Récit de la course : La Montée du Nid d'Aigle 2005, par Olivier91
Première course en montagne
Dans quelle galère me suis-je donc embarqué avec Jean-Marie. Il est 8h30 aux thermes du Fayet et nous sommes entourés d’athlètes aux corps fuselés, aux cuisses puissantes. Ils (et elles) ont l’air aussi sûrs de leur coup que nous inquiets de ce qui va nous arriver. Notre première course en montagne ! Bon, OK, Jean-Marie est un marathonien de bon niveau (3h10 il y a quelques années), mais moi, il y a quelques mois j’agonisais à l’arrivée des 20km de Paris effectués en 1h57 pour 108 kg !!! Heureusement, là je me présente plus affûté : -19kg et une préparation de quelques mois (depuis mars en fait). Mais bon, il fait beau, et nous aurons l’avantage de profiter plus longtemps de la course sous le soleil que tous ces « trop rapides pour nous ».
Le départ est donné et après quelques centaines de mètres, c’est le premier bouchon à l’accès au sentier qui monte à St Gervais. Prudent, je cale mon pas sur un rythme de 750/800m de D+ à l’heure. Peu à peu nous reculons dans le peloton. Nous nous appelons régulièrement avec Jean-Marie pour ne pas nous perdre. Du peloton fusent des avertissements qui témoignent que nous ne courons pas sur bitume : « Racine ! », « Tronc », « Pierre ! » …
L’arrivée au premier ravitaillement se fait sans trop souffrir. Nous restons en dedans car nous plongeons dans l’inconnu pour nous. Suit une longue partie quasi plate où nous nous offrons un petit footing à 10,5km/h, 11 au maximum. Le temps est resplendissant. Le parcours très sympa. La montagne est sublime. Bref le bonheur, d’autant que nous ne souffrons pas pour suivre le rythme de notre groupe. Un petit raidillon coupe cette partie plate et nous permet de constater que certains ont pris un rythme un peu trop ambitieux pour eux, et nous commençons à doubler, presque sans nous en apercevoir. Cela commence à nous motiver et nous nous prenons au jeu. C’est à ce moment que nous rattrapons Marc, un Ultratraileur d’expérience qui m’a convaincu de me lancer dans l’aventure de l’UTMB. C’est donc un peu (beaucoup) grâce à lui que je prends plaisir dans cette superbe course. Il revient d’une suite malheureuse d’accidents (1 lors d’un ultra au Mali (renversé par une moto) et 1 lors de sa reprise suite à cet accident, renversé par une voiture lors d’une sortie vélo !!!). Il sort à peine du train, n’a pas pu faire de dénivelé avant de venir, bref … tout cela me permet de le rattraper (et de le doubler quelques temps après). Ca, ça donne le moral (bon il prendra largement sa revanche lors de l’UTMB, mais ceci est une autre histoire).
Ravitaillement de La Villette. Ma petite femme est là avec mes garçons (évidemment, les filles sont restées au chalet …). Sourires, accolades, bisous, petite séance photos, boissons fraîches … enfin on perd 10mn à se prélasser. On en oublierait presque que nous sommes en course. Bon allez, il faut se bouger. La montée vers Le Champel est raide, mais nous l’avalons facilement et nous reprenons notre série de doublements. Le moral est au beau fixe. Le chemin jusqu’au pont des places est très roulant et nous commençons à mener bon train. Les défaillances se font de plus en plus nombreuses devant nous et cela nous stimule. Jean-Marie se voit pousser des ailes et lors de la montée raide qui suit le pont des Places, je commence à peiner à le suivre. Il me prend 20 m mais je tiens. Un petit plat, il se met à courir. Je lui demande rapidement de repasser à la marche si je ne veux pas me mettre dans le rouge, d’autant que même en marchant nous doublons encore. Cette partie marchée me permet de récupérer et je me remets à courir dans le plat près du chalet de l’Are, juste avant la grande montée finale.
Cette montée en plein soleil en fait souffrir plus d’un. Nous adoptons un rythme de marche rapide que beaucoup n’arrivent plus à tenir. Nous sommes régulièrement retardés par des marcheurs qui font la randonnée organisée en parallèle à la course à pieds. Un ravitaillement posé là en pleine pente le long du sentier permet de se rafraîchir à coups de quartiers d’orange. Les bénévoles, comme tout au long du parcours, sont des alliés bien précieux pour tenir la distance. Qu’ils soient remerciés de leur gentillesse et de leur dévouement (et de leurs encouragements). Nous sommes maintenant dans le dur. Je me suis mis juste en dessous du seuil. Je ne peux aller plus vite, je fatigue, mais je double …
Peu après les échelles, la difficulté à doubler un groupe d’une quinzaine rompt notre belle unité avec Jean-Marie. Il prend quelques mètres puis quelques dizaines de m. Je ne le reverrai pas, mais nous sommes si proches de l’arrivée. Je vois des adeptes du Marathon qui s’assoient sur le côté en pestant contre le dénivelé. Je me dis que ma formation de randonneur sportif et de montagnard m’est bien utile. Je ne commence à sentir la fin de mon stock de glycogène qu’à 500m du but. Tant pis, je continue au max et heureux comme un pape, je franchis la ligne à la place absolument inespérée de 234ème en 3h07. Jean-Marie est arrivé 7/8 places devant moi. Son sourire est radieux et témoigne de son plaisir immense. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre. Cà y est, la course en montagne a conquis 2 nouveaux adeptes.
C’est sûr, l’année prochaine, on prend une réserve d’eau sur nous, on passe en courant le ravitaillement de la Villette, on accélère dans les parties courantes (au rythme Marathon) et on doit passer sous la barre des 2h45. Entrer dans les 150 premiers, ça c’est un défi sympa… A l’année prochaine, superbe course … !
3 commentaires
Commentaire de oufti posté le 20-01-2006 à 20:36:00
Super ton récit m'a fait revivre ma course! Pour ma part, j'en ai bavé comme jamais pour une première course de montagne. Parti trop vite et des crampes pour terminer.
Commentaire de Olivier91 posté le 21-01-2006 à 18:19:00
Olivier, ton récit est extraordinaire!! On croirait courir avec toi. Quel superbe athlète tu dois être! On aimerait tous te ressembler.
Tu dois tomber toutes les filels que tu veux! J'espère te rencontrer sur nos prochaines courses.
A bientôt
Commentaire de Sandrine74 posté le 22-01-2006 à 17:17:00
Super Olivier !
Rien à redire, tu sais déjà pourquoi je n'y serai pas cette année ! Mais j'espère que tu nous referas un CR....
A bientôt, Sandrine
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