Récit de la course : Trail du Georgeant 2010, par les machine-gônes

L'auteur : les machine-gônes

La course : Trail du Georgeant

Date : 17/7/2010

Lieu : Ceignes (Ain)

Affichage : 1301 vues

Distance : 14km

Matos : Une jupette et un appareil photo...

Objectif : Se dépenser

2 commentaires

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Ceignes, heure de la guerre !

A l'origine, le trail du georgeant ne se présentait pas sous les meilleures auspices. A vouloir zapper la récup' après la Transmontjoie pour jouer au tennis, le machine-gone s'était contracturé le mollet dans la semaine et boîtait à peu près autant que le capitaine crochet dans Peter Pan. Quant à la machine-gone, le semi marathon de la forêt de l'Espinasse 3 jours après les 20km & 2000 de D+ de la Transmontjoie, et 3 jours avant le trail du Georgeant, paraissait lui avoir fait toucher du doigt ses limites physiologiques et nerveuses.

Dans la voiture, l'ambiance était donc à l'indécision et les facéties de la route autour du col de Ceignes laissaient planer sur les valeureux mais usés machine-gones la menace d'une arrivée tardive, voir peut-être d'une disqualification prématurée. Une fois à proximité, la MG ne voulut d'abord pas sortir du véhicule car le temps mettait en péril son brushing datant d'à peine une heure. Finalement seules quelques gouttes s'écrasèrent sur le part-brise et les nuages s'éloignèrent sans manifester plus d'hostilité.

Fort heureusement donc, nous voilà garés au village de Ceignes où le départ a lieu, habillés, coiffés, hydratés, et il reste facilement...  4 ou 5 minutes au moins ! Récupération des dossards, fingers in the nose donc (mais remboursement des 8 euros pour le MG car décidément incapable d'utiliser sa seconde patte arrière). Sur la ligne de départ, dernières directives, chacun se cale dans les starting blocks (c'est une vue de l'esprît, les starts sont imaginaires en fait). La MG a une forte envie de faire pipi. Le MG lui enjoint de s'y rendre immédiatement dans les 57 secondes qui restent, mais la MG ne veut pas lâcher sa position en première ligne à côté du recordman de l'épreuve Baptiste Choukchouk (on cite ce nom de mémoire).

Coup de fusil (là aussi, c'est une vue de l'esprit), et départ du pelloton dans un nuage de fumée. La MG part en trombe, traînant dans son sillage une poignée de jeunes coureuses aux dents longues. Le MG se rue sur son véhicule pour aller prendre quelques clichés aux meilleurs endroits du parcours. Après 25 minutes d'une explication très claire d'un des organisateurs, il peut enfin partir à l'endroit stratégique situé au bout d'une ligne droite à 5 km de là, juste à temps pour voir passer les premiers coureurs (dont le fameux Baptiste Choukchouk qui porte bien son nom car on l'entend arriver de loin un peu à la manière d'une locomotive de la fin du XIXe siècle). On est après la mi-course, aux environs du dixième kilomètre. Choukchouk poursuit le motard-ouvreur avec la détermination d'un ours poursuivant un poulet. Un jeune triathlète l'immite 2 minutes plus tard. Puis d'autres leur emboîtent le pas. Je photographie tout le monde depuis le petit coin de sous bois que j'ai trouvé en répétant à chaque concurrent qu'il est 5e et qu'à peine 1 min 30 le sépare du podium. A partir du 15e, les coureurs paraissent de plus en plus septiques et je cesse de communiquer cette info, même si c'était fait dans un bon esprît, pour leur donner du courage...

 

Le motard n'en mène pas large...
 

 

 De loin, on entend le chouk-chouk !!!
 
 
 
 

La première féminine passe, bien absorbée par la musique de son walk-man, puis il y a un trou. Plus personne n'arrive. Je photographie une arraignée de la forêt pour passer le temps, puis j'efface le cliché (le rapport direct avec la course est trop lointain). Un petit groupe passe avec la deuxième féminine. Puis d'autres concurrents, dont un qui me dit qu'il est allergique aux photos. Je culpabilise en imaginant qu'il risque d'arriver tout enflé ou couvert de boutons... (la suite dissipera cette crainte en fait). Voilà la 3e et la 4e féminine qui arrivent quasiment emboîtées l'une dans l'autre, pratiquement comme desarticulées par l'effort. Je me dis que la machine-gone a une bien meilleure foulée et je ne comprends pas trop pourquoi elle n'est pas encore là (d'autant plus, que je vais perdre la face vis à vis des deux signaleurs que j'ai croisés peu avant et à qui j'ai prédit une victoire écrasante de ma chérie, quasiment imprenable sur cette distance selon mes calculs). Là voilà !!! Elle est 5e, et à peine 1 min 30 la sépare du podium !!! Je le lui hurle, tout en prenant de multiples clichés et en frappant simultanément dans mes mains. Elle gromèle une histoire d'arrêt pipi inopportun que je peine à saisir. Mais je comprends qu'au-delà de sa frustration, elle va tout lâcher, qu'elle va envoyer comme une bête, et que la perspective d'un nouvel exploit historique des machines-gônes n'est décidément plus à écarter totalement !!!

 

 

(La première féminine, au loin...)

(La 2e féminine est un peu dissimulée car vétue de noir, mais elle est là, au fond, tapie dans l'ombre. Et elle trace méchamment)

(La 3e et la 4e, comme reliées par une corde invisible à leur lièvre)

(Et 5ème à tout juste 1m30 du podium !!!)

 

Je me précipite vers un second point de passage pas trop loin de là. 12e kilomètre ? Ce sont presque les mêmes que je viens de voir qui passent là. Ils sortent du bois et semblent plonger dans un trou creusé dans la roche. On les avertit du danger bien sûr, mais ils foncent têtes baissées. Plein de locaux sont là et réservent leurs encouragements pour les locaux. Dont la 3e et la 4e féminine qui s'engagent à leur tour dans la creusée précédemment décrite - ceci sous les holas de la foule en délire. Ma chérie arrive sans tarder. Il n'y a plus que 30 secondes de retard. Sans mes hurlements de rigueur destinés exclusivement à communiquer les informations essentielles à la gestion mesurée et lucide de cette fin de course, elle passerait dans un silence de mort. Heureusement, j'anime au mieux ces instants magiques : "Vas-y chérie, tu vas la défoncer, la 3e est à 20 secondes. Donne tout. Elle est cuite !". La MG paraît voler. Elle est sur un nuage. Je sens que rien ne pourra plus la stopper. Je rejoins en éclopé surexité notre monstre de métal et de feu (enfin notre voiture) pour atteindre le village où elle va déboucher sans târder.

(Des gens -gens)

 

 

(Le lièvre a fini son boulot)

 

 

(L'armée rouge au trousse de la 3 et 4)

 

 

(Les locaux médusés)

 

 

 

(Faut aller dans le trou...)

 

 

(Par là...)

 

 

 

 

 (Pendant les 2 derniers km, ça doit ressembler à ça... enfin j'imagine)

 

En chemin, je suis un peu déconcentré, et comme je trouve l'environnement très beau et je m'arrête pour prendre quelques photos supplémentaires. Puis, près du village de Ceignes, une jolie fermette dégoulinante de fleurs roses dont la MG connaîtrait probablement le nom.

 

 

 

 

 

Arghhh, j'ai laissé filer de précieuses minutes. Au bout de la rue, alors que j'avance d'un boîtement décidé, surgit déjà LA MG, poursuivie par une triathlète de l'Ain que je reconnaîs comme étant l'ex 3e de la course. Se pourraît-il que la musaraigne ait encore frappée (c'est le surnom de guerre de la machine-gone réservée à un usage intime en CàP) ? Hélas, la triathlète est plus belliqueuse encore qu'on l'imaginait et elle scotche la MG sur la ligne !

 
 

 
 
 
 

NON, car en fait, l'angle de vue était mauvais. En fait, ma MG chérie a "déboîté" la triathlète d'Oyonnax au sprint sur les 10 derniers mètres. Et l'Oyonnaxienne, l'a reprise mais 10 mètre après la ligne. Tout le monde est témoin ! Les Machine-gônes récoltent une nouvelle médaille bien méritée. La table de marque attribuera le même temps aux deux vaillantes jeunes femmes pour faire passer la pillule ; mais sur la feuille de résultats, aucune ambiguïté : la MG est classée une place avant. Fait incontestable : la coupe est pour nous. Résonnez haut-bois, claironnez trompettes. Pour les Spiridonnes d'Oyonnax, la desillusion est cruelle bien sûr. Mais gageons qu'elles trouveront d'autres courses plus locales pour lesquelles on ne fait pas trop de publicité et où il n'y aura pas une concurrence aussi rude que celles des machines-gones au sommet de leur art.

Apparemment, l'évènement provoque une grosse discussion...
 

 
 

On s'embrasse, on se sert sportivement la main. La 4e prétend qu'elle avait de la marge mais qu'elle a oublié de se retourner pour se prémunire contre un sprint de la MG, que sinon ça faisait pas un pli. La 5e déclare qu'elle avait de la marge mais qu'elle a eu des crampes alors que ça lui arrive jamais et qu'autrement elle était sur le podium, ça faisait pas un pli. La 6e et la 7e sûrement disent la même chose mais dans leur coin. Qu'importe : on s'étreint en toute sportivité.

 

 
 
 

Chez les supporters locaux, c'est un peu la "gueule de bois"...
 

 
 

Puis, on descend quelques tonneaux de bières et on attend patiemment et avec une humilité non feinte la remise des récompenses. Sauf, la première qui est déjà partie depuis belle lurette sans dire au revoir. Sans doute qu'elle n'a pas vu qu'elle avait franchi la ligne d'arrivée ou qu'elle est partie en récup', ou alors recharger son mp3 dont la batterie avait grillé. Je me demande si comme elle n'est pas présente, on lui donnera quand même sa récompense. En fait, il n'y a pas de récompenses (elle le savait ?), juste une coupe. Sauf la 4eme, qui a un cadeau, en tant que 1ere V1, tandis que la MG qui est aussi V1 ne cumule pas et n'a pas de cadeau car rien n'est prévu pour la 3e du scratch. Ensuite, il y a environ 60 lots distribués aux participants de l'épreuve, d'après un tirage au sort des numéros qu'on ne peut pas voir parce qu'il a lieu à l'intérieur. Presque tout le village est appelé par son prénom : Bébert a droit à une bouteille de whisky, Paulette a gagné une nappe, Bibi repart avec un repas pour 2 au resto du coin, Maurissette emporte une batterie de casseroles, Roger le chasseur se voit attribuer une musette à bière-saucisson, Germaine la cuisinière une touilleuse à navets. Nous, les lyonnais, queue dalle. Mais bon, c'est les lois du hasard et de la malchance. On ne peut pas gagner sur tous les tableaux. L'important, c'est que ce soit le sport qui sorte gagnant. Ceci dit, on comprend mieux maintenant pourquoi ça s'appelle le trail du Jean-Jean...

 
 

(Le 2eme est reparti en vélo avec ses crocks. Certains ont cru qu'ils avaient couru comme ça, mais moi qui l'ai croisé dans les sous bois, je peux témoigner qu'en fait il portait des chaussures de running, on ne peut plus classiques)

 

 

C'est un coin bien sympa, on reviendra sans doute faire des entraînements par ici. Tout proche du Cerdon qui est bien sauvage et bien joli.

En repartant, la MG me confie qu'elle a bien cru se tordre la cheville parce qu'ils faisaient courir dans les champs et que heureusement pour son brushing il n'a pas plu, donc elle est quand même contente d'avoir couru et aussi d'avoir battu la 3e au sprint. Elle a fait 1h14, c'est un vachement bon temps pour 14 km et 300 de D+.

 

Par contre, le tee-shirt qu'ils lui ont filé au départ, c'est  du XL pour minimum gros balèzes de 100 kg, mais ils n'avaient pas d'autres tailles. C'est la loi du sport.

2 commentaires

Commentaire de mic31 posté le 30-07-2010 à 15:01:00

Bravo pour la place gagnée de haute lutte et surtout pour le compte rendu bourré d'humour, on en redemande !
Et tant pis pour l'absence de lot sur le podium, le prix de la coquetterie est attribué à Madame MG.

Commentaire de Eric Kb posté le 10-08-2010 à 14:13:00

J'avais raté ce CR....pffff difficile de tout suivre sur kikourou ! Merci voisin d'être passé sur nos terres et d'avoir rédigé ce CR plein d'humour. Au plaisir de vous croiser sur une autre course bugiste ou revermontoise ( Ronde des Grangeons ou Roc et gravillon par exemple )
Eric

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