Récit de la course : 6666 Occitane 2011, par Gwizdo

L'auteur : Gwizdo

La course : 6666 Occitane

Date : 22/4/2011

Lieu : Vailhan (Hérault)

Affichage : 1610 vues

Distance : 118km

Objectif : Se défoncer

1 commentaire

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Le récit

De retour de vacances, je vous fais un compte rendu de la course pour faire partager ma course et donner envie à d'autres de participer.

 

Arrivée à Roquebrun la veille de la course, nous partons pour la ville de départ Vailhan avec 3 heures d'avance. Le choix a été pris d'arriver le plus frais possible et sans stress inutile.

 

Juste avant le départ à 21h, un peu d'appréhension mais pas de stress, j'ai l'impression que plus la distance s'allonge moins j'ai de stress, ou alors plus la distance est courte plus je me mets une pression chronométrique à réaliser, et plus cela me bouffe de jus.

 

 

Vailhan - 21h : Top à la vachette, c'est parti.

Petit coucou à mon fan club et je rentre dans ma course : j'ai mes temps de passage avec objectif à 17h et à 18h, ma boisson énergétique à ingérer tous les 10-15', mes BCAA toutes les heures, ma sporténine ou arnica montana en alternance toutes les heures : y a plus qu'à courir.

Après la sortie de Vailhan, dans la 1ère descente, je rattrape un mec qui me demande « Solo ou Duo ? ». Et oui, sur la même course, il y a des solos et des relais (en duo ou trio) c'est un peu gênant pour suivre le classement, mais au bout de 2km sur 118, le classement on s'en fout un peu ??!!

Le mec en question s'appelle Sylvain Couchaud, il est le favori de la course (avec Hervé Giraud-Sauveur qui est déjà parti loin devant) et sera le vainqueur 14h plus tard.

Pendant cette 1ère partie, je rencontre aussi un triathlète de Cannes, Artur Arrouche, fort sympathique avec qui je papote bien entendu de ... triathlon jusqu'au 1er ravito.

Ah j'oubliais, mes sensations : dans cette 1ère partie je laissais partir dans les montées mon groupe, je trouvais que ça grimpait un peu fort (trop fort à mon gout), par contre dans les descentes je les récupérais en déroulant.

 

 

1er ravito - Faugères: 1h53'

(temps prévu 1h50')

On rentre dans une salle tout allumé, remplie de monde et avec groupe de rock. Le contraste est saisissant avec la partie nocturne et silencieuse précédente, j'ai même envie de repartir au plus vite. Mais sur ce 1er ravitaillement, j'enfile la combinaison de Bozo le clown : je n'arrive pas à refermer mon camelback une fois la poche remplie de 2L (un bénévole vient à mon aide) puis je peine à repartir, ma pipette de mon camelback s'est coincé dans mes lacets ... pfffff, je vous jure : Bozo fait du trail !

Quand, je me retourne pour repartir : Ah bah oui, je suis tout seul maintenant !!

Il me faut plusieurs km pour récupérer le groupe avec lequel je courrais, mais entre-temps j'ai rencontré un mec avec lequel la course sur plat me convient bien,  il me rattrape dans les montées et me laisse passer devant pour les descentes : un vrai couple !

Je continue avec mon binôme : pas un mot, chacun est concentré sur sa course.

On croise Hervé (9ème à l'UTMB en 2009, 3ème français, un Monsieur du trail), je reste derrière 1 minute, comme un minot devant son idole, en me disant

"C'est pas vrai, c'est The Hervé, le truster des podiums du sud-est, reste dans les roues (plutôt les bâtons) sinon tu vas être cramé !"

Mais son allure n'était pas celle de d'habitude car d'habitude ... je le vois pas !

Donc je suis passé devant, comme un peu gêné, sans trouver les mots pour l'encourager, le laissant à son chemin de croix (il était malade et à abandonner par la suite).

 

 

2ème ravito - Lamallou : 4h32'

(temps prévu 4h40')

A l'entrée, l'organisateur, Pascal Allongue, me demande si j'ai doublé des solos et des relais ? Je comprends pas trop le sens de la question et lui réponds « Bah Wouai ! » et rentre dans la salle. C'est là qu'on m'annonce 1er solo. Surprise, ENORME !

Je ne m'affole pas, « fais ta course, te soucis pas du classement », d'ailleurs juste avant de repartir du ravito tous les solos arrivent : Sylvain, le triathlète et 2 grands costauds que j'avais déjà croisé sur les chemins. Ça me rassure aussi sur mes temps de passage que j'avais calculé.

 

 

3ème ravito - Colombière : 6h34'

(temps prévu 6h50')

Là faut croire que je commence un peu à déconner 8' de gagner sur 15km, ça booste ou ça vrille le cerveau mais c'est une sensation incroyable. On sait qu'on est 1er solo, tous les voyants sont au vert, alors pourquoi pas ? (même si on a toujours la petite voix à côté de nous pour nous calmer car il reste 60km et 3.700m de D+)

Je croise au ravito l'autre organisateur Antoine Guillon (autre grand Monsieur de l'ultra trail). Je lui serre la main (je suis toujours comme le minot à qui on offre des cadeaux de noël), je rentre dans la salle tout le monde s'occupe de moi (c'est l'avantage d'être le 1er) et je fais même ma « Paris Hilton » en demandant 2/3 de coca et 1/3 d'eau pétillante dans mon gobelet de 30cl, quelques noix de cajou par-dessus et c'est reparti !

« Le Caroux à nous deux ! »

Ne voyant personne arriver dans la voie sans issue où se trouve le ravito, je décide de mettre mon mp3 pour l'ascension et c'est parti pour 2h de live avec Depeche Mode (je sais les gars, ne tirez pas ... je suis vétéran aussi, chacun sa musique).

Ah la vache !, les sensations sont super bonnes, il pleut un peu, je m'en fous : Banzai !

L'ascension s'effectue sur des grandes plaques de pierre qui font comme des marches avec d'un côté la forêt et de l'autre on imagine le vide puisque la frontale se perd dans le noir : magique !

Sauf que toute bonne chose a une fin, et Bozo revient toujours à mon bon souvenir.

Après 400m d'ascension, je vois Pascal Blanc et un relais qui descendent : forcément dans la nuit et avec le mp3 sur les oreilles (en plein concert d'ailleurs) je crois à des signaleurs. Je coupe le mp3 pour dire bonjour (poli le garçon) et là, j'entends hurler « Il faut redescendre !! » (je suppose après coup que Pascal devait me le dire depuis 2 minutes ...et le lendemain j'avais même un message sur le portable d'Antoine me demandant de redescendre ; mais moi messieurs, dames, j'étais en plein concert à Barcelone ! Bozo quand tu nous tiens !)

Forcement, tout s'écroule.

On rejoint Franck Gilleron 2ème solo qui n'a pas trouvé la nouvelle bifurcation indiquée, je traine des pieds, c'est fini, y a plus qu'à rentrer en mode rando, jusqu'au moment où l'on se fait doublé par Dawa Sherpa qui nous encourage du style " Cocorico, Allez les gars, Ah Ah Ah !!!"

Là je me suis dit, ce mec s'est frappé toute l'ascension 900m, est allé chercher un relais sur le sommet et il garde la banane, chapeau !!

"Allez remobilise-toi mon p'tit gars!".

On joue à l'élastique avec Franck puis dans la descente celui-ci me déboule avec sa frontale qui éclaire comme un phare de voiture. J'essaye de rester en contact mais celui-ci descend trop vite, je décroche et reste seul avec ma pauvre tikka+. D'ailleurs je perds quelques minutes du à une sortie de route, pas de panique, je reviens sur mes pas et retrouve le chemin balisé.

 

 

4ème ravito - Mons la Trivalle : 8h49

(pas de temps prévu, parcours de repli)

A l'arrivée du ravito, on m'annonce que la course est arrêtée et qu'il faut attendre que la nouvelle partie soit balisée. Tout le monde est calme, je retrouve Sylvain, sec et frais comme un gardon avec son assistance et des visages qui ne me sont plus inconnus. J'en profite pour m'alimenter. Depuis le départ, je carbure à la boisson énergétique qui me suffit largement, mais pendant la pause j'écoute ma faim et j'ai du m'envoyer 4 barres de céréales, 3 pates d'amandes et mon 2/3 coca 1/3 eau pétillante.

Annie Sherpa prend soin de moi : éteins ma frontale et me conseille de m'asseoir dans la salle chauffée (Dawa est là aussi changé, en train de se reposer).

Il y a aussi un grand chevelu avec une veste finisher du Tor des Géants qui me demande si j'ai besoin d'aide. Je me dis « quand même aujourd'hui c'est jour de fête, je ne côtoie que des cadors  ».

Annie nous prévient que ça va repartir, juste le temps de remettre ma veste trempée sur mes affaires mouillées.

 

 

Nouveau départ Mons la TRivalle : 9h26

Top à la vachette, c'est reparti. Tout le monde est parti sur des chapeaux de roues, sauf moi.

J'ai mal aux jambes et je cours comme un canard. L'arrêt de 37' n'a pas été  bénéfique.

Puis avec l'échauffement, la foulée revient et ça revient même de mieux en mieux. Je reprends les solos et duos un à un et, je m'accroche à Frédéric puis le distance dans la descente vers Ollargues. Mais depuis le nouveau départ, je n'ai jamais revu Sylvain.

 

 

5ème ravito - Ollargues : 10h10

Juste le temps de me faire pointer et je repars, je ne suis même pas rentré dans la salle. Faut dire qu'avec le camel plein et l'estomac 1h auparavant, ça ne servait à rien de s'arrêter là.

On m'annonce 2ème : Aargh !!! Les affaires reprennent !! La motivation aussi !!!

Il faut absolument tenir cette put*** de 2ème place.

Je pensais voir mon team d'encouragement à partir d'Ollargues mais : personne !

Les ascensions se passent bien ainsi que les descentes mais j'ai de plus en plus de mal à courir sur les parties légèrement montantes, je me force grâce au mp3 en ne sélectionnant uniquement que du Rage against the machine, du Red Hot Chili Peppers ou du Mumford & Sons autant dire que le Manu Katché et le Pink Floyd que j'avais inséré dans le mp3 sera automatiquement zappé (Oui, oui, toi qui lit ces lignes ... je suis vétéran et j'écoute donc de la musique de mon âge !).

 

 

6ème ravito - Vieussan : 12h06

(temps prévu 2h je mets 1h54)

Avec 4' de jardinage (faute d'inattention à une bifurcation) dans les vignes avant Vieussan : c'est plutôt bon signe !!

Il ne reste que 2h30 de course, la pluie a cessée, je me change, fait le plein habituel + coca/eau pétillante + noix de cajou, une petite discussion avec Antoine l'organisateur et c'est reparti.

Toujours pas mon team au rendez-vous !?!?

Dans la dernière ascension, la pluie revient doucement puis en trombe d'eau, au bout de 30' j'en ai marre de prendre toute cette flotte et décide de nouveau de me changer (perte de temps !!). Arrivez sur le plateau, je vois derrière un gars qui là où je marche, lui trottine à l'aide de ses bâtons, je prie pour qu'il soit un relais et bien NON !!! il me passe ... (Vous pouvez imaginer la scène de Jean-Claude Duss avec son planté de batton !)

Je décide de m'accrocher jusqu'au bout, sait-on jamais !

Enfin dernière descente : ces 43' se feront avec le tube d'arnica sous la langue, car les jambes n'en peuvent plus d'être poussées.

 

 

Arrivée - Roquebrun : 14h38

Toujours pas de team bodiguel à l'arrivée (je commence à m'inquiéter).

Interview par le speaker super cool avec moi, puis j'attends mon team sous la tente enveloppée dans ma couverture de survie et je me fais dorloter par Renaud Rouanet et Dawa Sherpa avec leur soupe (chaude) aux vermicelles : l'extase !

Après une douche, une sieste d'une heure et des fringues secs, je me jette sur le repas d'après course : c'est une sorte de ragoût avec pomme de terre, saucisse-poulet accompagné d'un verre de vin rouge du pays : un régal !

Je termine par un massage (effectué par un beau brin de fille, mais ma femme était dans le coin et je crois que son mari était le kiné ;-) ) avec du Arnicadol (le tube de l'été !!) et une manip' de la cheville par le fameux kiné.

Le soir arrive vite et je m'endore avec toutes les images de ce trail et surtout les visages de toutes les personnes rencontrées lors de cette escapade : HEUREUX !

 

 

Alors pourquoi mon team était absent sur Ollargue, Vieussan et l'arrivée ?

Et bien, ma chère et tendre attendait à Ollargue quand je passais à Vieussan car elle n'était pas au courant du changement du parcours.

Puis elle n'a pas eu confiance en l'informatique (ou en son mari ...) lorsque celui-ci annonçait le dossard 185 avec 2 heures d'avance sur ma prévision la plus optimiste.

Elle a donc préféré attendre encore alors que je passais la ligne d'arrivée.

Ah, ces femmes !

1 commentaire

Commentaire de Berty09 posté le 19-05-2011 à 23:11:00

Ca fait plaisir de se balader en ta compagnie en tête d'une grande course. Bravo et bonne continuation.

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