L'auteur : Lou Gouyat
La course : Ultra Trail du Sancy - 80 km
Date : 11/9/2011
Lieu : Le Mont Dore (Puy-de-Dôme)
Affichage : 2756 vues
Distance : 80km
Objectif : Faire un temps
Partager : Tweet
Intro
Après ma saison de course de montagne j’avais prévu de faire un trail long avec Yannick, un ami. Notre choix se porte donc sur l’Ultra Trail du Sancy, le 11 septembre.
Départ - Pessade : 33 kms
Tous les concurrents sont là, sur la ligne de départ. Un léger complexe d’infériorité m’envahi à la vue de tous ces mollets saillants !
Après les rappels d’usage sur la sécurité et le point météo, le départ est donné, à 4h05.
On s’élance dans les rues du Mont Dore et j’essaye de me placer pour attaquer la première montée en situation favorable. Je cours dans cette première bosse, mais je sens que les jambes n’y sont pas. Je préfère laisser partir le peloton de tête . .. Une fois passés le plateau de Bozat et ses landes humides piégeuses (il faut être vigilant pur ne pas laisser une chevilles entre les touradons de molinie et de joncs) une longue piste forestière descendante mène vers le Rocher de l’aigle. Ensuite de beaux petits « singles » descendent vers la Bourboule. Pour l’instant je cours seul, aucun concurrents en vue devant, mais je devine cependant la lueur des frontales de mes poursuivants (et ils sont nombreux) : à cette heure matinale, je me sens un peu lapin ...
Avant la remontée vers la Banne d’Ordanche un bénévole m’annonce 16eme. La perspective d’une bonne place me booste.
Dans cette montée et celle du Puy du Loup, je rattrape deux coureurs qui semblent être partis trop vite. Avec le jour naissant, la bascule au Puy du Loup offre un spectacle somptueux de landes brumeuses, avec en point de mire, le Puy de Dôme.
Il est 7h05, j’arrive au premier ravito du Col de Guéry, pile poil dans le temps de passage prévu. Je n’ai pas prévu de faire le plein d’eau et je repars très rapidement en marchant avec une soupe dans mon gobelet perso. Je sais que l’on attaque la partie la plus roulante du parcours et qu’il ne va pas falloir chaumer en route. Le parcours est toujours très sympa avec beaucoup de monotraces entre pâtures et forêts. Le terrain est très souple et contribue à assoir en moi un sentiment de bien être... cette portion se termine par une longue piste forestière, je commence à ressentir mes jambes. Passage au ravito de Pessade après 3h55 de course en 13eme position (j’ai doublé un concurrent en route). J’ai un peu de débours par rapport à mon temps prévisionnel, mais ce qui m’inquiète le plus ce sont mes jambes déjà très dures, à seulement un tiers du parcours ! Je sais que j’ai mangé mon pain blanc...
Pessade – Col de la Croix Saint Robert : 15kms
J’entame la remontée vers les crêtes qui mènent tout droit jusqu’au Puy des Crebasses. La première partie est pénible : il faut que je me force à courir le long d’une longue et large piste en faux plat montant car je sais que le temps perdu à marcher serait très pénalisant. La suite sur les crêtes sera également très difficile. Le vent souffle maintenant très fort et les petits sommets se succèdent : c’est interminable.
Col de la croix Saint Robert – Super Besse : 15 kms
A la Croix Saint Robert, 3eme ravito, j’arrive 11eme, en 5h45 environ. David Pasquio, est là, assit, la mort dans l’âme et une cheville en vrac. Je décide de prendre le temps de me ravitailler mais 2 de mes poursuivants arrivent et repartent aussi sec ! Je me presse un peu et repars sur leurs talons. Je rattrape le premier rapidement et me cale derrière Fabrice avec qui j’avais eu le temps de discuter un peu avant le deuxième ravito. Je suis très impressionné par sa capacité à courir dans presque tous les raidillons et ce, après plus de 50 bornes. A deux, la montée au Puy des Crebasses parait courte.
On bascule ensemble sur la Réserve de Chaudefour et je laisse partir Fabrice qui semble plus facile. J’en profite pour me ravitailler un peu. Nicolas Martin et fabien Chartoire, concurrents du 34kms, nous rattrapent dans cette descente ; ils paraissent « faciles ». Ils finiront respectivement 1er et 2eme au Mont Dore.
La montée raide vers le puy de Champgourdeix est propice à quelques observations botaniques. Dans les secteurs marécageux se développe le fameux Saule des Lapons, facilement reconnaissable à sont feuillage vert bleu. Cette partie « nature » tranche avec la descente à Super Besse qui s’effectue le long de larges pistes puis sur la route : mortel ! Heureusement Fabrice est là et nous pouvons échanger sur nos pratiques respectives de course à pied.
Super Besse –Arrivée : 17 kms
Au ravito de Super Besse je fais le point : je suis normalement 9eme (un coureur doublé dans la réserve) mais j’ai 20 min de débours sur mon planning.
Je ne tarde pas et repars avec Fabrice une fois de plus. Après une longue piste on attaque les hostilités dans des alpages pentus. De nombreux concurrents du 34 nous rattrapent et j’essaie de retrouver un peu de rythme en emboitant leur pas...
Cette montée semble très longue, surtout une fois engagé sur la longue piste qui mène au col de la Cabanne. Le vent redouble de violence sur ces crêtes et je suis obligé de me couvrir. J’atteins enfin le Puy du Sancy, non sans mal et dans la crainte de voir un concurrent débouler...
Je profite de ce qu’il me reste de jambes pour attaquer dans la première partie technique de la descente. Je rattrape ainsi pas mal de coureurs du 34 qui m’avaient dépassés dans la montée.
Après quelques minutes de descente, j’aperçois incrédule un panneau indiquant « arrivée 5 kms » ! Mon cerveau ne doit plus avoir la capacité de gérer toutes ces informations à la fois : je me retrouve les 4 fers en l’air. Leçon sans conséquence ; malgré une cuisse douloureuse j’arrive à repartir, jurant qu’on ne m’y reprendra plus ! Le sentier rejoint assez rapidement une route et j’apprends qu’il reste encore 4kms : ça va être dur. Les quelques faux plats me minent le moral et je n’aspire plus qu’à arrêter de courir. Je commence d’ailleurs à avoir des sueurs et des crampes d’estomac ; l’hypo n’est pas loin. Je fini les derniers kilomètres à l’agonie et juste avant la ligne, le speaker, qui a reconnu à mon numéro de dossard un coureur du 80, invite les spectateurs à applaudir : c’est cool ... je passe la ligne vidé.
Epilogue
Je ne connaitrais pas tout de suite avec certitude ma place et mon temps : ce sera finalement 9eme pour 9h32 de course (soit 1/4 d'heure de mieux que ce que j'espérai). Je suis vraiment heureux.
Fabrice arrive juste derrière moi, à moins d’une minute.
Yannick a eu moins de chance et a pris l’orage sous le col de la Cabanne. Il sera basculé sur un parcours de replis guère moins long. Il finit 35eme ...
Un grand bravo à l'organisation et aux bénévoles pour ce superbe trail et cette belle ambiance
4 commentaires
Commentaire de ben de moirans posté le 20-09-2011 à 18:45:20
merci pour ce beau cr ! vivement que j'ai le niveau pour decouvrir cette course de reve !
Commentaire de undertacleur posté le 20-09-2011 à 21:02:37
Piste, cross, route, montagne et maintenant ultra, tu gères de partout ... un grand Bravo pour l'ensemble de ta saison ;-)
Commentaire de Génep posté le 21-09-2011 à 09:48:13
Une saison de toute beauté qui se termine pour un super résultat !
Chapeau, tu n'as pas fini de nous épater ...
PS: je sens que c'était le paradis du botaniste là haut ;)
Commentaire de Pat'jambes posté le 24-09-2011 à 00:15:25
Bravo Loulou !
La prochaine fois svp, tu termines 2ème et tu prends des photos des "touradons de molinie", merci...
... ben oui... faut bien que te trouver des marges de progression (s'il en existe encore)!
:D
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.