L'auteur : bobchou
La course : Les Templiers
Date : 24/10/2010
Lieu : Millau (Aveyron)
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Distance : 72km
Objectif : Pas d'objectif
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Cela fait longtemps que je n’ai pas pris une page blanche pour écrire un récit de course. Simplement que depuis longtemps la lutte n’était plus contre un chronomètre ou contre tous mes camarades de jeux, mais contre moi-même. Depuis quelques mois, les récits de mes mésaventures, je les faisais à mon médecin pour essayer de trouver une solution à un problème qui des courses avaient déteint sur ma vie de tous les jours et s’était transformé en problèmes de santé.
Cela fait longtemps que je n’avais pas raconté de course mais c’est toujours le même problème de savoir où une course commence réellement pour qu’on comprenne bien ce qui en fait les tenants et les aboutissants ; avant tout pour bien saisir tous les enseignements que l’on pourra en tirer. D’un point de vu sportif, cette épreuve des Templiers commence au coup de pistolet car il n’y a rien à raconter sur la préparation qui est inexistante. Après mon dernier abandon sur la reprise de l’UTMB fin aout, j’ai complètement arrêté le sport pendant 6 semaines (sur les conseils entre autre de Patrick Bringer que je remercie). J’ai refais du jus, je me suis reposé et j’ai attendu l’envie de recourir qui ne revenait pas.
Rattrapé par ma conscience qui m’a gentiment rappelé que partir pour 70 kms sans avoir couru de 2 mois était un peu suicidaire, j’ai fais quelques footing dans les deux dernières semaines histoire de dire. La surprise fut de constater que j’avais retrouvé du plaisir simplement parce que j’arrivais à courir sans souffrance et sans trop de douleur. Finalement c’était bon de courir ! De là à envisager de faire 70 bornes sans en baver, j’avais quelques doutes. Le rendez vous était donc pris d’en découdre avec mes problèmes plus qu’avec la course en elle même. Même si la détermination ne m’avait pas quitté depuis tout ce temps, elle avait quand même finit par se résigner à rencontrer inexorablement des murs.
J’avais prévu de partir avec Anne et je m’en réjouissais mais elle est déclarée forfait par son médecin : décidément ça va pas fort dans la famille. Grosse déception et changement de plan. La stratégie devient assez simple : partir doucement et tenir le plus longtemps possible doucement. Contrairement à ce que l’on pense et aussi à ma nature c’est très dur. Coté nutrition (employons les grands mots puisque je suis devenu (im)patient) j’ai la chance de pouvoir papoter avec Anthony d’Effinov Nutrition qui me donne quelques conseils et des échantillons qui me seront très précieux. Même si beaucoup de choses sont à revoir, le reste est assez bien rodé et la dernière ligne droite qui mène vers le départ se fait en douceur.
MILLAU (départ) -> PEYRELEAU 22km - 161ème - 2h11 - Que d’émotions !
Rares sont les courses que j’ai couru deux fois et même si ce n’est pas le même parcours, il ya des éléments de comparaisons. Je me sens étrangement serein et calme alors qu’à cette même place je bouillonnais l’an passé, je suis devant au lieu de batailler à l’arrière et surtout alors que le départ m’avait laissé indifférent, cette année j’ai les larmes aux yeux de bonheur de pouvoir simplement courir librement.
J’ai quand un peu de mal à me caller dans un rythme qui n’est pas le mien alors j’observe mais je ne connais personne à cet endroit du peloton. Après quelques kilomètres d’échauffement, j’ai l’impression d’être trop à l’avant par rapport à ce que j’avais prévu mais je ne respire même pas. Je décide de prendre repère sur les filles. Je garde en vu les foulées de Virginie qui discute tranquillement quelques dizaines de mètres devant. A l’écoute de mes sensations, je suis plutôt envahie d’émotions très fortes qui sont difficilement contrôlable ; je suis vraiment très ému sans en connaitre la cause. Le temps passe tranquillement, le rythme est paisible et le soleil se lève doucement en même temps que nous descendons vers le premier ravitaillement.
On m’annonce 140ème, je suis surpris même si je ne sais pas si c’est bien ou pas. Cela fait plus de 2h et j’ai peur alors je cherche Anne que je retrouve avec bonheur. Je lui demande quoi manger et elle est surprise. Une Mulebar bien évidemment. Je prends vraiment tout mon temps pour ne faire aucune erreur car je sais que tout peu basculer. On discute cela me rassure et je repars tranquillement. Je suis bien et je me remets dans la tête que le but est simplement de finir. Le peloton est encore dense et j’ai perdu 21 places en un clin d’œil sur le ravito…
PEYRELEAU -> ST ANDRE DE VEZINES 14.5km - 150ème - 3h33 - Gestion et réserve !
Je temporise pour ne pas repartir trop vite. Certains coureurs s’emballent, d’autres partis trop vite commencent à payer. Il est dur de trouver un rythme. Un moment coincé derrière un petit groupe je pars seul à ma main dans la montée que nous avions repérée un mois plus tôt lors de notre venue pour les 100 kms de Millau. Finalement notre reco ne nous aura pas servie à grand chose puisque nous évitons toute la partie suivante pourtant magnifique.
Les sensations sont bonnes dans la partie roulante qui suit. Je me retrouve de long moment tout seul entre les coureurs que je rattrape un à un. J’ai une bonne allure, nous passons dans des endroits magnifiques par instant éclairé par un soleil timide. Le moral est au beau fixe. Je sens quand même que je n’ai pas les jambes pour envisager de finir sans douleur. Oui je vais un chier mais aucun des symptômes habituels n’est là et je sais au fond de moi que cette fois ça va passer.
Je suis surpris de voir autant de monde au ravito alors que cela fait un bon moment que je navigue en solitaire. Pas de Anne, je contrôle mes inquiétudes et me dis qu’il n’y a rien de grave. Je fais le plein rapidement et repars sur ma lancée pour ne pas me retrouver trop seul.
ST ANDRE DE VEZINES -> LA ROQUE ST MARGUERITE 9.5km - 136ème - 4h46
Les descentes passent toutes seules alors sortant un moment de ma réserve, je me laisse aller et le fait plaisir en envoyant dans les portions plus raides. Je pense à Anne en souriant car il est vrai que les Cabrakan ont une accroche inégalable sur ce type de terrain glissant. Le temps passe sans monotonie comme les paysages qui sont différents de ce que nous avons aperçu jusque là mais tout aussi magnifique
Enfin une vraie descente après celle de Peyreleau très roulante. Là je dois avouer que c’est vraiment très technique. Des passages entre les buis, en devers, dans la boue, des slaloms dans des chaos de rochers… Ca envoie du gros et sans connaissance de la suite, je me dis que les organisateurs nous ont gâtés. Je ne sais pas encore que c’est de la rigolade à comparé de ce qui nous attend. J’ai gagné quelque place et je tombe sur Romuald arrêté qui me dit que sans entrainement il ne faut pas rêver pourtant je commence à croire qu’une place dans le top 100 pourrait être possible.
Nous arrivons au ravito après un zig zag dans la Roque. L’ambiance est survoltée, les encouragements font oublier la pluie qui s’est remise à tomber et je retrouve Anne pour un petit bisou. Tous les voyants sont au vert et je prends le temps de discuter et de souffler un peu. Je sais que c’est là que les choses sérieuses commencent mais je ne sais pas à quoi m’attendre.
LA ROQUE ST MARGUERITE -> MASSEBIAU 17km - 176ème - 7h44 - Tout schuss !
Pas le temps de plaisanter ça attaque direct dans la pente. Exit les chemins, c’est taillé tout droit dans les buis. Je me dis que c’est du vrai trail mais au fur et à mesure des éraflures, le sourire commence à se faire grimaçant. Pris dans un groupe j’accélère pour ne pas rester sur ce faux rythme qui ne me convient pas. On m’annonce pas loin des 100 et je me dis que je vais essayer de débrider la machine pour essayer de rentrer dans le top 100.
La descente se fait à bon rythme cardiaque car il est difficile de courir dans ce qui ressemble plus à une sente à sanglier qu’à un chemin. Je plaisante en disant que les seuls moments où j’ai vu des trucs pareils c’est quand je m’étais paumé. La montée suivante est tout simplement monstrueuse : droite dans la pente. Les jambes commencent à être lourdes et le moral en prend un coup. Pas le moment de prendre de risque. Je laisse passer pas mal de monde en essayant de reprendre le dessus.
Le long plat suivant est un calvaire et on a beau dire que ce n’est qu’un coup de moins bien, cela parait interminable d’être englué sur place quand tout le monde avance encore à bon train. Je prends mon mal en patience et suis content de retrouver la descente qui m’emmène au ravito sur un rythme un peu plus correct.
MASSEBIAU -> MILLAU (arrivée) - 154ème - 9h05 - Enfin la fin !
Anne n’est pas là alors je me remonte le moral à coup de formage et de pain. J’ai les mains pleines quand je quitte le ravito et c’est en petit convoi que s’attaque la montée vers la roche percée. Pas de risque de couper, les virages, ils ne connaissent pas par ici. J’ai retrouvé la caisse et je m’envole (enfin presque) vers l’arrivée. Une montée vite avalée, un passage dans la grotte amusant et une descente sur les chapeaux de roues. J’ai conscience que ce sera très dur pour pas mal de monde mais pour moi c’est un régal de retrouver des sensations plus proche du ski que de la course. Je finis à 15 à l’heure en reprenant un à un les coureur jusqu’à la ligne.
Je suis fou de joie d’avoir terminé, je suis fou de joie d’en avoir fini d’une longue série de malheur, d’avoir mal aux jambes plutôt qu’au cœur et ce n’est pas une fin de course mais le début de la suite logique des choses.
A toute chose malheur est bon comme on dit et cela aura été l’occasion de savoir ceux sur qui je peux compter.
2 commentaires
Commentaire de akunamatata posté le 31-10-2010 à 13:59:00
ben ca fait plaisir de te voir gambader !
Commentaire de laulau posté le 06-11-2010 à 17:57:00
Récit touchant. résultat quand même impressionnant avec si peu d'entraînement.
En espérant que tous tes soucis aient été emportés par la pluie ce jour-là !
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