L'auteur : Mustang
La course : Courir dans les Pas de Gazelle - 27 km
Date : 3/10/2010
Lieu : Grezieu Le Marche (Rhône)
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Distance : 27km
Objectif : Pas d'objectif
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Sur les traces de la Gazelle
Ce dimanche 3 octobre, je quitte Lyon à bord de la voiture de Tophenbave alias Christophe. La journée s’annonce radieuse. Je vais apprécier de me laisser conduire vers Grézieu-Le-marché. Les rues de Lyon, à cette heure matinale, sont calmes. Nous traversons des faubourgs avant d’attaquer la campagne puis les contreforts des monts du Lyonnais. Christophe et moi faisons connaissance, chacun à son tour dévoilant quelques pièces du puzzle de notre vie sportive.
Je suis heureux d’avoir tenu mon engagement pris voilà bien des mois sur le forum de Kikouroù d’être présent à Grézieu ce jour. Je me revois désemparé ce 8 mai 2009 au soir dans le gymnase de Crest lorsque Nico était venu nous rendre visite. Nous étions sous le choc de la disparition de Séverine, un an après celle de Lolo dans des conditions similaires. Aussi quand j’avais lu en novembre de l’année dernière l’annonce de Badgone sur un trail en mémoire de la Gazelle, je m’étais promis d’y aller. Mais entre vouloir et pouvoir, les choses ne sont pas aussi simples. Il est des luttes qu’il faut mener sur des terrains non choisis. Sur ce point, l’été fut désastreux. J’ai repris l’entraînement que début septembre mais j’accuse le coup du traitement de l’été. Cependant le petit trail d’Ecouché couru mi-septembre m’a redonné confiance mais j’aborde celui de Grézieu sans grande illusion sur ma forme. Mais ce n’est pas l’essentiel : le plus important est de retrouver les amis ; de ce côté-là, je vais être gâté !
Nous arrivons vers 8h30 à Grézieu. Le village en lui-même est désert mais un fléchage nous conduit vers la salle polyvalente située à l’extérieure de la bourgade. L’agitation sans être fébrile est déjà perceptible. Les bénévoles revêtus d’orange s’activent. Des musiciens à l’entrée de la salle se préparent à faire le bœuf. Badgone est déjà à la manœuvre !! J’essaie de repérer les kikous présents grâce au rouge emblématique. Ils sont encore peu nombreux à ce moment. Un café avec des gâteaux « maison » est proposé. Je me laisse tenter ! Près de l’estrade au fond de la salle, un grand poster représentant Séverine radieuse dans la neige est placé sur un chevalet. A l’entrée, sous le tracé de la course, placés sur une table, des messages d’amitiés sont proposés à la lecture des coureurs. Christophe et moi allons placer les banderoles Kikouroù sur les barrières de la zone de départ. Puis Christophe retourne à sa voiture se préparer. Moi, je suis déjà en tenue. Juste un running court et le maillot Kikouroù. Mais pour l’échauffement, j’enfile un débardeur Odlo. Avec Ratatouille, nous partons au petit trop vers le village pour y effectuer un petit tour de chauffe. Au retour, j’enlève le débardeur. Il va faire chaud ! Je suis anxieux encore plus que d’habitude. Je crains les réactions de mon corps mal préparé.
Nous retournons à la salle. Les kikous sont arrivés : Belet, Blob, Fulgurex et Jupette, Ludorsan, Maï74, Martinev, Paspeur, Patcap21, Jean-Michel Touron, Nico et quelques autres encore. Il y a les noms sur les casquettes mais pas sur les bandanas !!! Badgone me présente au père de Séverine. L’atmosphère de la salle est étrangement sereine, je dirai même feutrée. Les bénévoles offrent le café. Les coureurs emplissent la salle. Soudain, je le vois. En toute simplicité comme à son habitude. De bonne grâce, Dawa Sherpa se prête à la séance photo souvenir avec moi ! J’en suis très fier !
Bientôt, l’heure du départ arrive. Les coureurs se regroupent derrière l’arche du départ. Badgone prend la parole. Il lit quelques messages adressés par des coureurs absents puis donne la parole à un traileur étranger qui s ‘exprime en anglais. L’émotion est palpable. Ce matin d’octobre s’est mis au diapason de l’événement : l’air est calme, la température douce et le ciel est merveilleusement d’un bleu pur. Puis, à la demande de Badgone, nous applaudissons, nous applaudissons …
C’est le départ. Je me place en fond de ligne ! Nous sommes dans les Monts du Lyonnais. Le relief est sans concession. Tout de suite, le parcours le montre. Mon parti est pris, je n’ai pas encore surmonté ma fatigue générale : ce sera une rando photos ! Alors, je sors l’appareil photo. Je cours, je marche, je m’arrête, je photographie. Le cadre est superbe ! Mais que les pentes sont raides ! J’aperçois encore le maillot fièrement normand de patcap21 qui arbore les léopards d’or. Un peu de goudron succède à un chemin puis nous traversons un petit bois montant. Le peloton a vite fait de s’étirer ! Les passages le long des champs ou des herbages vont succéder aux passages dans les bois. Après une petite boucle au sud-est, nous repassons au large de Grézieu. Le chemin est toujours ascendant. Je photographie le photographe dans un petit chemin puis nous nous engageons dans une pinède ( ou sapinière !!) pour déboucher sur un autre versant. Des coups de feu se font entendre. Des chasseurs arpentent les champs. La lumière d’automne est merveilleuse. je cours ou je marche suivant la pente, je m’arrête pour les photos, ça me convient comme rythme ! Nous redescendons à la pointe d’un lac où se situe le premier ravitaillement après le km7. L’accueil se fait en musique par une joyeuse troupe très colorée. Le ravitaillement solide est somptueux. Ce ne sont que des friandises appétissantes. Comme boisson, je me contente de l’eau refusant le jus de pomme( ?) peu adapté à ce genre d’épreuve.
A ce stade, les coureurs du 12 rebroussent chemin le long du lac tandis que les autres continuent. Bien sûr, l’engouement pour le long est moindre ! Je me retrouve assez esseulé à emprunter un méchant chemin boueux encaissé montant (4 adjectifs pour un seul nom !). Je n’ai pas d’allure mais la suite de la balade va se révéler plaisante par ses paysages. Certes, les coureurs à photographier se font plus rares !! Pas grave, je les attends ! A un moment même, j’avise un fauteuil pliant abandonné un moment par un signaleur pour m’y asseoir et ensuite encourager en les applaudissant les quelques coureurs qui passent devant moi ! J’ai bien fait de m’asseoir un court instant car ça remonte sec ! Je me retrouve avec deux féminines et un coureur. Puis le chemin redescend vers le deuxième ravitaillement tout aussi sympathique que le premier. Les bénévoles n’ont pas perdu leur temps, certains ont cueilli des cèpes, pas les meilleurs mais c’est toujours ça de pris.
Avant le départ, j’avais toutefois jeté un coup d’œil sur le profil : mis à part le vallonnement fortement marqué de l’ensemble, j’avais bien remarqué, comment dire, la tranchée, non la faille, ... le gouffre aux 2/3 du parcours. Eh bien, nous y voilà ! Plus d’un km de descente soutenue. Ah, joli le chemin bocager bordé de chênes où nous passons sous l’œil indifférents des vaches dans les herbages voisins. Mais qui descente, dit remontée ! Et ça remonte ! Je rejoins en marchant un groupe de 4 coureurs avec lequel je fais un peu d’humour ! Nous continuons à alterner les passages boisés avec des parties plus champêtres. J’avise un des coureurs du groupe. Il est un peu en avant, je me porte à sa hauteur. Il n’a pas de réserve d’eau ni quoi que ce soit pour s’alimenter. Nous sommes sous le coup de midi et il fait chaud. Je lui propose de boire à mon camel-back puis lui offre une pâte de fruit. Je connais trop les méfaits d’une mauvaise hydratation ! Pour mon compte, je continue à mon petit rythme. Je ne veux pas me mettre dans le rouge n’ayant aucune réserve !
Après le km 23, je retrouve le ravitaillement au bord du lac. L’ambiance est tombée. Il est vrai que nous sommes les derniers sur le parcours. Mais les bénévoles sont toujours aussi gentils ! Le chemin me conduit le long du lac. Il ne reste que quelques kilomètres. A partir de ce moment, je chemine en compagnie des marcheurs. La plupart s’écarte de bonne grâce à mon passage mais certains non, trop occupés à bavarder ! Pas grave, je n’ai rien à prouver. Certains m’encouragent. J’aperçois que certains ont fait meilleure cueillette que les signaleurs. Ils ont dans leurs mains de magnifiques bolets ! Nous revenons par le même chemin qu’à aller. J’essaie de négocier avec une marcheuse son bâton de marche ! Voilà le chemin par lequel nous sommes descendus tout à l’heure qu’il faut bien sûr remonter. C’est l’entrée du village. Je tourne à gauche puis cours vers l’arche d’arrivée. Il est 13 heures. L’aire d’arrivée est quasiment déserte ; seuls les chronométreurs font leur office. Je suis déçu, Badgone n’est pas là pour m’accueillir ! Il est occupé à la remise des récompenses du trail court que je croyais prévu à 14h.
Voilà, c’est fini. Le parcours fait presque 28 km pour 1 168 m de D+ à mon Garmin. Je me détends enfin. Je retrouve les kikous ! Ludorsan s’est blessé à la cheville mais a continué jusqu’au bout. Badgone vient toutefois me féliciter après les podiums du 12. Maintenant, c’est la détente. Jupette m’offre une bière bio ! Christophe fait dédicacer son dossard par les grands noms du trail présents ! Dawa Sherpa et son épouse dédicacent un livre. Je file à la douche. Les vestiaires sont nickel et la douche chaude –trop ! Puis c’est le repas en compagnie de Christophe, Ludorsan et son épouse, Fulgurex et Jupette et du jeune Jean-Michel Turon. Le tajine de poulet est excellent, le fromage de chèvre délicieux ! Puis ce sont les podiums du long. Beaucoup d’émotions avec Maï74 et Martinev, puis quand c’est le tour de Dawa Sherpa.
L’émotion se poursuit quand tous les bénévoles de la course, en fait pour la plupart, la famille de Séverine, montent sur l’estrade.
Un esprit a soufflé ce jour sur Grézieu, l’esprit de la Gazelle. Merci à tous.
2 commentaires
Commentaire de LtBlueb posté le 11-10-2010 à 13:29:00
un grand merci à toi pour ta présence et pour nous avoir raconté ce moment d'émotions, ou une fois de plus l'esprit kikourou fut au RV !!
Commentaire de totoro posté le 12-10-2010 à 12:47:00
Merci pour ton récit et ta rencontre ! à bientôt !
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