Récit de la course : Trail des Crêtes Jour 1 2010, par Berty09

L'auteur : Berty09

La course : Trail des Crêtes Jour 1

Date : 19/6/2010

Lieu : Saint Paul de Jarrat (Ariège)

Affichage : 1805 vues

Distance : 16km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Dantesque!

     Le cross du Mont-Fourcat vient d'opérer sa mutation. Il m'aura laissé de beaux souvenirs et surtout une première expérience de la rudesse d'une course en montagne. Cette année, après un sacré lifting, il nous revient en une course  dont le concept est très attractif: 2 jours,  2 coureurs, 2 pics. Vu mes motivations en matière de course à pied, je mets peu de temps à me laisser convaincre par Denis de tenter l'expérience. 

     Premiers repérages, il y a 15 jours, un dimanche matin avec la montée du Saint Barthélémy. Et déjà un signe avant coureur; le tonnerre, la pluie et le froid nous accompagnent. Mais aussi très vite, une fois passé le brouillard, la joie de découvrir ce site magnifique sur une ligne de crête splendide et ensolleillée.

     Rendez-vous était donc pris pour ce défi pas insurmontable mais costaud quand même (45km et 3200m d+ à consommer en deux jours). Alors en ce samedi aprèm la motivation est bien présente. L'objectif est simple: faire une belle course. Ce qui voulait dire pour moi, pas de défaillance et une bonne gestion de tous les facteurs de course: le temps, le dénivellé, la distance, la forme du jour et le grain de folie...car c'est vrai mine de rien, ça sentait l'aventure à plein nez.

     La veille, un truc m'avait scotché. Météo-France nous prévoyait pour cette veille d'été, un temps typiquement hivernal. De la pluie et du froid samedi et dimanche matin un magnifique FLOCON nous annonçait la neige vers 1600! Alors pour ce samedi, c'est avec un mélange de prudence et de détermination qu'on se présente à Saint Paul de Jarrat. Aussi nous ne sommes pas surpris de voir que la course se fera en comité restreint. La jeunesse de de cette course new-look associé à cette météo décalée ne permétant pas pour l'instant d'attirer les foules.

     Entre les équipes et les coureurs solo, s'élance donc une soixantaine d'amoureux de la course à pied...tendance montagne. Denis, mon partenaire dans l'histoire est un habitué des sorties montagne et même s'il est légèrement moins rapide sur une course roulante, se trouve très à son aise dès qu'il faut attaquer un col ou tailler en pièce un pic. Une seule sortie, celle d'il y a 15 jours, nous avait suffit pour nous apercevoir que le duo fonctionnait.

     Pour cette première étape, le tracé était on ne peut plus simple: on avalait 1500m pour atteindre le Mont-Fourcat puis descente à la station de ski des Monts d'Olmes 400m plus bas. Y'avait plus qu'à...On se retrouve vite avec 2 autres équipes et un solo au coude à coude pour cette longue montée. On se tire un peu la bourre mais on a dans la tête que la course sera longue, alors même quand Rachel, (1ère équipe mixte) nous fait admirer ses qualités de relanceuses en pleine montée, on garde le rythme.

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       Le temps se dégrade petit à petit, la pluie s'installe et le gars et les deux équipes nous distancent petit à petit. Dans notre équipe, je donne le tempo mais je sens Denis bien présent dans mon sillage et on fait une véritable course d'équipe. On lâche rien. Dans le brouillard qui s'épaissit, on aperçoit les silhouettes des échappés par intermitence. Les conditions deviennent vraiment dures. Heureusement le coupe-vent, les gants, le pantalon (après avoir hésité avec le short au départ) et le buff made in Citadelles sont d'une grande aide. Le vent et la pluie nous glacent tout le côté droit.

     Mon altimètre me permet de bien gérer l'effort  à mener. Vers 1900m, Denis est tout surpris de se retrouver déjà à la cabane qui présage bientôt de l'arrivée au sommet. On remet un coup de collier, ce qui nous permet de rattrapper une équipe qui marque le pas. Ca y est, de courageux bénévoles nous encouragent pour les derniers mètres. On bascule au sommet, laissant là la deuxième équipe et le solo qui se préparent pour la descente.

     Malgré le vent , la pluie, le froid, la descente est un véritable plaisir. Je retrouve mes sensations de gamin à sauter d'un cailloux à l'autre, de courir dans les ruissaux, trempé jusqu'aux os. Le long de cette descente, les rencontres avec les bénévoles (mille fois merci) deviennent surréalistes. Un homme assis avec son chien à l'abris d'un parapluie, un autre droit, immobile dans la tourmente et puis des sourires, des encouragements.

     On atteint enfin l'orée de la forêt, on va enfin pouvoir être à l'abris. Je me lance dans la forêt et devant moi je reconnais Jean-Phi qui soutient un gus qui à l'air bien mal en point! Il semble blessé, surement une entorse. Le pauvre gars, un vaillant V2 est complètement trempé et transi de froid avec une couverture de survie posée sur son ridicule tee-shirt en coton. En fait point d'entorse mais véritable début d'hypothermie. Ses membres sont tétanisés, il bave légèrement, le regard est lointain. Jean- Phi et Jean-Michel nous expliquent qu'il viennent de tomber sur lui alors qu'il commençait à vouloir traverser un ruisseau et ainsi s'éloigner du tracé.

     Du coup, on n'est pas trop de 4 pour le descendre dans la forêt entre boue, racines et ruisseaux et trouver 50m plus bas un bénévole qui pourra enfin prévenir les secours. On commence à se sentir un peu plus rassuré, conscient d'un coup qu'il s'en est fallu de peu pour que la mésaventure bascule vers le drame. On a du mal à le quitter mais les secours sont en route. Nous sommes maintenant six et nous rejoignons la station en contrebas heureux de se sentir en bonne santé et trotinnant allègrement.

     Petit à petit, nous retrouvons l'ambiance course et l'acceuil sur la ligne d'arrivée fait chaud au coeur. Nous venions de vivre une journée  hors du temps, hors norme que nous partagions maintenant ensemble sous cette tente entre café chaud et couvertures. Les visages marqués contenant encore les traces de la course. Ce partage se poursuivra encore tout au long de la soirée animée  par un Patrick si proche de ses coureurs.

 

 

 

 

      

2 commentaires

Commentaire de Francis31 posté le 22-06-2010 à 07:25:00

Un récit un parfum d'aventure exotique, et pourtant l'Ariège n'est pas bien loin...
Bravo d'avoir eu le courage d'affronter ces conditions hivernales.

Commentaire de oc12 posté le 23-06-2010 à 09:12:00

"Je retrouve mes sensations de gamin à sauter d'un caillou à l'autre, de courir dans les ruisseaux, trempé jusqu'aux os.": ça c'est bien ce qui nous plaît quand on court!!!
C'est bien aussi de sauver un V2, ça aurait pu être moi(ah, ah, ah!). N'empêche que ça me conforte ds l'idée de toujours trimballer une petite couv. de survie...

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