Récit de la course : Ironman de Lanzarote 2010, par poussman

L'auteur : poussman

La course : Ironman de Lanzarote

Date : 22/5/2010

Lieu : Lanzarote (Espagne)

Affichage : 1313 vues

Distance : 225km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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IRONMAN LANZAROTE : Le rêve a portée de main


Le silence est tombé sur Lanzarote depuis fort longtemps. Les derniers coureurs ont franchi la ligne d’arrivée vers minuit il y a plus d’une heure. Je la passe de nouveau à l’envers en comptant mes pas… 400 mètres plus loin je me retourne et je la regarde de nouveau. Mon rêve était donc si prés que cela … Tant d’investissement, de sacrifices, pour échouer si prés du but, c’est dur ! … Les larmes ne sont pas loin.


Mais revenons quelques heures plus tôt avant le début de cet IRONMAN considéré comme le plus dur du monde .


4heures du matin le réveil sonne, il est l’heure de se préparer. Les longues semaines d’entrainement vont enfin être rentabilisées, je sais que je suis prêt.


5 h30 après un petit déjeuner léger, me voila parti vers le parc de transition où je vais vérifier que mon vélo a passé une bonne nuit. 1 heure pour tout contrôler. .. Tout va bien.


6h30 la combinaison est enfilée et avec elle ma crainte du départ natation ! J’ai beau savoir que je ne risque rien, j’ai peur et je décide de reculer sur la ligne de départ pour essayer d'avoir un départ plus tranquille. Je sais que cette opération va me faire perdre au moins 1 minute mais à l’instant T, je m’en moque !


7h00 La sirène retentit nous courons vers la mer, je plonge à l’eau, c’est parti ! Je décide de m’éloigner de la ligne la plus directe en direction de la première bouée, pour éviter au maximum les coups. Je suis mal, très mal, j’oublie l’entrainement, j’oublie les sacrifices, j’ai envie de me mettre de côté et d’arrêter la course ! Je continue bien sur, je prends des coups j’en donne, je survis… 10 minutes plus tard cela se calme enfin, je commence à me détendre et à mieux nager. Fin du premier tour (1900m), je ne sais pas trop où j’en suis mais j’ai l’impression de ne vraiment pas forcer, ou plutôt je n’arrive pas à forcer.


Début du deuxième tour, c’est moins dense et pourtant je reçois un coup de coude qui me fait sauter les lunettes, j’arrive à les remettre et je reprends mon chemin de croix. Le temps passe lentement j’en profite pour visualiser les gestes à faire pendant la transition. Enfin cela se termine, je sors de l’eau, un coup d’œil à ma montre 1h17 (1h18 officiellement à cause de mon départ en fin de peloton). Je ne suis même pas déçu, je suis juste dégouté par mon niveau de merde ! Je sors au delà de la 1000 eme place.


La zone de transition est longue, nous passons sur la plage puis deshabillage éclair sous des tentes pour se changer à l’abri des regards et me voila en train de courir à coté de mon vélo. La sortie du parc est enfin là, je peux enfourcher ma bête et me lancer à l’assaut des 180 kms de ce parcours réputé comme le plus dur du circuit IRONMAN à cause de ses 2500 mètres de dénivelé et du vent permanent sur l’ile de LANZAROTE. L’heure de la vengeance a sonné !


La reconnaissance du parcours la veille m’a rassuré, pas de longs cols mais une succession de bosses qui peuvent me convenir. Je décide de rouler vite dés le départ. J’ai abordé cette course avec 2 kg de muscles de plus que d‘habitude pour être plus puissant et essayer de gagner du temps à vélo quitte à en perdre un peu à pied. Il faut mettre le plan à exécution, plus de temps à perdre.


Comme à Nice en 2008 et 2009 je remonte des concurrents par poignée, certains essaient de s’accrocher mais très vite abandonnent l’idée de me suivre. Chaque fois que je double un coureur je marmonne un « salaud de nageur » qui me fait sourire. Les km défilent, les heures aussi. Je bois et m’alimente régulièrement comme prévu (Encore merci à Philamy qui m’a fourni en gels SIS pour cette course !).


Le vent souffle parfois favorablement parfois défavorablement, mais je ne m’en inquiète guère, j’adapte simplement mon allure à la situation. Je ne faiblirais jamais pendant les 180 kms, je rentre dans le parc à vélo après 5h37 à plus de 32 km /heure, et plus intéressant, je suis super frais !


Un changement rapide de moins de 3’ et me voila parti pour le marathon. La course a démarré depuis environ 7h05. L’objectif de moins de 10h39 (qui permettait de se qualifier pour la finale mondiale à Hawaï en 2009) est tout à fait réalisable. Je décide de partir vite pour essayer de casser les 3h10 sur un Marathon Ironman et pourquoi d’approcher du podium de ma catégorie. Je suis bien.


Aucune indication de km, ce n’est pas simple de se repérer et de savoir à quelle allure je cours. Il fait chaud très chaud mais cela va toujours. Km 20 j’ai un peu levé le pied, mais je cours toujours à plus de 12, 5 km heure. Autour de moi cela commence à ressembler à une course de zombis. Je sais que la plupart des triathlètes ne sont pas de bons coureurs, j’en profite donc au maximum et je continue à doubler.


Km 30, un ravito mal géré, un coup de poignard dans le ventre un point de coté terrifiant me coupe en deux et m’empêche de courir ! Je respire fort, je trottine plié en deux la douleur est violente. J’avais eu le même problème en 2009 et j’avais réussi à le faire passer. J’ai mal mais je peux me redresser et recommencer à courir au moment où commence la dernière boucle de 11km.


J’ai peur que la douleur revienne et je décide de faire le dernier tour tranquillement, tant pis pour la grosse perf je décide d’assurer la qualification car je sais que même en levant le pied je vais finir sous les 10h30 et que cela suffira. Quelle erreur ! Alors que j’aurais pu faire la dernière boucle en 27’ environ, je vais mettre 30’ pour finir ma course. 3’ de perdues que je regretterai peut être toute ma vie car si je boucle le parcours en 10h29’37, la dernière place qualificative pour HAWAI se jouera à 10h27’40’’ !


Au moment où je franchis la ligne je ne sais pas tout cela, je pense que l’objectif est atteint et je suis heureux. Hormis la natation, je pense avoir fait la course parfaite, un gros vélo et une course à pied maitrisée. Je vais très vite comprendre mon erreur dés l’affichage des résultats. En quelques instants tout bascule je comprends que j’ai échoué et que le niveau est tellement élevé sur ce type de course qu’il n’est pas sûr que j’ai une autre opportunité de me qualifier dans les années futures. Dans les heures qui suivent je referai la course cent fois, mais à chaque fois le constat est le même j’ai échoué ! Bien sûr la place au scratch, 125 eme à 46 ans ou le temps 10h29 est excellent sur cet IRONMAN considéré si difficile mais j’ai échoué quand même. Quelques jours plus tard la frustration est retombée, l’envie revient petit à petit et je pense que je retenterai le coup encore et encore mais je sais que je n’oublierai jamais les 400 mètres qui, le 22 Mai 2010 m’ont privé du rêve absolu de triathlète courir sur les routes mythique de l’ile de KONA. Une autre fois peut être …ou jamais !!


IRONMAN LANZAROTE 2010004-copie-1

5 commentaires

Commentaire de JLW posté le 29-05-2010 à 23:15:00

Tu réussiras, tellement prêt, tellement près, dure loi du sport et en même temps c'est ce qui fait nous fait vibrer.
Ta perf est excellente et même si tu es déçu aujourd'hui je suis sur qu'un jour tu l'apprécieras à sa juste valeur.
Et merci de nous avoir fait partager ta course.

Commentaire de bigpeuf posté le 29-05-2010 à 23:53:00

Releves toi Poussman, les triathletes progressent et toi aussi !
Mais c'est pas la premiere fois que je vois certain triathletes prendrent les barrieres horaires des années passées ! C'est comme un concours, je niveau dépend pas de la note mais du classement, donc des autres !
Apres, cette petite reflexion, j'espere te relire bientot, histoire de te voir envoyer du gros !!!
A+
le BIG 'fan de la poussette' sur kikourou

Commentaire de L'Dingo posté le 30-05-2010 à 07:46:00

Poussman,
On ne peut qu'etre admiratif devant cette performance sportive.

Si le dernier qualifié dans ta catégorie ne t'a pas doublé sur la dernière boucle , tu ne peux en rien te reprocher ta tactique finale.

Mettons cela sur une malchance, mais la roue tourne et la fortune sourit aux audacieux. Alors continue sur ta lancée pour engranger les bénéfices de tes entrainements.

Et bravo encore car moins de 10H30 en V2 c'est remarquable.


Commentaire de aymeric posté le 30-05-2010 à 08:28:00

Je me joins aux autres : 10h29, c'est déjà un temps exceptionnel, surtout à Lanzarote!

Et puis l'an prochain, tu pourras pester après les nageurs, et aussi après les 400m. Ca n'en fera qu'une motivation supplémentaire!

Bonne fin de récup'

Commentaire de akunamatata posté le 31-05-2010 à 11:59:00

eh ben, dommage que la non qualif t'ai gâché le plaisir d'une course pleine.
pour ce genre de defi, il faut prendre les aspects extra sportif en compte et notamment (c'est indispensable) quelqu'un qui t'epaule et te renseigne sur la course des autres dans ta categorie. c'est juste primordial, peut etre que ton gus devant toi savait ou tu etais et qu'il a force comme un fou pour ne pas se faire rattrape, il etait peut etre cuit et tu ne le savais pas...
La qualif pour Hawaii n'est pas ta course, c'est une course contre les autres de ta cate, ton chrono n'a aucune importance, les concurrents en dehors de ta cate n'ont aucune importance.
par contre il faut prendre la liste de ta categorie et etudier leur temps dans les epreuves IM precedentes, et retenir leur bib # (combien potentiellement ont ta capacite ? 3 ou 4 ?)

tu as deja l'essentiel : le niveau ! manque plus que la ruse et tactique d'ulysse et ca va le faire ;-)

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