
Je discute avec Damien et Rémy du Tim3DTrail.
C’est le moment de la petite anecdote de Gilles Bertrand, les frontales s’allument, ça commence à bouillonner intérieurement puis le calme se fait presque religieusement par écouter l’histoire du coureur qui va trop vite et qui ne pas prend pas le temps.
Puis la musique d’Era résonne dans nos oreilles, enfin ce moment si symbolique.
En 2007, j’étais ému, trop, j’avais du mal à canaliser mes émotions.
Cette année, je suis dans ma bulle tout en profitant de ce si beau moment.
C’est parti !!
La Course :
Comme prévu, ça part vite, trop vite de derrière.
Je me fais doubler et redoubler.
Pas de soucis, je gère en me calant au cardio (1/3 de course : -35 à -40 de Fc Max).
Cela a avantage de pas ne puiser dans les réserves dans cette course où tout se joue à partir de Pierrefiche au km48.
Malheureusement, je constate vite les dégâts du manque de sommeil avec un cardio à 150 sur plat à 13,5 km/h. Je suis plutôt habituellement dans une fourchette de 135/140 à cette allure.
Le stress peut l’expliquer en début de course.
Première montée : jambes moyennes et cardio haut. Je me fais doubler par des fous furieux qui se poussent presque pour se caler. Je leur souhaite bonne chance …
Je n’hésite pas à marcher dès que la pente se raidit.
Une fois arrivée au plateau, je cale mon allure avec Fabien qui est revenu sur moi ! Mais j’y attendais vu mon allure de sénateur :)
Je cours à moitié endormi sans sensations, mauvaises ou bonnes.
J’attends avec impatience Peyreleau et le lever du jour. Pas glorieux pour l’instant mais la route est longue.
Km 22, bonne descente avec Fabien où on est tenté d’envoyer mais on gère tout en doublant pas mal de coureurs.
Le ravito est devant nous. Ma frangine et Guillaume m’attendent (et Fabien par la même occasion) pour le changement de gourde.
J’en profite pour enlever des épaisseurs, j’ai finalement presque eu chaud.
Je troque le collant ¾ contre le short. J’enlève le coupe-vent intégral contre un plus léger.
L’arrêt dans les stands est un peu long avec ce collant pas évident à enlever à cause de mes pompes.
Tant pis, c’est du confort gagné pour plus tard.
Je pointe en 273 ième place (après le changement de vêtements). Je suis pile dans le timing.
C’est reparti. 1ière montée, je remonte quelques coureurs, les jambes sont déjà bien plus réveillées.
Sur le plateau (avec des relances sans cesse), je double encore mais pour l’instant, je ne fais que reprendre les places perdues au ravito.
L’arrivée sur St André de Vézines se fait assez rapidement, je suis désormais 243 ième.
20 min de retard sur le timing et après la vue sur les classements intermédiaires, je n’ai que peu remonter de places.
Ravito plus efficace, boissons chauffées par mes pros de l’assistance. Ca ne gèle pas dans les bidons du coup et ça soulage mes intestins J.
Je n’ai pas froid. J’en profite pour boire de la soupe, miam :)
C’est reparti, les passages sur le parcours sont de plus en plus somptueux, alternant entre singles techniques et passages dans des ruines.
Il y a vraiment un gros travail de fait sur le parcours. Nous longeant par moment les falaises calcaires des Causses. Magnifique !
Les montées sont en règle générale bien raides et assez courtes.
Mais ça ne me dérange pas même si j’aimerai avoir plus de jus pour accélérer ma remontée.
La partie St André / Pierrefiche est plus longue.
Je m’hydrate régulièrement en alternant Nutraperf et Nutrarécup (notamment Nutrarécup dans les descentes).
L’avantage du froid, c’est que nous sommes beaucoup moins écœurés.
Je prends aussi quelques patates salées et fraises taggada (Copyright Toto) sans en abuser.
Parfait.
A Pierrefiche, je sais que je retrouverai Sandra et Maë.
Ça me booste et en plus les jambes tournent de mieux en mieux.
J’arrive en 160 ième position à Pierrefiche. Guillaume prend des photos et me devance jusqu’au ravito pour annoncer mon arrivée.
Je rentre dans la salle prévue pour le ravito …. Et je tombe nez à nez avec ma petiote qui a bien la patate. Et qui me la transmet au passage.
Je ne veux pas trop perdre de temps au ravito, je demande des soupes, je mange un peu de pain avec du fromage et je repars.
Leur venue m’a boosté moralement.
Il s’agit du km 48, je suis en bon état physique et psychologique.
Je sens que je peux continuer ma remontée mais je ne veux pas m’emballer non plus vu la suite du programme.
Je me mets des claques intérieurement en me disant « ne t’emballe pas », « reste concentré et à l’écoute ».
Ça ne m’évitera pas une petite chute synonyme de déconcentration et de fatigue.
D’ailleurs, la partie jusqu’à Massebiau est assez longue (et moins sympa).
Je suis en plus seul pendant un moment avant de revenir sur plusieurs coureurs.
Millau se dessine au fond. Massebiau est ici désormais.
Du monde, du soleil, ça fait du bien.
Par contre, j’ai beaucoup moins de jus et les jambes comment à bien tirer.
Dans cette grosse montée raide, j’ai plus de mal, j’ai peut-être manqué de lucidité pour boire suffisamment pendant cette longue partie. Et surtout les efforts s’accumulent.
Je mène quand même mon groupe et je continue de grignoter des places.
Mais ça devient difficile de courir sur les petites relances. Et je vois le cardio qui baisse à l’effort.
Pas bon signe. L’arrivée au Cade se fait désirer et je me rappelle des conseils de Patrick Bringer en me disant que le Cade est un moment où beaucoup souffrent.
J’ai besoin de souffler un peu, j’ai la tête qui tourne assez violemment en mangeant. Je bois vite de la soupe, du coca, je mange.
L’hypo est là. Le froid fait des dégâts.
J’aurai envie de m’assoir 2 minutes. Mais il reste 10 km et je sens que ça peut être une erreur.
Je repars donc assez rapidement en me disant 10 km à souffrir, c’est rien !
Nous sommes un petit groupe régulier.
Il y a une première descente, raide et technique. Les cuisses tirent mais surtout j’en garde (si l’on peut dire) sachant que la montée derrière s’annone terrible.
Je perds pour la première fois quelques places.
Mais je reviens en montée. C’est très pénible pour tout le monde et très costaud quand vous avez 65 km dans les pattes.
Nous sommes tous dans le dur et on s’encourage.
La fin de la montée correspond à l’antenne du Pouncho d’Agast.
Qu’elle paraît loin !
Il faut poser les mains, s’agripper, c’est franchement costaud !
Je souffre, on souffre mais Millau est juste derrière.
Au sommet, on bascule extenué dans un vent de folie !
La descente enfin.
Mais elle n’a rien d’une rigolade : raide et technique.
Je pers une place, en gagne deux sans prendre des risques inutiles vu mon état de fatigue.
La fameuse grotte du Hibou, enfin.
L’arrivée est proche.
1,5 km plus roulant pour terminer, je déroule justement sans un état tout de même correct.
Je la voyais même plus loin au premier abord.
Je déboule gentiment dans la dernière ligne droite, j’aperçois toute ma petite compagnie, le sourire aux lèvres.
J’aurai aimé terminer avec Maë mais j’ai pas pu prévenir de mon arrivée à temps.
Je savoure, je souffle, je passe la ligne en 8h30 en 121 ième position sur 2300 partants (2005 arrivants).
Heureux et surtout satisfait d’avoir pris tout de même pas mal de plaisir malgré un état de fatigue avancé avant la course.
J’ai vraiment progressé sur ce format de course.
Le top 100 était largement jouable, les 8h également mais je relativise.
Ce n’est pas une époque où je suis en grande forme généralement.
Cette gestion de course m’a permis de tenir compte de ma condition du jour et d’effectuer un bon negative split au classement.
De plus, les jambes sont tout de même en assez bon état (seuls les genoux ont plus dégusté).
Vraiment une belle course avec un parcours magnifique malgré cette météo capricieuse.
Je reviendrai avec une préparation trail plus précoce.
Merci à tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin.
Sandra en premier lieu, ma frangine et Guillaume ( et Sylvain et Aline) pour leur présence, mon frangin et mes parents malgré leur « Vous êtes fous ;) ».
Côté entraînement, JP par sa philosophie de course et de l’entraînement qui m’apprends à courir intelligemment.
Patrick par son expertise et sa stratégie (qui rejoins celle de JP finalement !).
Ils m’ont tous les deux redonner envie de courir alors qu’elle n’était franchement plus présente fin 2011.
Merci à Green Chaud pour la frontale (et le reste), Fabien pour les kms parcourus.
J’en oublie, c’est certain mais ils se reconnaîtront.
Maintenant, repos, on va réfléchir tranquillement en novembre au planning 2013.
Quelques exclus tout de même : Trail des Collines (35 km) en mars et un gros objectif fin aout ou début septembre.
Et surement les Templiers pour le plaisir en 2013.
PS: ci-dessous, l'analyse cardio / classement pour les puristes ;)
Retour sur ma course avec une stratégie volontaire jusqu'à mi-course: Fc Max - 40/35 puis on voit. Cela m'a permis d'effectuer une remontée au classement régulière et de finir en bon état.
4 commentaires
Commentaire de pitas posté le 02-11-2012 à 16:54:04
Bravo, super course...
c'est en lisant ton recit que je me rend compte que je me suis trop économisé par endroits...
a refaire, peut etre...
Commentaire de ced2nay posté le 02-11-2012 à 21:28:44
Bien joué, une philosophie de course que je ferai bien d'adopter, je fais plutôt l'inverse... :) sauf en juin où je remontais des places pour la 1ère fois je crois.
Commentaire de domi81 posté le 03-11-2012 à 05:48:44
tu ne rentres pas dans ton objectif mais vu le plateau et la météo, c'est gagné quand même !
bonne récup. ;)
Commentaire de laulau posté le 03-11-2012 à 09:56:51
Tu n'es quand même pas loin de ton objectif place, bravo ! le parcours a l'air superbe et bien tracé.
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.