Récit de la course : Ironman de Zurich 2010, par patrickND

L'auteur : patrickND

La course : Ironman de Zurich

Date : 25/7/2010

Lieu : Zurich (Suisse)

Affichage : 782 vues

Distance : 225.99km

Objectif : Faire un temps

2 commentaires

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Ironman Zurich 2010 – combi or not combi et la honte d’un carton noir

 

En 2010 j’avais prévu de participer à l’Ironman de Lanzarote, mais quand j’ai voulu m’inscrire en Septembre 2009 c’était déjà complet (et pour 2011 je me suis fait à nouveau avoir puisque c’était complet dès le mois de Juin 2010). Zurich était donc un choix par défaut, qui avait l’avantage d’être compatible avec une participation à l’IM de Nice 4 semaines plus tôt, où je tenais à être présent avec les 24 autres triathlètes de mon club.

Nous étions finalement 4 de Champigny Triathlon à faire le déplacement en Suisse ce dernier week-end de juillet, puisque Pascal, Adrien et Antoine avaient décidé de faire leur premier IM à Zurich.

 

Après ma performance correcte à Nice (11H00 et quelques secondes) j’espérais passer sous la barre des 10H30 à Zurich, dont le parcours est théoriquement plus facile qu’à Nice. La récupération  post-Nice a été assez rapide (une semaine de semi coupure, puis reprise d’une charge d’entraînement progressive sur deux semaines et repos la dernière semaine avant l’IM de Zurich) et je me sens en assez bonne forme avant le départ.

 Combi or not combi ? 

Le week-end précédent la course, je croise Pascal en allant rouler et il m’informe que la canicule sévit à Zurich, où l’eau du lac fait pratiquement 25°c et que par conséquent le port de la combinaison en natation risque d’être interdit (le règlement le prévoit en cas de température de l’eau supérieure à 24,5°). Effectivement, en allant sur le site internet de la course, je vois un avertissement aux concurrents concernant cette interdiction de combinaison, qui précise que la décision finale ne sera prise que le dimanche matin à 6H. Pour moi dont la natation n’est pas le point fort, la perspective de nager sans combinaison n’est pas franchement réjouissante, ni celle de devoir courir sous la canicule. Heureusement, les prévisions météo annoncent un rafraichissement d’ici la semaine suivante, avec de la pluie le vendredi et le samedi.

 

Pour une fois les prévisions météo se révèlent exactes, et c’est sous une pluie diluvienne que j’arrive à Zurich le vendredi en début d’après-midi, avec une température qui a pratiquement été divisée par deux depuis le week-end précédent (16-17°). Du coup, l’eau du lac est bien repassée à moins de 24,5° et la menace de l’interdiction des combinaisons s’éloigne. Par contre, le risque que la pluie dure jusqu’au dimanche semble bien réel, car le samedi matin il pleut encore de manière continue sur Zurich. Pour ceux qui participent au CD ce jour là, c’est double peine: interdiction de combinaison en natation (car la limite de température est fixée à 22,9° pour cette distance) et vélo/course à pied sous la pluie….

 

Heureusement, le ciel s’éclaircit dans l’après-midi, et c’est sous un ciel presque ensoleillé que nous pouvons déposer nos vélos au parc (où on nous donne quand même des bâches de protection). Par rapport à Nice, le parc est extrêmement compact, ce qui est bien pour accélérer les transitions, mais la place est comptée entre les vélos. De plus, à la différence de la plupart des IM où l’on doit préparer des sacs « bike » et « run » séparés que l’on dépose la veille de la course, à Zurich on dépose simplement toutes ses affaires au pied de son vélo le matin de la course : cela donne une ambiance de CD de province à ce parc à vélo, mais après tout si cela peut faire gagner du temps aux transitions…

 

Pas de mauvaise surprise le dimanche matin : le ciel est légèrement nuageux, mais il ne pleut pas. Je retrouve mes camarades campinois un peu nerveux (premier Ironman pour eux !) à la sortie du parc et nous nous dirigeons ensemble vers le départ natation : c’est un « mass start » de 2200 concurrents, mais avec un départ dans l’eau derrière une ligne située à 50m du bord. A 7H le speaker nous annonce que c’est l’heure du « pre-start » et que nous pouvons nous mettre à l’eau pour nous approcher tranquillement de cette ligne de départ. En fait je ne verrai jamais cette ligne ni n’entendrai le coup de feu du départ, mais tout d’un coup je vois que ça s’agite autours de moi et j’en déduis que le départ a été donné. L’eau est parfaite (claire et à une température idéale) et le parcours en deux boucles avec une sortie à l’australienne sur une petite île près du bord est facile à repérer. Le seul bémol est que les bonnets donnés aux concurrents sont jaunes, soit la même couleur que les bouées qui signalent le parcours et qui du coup ne sont pas toujours parfaitement visibles. Globalement je m’oriente quand même correctement, sauf sur la fin de la première boucle où j’arrive trop à droite, entraîné dans un mauvais paquet. Mes sensations sont assez bonnes et je me dis que je devrais faire un meilleur temps qu’à Nice : gagné, en sortant de l’eau je constate que j’ai mis 1H14, soit 3 mn de moins qu'à Nice.

Comme la transition va également plus vite qu’à Nice de par la configuration du parc, je me retrouve donc sur mon vélo au bout d’1H17, donc pour l’instant tout va comme il faut.

 

Les 30 premiers km du parcours vélo sont très roulants puisque nous longeons le lac de Zurich sur une route quasiment plate. Je me laisse griser et roule à 40 km/h bien calé en position aéro, et je rattrape pas mal de monde. Après le 30ème km, le parcours est plus vallonné, mais reste roulant jusqu’à la première vraie difficulté « the Beast », une côte un peu raide de 5 km au 50ème km. Je garde un bon rythme et nous avons ensuite une superbe descente avec des passages à 15% pour nous ramener vers Zurich, où je dépasse les 70 km/h. Il y a ensuite un nouveau passage roulant au bord du lac sur 15 km puis il faut monter « Heartbreak Hill », un mur d’un km où sont massés les supporters (l’ambiance y rappelle celle de la Solarberg à Roth, mais un ton en dessous), avant de faire demi-tour et de repartir pour une deuxième boucle de 90 km. Je termine la première boucle en 2H36, et si je maintiens ce rythme je suis bien parti pour une belle performance.

 Le carton 

Malheureusement, la machine se dérègle un peu dans le deuxième tour : la position aéro devient moins confortable et je dois me redresser pour ne pas avoir mal au dos, puis les bosses qui m’avaient paru faciles au premier tour deviennent plus pénibles à enchaîner et dans « the Beast » j’ai carrément un gros coup de mou. Il fait un peu plus chaud, il y a un peu plus de vent, et je ralentis fortement l’allure. De plus, il y a assez peu de spectateurs le long du parcours, donc pas d’ambiance qui incite à se dépasser. Le faux-plat montant après « the Beast » me paraît interminable. Malgré tout je n’ai pas l’impression de perdre beaucoup de places, les autres concurrents qui sont à mon niveau ont également l’air de souffrir. Je vois passer des grappes de cyclistes qui draftent sans être pénalisés, mais je fais bien attention à ne pas me retrouver mêlé à un de ces paquets. A un moment je m’écarte à gauche près de la ligne blanche pour éviter d’être dans la roue du concurrent qui me précède, mais un arbitre me fait signe de me décaler vers la droite, ce qui paradoxalement me met momentanément en position de drafting, mais avec sa bénédiction. La redescente sur Zurich est la bienvenue pour se reposer un peu les jambes et aborder les 20 derniers km. C’est alors que je me fais piéger sur les quais : un concurrent anglais me double puis se rabat 2-3 m devant moi en roulant à la même vitesse que moi. Je devrais me décaler à gauche, accélérer pour le dépasser à mon tour ou bien décrocher un peu pour le laisser prendre 10m d’avance, mais je manque de lucidité et ne fais pas attention au fait que je suis techniquement en position d’abris pendant quelques dizaines de mètres et ne vois pas arriver un arbitre sur une moto qui me tend un carton noir. Sur le coup je suis furieux, car j’ai l’impression de payer le prix fort pour mon erreur (un carton jaune m’aurait paru plus juste), d’autant plus quand je pense à tous ceux qui ont roulé en peloton devant moi sans être sanctionnés… Mais de toutes façons je n’ai pas le choix et je dois accepter la décision de l’arbitre, synonyme d’un arrêt à la « penalty Box » du 170ème km,  où je dois purger une peine de « prison » de 6 mn. Je constate que je ne suis pas le seul condamné à l’infamie de cette pénalité et je dois attendre quelques instants avant de signer le registre et de commencer le décompte des 6 mn : j’essaye bien de négocier une remise de peine de 30 s pour l’attente à l’arrivée devant la penalty box, mais le « gardien » me regarde comme si je lui proposais de cambrioler les coffres de l’UBS et je dois attendre le décompte complet des 6 mn pour pouvoir repartir. Malgré tout, cet arrêt involontaire n’a pas que des mauvaises conséquences : je m’étire le dos et je repars avec de meilleures jambes qu’avant l’arrêt, ce qui me permet de remonter pas mal de concurrents dans les 10 derniers km. Avec mon coup de barre et la pénalité, mon temps vélo dans le deuxième tour s’est effondré à 2H55, soit 5H31 pour l’intégralité du parcours. Ca devient beaucoup plus serré pour réaliser un chrono de moins de 10H30 

Heureusement, la disposition du parc me permet encore une fois de faire une transition rapide et quand je quitte le parc le chrono affiche 6H52 : je n’ai plus le droit à l’erreur et il faut que je boucle le marathon sur des bases de 3H38 maximum. C’est jouable, mais ça ne me laisse pas de marge de manœuvre.

 

Je pars sur des bases très rapides pour la première boucle de course à pied de 10,5 km : le parcours n’est pas aussi monotone qu’à Nice, mais il est tortueux, avec des virages en épingle et des passages de souterrains et passerelles qui cassent le rythme. Heureusement il est ombragé et les ravitaillements sont disposés très régulièrement. Je termine le premier tour en moins de 48 mn, soit un rythme de 3H12 qui est trop rapide, mais je me laisse griser par l’euphorie de rattraper beaucoup de coureurs. Je ne faiblis pas trop dans le deuxième tour que je boucle en 52 mn, soit un semi en 1H40 qui me laisse encore espérer un bon chrono final, mais à partir du 3ème tour je sens que je manque de jus et je dois ralentir : les 20 derniers km sont pénibles et mon allure décline lentement mais sûrement (57 mn pour le 3ème tour et 1H02 pour le dernier tour). Le circuit en boucles fait que je croise régulièrement Pascal qui a un tour de retard par rapport à moi et Adrien qui en a deux et nous échangeons des encouragements mutuels. L’épouse de Pascal est également présente le long du parcours et me fait signe à chaque passage. Dans le quatrième tour je n’arrive pas à accélérer suffisamment dans les derniers km pour briser la barre des 10H30, et malgré un petit sprint pour faire bonne figure sur la photo finish, je termine en 10H31mn46s, avec une petite déception de ne pas avoir atteint un objectif qui était à ma portée. Néanmoins, c’est quand même 5mn de mieux qu’à Roth l’année précédente, malgré une pénalité de 6mn, donc je ne me prends pas la tête avec ce chrono et je file profiter de l’aire d’arrivée, avec douches, bière, nourriture, transats, massages etc.

 

J’attends l’arrivée de Pascal, qui termine en 12H17, très heureux d’avoir bouclé son premier IM en moins de 12H30. Antoine et Adrien suivront en respectivement 13H24 et 14H03, bravo à eux d’être allés jusqu’au bout!

 

Au final, je garde un bon souvenir de ce week-end zurichois, avec l’impression d’avoir eu beaucoup de chance en ce qui concerne la météo (dès le lundi matin il recommençait à pleuvoir), et le parcours est globalement sympa, même si ça manque un peu d’ambiance comparé à Roth. Un petit conseil pour ceux qui voudront y aller une autre année : attention à ne pas se griller à vélo sur les portions du parcours hyper roulantes car il y a quand même un peu de dénivelé (1300 m au total) et il vaut mieux en garder un peu sous le pied pour la deuxième boucle vélo. D’autre part, Zurich est une des villes où le coût de la vie est le plus élevé au monde, et les dépenses annexes (hôtel, restaurant, parking) coûtent très cher, donc il faut prévoir un bon budget pour ce déplacement.

2 commentaires

Commentaire de LtBlueb posté le 03-08-2010 à 23:31:00

bravo et merci pour ce récit

Commentaire de dajosport posté le 17-07-2013 à 23:31:04

Oh comme je comprends cette déception quand le carton tombe. A Roth, le weekend dernier, ce ne sont pas 6' mais bien 8' de pénalité que j'ai pris. Je l'ai vraiment vécu comme une injustice...

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