Récit de la course : Trail Nivolet-Revard - 51 km 2012, par Gibus

L'auteur : Gibus

La course : Trail Nivolet-Revard - 51 km

Date : 5/5/2012

Lieu : Voglans (Savoie)

Affichage : 2720 vues

Distance : 51km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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Le chemin de la croix.

Le chemin de la croix


Un jour j'y grimperai, comme disent les Lyonnais.

La croix du Nivolet domine, là haut, toute cette jolie vallée.

C'est la 10° édition du trail du Nivolet Revard, le NR pour les puristes, et j'en suis.

 

Bon, je n'ai pas une préparation bien spécifique et je vais aborder ces 51 kms avec la fleur, non pas entre les dents, mais au bout du fusil.

2700m de D+ sur une cinquantaine de bornes ça va.

On en reparlera.

 

Après mettre garer dans un espace herbeux, je rencontre Skoub qui a sa caisse pas loin de la mienne. Il était au off kikous de l'Ain en 2010 à Treffort.

Je rencontre aussi les gars de la base d'Ambérieu, des fortiches ceux là.

 

Dans le gymnase je retire facilement mon dossard et un tee shirt technique fort joli.

Une fille m'aborde, c'est Martine, Badgone n'est pas loin.

Photo Badgone

On tchatche un moment.

Dehors je fais connaissance avec coco38 qui a déjà plusieurs NR à son actif.

Plus loin Rémy est là, le néo corse est venu faire de la bosse.

 

Je me prépare à ma voiture. Ce sera cuissard et tee shirt. Dans le sac camel bag, un tee shirt long, une gourde supplémentaire et un coup vent. Casquette kikou sur la tronche et je retourne vers le départ.

Celui-ci est décalé à cause du contrôle du matos obligatoire : réserve d'eau, couverture de survie et éco tasse.

 

Une fois le sas franchi j'attends avec 720 autres le départ retardé d'une vingtaine de minutes.

Nous partons doucement sur la route qui grimpe de suite.

Je suis le mouvement gentiment.

 

Nous franchissons une voie express et attaquons les chemins.

C'est sympatoche comme apéro.

 

Au bout de quelques kilomètres nous attaquons le dur et à partir de là, les bâtons sont autorisés. Je n'en ai pas, grave erreur.

Skoub me rattrape juste avant un petit bouchon dans le début de la mono trace.

Il va très vite me semer et clore ainsi notre discussion.

 

Cela monte tranquillement et j'alterne marche et course.

Cela devient de plus en plus pentu. Nous arrivons au Malpassant.

Grosse falaise que l'on gravi par une petite sente avec une main courante.

C'est fort joli et fort dur.

Photo Julien

Des gars nous passent en nous poussant un peu. Ceux sont les premiers de l'autre course, la Malpassant de 26 kms.

Je m'arrête souvent pour admirer le paysage mais aussi pour récupérer.

 

 

En haut nous soufflons et reprenons un chemin qui redescend un poil.

Celui-ci nous amène au 1° ravito.10°/11° kms, 1h44'.

Je fais le plein de mon camel et je repars.

 

Cela monte sagement. J'en profite pour allumer mon mp3.

La musique m'entraine dans les premiers méandres.

 

Ma batterie tombe en croix avant l'arrivée en dessous de celle du Nivolet.

Le pré est bien pentu et j'immortalise le moment.

 

Nous redescendons sur un chemin caillouteux dangereux pour les chevilles.

Je suis bien.

En bas il y a une superbe cascade, c'est celle de La Doriaz. Nous sommes au 17° kilomètre.

 

C'est maintenant une petite succession de montées faciles.

 

Nous sommes enfin en bas du mur de la montée finale vers la croix.

 

Pleins de coureurs craquent en s'asseyant sur une pierre et en soufflant fort.

J'en fais de même plusieurs fois aussi.

Ici et là subsistent quelques plaques de neige.

 

Ca y est, nous la voyons, elle est là devant nous.

Il faut faire le tour nous disant les bénévoles en pointant nos dossards.

Je leurs réponds : sinon on est éliminé !

Rires.

Il y a une superbe vue sur tous les alentours et je reprends des forces.

21 kms 4h24', bon allez on s'casse.

 

La suite c'est dans les sous bois avec un parcours piègeux avec pleins de racines puis des passages sur des névés en équilibriste.

Photo Tidji

C'est de la glisse par endroit.

 

Nous arrivons à La Féclaz, les fameuses pistes de ski de fond.

J'en ai ma claque et je regarde mon chrono.

Purée plus de 5 heures.

Je n'y arriverai jamais.

Je recours pour arriver au ravito : 26 kil 5h20.

 

J'ingurgite tout ce que je trouve, notamment de la patte d'amande avec laquelle je reprends 2 ou 3 kilos. Re plein du camel et de la gourde.

Beaucoup de coureurs sont regroupés autour de la table ce qui me réconforte.

Tans pis je continue.

Je double les 2 filles de devant et trottine vers la 2° partie du parcours.

Finalement je me dis qu'il n'y a que 400/500 m de D+ dans cette 2° partie donc le plus dur est fait et tans pis si j'abandonne plus loin ou si je suis rattrapé par les barrières horaires.

 

Nous sommes sur de larges chemins et mon allure n'est pas mal.

Les plaques de neige sont présentes également ici et nous pataugeons quelques fois dans des flaques de boue.

De petits tape cul précédent la montée vers le Revard.

 

Joli point de vue sur le contre bas. Par contre au loin nous voyons l'orage approcher prévu pour les 14 heures.

Je suis au 32° km et j'ai couru/marché 6h30.

Un regroupement s'est formé avec les gars et les filles qui étaient au ravito du 25°.

Le gars de devant n'est pas bien, il a des nausées. Il vomit de la bile dans un coin. Un couple récupère en faisant des étirements sur les barrières du belvédère.

 

Nous quittons ce superbe endroit en remontant des marches puis cela va être 8 kms de descente.

Le groupe de disloque et je suis derrière une des filles que je vais suivre un bon moment.

Nous ne sommes plus que tous les 2 car les autres ne tiennent pas le rythme un peu plus rapide que celui d'avant.

 

Cela gronde de partout et le ciel s'obscurcit.

Quel fléau va-t-il s'abattre sur nous ?

J'ai remis ma casquette car il pleut mais plus loin, dans un sous bois, je m'arrête pour dégainer le K-way du sac.

Maintenant cela ne fait plus semblant et nous sommes rincé.

Nous arrivons au col du Perthuiset, je suis toujours derrière la fille et un gars nous a rejoints.

Ceux sont Sandrine Aurientis et Julien Bijon.

5 kilomètres de bonne descente s'ouvrent à nous.

De la caillasse et pas mal de boue.

 

Les éclairs nous flashent et le bruit du tonnerre retenti de suite après, inquiétant.

Voilà autre chose maintenant : la grêle martèle mon coupe vent.

De tous petits grêlons viennent rebondir sur mon petit corps rabougri.

 

Cela ne dure pas longtemps et la pluie revient, enfin.

Dans un virage, il dérapa et dans la houpfa il s'enlisa.

Je me prends une grosse gamelle en glissant sur une plaque de boue.

Je tombe sur ma main gauche (ça porte bonheur).

Une crampe se déclenche à mon mollet gauche, normal.

Je me relève après que mes compères m'aient demandé si ça gaze.

Un gars me passe en m'encourageant, sympa l'ambiance.

Je vais le repasser plus loin.

 

Je repars dans ces méandres sans fin, mais avec un rythme plus lent, plus prudent.

 

J'arrive au ravito du 40°, je ne pense plus à l'abandon mais plutôt aux barrières horaires.

Julien et Sandrine repartent déjà du ravito en regardant leur montre.

Je comprends que cela va être short pour la barrière suivante.

Un petit coup de coca, je complète ma poche d'eau et je reprends ma course.

Un gars plus loin me dit que je suis à 10 minutes des barrières horaires !!! ???

Finalement elles auront été prolongées mais cela me donne un coup de fouet et je repars encore de plus belle.

 

Je rattrape des gars qui trainent, j'en sème d'autres dans les faux plats. Je ne pense plus du tout à mon hypothétique abandon du 25°.

6 bornes avant le prochain ravito/barrière, ça va le faire.

Je ne sais pas ce qu'il m'attend.

 

Le parcours serpente gentiment dans les sous bois, on ne sens plus la pluie.

Le parcours est en mono trace et je passe encore quelques concurrents, quelle patate.

Le revêtement est de plus en plus boueux et je fais des figures sur un seul trail.

Je prends de l'élan quand ça remonte un peu mais c'est de plus en plus dur de rester sur ses quilles.

Dans ces parties, les gars de derrière avec leurs bâtons, me recollent.

Je repars vers l'avant et dans une nouvelle montée je glisse, je tombe et je fais 2, 3 mètres en arrière sur le cul.

J'ai du mal à me relever : patinoire.

44° kms encore 2 avant la terre ferme.

 

Une grande descente; Je m'accroche à un arbre, je glisse des deux pieds et me fous un coup de boule dans le tronc. (belle entaille que je vais garder 2 bonnes semaines).

Mon parcours de combattant continue et je repense au temps. Je comprends qu'il y ait une barrière horaire si proche de l'autre, on ne peut pas courir normalement sur ces 6 kilomètres.

 

Je prends de nouveau mon élan mais n'arrive pas à gravir la montée même en faisant des petits pas en canard comme en ski de fond.

Le gars de derrière (avec ses bâtons) vient m'aider pour gravir ce sommet (une toute p'tite butte), 45°, encore un, ou plus qu'un.

 

Nous arrivons à Méry sur le macadam, yes.

Le chrono est bon. Après un ravitaillement rapide, je quitte ce dernier point de contrôle.

 

Le reste est commun au départ et je rattrape et dépasse des concurrents.

Ah, ça va mieux me dit un gars.

Il m'a vu tomber dans la descente.

 

Que vois-je au loin ? Mes deux compères. Je force pour les rattraper. (49° kms en 5'49)

Ah je vous rejoins enfin.

On tchatche; on finit ensemble.

Julien a un coup de moins bien. Je reste avec lui.

Nous sommes dans un champ et on s'enfonce jusqu'aux chevilles.

Ouah ! La gueule des pompes !

 

Ca va être dur de passer sous l'arche me dit-il.

Après 9h30 ils ferment.

 

Vas-y me dit-il.

Je rejoins Sandrine, Julien va recoller plus loin et nous allons finir tous les 3.

Nous dévalons la route et rejoignons l'arrivée encore ouverte.

Sandrine accélère pour doubler la fille de devant.

Julien et moi finissons ensemble en 9h33'.

On se congratule et taillons au ravito après qu'on nous ait remis une casquette temps chaud en cadeau souvenir de la 10° édition et surtout aux finishers que nous sommes.

 

Comme toujours on se perd de vue et on se sépare vite, trop vite, après ces heures passées ensemble.

Encore un énorme souvenir que cette course.

Une de plus dans ma vie de traileur.

5 commentaires

Commentaire de tidgi posté le 26-05-2012 à 17:55:01

La vache, tu as mitraillé ! Comment tu veux passer les BH dans ces conditions ?? ;-)))

Beau reportage bien illustré et qui permet de se replonger dans cette course.
On n'aura pas réussi à se voir, pour une prochaine.

Bravo à toi et merci pour le récit.

Commentaire de desprez posté le 26-05-2012 à 18:32:42

Super compte-rendu, on s'y croirait et vraiment top tes photos. Tu as bien fait de ne pas abandonner ! Merci pour le partage de l'ambiance et des images et bravo !

Commentaire de Byzance posté le 27-05-2012 à 12:40:51

Bravo pour ta super course et ton CR dans le style "dominesque 81"

Commentaire de lulu posté le 27-05-2012 à 21:47:37

Quelle galère...et quel courage !!
Si j'aurais su, j'aurais pas v'nu !! Hein, (pti) GIBUS...!?

Commentaire de domi81 posté le 28-05-2012 à 05:10:42

super,un CR sans photos, c'est pas un CR !
bonne récupb et onne continuation.

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