L'auteur : ChrisTof
La course : Trail de la Vallée de Chevreuse - Aventure - 55 km
Date : 4/4/2010
Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)
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Distance : 55km
Objectif : Terminer
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Deux semaines après avoir participé au Trail du Petit Ballon à Rouffach, me voici parti en direction de l'ouest parisien, dans ce très beau département des Yvelines.
Depuis le « Petit Ballon », je n'ai effectué que 2 sorties CAP, l'une de 9 km le 24 mars, l'autre de 18, le 30 mars. Entre les caprices d'une météo pas toujours conciliante et les vicissitudes de la vie professionnelle, les entraînements s'en trouvent parfois considérablement perturbés. Enfin, on est tous plus ou moins logés à la même enseigne...
Pour compenser ce déficit de course à pieds, j'ai accru mes séances de PPG avec des durées quotidiennes de 1h à 1h30 portant sur les abdominaux, le haut du corps, et, bien sûr, les jambes et le cardio (vélo elliptique et vélo d'intérieur).
Je ne sais pas comment mes jambes vont se comporter durant ce Trail de la Vallée de Chevreuse (TVC dans le jargon du trailer) mais une chose est absolument certaine : le mental est au beau fixe. C'est le principal, non ?
J'en avais entendu beaucoup de bien de ce TVC.
Mais on m'avait aussi prévenu de la difficulté qui m'attendait : « tu verras, ça n'a rien à voir avec le Petit Ballon ! Grosso modo, dans les Vosges, tu montes puis tu redescends, alors qu'en Vallée de Chevreuse, tu montes, tu descends, tu montes, tu descends, tu montes, tu descends, etc... ». A recopier 100 fois et à faire signer par les parents !!!
Et oui, le TVC c'est la course aux 100 bosses ! Qui plus est sur les terres de l'Origole...
Origole ? Alors là, on ne rigole plus ! Tout le monde connaît ce trail mythique qui se court de nuit en décembre sur environ 75 bornes...et dans la boue ! Un monstre de la discipline...
Boue ! Le mot est lâché ! Avec la pluie qui est tombée ces derniers jours, et même durant la nuit précédant la course, nous allons certainement être gâtés !
Qu'à cela ne tienne, la boue fait partie du trail et puisque je n'y ai encore jamais véritablement goûté, ce sera donc l'occasion de progresser un peu plus et d'acquérir de l'expérience qui pourra toujours me servir ultérieurement, notamment sur la Saintélyon, voire sur la Diagonale !
Samedi 3 avril, me voici dans la salle du centre omnisports du Perray-en-Yvelines afin de retirer mon dossard. J'en profite pour saluer Rémy MERCIER, l'organisateur de la course avec qui j'avais pu échanger par mail lors de mon inscription.
Voilà, c'est fait, on me donne le dossard N° 375 et on m'annonce que la course ne fera pas 55 mais plutôt 57 km !
57 ? Peut-être un signe du destin pour le mosellan que je suis !!!
Dimanche matin, réveil à 4H50 ! Douche, derniers préparatifs, puis petit-déjeuner vers 5H15.
Un petit-déjeuner « maison » de 900 Kcal pour à peine 230g de solide :
- 8 biscuits « REM » (pour ceux qui connaissent...et qui aiment !)
- 3 gaufres au miel (vous savez cette succulente petite spécialité hollandaise !)
- 1 barre de figue
En liquide,...une infusion réglisse-menthe ! Pas courant ? Sans doute.
Mais j'ai remarqué que thé et café me réussissait moins bien sur des épreuves longues.
Le départ devait être donné à 7h. Finalement, il le sera vers 7H10. Tant mieux, on y voit un peu plus clair et la frontale est finalement superflue.
Par contre, il fait plutôt frisquet, 4°C, il y a du vent et le ciel est menaçant.
Je suis parti en collant Odlo et maillot manches longues Mizuno Breath Thermo, celui que j'avais utilisé lors de la Saintélyon 2009.
J'ai chaussé mes éternelles Trabuco car nous sommes vraiment inséparables...ou presque ! Mais vous comprendrez pourquoi « presque » à la lecture de ce qui suit.
Ca y est ! Le départ est donné !
J'active mon GPS et je me cale comme prévu sur une vitesse moyenne d'environ 13,5 km/h durant les 4 premiers km afin de ne pas être coincé par la « foule » des 481 coureurs lorsque nous arriverons dans les premiers sentiers boueux.
Nous sortons de la zone industrielle du Chemin Vert qui, au passage, porte assez mal son nom car il faut bien reconnaître que ce bitume n'est pas très pittoresque pour un trail !
C'est par cette même portion de route que nous reviendrons avant de franchir la ligne d'arrivée...mais on n'y est pas encore...à l'arrivée ! Oh que non...
Globalement, et fort heureusement, le bitume est très peu présent sur cette course.
Tant mieux, on est ainsi plus fidèle à l'esprit trail !
Et les choses sérieuses vont très vite commencer.
Le bitume va progressivement laisser place à des sentiers de plus en plus boueux.
Plus on avance dans la course et plus les flaques sont nombreuses et profondes.
Une vraie pataugeoire !!!
C'est dans ce bourbier que pour la 1ère fois mes Trabuco et moi allons devoir nous séparer !
Mon pied gauche s'enfonce très profondément dans la boue et, ce qui devait arriver arriva, ma chaussure reste littéralement scotchée au fond de ce trou !
Dans mon élan, je continue quelques mètres en courant dans la boue...oh à peine 3 ou 4 mètres ! Mais croyez-moi, ça suffit amplement pour définitivement vous mouiller les pieds, si tant est que cela ne soit pas encore le cas à ce moment de la course...
Mon pied gauche est donc tout trempé et la chaussette dégouline de boue.
Je fais marche arrière pour aller récupérer ma « belle » et rechausse tant bien que mal pendant que des coureurs m'aspergent involontairement de boue en passant juste devant moi...
Bref, ça commence bien ! Et ça n'est pourtant que le début puisque je n'ai pas encore franchi le 8ème km !...
Mais je ne vais pas épiloguer sur les conditions de course. Car cette boue, et bien, on va la retrouver souvent, très souvent, trop souvent diront peut-être certains !
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'était dantesque, car ce serait très probablement exagéré, d'autant que finalement, il n'a pas plu durant les près de 7 heures qu'aura duré ma balade. Cela aurait donc pu être bien pire ! Mais tout de même, le TVC aura été finalement le trail le plus éprouvant auquel j'ai pu participer jusqu'à présent...juste devant la Bouillonnante.
Il faut reconnaître en effet qu'il y a eu quelques passages mémorables avec notamment des rigoles gorgées d'eau, des flaques monumentales et des secteurs où l'on s'enfonçait dans l'eau et la boue jusqu'au niveau de la cheville, voire au-delà pour certains...
Heureusement, j'avais préparé mes pieds à la NOK 3 jours avant l'épreuve à raison de 2 applications quotidiennes, matin et soir.
Et le matin de la course, je les avais à nouveau copieusement préparés avant d'enfiler mes chaussettes. Au final, cela aura été très bénéfique car je n'ai eu aucune ampoule, ni problème quelconque, alors que j'ai couru avec des chaussettes trempées et boueuses dans des chaussures qui l'étaient tout autant.
Pour en revenir à la course, ma stratégie à propos des ravitaillements était la suivante :
- faire l'impasse sur le 1er poste
- m'arrêter aux 2ème et 3ème pour absorber du liquide
J'étais parti avec une ceinture porte-bidon dans laquelle j'avais placé 3 barres de figue, mon téléphone portable et un bidon de 75 cl contenant une préparation isotonique.
Cela devait me permettre de rallier l'arrivée sans fringale, d'autant que j'avais particulièrement « soigné » mon alimentation durant la semaine précédant l'épreuve.
Du coup, j'arrivais sans encombre au 1er ravitaillement, vers le km 20, que je passais comme prévu sans m'arrêter.
Une première partie finalement assez agréable avec un D+ d'environ 700m.
Mais je ne vais pas m'éterniser sur le tracé de l'épreuve car, honnêtement, ces montagnes russes, comme on les surnomme par ici, m'ont tellement secoué le cerveau que je risquerais de commettre de graves erreurs en écrivant des choses à propos de certaines portions du parcours dont je suis aujourd'hui incapable de vous dire si c'était avant ou après tel ravitaillement, avant ou après telle difficulté !
Je peux néanmoins affirmer, sans les avoir nécessairement comptées, que les fameuses 100 bosses doivent y être !
Outre ces incessantes montées et descentes, que dire aussi du dévers parfois usant tant il oblige à compenser, des troncs d'arbre à enjamber, des fougères qui nous dissimulent certains pièges et, bien sûr, au risque de me répéter, de ces travées gorgées d'eau et de boue.
J'en oublie même les pierres et autres racines qui elles-aussi nous réservent parfois de belles surprises, pour ne pas dire quelques sueurs froides lorsque l'on vient y buter...
Bref, durant ce dimanche de Pâques, j'ai appris ce que le terme « tricotage » pouvait signifier dans le jargon du trailer !
La fin du parcours aura été éprouvante...mais pas plus finalement que toutes les fins de parcours !
Comme toujours en pareille circonstance, on regarde la vitesse indiquée par son GPS, on reste concentré sur son effort et on réfléchit à tout un tas de paramètres ! En fait, on essaye tous de penser à autre chose qu'à cette sempiternelle question qui tente de nous traverser l'esprit : « c'est encore loin l'arrivée ? ».
Les 3 derniers kilomètres sur le bitume auront été d'autant plus délicats que le vent de face ne nous permettait pas d'avancer aussi vite que nous l'aurions souhaité.
Ma vitesse oscillait ainsi péniblement entre 10 et 11,5 km/h.
Lorsque je terminais mon récit du Trail du Petit Ballon, il y a 2 semaines, j'écrivais « comment ki font les franciliens pour trouver 2000 D+ sur un tel parcours » ???!!!...
Et j'ajoutais : « Ils vont quand même pas oser nous faire un trail en mode « fractionné » ?!...Si ? Non !!!... »
Alors autant vous le dire tout de suite, ils l'ont fait ce trail en mode fractionné !
Jugez par vous-même en comparant les 2 profils altimétriques issus de mes enregistrements GPS :
1 - Trail du Petit Ballon :
2 - TVC :
Y a pas photo, ça cause mieux quand on affiche une telle courbe de dénivelé, non ?
Quoi qu'il en soit, quelle ne fut pas ma joie de franchir la ligne d'arrivée en 6H54'48'' en 22ème position.
Sur 481 partants, seuls 358 sont arrivés au bout de ce parcours digne d'un stage « commando ». Preuve que ce trail était particulièrement exigeant.
Pourtant, je crois que tout le monde est à féliciter, y compris ceux qui n'ont pu franchir la ligne d'arrivée !
Le seul fait d'avoir osé s'aligner à 7H du matin en ce dimanche de Pâques par un froid relativement vif et sachant ce qui nous attendait relevait déjà de « l'exploit » !...
A moins que cela ne relève plutôt de la pure folie ?!...
J'en profite aussi pour remercier très chaleureusement tous les bénévoles qui nous ont permis de vivre cette course dans les meilleures conditions qui soient.
Vos sourires, vos encouragements, vos indications, votre attention nous ont fait le plus grand bien.
Grâce à vous tous, le moral a tenu bon et nous aura permis d'aller au bout de l'aventure !
Merci aussi aux organisateurs pour la beauté de ce tracé. Je ne savais pas qu'il puisse exister de tels paysages à deux pas de Paris.
Dommage toutefois que Salomon ait fourni principalement de la rubalise blanche car bien que très présente (trop à mon goût !), elle était parfois peu visible.
Il aurait certainement été plus judicieux de disposer des rubans de couleurs vives.
Pour ma part, j'ai en tout cas vécu un superbe week-end de Pâques dans les Yvelines en agrémentant cette escapade sportive d'un zest de culture (Bergerie Nationale de Rambouillet, Château de Thoiry...) et d'un soupçon de gastronomie (après la course, cela va de soi) !
Après le Trail du Petit Ballon, voici l'Acte 2 de ma préparation à la « CCC - 2010 » qui s'achève.
Ce TVC m'aura également permis de bien me préparer à l'Acte 3 qui s'annonce dans 3 semaines : la Bouillonnante en Belgique, 50 km - 2450 D+.
Un autre « joli bébé » qui, par certains aspects, ressemble assez bien au TVC !
7 commentaires
Commentaire de Tonton Traileur posté le 06-04-2010 à 23:07:00
Un seul mot ChrisTof : BRAVO !
(moins de 7h sur ce parcours de warriors, chapeau bas !).
On devrait se croiser à la CCC ... en attendant, bonne récup et bonne préparation pour la suite.
Super CR qui résume bien "l'ambiance".
Commentaire de shunga posté le 06-04-2010 à 23:25:00
Bravo et merci. Le comparatif des courbes est très "marrant" ^^ Ca fait un bel electrocardiogramme en pleine crise ^^
Commentaire de caro.s91 posté le 06-04-2010 à 23:30:00
Bonjour ChrisTof,
Tout d'abord bravo pour ta performance et surtout pour avoir fait l'effort de venir courir un cross fractionné en Ile de France! ;-) La différence sur les trails semble évidente en effet quand on regarde les courbes! J'avais remarqué cette différence en allant courir dans d'autres régions où il y avait 2 grosses montées et 2 grosses descentes. C'est vrai que la gestion de la course (et la préparation aussi d'ailleurs) est très différente si on veut avancer. Donc merci pour ton explication de texte et... à une autre fois:-)
Caro
Commentaire de tidgi posté le 07-04-2010 à 09:34:00
Ca c'est de la prépa musclée !
Bravo à toi, belle perf !
Et de bon augure pour la suite...
A+
Th
Commentaire de Fimbur posté le 07-04-2010 à 10:40:00
Chapeau ChrisTof,
encore impressionnante ta course, ils vont voir à la bouillonnante, dans 3 semaines tu vas péter le feu.
comment tu fais 1h à 1h30 de gainage ? c'est ave cle vélo inclus quand même ?
Bonne récup et merci pour le récit
Fimbur
Commentaire de poucet posté le 08-04-2010 à 19:32:00
Salut ChrisTof,
C'est toujours sympa de lire tes récits ... Trés interessant le comparatif des pofils. Un jour faudra que j'aille tremper mes runnings sur les sentiers de Chevreuse.
En tout cas GRAND BRAVO pour ta superbe perf, c'est vraiment du TOP ... Voila une saison qui est bien parti ... tu vas casser la baraque chez les belges !!!
Au plaisir ...
Poucet du Bas Rhin, trailer bio élévé au grain
Commentaire de Bikoon posté le 23-04-2010 à 16:11:00
Merci pour ce récit très fluide, comme ta course.
Sympa les courbes !
Et merci aussi de ne pas être revenu sur le 21ème que je fus ;o))
On a le même objectif majeur fin août !
A bientôt alors
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