L'auteur : LutetienND
La course : Trail du Bugul Noz - 37 km
Date : 31/7/2010
Lieu : Quistinic (Morbihan)
Affichage : 1161 vues
Distance : 37km
Objectif : Pas d'objectif
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Le Bugul Noz est un trail qui a un bien joli nom. Comme j'étais en vacances près de Carnac, ça m'a donné envie de participer pour découvrir à quoi pouvait ressembler un trail en Bretagne. Nous voilà donc inscrit : mon LutetienND junior sur le 21km et moi sur le 37km.
Le plaisir du trail commençant par la préparation, j'en profite pour briefer mon fils sur la gestion de sa course : alimentation, orientation, et surtout, découverte de la course de nuit à la frontale. Une petite sortie nocturne de familiarisation avec lui la semaine précédente dans un parc qu'il connait bien a été l'occasion de le familiariser avec la gestion de son matériel.
Ce trail fait partie de ma préparation au Grand Raid des Pyrénées, mais je suis un peu inquiet sur mes capacités : ça fait deux semaines que je traine une vague douleur à la hanche gauche et je me demande si ça va tenir pour la course.
Il y a eu deux versions différentes de l'heure de départ (18h ou 18h30) sur le site de la Bugul Noz, mais aussi dans les forums et sur le journal Ouest France. Du coup, on n'est plus très sûrs de celle qui est la bonne et on prend la route assez tôt, pour arriver vers 16h à Quistinic. Le lieu de départ est facile à trouver : fléchage nickel "Le Telegramme / Bugul Noz" sur la route, parking sympa tout près de la ligne de départ. Retrait des dossard hyper rapide : il y a une armée de bénévole pour une course qui ne semble pas accueillir tant de participants. Tient, le chronométrage sera fait avec une puce...
Vient le transfert vers la ligne de départ, avec les navettes de l'organisation. Vingt minutes de bus : un petit crachin démarre et semble même s'amplifier alors qu'on se rapproche du départ. Mister Météo avait pourtant prévu des éclaircies pour la soirée, mais, pour le moment, le ciel est bien gris et les nuages défilent très bas. L'aire de départ est située près d'un jolie chapelle qui, selon un gars du coin, "ne sert que deux fois par an : pour le pardon et pour le trail". Finalement on est là assez tôt (vers 17:00), et il fait plutôt frisquet. Donc, au fur et à mesure que les navettes arrivent, beaucoup de coureurs se réfugient dans la chapelle et se retrouvent dans la pénombre, sagement assis sur les bancs. L'avant-course est donc très... recueillie. Les langues se délient un peu : mon fils se met à discuter avec un "ancien", qui a fait plusieurs fois le Bugul Noz, et qui commence à lui raconter combien c'est dur et qu'il va en baver... Du coup voilà mon LutetienND junior qui se met à stresser et je suis obligé de passer un petit bout de temps à le coacher en gestion du stress : "tu as déjà pas mal d'expérience du trail, sur le papier il ne semble pas si dur que ça, dans tous les cas -et même si c'est dur- concentre toi sur le plaisir de courir,....".
Rassemblement dans l'aire de départ. Je salue Bleau78 et TomTrailRunner qui portent fièrement la casquette Kikourou et que je rencontre pour la première fois. Les discours sont un peu longs et on n'entend absolument rien quand on est, comme moi, au milieu du paquet. J'entends juste quelques mots de l'organisateur (Cristophe Mallardé) qui jettent un froid sur l'assistance : "... si vous partez trop vite, ce sera une hécatombe...". On attend un peu, le dernier bus et les coureurs qui sont là depuis longtemps commencent à trouver le temps long.
Finalement, top départ à 18h15 (!) au son de la cloche de la chapelle. Je m'etais promis de partir tout doucement, mais le premier km est en descente sur du goudron et je pars... finalement assez vite. Je vois Bleau78 et TomTrailRunner partis à fond de train devant, et je n'essaye même pas une seconde de les suivre : on ne doit pas jouer dans la même catégorie me dis-je.
On rentre dans la première section montante monotrace dans les bois. Finalement, je suis content de m'être un peu emballé au départ, car ça ne bouchonne encore pas trop. Un coureur me dépasse : il court avec son chien en laisse. Je lui demande si c'est le chien qui le tire... Mais, non, la laisse n'est pas tendue. Je les laisse partir devant. Je garde un rythme assez élevé pendant la première heure de course qui, finalement, est assez roulante : 170 pulse / 10kmh. On est presque toujours dans les bois. Ca monte et ca descend et les montées sont assez douces. Je me force à marcher un peu, mais les pentes me semblent moins sèches que dans la vallée de Chevreuse. Le temps se dégage peu à peu et le soleil commence à poindre de plus en plus entre les nuages. Du coup, les conditions sont idéales : températures assez fraîches pour la saison. A deux trois reprises, un beau rayon de soleil traverse une clairière dans les bois et il y a de vrais moments de grâce... visuellement : la forêt, un ou deux trailer en point de mire, les fougères, le soleil. Je profite pleinement de ces moments. Il y a même des champignons (des "petits gris", qui affectionnent les forêts de résineux). Dommage, ce n'est pas le moment de s'arrêter pour une cueillette!
Passage au point d'eau (km 13). Sur la carte, le ravito était marqué près d'un chateau et je m'étais imaginé qu'il était dans le parc du chateau. En fait non, il est sur une route un peu avant de passer au chateau. Fidèle à mes habitudes, j'ai essayé de courir en autonomie totale. J'ai tout ce qu'il faut sur le dos, et je ne m'arrête pas au ravito. Je repars tout seul et je courrais le reste du trail presque toujours tout seul, ce que j'aime beaucoup.
Un coureur en orange me dépasse dans une montée. Je le remarque car il porte des écouteurs et il écoute de la musique "à fond", à tel point que j'entends le zinzin. Sur le moment ça me gêne : ça casse l'ambiance. Moins d'un km plus loin, dans une descente, je le vois tomber puis se relever en boitant. Manifestement une entorse. Pas de chance pour lui. Je demande s'il veut que je previenne les prochains bénévoles. Pas de réponse. Il ne m'a peut-être pas entendu à cause de la musique!
Entre le km14 et le km17, je passe par un véritable "état de grâce". Le terrain est ludique, avec belles monotraces serpentant en sous-bois, des faux plats montants et descendant. Quasiment aucun caillou, le terrain est souple sans être sablonneux et amorti parfaitement. La foulée est légère, ma hanche ne me fait pas mal, et je me fais plaisir à courir presque dans un silence parfait avec l'impression de voler. Je sais que cela ne va pas durer, mais je savoure ce moment de plénitude.
Mon prochain "objectif" est le km17, là où le trail rejoint la course nature de 21km dans laquelle mon Lutetien junior est engagé. Avant le départ, j'ai fait un savant calcul sur la base de sa vitesse estimée et de la mienne : normalement, il a du passer à ce point environ 15mn avant moi. On ne sait jamais, et j'espère vaguement le rattraper pour avoir le plaisir de finir avec lui. J'arrive au km 17 en un peu moins de 2h.
Juste après, premier point de passage : validation de la puce et début du "challenge du meilleur grimpeur". Effectivement, ça monte. Je me garde bien d'accélérer et me contente de monter en marchant d'un bon pas ave deux/trois autres coureurs. Un seul TGV nous dépasse à fond. Il en a manifestement encore sous la pédale. Second point de passage et fin du challenge. Je suis monté en 7mn52s. On verra à l'arrivée combien a fait le premier.
Km 20, on arrive au Moulin de Botconan (du moins je crois, car je commence à m'y perdre dans toutes ces montées/descentes). Il y a un café et des gens nous tendent des gobelets de bière. Je suis tenté un bref instant par la pensée d'une bière bien fraîche. Mais il reste 17km et ce ne serait vraiment pas sérieux. Je ne m'arrête pas et je rattrape l'homme au chien quelques centaines de mètres plus loin. On discute un peu. Le chien a un an. Je demande au maître commet il fait pour ravitailler le chien. Il m'étonne en répondant que le chien ne mange rien sur le trail. Je me demande comment c'est possible : nous, les humains, on a quand même besoin d'un peu (!) de glucides et de beaucoup d'eau pour boucler 37 bornes en courant. Le chien trotte, joyeusement me semble-t-il, assez loin de vant son maître qui ne le tient plus en laisse.
Un km après la bière, on passe devant une superbe maison en ruines, qui est toute seule au milieu de la forêt. J'entrevois brièvement une cheminée monumentale absolument magnifique.
km 24 : il commence à faire sombre dans les passages forestiers. Ce n'est pas encore absolument nécessaire, mais je décide de mettre la frontale pour sécuriser ma course. Depuis le début, je m'attache à rester bien concentré sur les obstacles : je tombe trop souvent par défaut d'attention en trail, surtout en fin de course, quand la vigilance diminue. Il faut vraiment que je m'améliore sur ce point. Je commenceà rattraper les derniers coureurs du 21km. Toujours pas de LutetienND junior en vue.
Km 27 : ravitaillement dans un village. De nouveau, je ne m'arrête pas. Il reste 7km pour l'arrivée et je me sens vraiment bien. Je dépasse de plus en plus de coureurs. Certains ne sont pas bien du tout. D'autres sont seulement très ralentis. On se passe et se repasse avec deux coureurs. Ils sont meilleurs que moi sur les montées (plus légers), mais je les reprends sur les plats et les descentes.
Km 30 : la course traverse le village/écomusée de Poul Fétan.On serpente un peu. Je connais ce village, pour l'avoir visité en journée. De nuit, en fin de course, c'est plus... fantômatique. Avant dernière montée de la course, juste après le village. Toujours pas de crampes, mon autre souci récurrent. Je décide d'essayer de courir l'intégralité des 4 derniers km.
Km 33 : début de la dernière montée vers le bourg de Quistinic. Jusque là, le parcours a été très sec. Mes chaussures sont poussièreuses mais pas mouillées. Les organisateurs en ont décidé autrement : la montée se fait dans un chemin creux boueux, dans lequel coule un petit ruisseau. Il y a pas mal de coureur du 21km. Pour pouvoir les doubler, je me fais le ruisseau dans toute la montée. Chaussures mouillées maintenant. Une petite descente. J'accélère pour passer un groupe de 3 et me retrouver de nouveau seul.
Km 36 : on rentre dans le bourg. Dernier coup de cul : je me retourne et je ne vois plus aucune frontale derrière moi. Rien devant non plus. Je décide de déguster le dernier km. Je m'attends à ce qu'il soit dans le village, mais pas du tout : il repart dans un délicieux chemin creux, bien obscur et mystérieux, qui contourne le stade. Finalement on ne retrouve la "civilisation", son speaker et ses lumières, que 150m avant l'arrivée.
Je retouve mon fils qui est tout content de sa course. Premier -et seul- junior, il aura même sa coupe.
Bilan de la course :
2 commentaires
Commentaire de TomTrailRunner posté le 01-08-2010 à 12:46:00
superbe course et gestion nickel :-)
Bravo pour toi ainsi que pour cette organisation pile poil.
On se reverra dans les pyrénnees
Commentaire de Bleau78 posté le 02-08-2010 à 14:02:00
Belle Gestion de course, moi j'ai bu un peu de bière quand même...
Au plaisir.
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