Récit de la course : Marathon de Paris 2006, par Geronimo

L'auteur : Geronimo

La course : Marathon de Paris

Date : 9/4/2006

Lieu : Paris (Paris)

Affichage : 3145 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Mon premier marathon

Je viens de rentrer de mon premier entraînement depuis le Marathon de Paris, 7 kms dans la campagne normande. Vendredi dernier, le 7 avril j’avais fait l’aller retour Evreux Paris pour récupérer mon dossard et ma puce électronique au Marathon expo, Portes de Versailles. J’avais aussi fait le plein de prospectus relatifs aux courses organisées dans l’hexagone mais aussi dans les DOM : j’ai acheté le CD sur la Diagonale des Fous à la Réunion, super !

C’est ce jour là que j’ai réellement pris conscience que 2 jours plus tard j’allais m’aligner sur un Marathon, mon premier. Il m’aura donc fallu attendre 51 ans pour concrétiser ce qui n’était quelques mois plus tôt qu’un vague projet, que je remettais d’années en années. Ce fut au mois d’août que j’ai eu le déclic : par quel miracle j’ai pris, en quelques minutes, cette décision, je n’en sais encore trop rien aujourd’hui, mais le fait est, que, depuis cette journée du 15 août 2005 j’ai effectué plus de 100 séances d’entraînement, acheté le matériel adéquat, appréhendé le langage et la technique du coureur à pied. Je sais maintenant ce qu’est un indice d’endurance, un polar, de l’ultra ; je me suis même abonné au mensuel des ultras fondus… Et puis, et ce n’est pas anodin, j’ai pu, avant même cette première compétition, me fixer pour les mois, les années à venir, de nouveaux objectifs : par exemple le Raid 28, que la lecture de compte rendus sur le site de Kikourou m’ont permis d’idéaliser, de prendre la pleine mesure de l’esprit solidaire des coureurs à pied., de rencontrer via les messages des gens formidables animés par un tout autre esprit que celui de la compétition pure et dure et qui savent partager leur plaisir –je pense à l’Ourson, à Kiki 14, à Mathias qui se défonce corps et âme pour animer un site passionné et passionnant.

Je pense avoir suivi consciencieusement, dans la mesure de mes moyens et de mes disponibilités un plan d’entraînement sérieux, ponctué par ma première compétition officielle, le semi Seine Essonne, le 26 février dernier. Un temps de 1h52 m’a permis, peut-être de manière utopiste, de me fixer un objectif de 4h sur marathon. C’est celui que j’ai mis sur Kikourou.

LE MARATHON

5 H du mat, pas de réveil j’en ai pas besoin. Lèves toi et marches, une journée extraordinaire t’attend. C’est un peu comme un départ en vacances, on y pense longtemps avant et l’horloge interne te programme pour ouvrir les yeux exactement quand il le faut.
Le mardi précédent, un tour de rein m’a fait douter, mais l’espace d’une heure. Etait-ce un signe prémonitoire ? Trop fort pour toi, restes au chaud sous la couette… Non, la vie est injuste mais j’ai décidé de passer outre à l’avertissement.
Le trajet Evreux Paris, en voiture, s’est déroulé comme dans un rêve. Même le parking porte de St Cloud à la sortie du périf m’a tendu les bras (15€ quand même !).
5 ou 6 stations plus tard, j’y suis, il fait doux, dans mes souvenirs, et tout le monde semble heureux d’être là. Moi aussi.
Déshabillage, habillage, rentrée dans le sas de départ -45 minutes avant l’heure H- ballons verts repérés… trop tard pour faire marche arrière.
5 - 4 - 3 - 2 -1 … je n’ai pas entendu le 0… il ne se passe rien. Je sais qu’il faut du temps avant que de démarrer vraiment, ¼ d’heure. Mais on avance, à petits pas, lentement mais sûrement, inexorablement. La sirène des puces électroniques retentit et miracle, on peut courir. J’appuie sur ma montre chrono, c’est mon départ réel.
Difficile de dire quelles sont mes sensations à cet instant, de dire si je suis en forme, ou pas, si j’ai la bonne allure ou pas. Je suis le rythme, les conversations ne s’arrêtent pas, c’est la grande descente des Champs.
La place de la Concorde, les pavés qui me tapent dans les jambes, j’ai un peu mal aux pieds, ça doit être normal, manque d’habitude.
Je passe au 5ème en 30’12, un peu de retard sur mon plan de marche puisque prévu en 28’30. Mais après tout ç’est quand même mon plan de marche, cool au début pour tout donner à partir du 30ème. Le moral est bon, les animations ponctuent les kilos et te font oublier que tu courres…. Mais tu courres, c’est indéniable.
10km en 1h et 18 secondes, j’ai 3 minutes de retard. Rien de préjudiciable. Et toujours la musique, l’ambiance festive, les spectateurs, que du bonheur.
Consciencieux, je m’arrête à chaque ravitaillement, bois, mange, repars en marchant. Cela ne dure que quelques instants, moins d’une minute en général.

Le circuit dans le bois de Vincennes est agréable. Mais je me sens un peu plus pataud que sur le semi de février, du 15 au 21 ème kilo. L’imagination vient à mon secours et l’esprit vagabonde, aidé en cela par ce qui m’entoure, la musique mais aussi les concurrents. L’un d’eux pousse une poussette, un enfant à l’intérieur, une ballade dominicale comme une autre. Une fille est en tenue de ville, jupette et chemisier, une autre en soutien gorge (vue de dos c’est l’impression qu’elle donne). Séquence émotion, rue de Charenton, au N° 249, le Printania Hôtel ou j’habitais quand je travaillais à Paris, en 1974…
Avec tout ça le temps passe vite. 2h08 au semi pour un objectif de 2h. J’en prends mon parti, sauf positive split sur le second semi, bien improbable, un objectif final de 4h15 me paraît plus réaliste. Après tout c’est mon premier marathon et une erreur d’appréciation est permise.

Donc c’est sans réelle inquiétude que j’atteins le km 25. Moralement ça baigne, physiquement c’est un peu plus raide. Tellement raide que je décide de marcher un peu au km 27… ça tire dans les jambes et la reprise est dure. Quand je pense qu’il reste encore 15 bornes….

Le passage sous les tunnels… grand moment acoustique… d’une seule voix les concurrents qui me précédent lancent un cri qui s’amplifie, s’amplifie en arrivant sur moi, il va m’écraser, m’engloutir, m’aplatir… mais quand il arrive je pousse mon cri, moi aussi, et il s’éloigne aussi rapidement et avec encore plus de force. Les tunnels c’est fait pour ça, pour mesurer la puissance d’une communauté humaine…
Mais le tunnel se termine par une côte et là je fais moins la mariolle ! Je marche, les spectateurs du haut applaudissent mais cela n’enlève rien à la difficulté.
L’arrivée me semble loin, si loin…. Je m’arrête au prochain ravitaillement, je n’ai ni soif ni faim, mais je m’y arrête pour ne plus courir. Une gorgée d’eau et je me débarrasse de la bouteille, quel gâchis !

Au 30 ème 3h06, ¼ d’heure de retard, mais quelle importance, ce qu’il faut maintenant c’est terminer.
Le parcours se transforme en long fractionné, courir marcher, marcher et courir et encore marcher avec de plus en plus de difficultés pour reprendre la course. Je regarde mes pieds, la musique ne m’émeut plus, même la fille en soutien gorge me laisse indifférent.
Je l’ai voulu mon marathon, et bien j’y suis. Mais que vois-je à ma droite, dis moi pas que c’est pas vrai… les ballons des 4h30. Je n’essaie même pas de les suivre. Ca tire de plus en plus…

Je n’ai rien vu du Bois de Boulogne, sans doute rien à voir. J’alterne toujours marche et course, et c’est cahin caha que j’arrive au 40eme. (4h28) Mais je m’en fou… tant que je n’aurai pas franchi la ligne d’arrivée…rien ne peut m’intéresser. Je suis dedans, l’instinct grégaire ma fait avancer, j’ai rien d’autre à faire de toute manière.
Le finisheur au bord de la route revenu sur ses pas pour nous encourager « Il reste 800 m, c’est votre marathon, plus que 800 m, allez-y !!! »… Et si c’était vrai ? 800 mètres ou 8 kms, 800 m et un morceau de soi-même qu’on laisse derrière soi. 800 mètres et quoi derrière ?
Je marche…
Je rêve, une arche, un panneau lumineux…je courres…j’en ai marre.
5 – 4 – 3 -2 -1… j’appuie sur mon chrono, par instinct… paraît que c’est fini…
4h 46.

La fille me tend une médaille, me dit bravo, sans doute pour la 10 000 ème fois. Y a vraiment pas de quoi, mais merci !
Merci…



EPILOGUE : même pas mal !

Lundi matin, je me lève, une journée extraordinaire s’annonce…je m’attends à dérouiller, à me traîner lamentablement d’un point à un autre en grimaçant.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, je n’ai mal nulle part, même pas aux jambes. Par moment je me sens même hyper léger et me prends à avoir… envie de courir.
Avec le recul, je n’analyse plus cette épopée comme un échec : j’ai terminé, marqué bien sûr mais lucide, et j’ai terminé.
Pourtant je dois apporter des corrections, préparation et vestimentaires :
- changer de chaussures, celles que j’ai n’ont pas assez d’amorti (le bénévole qui enlevait les puces à l’arrivée me l’a confirmé}
- Suivre un entraînement avec davantage de fractionnés (2000 X 3 ou 4) car en regardant mes temps de passage je n’ai jamais été dans les temps.

Ce matin j’ai effectivement couru, sans aucun problème, très bonnes sensations. Alors j’ai pris ma décision, j’honorerai mon inscription au Marathon du Mt St Michel dans 63 jours, le 17 juin 2006.
Parce que malgré tout ça, la course à pied, c’est trop bien…

Merci d’avoir été au bout ... du récit ...

2 commentaires

Commentaire de l'ourson posté le 16-04-2006 à 23:14:00

Bravo pour ce 1er marathon car étant parti trop vite tu as quand même su aller jusqu'au bout et c'est là l'essentiel ! maintenant pour le mont st michel tu dois te préparer sur une base de 4h15 et tu verras que ça ira ;-)
L'Ourson

Commentaire de luclafrat posté le 18-04-2006 à 10:32:00

Bravo pour ce premier marathon, le principal but étant de finir la mythique distance, félicitations.
Et te voila déja pret à recommencer, cela prouve que l'expérience fut extraordinaire.

Luc.

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