Récit de la course : Ch'Triman 2010, par gastéropode

L'auteur : gastéropode

La course : Ch'Triman

Date : 29/8/2010

Lieu : Cambrai (Nord)

Affichage : 1615 vues

Distance : 226km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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Un abandon raisonné...mais une bonne journée!

Me revoici donc ainsi à nouveau sur le ch'triman. Je m'étais pourtant destiné cette année à ne faire que de la course à pied. Mais rendant visite aux gars du club, j'apprend qu'une douzaine se prépare pour le ch'tri....alors me revoilà!

LA PREPARATION : pas terrible l'an dernier, elle est franchement décousue cette année. Après un test encourageant sur piste fin janvier (14,8 km dans l'heure), je me blesse au printemps au genou et passe près de 5 semaines sans rien faire, pile au moment d'embrayer en vélo! Pour moi, c'est plié! Je ne ferais pas le ch'triman cette année! Mais en juillet, en vacances à la campagne (sans voiture), je me tape 85 bornes pour acheter une piscine gonflable et je constate que je suis quand même capable d'appuyer sur des pédales pendant 3h30 sans problème. J'essaie alors de profiter de chaque occasion de rouler, même avec le vélo de papa à des intensités très faibles car mes jambes ne supportent pas plus de 110 puls my par sortie.

bilan de ma préparation: 130 h seulement de vélo avant le ch'triman. D'autre part, mon niveau a bien baissé: mon rendement s'effondre: ma vitesse baisse de 7% en moyenne en course et en vélo, mon rendement passe de 16% à 14%. Dans l'année, j'ai réalisé en moyenne 6h30 de course et 2h30 de vélo par semaine et seulement 4 séances de natation dans l'année!En août, un syndrome de l'essui-glace(?) (en courant trop lentement) démarre en course à pied De plus je suis obligé de me replier sur un vélo qu'on me prête et sur lequel je m'entraîne une semaine. En effet, mes deux vélos ont des soucis techniques.... bref,  une prépa de charlot. Malgré tout la quantité d'entraînement est très comparable à celle de l'an dernier, mais est sensiblement plus intensive (à cause de la plus grande proportion de course dans l'entraînement).

LA TACTIQUE DE COURSE. L'année dernière, j'avais souffert pour avoir appuyé en vélo entre le 20ème et le 60ème km et après, je n'avais plus de super et la course avait été très pénible. Vu que mon niveau en vélo est encore plus faible (si si, c'est possible) et que le vent promet d'être plus fort, je fait le pari de gérer au maximum en vélo et de faire plus que rattraper le temps perdu en course. Pour évaluer la bonne allure, je fais chauffer EXCEL: à l'aide de calculitinéraire.fr j'ai réalisé un profil du dénivelé et noté l'orientation de chaque portion de route. J'ai réalisé un modèle qui permet de calculer les watts à réaliser pour parcourir le circuit selon un temps donnée. Par ailleurs j'ai un autre modèle qui permet d'évaluer mes capacités athlétiques (c'est-à-dire le Temps de Soutien en fonction de l'intensité de l'effort) et enfin, je calcule fréquemment au cours de mes sorties la dérive cardiaque exprimée en puls par heure. L'ensemble de ces calculs me montrent que j'ai intérêt en fonction de mon faible niveau en vélo à m'économiser au maximum et à tirer mon épingle du jeu en course. Ma course la plus régulière ferait 1h25 en natation, 10mn à T1, 8h15 en vélo (donc en dehors de la barrière horaire) 5 mn à T2 et 4h05 au marathon. En conséquence je tiens près mon camelback pour éventuellement courir le marathon hors-course en autonomie. Au niveau des puls, cela ferait un effort correspondant à 114 puls en vélo et 128 en course, mais avec la dérive cardiaque (environ 4 puls par heure de compèt), je démarrerais le vélo à 118 en vélo pour le déposer à 133 de moyenne et terminer avec 138 puls de moyenne (ce qui fait des puls en direct de 165 en fin de course).  

L'AVANT COURSE: je suis tranquille car je n'ai aucun doute: Je suis sûr d'en chier! Le parcours semble plus difficile que l'année dernière et surtout le vent est plus fort et la météo moins favorable. D'autre part, j'ai du interrrompre un simple footing cette semaine et je pense vraiment que mon genou va me jouer des tours. Mais je suis content d'être là. Je suis dans l'esprit de prendre cette course comme une expérience, impatient d'attendre de voir si ma tactique et mes calculs sont valables. il y a tellement de soucis  (mon vélo, ma tendinite, mon absence de natation, mon manque de sommeil, mon poids...) que je suis tranquille et que je dors comme une souche.

LA NATATION: très proche de celle de l'an dernier, même si je suis un peu inquiet. Je ne me rappelle plus la période de ma dernière séance de natation! Je me sens oppressé durant les premières minutes et j'essaie d'apprivoiser cette discipline sympa qu'on appelle... qu'on appelle... ah, oui! la natation! Je pars tranquille et après 1000 m je remonte doucement les concurrents. J'essaie d'être technique, pour m'économiser un maximum et éviter une crampe. Naturellement, je suis dans le dernier quart des participants et cela rame pas mal autour de moi. J'ai la chance d'avoir un petit passé de nageur (1mn 10 au 100m NL et 25mn au 1500 m il y a 25 ans) Je termine  en 1h22 (j'ai bien fait de pas m'entraîner!)

LE VELO: PREMIER TOUR: Je respecte mon tableau de marche à la puls près et je roulotte en me faisant doubler par TOUT LE MONDE. J'ai honte de moi quand je suis croisé par les cycliste du coin. Comme ils sont nerveux, racés, véloces sur leur vélo. j'ai l'impression de donner l'ai d'un cyclotouriste égaré sur un ironmasn. Au bout de 2 bornes je me sens tellement plié sur mon vélo que je monte ma selle d'au moins deux cm! Quel con! je m'était imaginé que la tige de selle se déserrait! Le vent est faible sur le premier tour. Je me fais doubler par tout ceux qui sont plus faibles que moi en natation, mais je fais 1h52. Ce résultat me ravis, cela me laisse l'espoir de terminer dans les délai même après la deuxième transition.

LE DEUXIEME TOUR, c'est une autre pair de manche: le vent s'est levé et surtout pèse sur moi la menace d'un abandon prématuré: j'ai de très douloureuses sensations de déchirure aux ischios, c'est à cause de ma connerie du début du vélo. Je suis contraint à 2 arrêts pour descendre ma selle et je doit carrément changer ma manière de pédaler. Jusque là, je moulinais beaucoup pour m'économiser , souvent sur le trente dents, mais là, il y a urgence à ne pas me blesser maintenant que la blessure a commencé. J'emmène plus gros, je modifie l'appui sur la pédale, c'est de la survie quoi... comme par ailleurs, je fais 2 arrêts pipi, je réalise 2h01 sur ce tour pour (1h54 d'efforts). Va falloir appuyer pour sauver la barrière horaire!

LE TROISIEME TOUR est le plus costaud et le plus satisfaisant. j'appuie fort dans les montées, parfois aidé par les points de mire des participants des halfs-ch'trimens qui me boublent à flots. On prend de la flotte aussi et mon dossard se fait la malle. Je fais 1h50 et ma blessure s'éloigne.

je me relache au QUATRIEME TOUR (1h55) et voici l'EVENEMENT (!) de cette partie vélo: je double (non!) mes deux premiers concurrents dans le dernier km! Blague à part, je suis content de mon sort. je ne me sens pas fatigué avant d'aborder le marathon. J'ai l'impression de m'être moins fait mal aujourd'hui en vélo que lors de certaines sorties vélo d'entraînement, ça a vraiment été la course d'attente. La reconnaissance en voiture de la veille m'a aidé à prendre de bonnes trajectoires dans les descentes et à moins utiliser les freins et je me suis forcé à me mettre en roue libre dès que je dépassais 30 à l'heure. En arrivant à 16h10, j'ai 20 mn d'avance sur la barrière horaire et pour moi, c'est une bonne nouvelle. Plus tard chez moi, l'analyse de mes temps intermédiaires m'a montré qu'en moyenne mon rendement en vélo a été de 16% au lieu des 14% de moyenne de cet été, c'est pourquoi j'ai pu terminer en avance sur mes prévisions. 7h40 n'est évidemment pas un bon temps dans l'absolu, mais pour moi c'est plutôt bien. L'an dernier, j'avais fait 7h avec prolongateur et une bonne machine en étant à 144 puls de moyenne, cette année, je fait 7h40 avec une bicyclette de débutant en position cyclo et avec 10km/h de plus de vent en étant à 128 puls. C'est pour moi de vraiment bonnes données.

LA COURSE SE PRESENTE BIEN  sur le plan de l'énergie, reste le problème de la tendinite. 

AU DEBUT, justement ce n'est pas terrible. Je suis à 10,4km/h et je la sens un peu. Je continue à m'amuser à respecter mon plan de marche au cardio et donc à monter progressivement en pulsation.

LA MARCHE VERS LE "TRIOMPHE". Je croise Daniel qui m'a hébergé ainsi que Paul mon frère également dans la course. Je suis en train de parler avec ma tendre et chère. Depuis l'écotrail où j'avais son portable, j'aime partager un peu le déroulement de ma journée avec elle. Daniel me glisse "la classe! " parce que je téléphone en courant. Un camarade de club qui a 2 tours d'avance (!) sur moi me glisse: "tu dois être bien si tu es capable de téléphoner en courant!". Je me rend compte qu'il me "suffirait" d'un marathon en 4h pour faire exactement le même chrono que l'an dernier, cela me motive pour appuyer. J'utilse les ressources de la tri fonction pour ne pas m'arrêter aux ravitos: je chope les gobelets au vol, je les écrase et les fourre dans ma poche cycliste, ce qui me permet de les boire à mon rythme, de ne pas m'arrêter à la fin des zones de propreté et je gagne pas mal de temps. à ma grande surprise, je reprend presque personne parmi les triathlètes qui sont dans le même tour que moi: les distances doivent vraiment être importantes! De toutes manières je fait ma course pour valider mon vécu de sportif et mes modélisations de l'épreuve. Justement, il y a un souci avec la dérive cardiaque. Je l'ai calculé de manière linéaire: 10h de course à 3 puls par heure donne 30 pulsation en plus de la pulsation de départ, ce qui est considérable et en jouant à la suivre à la pulsation près cela m'a conduit à la surchauffe en course. En vélo cela m'a permit de garder la même vitesse alors que le vent forcissait. En course, je suis passé de 10,7 à 11,2 km/h. J'appuie fort, je garde le rythme de gars qui ont 2 tours d'avance sur moi, mais vers le 19ème je commence à en avoir plein le bottes.  

l'ARRET: je décide de baisser un peu la vitesse, mais j'enclenche sans le savoir un cercle vicieux. Avec la fatigue, je ne suis pas capable de maintenir la forme de ma foulée en baissant la vitesse. Je ne constate cela en spectateur, mais cela va tellement vite! Je me recroqueville, ma foulée est moins en force et se dégrade et au bout de 500 m ma tendinite reparaît, forte. Je ne savais pas que j'étais si près de la correctionnelle. Au 22ème km, je téléphone à ma femme pour lui annoncer mon abandon. Cette solution s'est imposée à moi. Si je continue, je prends le risque de me blesser gravement, et je n'ai pas envie de ne pas pouvoir courir pendant 6 mois: comme ferais-je pour aller au boulot en courant, pour me défouler, pour progresser? D'autre part, j'ai eu la chance l'année dernière d'être finisseur du ch'trima. Il y a bien la solution de la marche (3h environ) mais cela ne m'apportera pas la satisfaction d'avoir bien "couru"le ch'tri. De plus, demain matin mon frangin (qui me transporte) doit aller bosser et je n'ai envie de le faire attendre 2h simplement pour terminer en marchant. Un bénévole se fait fort de me faire changer d'avis. je refroidis son enthouiasme en étant clair et tranquille: non, ce n'est pas le courage ni l'énergie qui me manquent. Je ne veux pas me blesser 6 mois simplement pour être double finisseur de cette course.

LA FIN DE JOURNEE. C'est partie pour 3 bornes de marche après avoir accompagné Daniel (qui alterne marche et course) et téléphoné à ma famille pour donner de mes nouvelles. J'appelle alors Paul qui a déjà terminé! Je ne le sais pas encore, mais il a abandonné 1km plus tôt une heure avant moi sur une... tendinite!   Dans la voiture on analyse notre course. Dans un jour sans, il en a chié en natation (1h10) et vélo (7h) et n'a été bien qu'en course. Je lui dit que jusqu'à la tendinite, j'ai passé une bonne journée. Contrairement à lui, je n'ai pas cherché à faire un temps en vélo (c'est dur dans le vent). Il se promet qu'à l'avenir il cherchera peut-être à davantage s'économiser en vélo. Ma tendinite est du à un entraînement trop chaotique (pas de vélo pendant des mois, puis beaucoup de vélo sans course) engendrant vite un sur-entraînement alors que le volume n'est pas très important. La sienne serait davantage due à un sous-entraînement en course (2 footing par semaine, c'est un peu léger pour lui).

BILAN: malgré ma "préparation" tirée par les cheveux, le résultat est pas si mal. J'ai pas été loin d'être finisseur dans des conditions difficiles. Je crois que ma gestion de course y est pour beaucoup. La modélisation d'une précision sûrement pas terrible m'a néammoins rassuré et le plus important m'a donné confiance dans une tactique dont je ne me suis pas départie même si ce n'est agréable en vélo de ne pas faire la course et de laisser filer tout le monde. Une erreur dans le calcul de la dérive cardiaque m'a amené à faire un effort d'intensité croissante plutôt que constante. Cette erreur m'a permis de rentrer largement dans les délais en vélo mais m'a peut être coûté ma tendinite. Si je m'étais limité à 10,8km/heure en course, j'aurais peut-être pu tenir le marathon en entier. La tendinite s'est déclarée sous 10,5 km/h. L'année dernière j'avais 3 objectis: 1) terminer 2) en bonne santé 3) avec une intensité régulière. Je n'avais réussi que le premier. Cette année, j'ai presque réussi le 3ème. J'espère remettre ça l'année prochaine pour rendre enfin une copie propre!

Résumons-nous: ma puissance est vraiment limitée, mon endurance cardio vasculaire est pas mal parce que cette journée ne m'a pas trop fatigué. Le test de mes différentes modélisations a été plutôt positif. Cela me permettra d'envisager ou non une participation a de plus grosses courses en fonction de leur faisabilité. Cette course à confirmé que la gestion de l'effort c'est la moitié du résultat, l'entraînement au sens large (entraînement, hygiène de vie) en étant l'autre moitié. Cette course m'a confirmé également que si le moteur est assez fiable (il tient longtemps) le chassis n'est pas au niveau.

PERSPECTIVE: je me blesse trop, il ne me reste plus beaucoup de cartes pour progresser: plus de régularité dans l'entraînement, plus d'étirement, de sommeil pour instaurer des routines d'entraînement plus respectueuses de ma fragilité articulaire et pour faire enfin correspondre davantage mon potentiel énergétique et mon système locomoteur. Embrun est à ce prix. Sinon, j'espère pouvoir continure à me défouler en pratiquant des sports d'endurance

 

2 commentaires

Commentaire de bigpeuf posté le 12-10-2010 à 10:53:00

hé bé, ça gere fort !
bravo à toi et pour ta raison.
C'est claire que les blessures, c'est prenant !
bon recup hivernal
A+
le BIG 'ptet un jour dans le nord'

Commentaire de raspoutine 05 posté le 12-10-2010 à 14:09:00

C'est sur qu'on a besoin d'être en forme pour ce genre de distance. Au moins vois- tu la chose avec humour, voire philosophie. Sans compter que tu as la sagesse de t'arrêter a temps.
Toutes des qualités utiles pour ton bel objectif.
Il n'y a plus qu'à laisser passer l'hiver pour se retaper et puis, qui sait ? Peut-être diversifier le sport histoire de ne pas se lasser tout en poursuivant le travail.
En tout cas bon courage pour la suite !
Raspa

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