L'auteur : joris
La course : Trail du Tour des Fiz
Date : 29/7/2012
Lieu : Passy (Haute-Savoie)
Affichage : 2155 vues
Distance : 56km
Objectif : Terminer
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Tout d'abord un petit historique pour me présenter et planter le décor :
J'ai 30 ans, je fais du sport depuis tout petit, pas mal de ski de fond dans ma jeunesse, de la randonnée etc... niveau course à pied je faisais partie jusque là de ceux qui font un pti footing de 45min sur du plat tous les 10 jours.
Fin 2011 je décide que puisque j'aime courir et que j'aime la montagne et que je veux pas m'encrouter à 30 ans ben je me lance dans le trail, ce qui va me permettre aussi de renouer avec les montagnes dont je m'éloigne pour raisons professionnelles (j'habite en auvergne). Bref, je commence doucement avec un 10km plat en décembre, puis attaque un plan d'entrainement avec trois sorties par semaines (les classiques fractionné, seuil et endurance) dans la limite des mes disponibilités et avec le peu de denivellé que j'arrivais à trouver.
Objectif : le cross du mont blanc, mon 1er trail 23km et 1400 D+ c'est raisonnable.
C'était sans compter sur mes amis qui pour mes 30 ans n'ont rien trouvé de mieux que de m'inscrire sur le trail du tour des fiz, 64km et 5300 D+ .... OUCH ça va faire mal. Bon je me défile pas, m'applique au mieux sur l'entrainement et m'équipe en matos correct, au pire je m'arrete à mi-chemin. Le cross se passe bien mais passe du satut d'objetif de la saison à celui de petit entrainement pour le tour des fiz.
Samedi après-midi, veille de la course : retrait du dossard et contrôle du matos obligatoire : oui oui j'ai bien mon corsaire pour pas attrapper froid aux genous (il fera toute la course inutile dans le sac, dommage mais bon c'est le reglement on s'y plie)
Et donc me voilà ce dimanche 29 juillet, il est 3h15 du matin à chamonix, je viens de me lever et dehors il tombe des trombes d'eau, le tonnerre et les éclairs se déchainent. Ok ça commence bien...
Je me démonte pas : il y a 30 min de route jusqu'à plaine-joux lieu du départ, si ça se trouve là-bas il fait beau (oui je sais je suis optimiste de caractère).
J'avale mon gatosport, je prend mon équipement tout préparé de la veille et hop c'est parti, me voilà sur l'aire de départ, il est 4h30 et il ne pleut pas. Un petit café plus tard on apprend que le départ est retardé de 30 min à cause des orages, c'est pas grave, je suis plutôt détendu, j'espère juste que la course ne sera pas annulée. Je me doute cependant que la montée au refuge de grenairon sera surement zappée comme en 2009 (oui je me suis bien renseigné sur le parcours et les éditions précédentes, j'y vais pas à l'aveugle non plus !)
5h15 briefing : effectivement, pas de montée à grenairon, le parcours passe donc de 64 à 56km et de 5300 D+ à 4300. Bon c'est plutôt une bonne nouvelle, ça me donne plus de chances d'arriver au bout. On est pas très nombreux au départ, effectivement j'apprendrais plus tard qu'une bonne trentaine de personnes ne se sont même pas présentés au départ, surement découragés par les orages de la nuit. On est donc 150 à partir à 5h30.
Le début à la frontale (une première pour moi) : très sympa, parcours roulant, une petite montée avant une bonne descente en forêt (400 D-), chemins très jolis, pas du tout géné par les autres coureurs, et on attaque rapidement la remontée vers le refuge de varan avec le jour qui se lève (600 D+), je sors les batons et hop on est vite au premier ravito au refuge. Je suis parti plutôt derrière mais j'ai doublé pas mal de coureurs (j'ai pas de mérite ils étaient arrétés en train de poser la veste).
Niveau alimentation je suis super préparé : une barre energétique ou un gel toutes les heures, des gorgées régulières de ma potion magique dans ma poche à eau et de l'eau plate en plus dans ma gourde ceinture que je rempli à chaque ravito. Tout ça a été testé et approuvé par mon estomac à l'entrainement, tout baigne.
Après varan, encore une belle petie montée à frioland et une courte redescente pour un deuxième passage à charbonnières ou un gentil bénévole nous aiguille cette fois sur la montée vers platé. C'est là que ça commence à devenir serieux, plus de 1000m de D+ jusqu'au sommet. J'attaque la montée en pleine forme et du coup je monte vite, peut-être un peu trop : je me retrouve à suivre deux coureurs qui vont bien et apprend au sommet qu'on est monté à 900m de D+/h, que l'un d'entre eux en est à son 4ème UTMB et que je suis passé en 66ème position à platé !! heu bon ben je vais ralentir un peu là.. surtout que le temps habituel des ces deux lascars sur le grand tour de 64km de d'habitude avoisine les 11-12h alors que moi je visais plutôt 14-15h. J'espère interieurement ne pas regretter ce départ canon, mais bon les sensations sont bonnes et tous les voyants sont au vert.
Coté parcours ben c'est un peu triste, dès la cheminée sous platé on rentre dans le brouillard et on le quittera plus jusqu'au sommet, c'est bien dommage car le soit disant splendide desert de lapias de platé ben j'en ai vu que les 15m autour de moi.. au point même que 3 coureurs s'y sont perdus. Moi j'étais bien calé derrière mes deux comparses expérimentés du coup nickel je me suis pas paumé.
On arrive donc en haut, 3h50 de course, au niveau de grandes platières et on attaque la redescente qui s'annonce longue, très longue (1500 D-) et pas facile selon le briefing du matin. Je prend le temps de m'alimenter et de ranger mes batons et perds donc de vue mes lièvres, de toute façon je ne suis pas de leur niveau et décide de m'économiser un peu. Le début de la descente est sur les pistes de ski, pas terrible c'est de la grosse caillasse partout. Et là ça commence à decendre et ça fait pas semblant : non de diou je suis pas près de l'oublier ! jusqu'au lac de gers c'est ni plus ni moins qu'une portion tueuses de cuisses : raide, glissant, gravilloneux, je m'arrête souvent pour relacher un peu les cuisses et au niveau du lac de gers et son refuge ravito que je rejoins avec un gros soulagement je me prend un pti moment pour recupérer. Il fait toujours moche mais le brouillard s'est un peu levé. J'ai perdu pas mal de places, a priori je manque d'entrainement sur les descentes qui s'éternisent. Faudra faire plus de séances de "chaise" pour palier à ce problème. Je suis un peu frustré de ne pas avoir pu mettre en pratique ma technique de descente, mais je me dis qu'il y en aura une belle à la fin pour ça, si jamais j'arrive jusque là.
Seulement voilà, arrivé au refuge de gers on a fait que la moitié de la descente ! Et hop c'est reparti, c'est un peu moins raide mais ça casse toujours autant les cuisses et je suis pas faché d'arriver enfin en bas après quelques interminables lacets de chemin ultra large genre piste de ski.
Me voici donc à Salvagny, 30km de course environ et un peu plus de 2000D+ après 5h30 de course, où m'attendent au ravito ma chère et tendre, mon papa et mon frangin, qui a même fait un peu du trajet en sens inverse pour faire le dernier km avec moi. Je me ravitaille en eau et en aliments, je refais le plein de potion magique, quelques étirements et hop je repars, je suis environ en 85ème position et en avance sur mon temps prévisionnel. Pour l'instant tout va bien, je prie pour que mon organisme tienne le coup vu que ça fait déjà plus d'une heure que j'ai dépassé mon record de durée jamais courue (4h20).
J'attaque donc la remontée vers les chalets des fonds (environ 500 D+) une piste 4x4 encore, durant laquelle je dépasse quelques coureurs qui me rejoindront aux chalets. Je m'attendais à voir un joli pont de singe un peu avant le chalet mais je découvre à la place un pont en béton tout moche recement construit, vive la civilisation. Coté météo ben c'est toujours les nuages bas, pas cool pour les panoramas, ça sera une prochaine fois.
Au refuge des fonds on forme un petit groupe de deux filles et quatres garçons pour attaquer la montée au petit col d'anterne (700 D+), on prend un joli petit rythme en discutant mais juste en dessous du col je me prend un joli coup de barre derrière les oreilles et fait une pause en laissant partir mes compères. Je mange, je bois et c'est reparti mon kiki sauf que là je rigole plus : je sens sur les derniers hectomètres de la montée une douleur qui pointe derrière le genou droit que je connais trop bien et qui sens la tendinite à plein nez, si c'est bien ce que je crois la descente va etre un vrai calvaire.
Je bascule sur le descente vers le refuge alfred wills et le verdict tombe : c'est bien une tendinite qui me vrille l'arrière du genou dès que je plie la jambe droite, je suis obligé de descendre en appui sur les batons en gardant la jambe droite le plus tendue possible, j'ai l'air d'un eclopé et je pleure d'avance en imaginant ce que va être la dernière descente sur l'arrivée. Je m'accorde une pause au refuge mais sans grand espoir d'un miracle et effectivement je repars avec la douleur, je peux quasiment plus courir ou alors ça fait vraiment mal. C'est dommage parce que il y a une petite partie roulante magnifique en bordure du lac d'anterne un peu plus haut que je passe peniblement en grimaçant. On est toujours sous les nuages mais pas de pluie.
Heureusement j'ai pas mal à la montée et je peux donc avaler les 600 derniers mètres de denivellés sans souci. Je bascule donc en plein brouillard au col d'anterne après 9h30 de course et attaque la descente en claudiquant. Cela doit être la partie la plus belle du parcours, une jolie descente bien technique avec petit sentier comme je les aime, dans laquelle j'aurais pu prendre bien du plaisir surtout que je suis très fatigué mais pas cramé. C'est pas grave, je profite du paysage grandiose car le ciel se dégage enfin et je passe le refuge de moede en grimaçant. Il reste encore 700 D+ à descendre quasi sur une jambe, ça va être long ! Je serre les dents et decide de finir au moral, c'est pas maintenant que je vais flancher, l'arrivée est à portée de pieds : allez courage !
Je passe le dernier refuge du chatelet (plus que 300 D-) et entame la dernière partie de la decente encouragé par les randonneurs, je me fais depasser de tous les cotés mais je m'en fiche, je vais aller au bout !
Peu avant le lac vert je retrouve mon frère au bord du chemin qui m'attendait, il m'encourage et fini la fin avec moi, la fierté et la joie de finir me donnent des ailes, j'oublie la douleur, j'arrive même presque à courir ! La fin de la descente est plus facile pour moi : un chemin magnifique dans les sous bois où je peux accélérer un peu sans avoir trop mal. Arrive en fin la délivrance de la fin de la descente lorsque je rejoint le lac vert et j'attaque la dernière montée la rage au ventre, je donne tout ce qu'il me reste et m'offre même un petit sprint dans la dernière ligne droite ! YEAHHHH ! FINISHER !!!
Temps final 11h et 10 minutes, 97ème, j'ai mal partout mais je suis heureux d'avoir été au bout.
Bilan : Je suis déçu de la météo car je n'ai pas pu apprécier la beauté des paysages, ça va m'obliger à revenir ça...et aussi forcément très déçu d'avoir été handicapé sur toute la fin par cette tendinite qui m'a gaché ma fin de course alors que j'avais les jambes pour finir bien mieux que ça. Il en ressort qu'il me manquait des entrainement en endurance longue (>5h) pour habituer mon corps à des solicitations de longue durée et eviter les pépins de santé. Je suis très content de ma gestion de course et de mon alimentation même si je suis conscient d'avoir grillé des étapes en me lançant sur un trail aussi dûr. J'ai eu de la chance que la montée à Grenairon soit coupée.
Maintenant ça va être recup un bon moment, c'est bien mérité !
3 commentaires
Commentaire de MiniFranck posté le 01-08-2012 à 11:32:48
Pour un coup d'essai, c'est un coup de maitre. Bravo !! Je dois aussi y retourner pour voir le parcours en entier car une fracture m'avait arrêté sur le court l'année dernière.. Alors peut-être qu'on s'y croisera. Bonne récup. à toi
Commentaire de Arclusaz posté le 01-08-2012 à 14:01:57
ça s'appelle une révélation !!!! mince, t'es mordu....
Récit bien sympa en tout cas.
Commentaire de akunamatata posté le 03-08-2012 à 11:36:22
Bravo pour ta persévérance !
la tendinite a du venir de la 1ere descente
faut faire du spécifique
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