Ma course a commencé ou, plus précisément, s’est terminée, dix jours plus tôt à Majorque. J’ai profité de deux semaines de congés sur l’ile espagnole pour m’entraîner et courir sur les sentiers escarpés de la Tramontana. Environ 1200m de dénivelé et une vingtaine de kilomètres chaque matin plus une sortie plus courte 8km/500d+ en fin d’après midi. J’ai profité là-bas de moments de pur bonheur. Contre toute attente, j‘ai trouvé au milieu de la méditerranée  un grand massif calcaire  avec de jolies pentes encombrées de rochers et de cailloux aiguisés comme des lames de rasoir. Ce n’est pas le pire terrain de jeu  pour s’entraîner au milieu du mois d’Août. Je terminais parfois mes sorties dans des criques paradisiaques; une damnation

J’avais programmé ma dernière sortie longue à dix jours de la course; un dernier choc avant l’affutage. J’ai passé la journée à cavaler dans les pierriers et au retour, sur un large chemin bien roulant, à 200m de la voiture, PAF ! Inversion latérale de la cheville. Le pied qui part vers l’intérieur, une douleur; je plonge pour éviter que le ligament ne cède. Bref une entorse ! pas grand-chose ; pas de bleu, ni d’œdème trop prononcé mais une sensation désagréable dès que je marche. Glace, repos, arrêt des entraînements ; il me reste dix jours pour retrouver mon pied et des sensations.

petite crique

 

CHAMONIX

J’arrive à Chamonix le mercredi 28 en fin d’après-midi. Quand on arrive des Baléares, on a beau s’être entraîné sur autre chose qu’une piste d’athlétisme, on se sent tout petit. Venant de Genève, puis d’Evian où je me suis arrêté deux jours pour laisser les enfants jouer sur le lac, je suis passé par Martigny et Trient. J’ai regardé Bovine, j’ai regardé Catogne. Entre ces colosses, je me suis vu comme un gladiateur enfermé dans une arène. J’ai pensé « Ave Catogne, Morituri te salutant ». J’ai poursuivi jusqu’à Vallorcine; j’ai vu la tête au vent, j’ai baissé la mienne. J’ai déposé Anne et les enfants à Argentière et j’ai foncé jusqu’à Chamonix.

Parcourir les rues de Chamonix pendant la dernière semaine d’août quand on aime le trail, c’est un peu comme arriver à la convention des fans de Star Wars déguisé en Stormtrooper. On comprend qu’on vit au milieu d’une secte, on en a un peu honte mais cela rassure aussi ; tous ces gars en collants et en t-shirt techniques ont les mêmes rêves que vous. Je retrouve Fred qui arbore fièrement sa veste finisher 2013. Il n’y a qu’ici qu’il peut la mettre; Dans les rues de Paris on  aurait l’air de dingues, ici c’est juste normal ; alors on en profite. Il faut dire qu’avec le temps qu’ils ont eu l’an passé, cette veste, ils l’ont méritée. La pluie, le brouillard, le froid, la neige, le vent, la boue. S’il y avait eu un tremblement de terre en Europe, il se le serait pris. Le temps s’annonce meilleur cette année. Il reste deux jours avant la course, il ne faut jurer de rien, surtout en montagne, mais on est bien parti pour être inondé de soleil.

Je fonce chercher mon dossard. J’ai tout prévu : mon sac et tout le matériel obligatoire, une carte d’identité, la copie du mail pour la navette que j’avais réservée. Je n’avais pas pensé à la caution de 20 euros. J’ai bien évidemment laissé Anne à Argentière avec ma carte bleue et le gymnase ferme ses portes à 19h00, dans moins d’une heure. Je retrouve Fred au centre ville. Il me tend le billet qui m’évitera plus d’une heure de queue le lendemain. J’ai mon dossard et un bracelet vert autour du poignet. Il atteste de … de … de rien et de tout ; je suis invité à la fête et c’est énorme quand on a attendu, avec le jeu du tirage au sort, plus d’un an pour pouvoir s’inscrire.

Dossard CCC 2013

 

 

Le rituel familial, quand on arrive dans la vallée de l’Arve s’organise en deux phases : On se lance dans un hectomètre vertical long de la Pierrarick, la piste qui relie le départ du télésiège de Lognan à  Plan Joran. Ensuite on va diner à la Crèmerie du Glacier d’Agentière. Je n’en dirai pas plus; pour   ceux qui ne connaissent pas, je veux garder le lieu secret !

Fred, Christel et leurs enfants nous accompagnent à la Crèmerie. Nous discutons de la course. Bien qu’un dossard à son nom l’attende à Chamonix, il ne prendra pas le départ de l’UTMB. Il me décrit une nouvelle fois les difficultés de la CCC que je ne connais pas : tout ce qui précède Catogne en fait. Grace à lui, je dispose d’un véritable road book. Il m’apprend également qu’une de ses amies aurait croisé Agnès à Chamonix. Je suis assez troublé par cette nouvelle; Agnès est blessée et ne peut certainement pas prendre le départ d’une telle course. J’imagine aussi que si tel était le cas, elle m’en aurait informé d’une façon ou d’une autre, puisque nous formons une équipe.

Petite ballade et pique-nique avec Anne le lendemain autour du col des Posettes, puis retour à Chamonix en fin d’après midi pour retrouver le coach, et entendre ses derniers conseils.

Alain est attablé à la terrasse d’un café du centre de Chamonix. Il est avec Gilles qui a terminé la veille sa TDS en vingt heures, à la 88ème place. Yannick n’est pas avec nous. Il a récupéré sont dossard dans la matinée et est reparti en Suisse dans la foulée. Le coach m’interroge sur ma cheville et je lui explique que je ne vais guère mieux mais que ce n’est peut-être que psychologique et que je prendrai, quoiqu’il arrive, le départ le lendemain. Nous discutons un peu de la tactique à adopter. Pour simplifier, l’idée est d’être davantage compétiteur que finisher. On vient d’abord  pour battre le chrono, pas la distance. Je vise moins de 17h00, ça devrait le faire. Je rentre à Argentière gonflé à bloc.

la Crèmerie du Glacier

 

 

COURMAYEUR

La nuit fut courte. Réveil à 5h00. Mon sac est prêt depuis longtemps. Un Lafuma de 5l dans lequel j’ai réussi à casé tout le matériel obligatoire, des vêtements de pluie SpeedTrail Lafuma, aux deux lampes frontales (Petzl Myo et Tikka), la deuxième couche, le coupe vent et un corsaire pour la nuit, Lafuma encore. J’ai placé deux bidons 4D Salomon sur les bretelles et un troisième sur une des poches latérales pour assurer mon hydratation sur les segments les plus longs. Il fera chaud et sec, j’ai décidé de courir en short. Je chausse une paire de Riot 5, j’enfile le T-Shirt TZIP SpeedTrail lafuma fourni, comme le reste, par Team Outdoor et je descends avaler un grand bol de muesli que j’accompagne avec la crème sport brevetée par Alain et du lait de soja. J’ai pendant toute la semaine hésité sur la question du port d’une chevillière ou d’un strap à ma cheville. J’ai fait des essais et j’ai peur d’être gêné ou pire, blessé par les frottements. Je choisi de ne rien mettre mais j’emporte une bande dans mon sac au cas où et je laisse une chevillière dans le sac que Anne transportera à Champex.

Je quitte l’hôtel à 6h00 et je rejoins en trottinant la gare d’Argentière d’où part la navette qui doit déposer coureurs et accompagnants à Chamonix. Anne et les enfants dorment encore. Je leur épargne le trajet jusqu’à Courmayeur. La journée promet d’être longue et je préfère qu’ils me rejoignent à Trient ou à Vallorcine plutôt que de traverser le tunnel pour me perdre dans la foule. Je monte dans un bus de l’organisation qui ramasse tous les coureurs entre Vallorcine et Chamonix. Je voyage face à un américain de Virginie habillé comme un flagship Salomon. Il me dit avoir acheté la veille un nouveau sur-pantalon imperméable pour gagner quelques grammes supplémentaires. A voir la bouée qu’il porte autour du ventre je pense qu’il aurait pu s’épargner cette dépense. Il n’est pas au taquet en termes de grammes ; moi non plus d’ailleurs. Je lui demande comment, habitant dans un état à peu près aussi vallonnée que le Loiret, il s’est préparé à courir dans les Alpes. Il m’explique qu’il a travaillé avec un simulateur d’hypoxie. Je réponds, bien que j’en doute, que c’est probablement efficace pour s’adapter à l’altitude mais que le problème de la CCC est de monter et de descendre de grosses bosses plus que de parvenir à respirer au dessus de 2000 m. Il ne semble pas comprendre ma remarque. Je l’abandonne avec ses vingt grammes gagnés et ses nombreux globules rouges lorsque la navette s’arrête à Chamonix. Nous sommes dirigés vers un nouveau bus qui doit nous conduire jusqu’à Courmayeur. Je suis impressionné par le ballet des navettes et l’organisation du transfert de tous les coureurs jusqu’à la ligne de départ. L’ambiance est, cette fois, beaucoup plus solennelle. On sent que la pression monte et que les gens autour de moi se concentrent davantage. Je branche mon Ipod shuffle et plonge dans ma bulle. Nous roulons sous le Mont-Blanc, j’écoute The National, je suis bien.

Le bus s’immobilise devant la patinoire de Courmayeur. Il me reste près de deux heures avant le départ. J’entre dans le centre sportif à la recherche des Toilettes. Une queue interminable s’étend à travers la patinoire dans laquelle s’échauffe quelques athlètes de l’équipe d’Italie. Un concurrent portugais que j’avais croisé le matin même à l’hôtel, m’interpelle. Nous discutons pendant plus d’une heure avant d’atteindre les toilettes. Il est 8h30 le départ est dans moins d’une demi-heure et je dois encore remonter dans le centre de Courmayeur, à 1km de là (non comptabilisé dans le parcours de la CCC !), donner le sac coureur qui m’attendra à l’arrivée avec des vêtements chauds, secs et propres, et prendre position dans le bon sas.

Je monte rapidement jusqu’à l’avenue dans laquelle est donné le départ. Le cardio monte, je m’échauffe. L’avenue est noire de monde. Je tends mon sac à un bénévole débordé. Je me faufile jusqu’au sas réservé aux coureurs qui portent les dossards du numéro 5000 à 5999. Je suis loin d’être au contact des élites. Au moins quatre cents personnes me séparent d’eux. Ce n’est pas très grave. Tous ceux qui attendent là sont supposés arriver en moins de 17h00. Ça devrait partir vite.

La musique de Vangelis résonne autour de nous; les mots du speaker sont chargés de symboles. on parle de solidarité et de cœur; on est dans l’emphase. C’est gros mais ça passe. Je me surprends même à verser une larme. Je suis ému, impatient; On est en Italie. Je vais traverser la Suisse et revenir en France en ayant tourné tout autour du massif du Mont-Blanc. Il fait beau, le ciel est bleu ; ça ressemble au bonheur. Le compte à rebours est lancé.

…cinque, quattro, tre, due, uno

C’est parti. Le peloton s’élance dans les rues de Courmayeur. Les spectateurs hurlent des cris d’encouragement, les cloches tintent, c’est la fête. Je ne pars pas trop vite. Fred m’a conseillé de ne pas m’enflammer. Ça grimpe un peu sur le bitume mais ça ressemble à ce que je fais tous les jours en sortant de chez moi, à Paris, lorsque je vais courir au Parc des Buttes Chaumont. On slalome pendant deux bons kilomètres à travers les rues de la ville italienne jusqu’au pied de la montagne. Je n’ai pas sollicité mon cœur de façon déraisonnable. J’ai remonté quelques places de sorte d’aborder la première grimpette dans les trois cents premiers.

 

TETE DE LA TRONCHE

Cette première étape est celle que j’appréhende le plus. Attaquer d’entrée près de 1400m de dénivelé positif, je ne l’ai jamais fait. Je sais grimper mais tout le monde ici, autour de moi sait le faire aussi. Ça monte vite. Un peu moins que dans mes prévisions. Je pensais que l’on tournerait à près de 900 mètres par heure mais ce n’est pas le cas. Je trouve finalement l’ascension plutôt cool. J’en profite pour doubler quelques gars qui s’arrêtent pour souffler. Nous sommes en forêt, je ne peux pas encore apercevoir le sommet. Calmement, sans stress, je progresse les mains sur les cuisses. J’ai laissé mes bâtons sur mon sac. je sais que la route sera longue ; j’aurai toujours le temps de les sortir lorsque la fatigue se fera sentir.

Un peu avant le sixième kilomètre, le ciel et la montagne se détachent entre les arbres. Nous empruntons une première single sur laquelle nous reprenons notre course. Je n’ai jusque là rien ressenti à ma cheville. Emporté par l’euphorie du départ, mes sensations étaient bonnes ; excellentes même. Lorsqu’il faut courir vite sur un terrain instable, je suis moins à l’aise. Je titube, je perds l’équilibre. La peur inconsciente de me tordre de nouveau la cheville affecte ma proprioception. Mes bâtons pourraient m’être utiles mais je ne prends pas le temps de m’arrêter pour les dégager de mon sac. Je suis gêné mais ce n’est pas catastrophique non plus. Je comprends en revanche que cela risque d’être beaucoup plus problématique lors des descentes un peu raides. Je souffre déjà lorsqu’il nous faut traverser les ravines de quelques torrents ; je crains déjà la descente de Bovine.

Nous courrons depuis plus d’une heure quand revient une première douleur au niveau de mon pied blessé. Je tente d’alléger ma cheville droite en évitant, au maximum, de poser le pied au sol ; cela confère à ma course une allure irrégulière et désarticulée. J’ai l’air malin.

Au huitième kilomètre la pente s’affirme de nouveau. Je jette un œil à ma Garmin : nous sommes à 1950m. Le sommet est à 2550m. Il nous en reste donc 600.

Il fait chaud. On sue à grosses gouttes tout autour de moi. Je suis calé devant Annie Baumber, une des favorites féminines de la course. C’est une puce qui doit peser à peine la moitié de mon poids. Comment avec des jambes aussi fines peut-on grimper aussi vite ? Elle semble un peu loin de la tête et je l’interroge pour savoir si elle est la première; on ne sait jamais elle a peut-être compté celles qui lui sont passées devant : Sandrine Motto-Ros, Anne Valéro ou Caroline Chavérot, la nouvelle outsider de la distance. Elle n’en sait rien, semble perdue et je la laisse respirer.

Dans mes meilleures prévisions, j’atteignais la Tête de la Tronche en 1h40. Ça fait 1h45 que nous grimpons et je ne suis pas encore en haut mais je suis d’un naturel optimiste et je crois encore en mes chances de boucler la CCC en moins de 16h00.

Je passe au sommet en 2h05, à la 258ème position, le panorama est superbe. Nous suivons une étroite ligne de crête aride. Nous courrons dans le ciel ; le skyrunning, c’est cela. La descente est rapide. Je ne parle pas de celle vers Bertone, celle sur terre, depuis mon nuage. Comme je l’appréhendais, je ne suis pas sûr de mes appuis en descente ; je suis lent, crispé. Plus je m’efforce d’être relâché plus je suis sur les freins : une catastrophe. Descendre, c’est mon truc; j’ai l’impression d’être sur des skis et d’attaquer un mur de bosses en godille, droit ans la pente. Descendre c’est un jeu et là je ressemble à ma mère dans un escalier. Je vois des tombereaux de coureurs passer devant moi ; c’est fini, je ne ferai pas la course que je rêvais de faire. Si je ne dois pas prendre de plaisir en descente, ce sera l’enfer.

 

BERTONE BONATI

Je ne suis pas le seul à souffrir, à deux cents mètres  du refuge de Bertone, j’aperçois un sac dont je crois reconnaitre la propriétaire. Une bouteille coincée dans le filet d’un sac Ultimate Direction Wink, ce ne peut être qu’Agnès. Elle n’a pas l’air à l’aise dans la descente elle non plus. Elle semble aussi surprise que moi de me croiser là. Je comprends vite qu’elle ne va pas bien du tout. Elle a décroché son téléphone et converse avec son coach ou Alexandre. Je ne veux pas l’importuner dans un moment qui semble critique ; j’hésite un instant à m’arrêter à son niveau mais je soupçonne que ce ne sont ni mes conseils, ni mon soutien dont elle a besoin dans l’instant. Je continue jusqu’au ravitaillement où elle me rejoindra sans doute très vite.

Je n’avais pas prévu de m’arrêter trop longtemps à Bertone mais je prends finalement le temps d’avaler un bol de soupe et de remplir un de mes bidons en attendant que Agnès apparaisse. Au bout de deux ou trois minutes, ne la voyant toujours pas arriver, je décide de poursuivre : Soit elle a pris la décision de s’arrêter là, ce qui serait sage et je me vois difficilement la convaincre de persévérer, soit elle continue et, compte tenu de ses qualités de traileuses et de mon propre état, elle ne tardera pas à me rejoindre.

J’avais compté 25 minutes pour rallier le refuge Bertone. J’en mettrai 34. Ce calcul d’apothicaire, quand on regarde cela de loin, sur 100km, ça peut paraître dérisoire. C’est pourtant énorme. Les prévisions de temps de passage, sur de petits segments, surtout au début, sont rarement aberrantes. Or, perdre 30% de sa vitesse sur ce qui aurait dû être une des portions les plus faciles du parcours, témoigne d’un gros souci.

Finir en 16h00, c’est mort et 17h00, si je ne retrouve pas mes sensations dans les descentes, ça va devenir difficile aussi.

Heureusement, l’étape Bertone-Bonati est la plus agréable du parcours. On emprunte un balcon face aux Grandes Jorasses. C’est globalement assez roulant, même si on monte et on descend tout de même de 300 mètres sur 7km. J’avais compté une cinquantaine de minutes pour relier les deux refuges et je mettrai à peu près une heure ; la cheville toujours et le genou  qui, à force de compenser n’importe comment, commence à souffrir lui aussi. Je regagne malgré tout cinq petites places. C’est peu comparativement aux 26 places perdues entre la tête de la Tronche et Bertone mais je profite de cette victoire éphémère. J’attrape les bâtons laissés sur mon sac. Ils serviront à maintenir mon équilibre sur les singles et à soulager ma cheville lors des descentes.

Le soleil est au zénith ou presque lorsque le refuge Bonati se profile au dessus de moi. Un petit raidillon derrière Didier Dhondt, le fou qui court la CCC en sandale et je suis au ravitaillement. Je reprends de la soupe et remplis mon bidon. J’ajoute un sachet d’une solution isotonique. Avec la chaleur que nous allons devoir supporter, je crains que l’eau ne soit pas suffisante pour m’hydrater et ajouter quelques sels minéraux supplémentaires ne devrait pas me faire de mal.

 

road to Bonati

 

ARNUVA

Je quitte rapidement Bonati ; je compte déjà trente minutes de retard sur le pire de mes pronostiques et nous avons parcouru moins de vingt-trois kilomètres (et 1746m d+). Arnuva n’est qu’à cinq kilomètres mais je sais que je vais prendre cher car il va falloir beaucoup descendre et ça promet de ne pas arranger mes affaires.

Les quatre premiers kilomètres de l’étape sont assez roulants. Les Petites Jorasses et l’Aiguille de Leschaux nous dominent à l’ouest, j’admire le paysage et je mange mon pain blanc. Au vingt-sixième kilomètre mes ennuis commencent : trois cents mètres de dénivelé négatif en moins de deux kilomètres, ça fait mal. Je n’ai pas retrouvé mon assurance, on me double et je piétine entre chaque caillou. Las de voir les gars me laisser sur place, Je fais un dernier effort pour accélérer.  Je n’enchaîne pas deux pas quand je m’effondre lourdement sur le sentier. Mon bras gauche heurte un rocher ; ça fait mal. Ma cheville et mon genou n’ont pas soufferts plus que cela, en revanche mon moral en prend un coup. Je fais rapidement une analyse de la situation : si je descends en m’appuyant sur mes Leki, je n’avance pas et si je tente d’aller plus vite, je tombe. Cela me rappelle une scène du film OSS 117 dans laquelle on voit une course poursuite entre un gars avec un déambulateur et un autre tirant sa perfusion.

 

J’atteins Arnuva à 13h34. Je cours depuis 4h33 et je suis descendu à la 308ème place. J’ai mis 52mn au lieu des 40mn escomptés pour parcourir cette étape mais, au point où j’en suis, cela n’a plus vraiment d’importance. Je me jette sur des quartiers d’orange et j’en avale quatre ou cinq sans me soucier des désagréments que cela pourrait provoquer. Je prends aussi un demi citron et un morceau de banane. Ça ressemble à un suicide gastrique mais quand ça va mal, se venger sur la bouffe, c’est assez fréquent.

down to Arnuva

 

GRAND COL FERRET

J’attends les quatre kilomètres suivants depuis longtemps. Les images des coureurs au passage du Grand Col Ferret sur la CCC 2012 ne m’avaient pas laissé indifférent. On les aurait crus en janvier en Sibérie.

Je savoure ma chance de courir en t-shirt sous un ciel magnifique. Le paysage qui s’étend tout autour de moi me laisse sans voix. Rien que pour un moment comme cela on ne regrette pas de s’être levé à 5h00 pour courir cinq heures dans la montagne.

Nous restons un petit kilomètre en fond de vallée. Annie Baumber repasse devant moi ; je suis surpris qu’elle ne l’ait pas fait plus tôt. Elle s’arrête lorsque nous franchissons, sur une petite passerelle de bois, le torrent qui coule au fond de la vallée. Elle remplie sa gourde. Je trouve que c’est une excellente idée. Plutôt que d’étudier d’hypothétiques temps de passages et de courir avec 1,5l sur mes épaules, j’aurais dû me poser la question des torrents, des fontaines et des sources, courir avec un seul bidon et me réapprovisionner sans attendre les ravitaillements officiels. Je pars sans inquiétude à l’assaut de ces 700m de dénivelé. la piste est large, on monte facilement. Au milieu de l’ascension, je remplis mon bidon avec le filet d’eau qui coule du robinet d’un abreuvoir. Un coureur me confirme qu’il a bu tout l’été à des sources comme celle-ci et qu’il n’en est jamais tombé malade. Il m’averti aussi que l’eau est faiblement minéralisée ; Mais, compte-tenu de tout ce que j’ai mangé à Arnuva, je ne devrais pas être déminéralisé dans les minutes qui viennent. Je passe au sommet du Grand Col Ferret en 1h21, j’ai encore perdu 10 minutes ; le classement je m’en fiche, ce sera pire après la descente jusqu’à la Fouly. Le col est balayé par le vent, heureusement, il fait plus de 30° et il n’est pas trop nécessaire de se couvrir comme on m’avait conseillé de le faire pour ne pas se refroidir pendant la descente.

Je ne m’attarde pas sur le col;  Je regrette de n’avoir pas d’appareil photo avec moi, mais ce n’était pas l’objet de la ballade. La pente des premiers kilomètres est relativement faible et je peux dérouler sans problème. Je me surprends même à franchir la barre des 15km/h. Cet élan ne dure malheureusement pas très longtemps. Arrivé au dessus de la Peule la pente s’accentue et je suis de nouveau tétanisé. Mon genou et ma cheville me lancent affreusement. Je m’assieds sur un rocher au bord du chemin et entreprends de poser un strap sur mon genou. J’extirpe la bande que j’avais enfouie au fond de mon sac et la déroule tant bien que mal autour de mon articulation. Ayant cassé l’agrafe, je fixe la bande avec un joli nœud et je repars vers la Fouly. La douleur au genou s’estompe mais la douleur à la cheville demeure et j’ai toujours toutes les difficultés du monde à affronter les dévers qui jalonnent ma course.

La descente jusqu’à Ferret est un véritable calvaire et la route jusqu’à la Fouly est interminable. 1h37 pour 10km , C’est très long. J’ai mal ; je n’avance pas et je compte 1h20 de retard sur mes prévisions pour 17h00.

 

Grand Col Ferret

 

LA FOULY

J’avais prévu de n’attaquer la nuit qu’après Trient voire Catogne et je sens que je vais devoir allumer ma frontale bien plus tôt. En soi, cela n’a rien de dramatique mais quand on sait que l’on court encore moins vite de nuit que de jour et que les kilomètres semblent durer infiniment plus longtemps sous les étoiles, cela ne me réjouit pas.

Je m’attable sous le grand chapiteau du ravitaillement de la Fouly. Je regarde des hordes de coureurs arriver puis repartir pendant que je bois tranquillement une première soupe, puis une deuxième. Je pianote un texto à Christian qui, sur le forum de Kikourou.net, assure un suivi live de la course. J’appelle Anne pour lui demander de bien vouloir m’attendre à Champex car je crains d’arriver un peu tardivement à Trient. Conduire sur une route sinueuse de montagne, depuis Martigny, ne l’enthousiasme pas du tout et je suis désolé de lui demander une chose pareille mais j’ai besoin de soutien et d’encouragements et le plus tôt sera le mieux. Je lui demande aussi de regarder ce qu’il est advenu d’Agnès car je m’étonne qu’elle ne m’ait pas encore repassé. A moins qu’elle ne soit passée sans que je m’en aperçoive ce qui ne témoignerait pas d’un haut niveau de conscience pendant ma course.

Je  quitte la Fouly rasséréné. Je n’ai même pas couru un marathon mais j’ai le sentiment que la course m’échappe. Je ne suis plus dedans. Ce n’est pas un problème de souffle, ni de cœur, ni même de muscle. De ce côté-là tout va bien, je n’ai pas trop sollicité la machine. Non, c’est un problème mental induit par mes douleurs à ma cheville et à la perte de ma proprioception. Je vais m’efforcer de terminer la course. Je suis confiant.

Le tronçon jusqu’à Praz-de-Fort ne présente pas de grandes difficultés. Neuf kilomètres en forêt. J’avance plutôt vite ; Je suis à 12 ou 13 kilomètres par heure autant que je le peux. Je ne nie pas qu’il y a des passages où mes problèmes récurrents ne réapparaissent pas brutalement mais je n’ai pas trop à me plaindre. L’arrivée à Praz-de-Fort est plutôt sympathique. A l’entrée du village, des gamins du Jura agitent un grand drapeau ocre ; le même que celui que brandira Xavier Thévenard à la fin de l’UTMB. Quelques virages plus loin j’aperçois un autre petit groupe avec le même drapeau. Je crie « Allez le Jura ! » la réponse ne se fait pas attendre ; je reçois une bordée d’encouragements « Allez David Allez ! », les gamins hurlent mon nom… J’avais déjà retrouvé des jambes mais leurs cris me donnent l’envie de dévaler les ruelles en courant. On traverse une première fois la Drance de Ferret et je me retrouve sur une petite route avec une faible pente qui nous conduit jusqu’à Issert.. Je bavarde un moment avec un gars qui me raconte ces expériences inhumaines sur le GRR et le plaisir qu’il éprouve à courir ici. Nous traversons le village d’Issert dans lequel quelques villageois ont improvisés des ravitaillements sauvages en dressant des tables sur lesquels ils servent des gobelets d’eau aux coureurs. Nous franchissons une nouvelle fois la Drance puis attaquons l’ascension vers Champex-le-Lac. Anne m’appelle pour me demander où j’en suis. Je lui avais annoncé un temps de parcours de deux heures environ entre la Fouly et Champex. 14km et un peu plus de 500m de dénivelé, même en piteux état, cela me semblait une simple formalité. J’avais pourtant mis près de deux heures pour ne couvrir que dix kilomètres et la montée jusqu’au Lac allait me prendre un peu de temps.

 

CHAMPEX

Je suis monté tranquillement et à 19h13 j’avais rejoins le ravitaillement. Anne m’y attendait avec une logistique qui ferait pâlir d’envie les types du team North Face.

Je suis épuisé. Je lui explique mon envie d’en finir ici et maintenant. Compte tenu du temps que j’ai mis et de ce qu’il me reste à faire, il me faudra au moins 19h00 pour boucler ma CCC et c’est pour moi inimaginable. Elle me convainc de me reposer et de me restaurer avant de prendre une telle décision. Je contemple ma soupe et mon assiette de pâtes sans appétit. Je ne peux rien manger pas plus que je n’arrive à boire. Anne me rappelle que j’avais déjà abandonné l’Ultra Trans Aubrac pour des raisons presque similaires et que je dois absolument aller jusqu’au bout cette fois-ci. Je ne suis pas complètement convaincu et je m’allonge quelques minutes sur le banc sur lequel nous sommes assis pour faire le vide et tenter de récupérer un peu. Je reste là avec Anne pendant au moins trois quarts d’heure. Elle m’apprend l’abandon d’Agnès à Bertone. Je comprends parfaitement ce qui l’a conduit à le faire. Je me change de pied en cap: j’enfile le corsaire Lafuma et un t-shirt à manche longue, je chausse une nouvelle paire de Riot 5 et je revêts mon coupe vent ultra léger; la nuit va tomber et si je ne dois pas beaucoup courir, autant ne pas s’exposer au froid. Un contrôle des sacs est organisé à la sortie du ravitaillement; j’en profite pour m’équiper de ma frontale. l’arrêt au stand aura, au total, duré plus de cinquante deux minutes. Anne m’accompagne jusqu’au Lac, nous faisons une photo et nous donnons rendez-vous à Trient dans trois ou quatre heures. Je ne suis, à présent plus sûr de rien. Je marche tranquillement jusqu’à la sortie de la ville. j’ai perdu environ 250 places depuis le col Ferret; je suis 570ème.

ravito

 

leaving Champex Lac

 

BOVINE

Le crépuscule tombe peu à peu. Je trottine pendant un peu plus de quatre kilomètres le long d’un chemin qui descend tranquillement vers Champex d’en haut, Champex d’en Bas et le Plan de l’Aù. Lorsque nous rejoignons le GR du Tour du Mont-Blanc, la nuit a fini par tout envelopper. j’allume ma Myo et je continue ma progression jusqu’au pied de la côte. Il est inutile de préciser encore une fois que le temps s’allonge indéfiniment dès que la pente devient significativement négative. Je suis épuisé; l’hypoglycémie et la déshydratation me guettent mais je suis écoeuré par le gel que je sors de ma poche et l’eau de mon bidon ne donne pas davantage de satisfaction. Je boite considérablement; la fin est proche.

L’ascension vers Bovine sera mon Golgotha. Il n’est pourtant pas si terrible que cela ce chemin. La pente est certes plutôt affirmée mais le chemin est large et peu sinueux. Avec deux genoux et deux chevilles ça doit pouvoir se grimper plutôt bien; je mettrai 3h30 pour arriver jusqu’en haut. J’ai dû faire des pauses toutes les demi-heures. Une dizaine de minute pour relâcher la pression sur ma jambe. Je m’étendais sur une pierre, j’éteignais ma frontale et je regardais les étoiles jusqu’à ce qu’un groupe de coureurs me rejoignent, m’éblouissent et me demandent si j’avais besoin de secours. Ils me sortaient de ma torpeur et je reprenais mon chemin de croix pendant une nouvelle petite demi-heure. Au compteur, 267 coureurs m’auront dépassé pendant cette ascension. En réalité, puisque j’en avais repris un bon paquet entre Champex et le pied de Bovine, c’est sans doute près de 300 coureurs qui auront assisté à mon agonie. Quand j’ai entendu tinter les cloches des vaches de Bovine j’ai cru que le dénouement serait proche. Après les 10km et 750m de dénivelé pour atteindre Bovine, il ne restait plus que 6km pour rallier Trient. Une paille.

Ce furent probablement les 6km les plus longs de ma vie. Ils me rappelaient les souffrances de mon tout premier trail, le marathon des Causses.

J’ai continué à alterner les séquences de marche et les pauses en regardant les étoiles. On me dépassait mais ça n’avait plus aucune importance, j’étais résolu à abandonner à Trient. J’ai bien essayé de projeter des images positives sur l’écran de mon cerveau  : le bonheur de franchir la ligne entouré de mes enfants. Mais en y réfléchissant bien je devais convenir que c’était davantage mon bonheur que le leur et que cette image de la réussite sportive et familiale que se croient obligés d’afficher la plupart des coureurs des courses de l’UTMB était tristement pathétique.

J’allais mettre deux heures et demie pour arriver à Trient. Ce qui en faisait six depuis Champex. Je devais compter pas loin de quatre heure pour monter et redescendre de Catogne, une heure pour le col des Montets, sans oublier les pauses à Trient et Vallorcine. Au mieux, je pouvais espérer être au pied du chemin qui me conduirait à la tête aux Vents dans cinq ou six longues heures. Je serais donc à la Flégère vers 9h00 et à Chamonix deux heures plus tard; une éternité.

 

TRIENT

L’arrivée sur Trient aussi m’a semblé durer une éternité. J’entendais le speaker depuis le haut de la montagne, je voyais les lumières de la ville mais cela n’en finissait pas d’en finir. En entendant Alice, Hugo, Théophile et Anne hurler mon nom à l’entrée du village, j’ai cessé de penser à la course. Je voulais les voir, repartir avec eux et ne plus en parler. Ils m’ont accompagné jusqu’au poste de secours où je me suis effondré entre deux secouristes. Ils m’ont trainé jusqu’à un matelas posé sur le sol. on m’a laissé m’étendre là sous une couverture. J’ai repris des forces sous la surveillance d’un médecin que Anne a trouvé particulièrement chaleureux et aimable. Je veux bien la croire: sur cette course, tous les bénévoles furent formidables. L’organisation est remarquable.

Quand j’ai eu recouvré mes sens, nous sommes repartis. Sur un brancard face à moi, une jeune femme qui portait un buff rouge que j’ai immédiatement reconnu, faisait soigner ses pieds endoloris. C’était Arcelle qui comme moi vivait là les derniers instants de sa CCC.

Je me suis engouffré dans la voiture aussitôt que j’ai eu assez de force pour qu’on me laisse sortir du poste de secours. J’étais désolé de partir comme cela au milieu de la nuit qui pourtant m’appartient, comme Marie-Pierre me l’a écrit fort à propos au moment où j’étais perdu sur Bovine.

On est toujours convaincu de ses raisons lorsqu’on abandonne, faible et abattu. Mais quelques heures après la raison se fait différente. C’est en passant à Vallorcine, puis au col de Montets et qu’en levant la tête je voyais toutes ces petites lucioles qui grimpaient comme un serpent lumineux vers la Tête aux Vents que j’ai eu mon premier pincement au coeur. Dire que je regrette cet abandon est réducteur. je m’en veux terriblement. Je ne suis pas le seul. Mon pote Yannick abandonnera lui aussi à Champex après plus de 130km sur l’UTMB. J’ai tenté de le prévenir des terribles regrets qui l’envahiront aussitôt la nuit passée. Pour lui comme pour moi le réveil fut plus dure encore que les douleurs de la veille.

Voilà. C’était fini.

 

EPILOGUE

je ne suis jamais parvenu à surmonter les problèmes en descente. J’étais comme scotché et l’impression de ne pas avancer dès qu’il y avait trois cailloux dans une pente m’angoissait considérablement. Sans compter que de voir des tombereaux de coureurs me doubler pendant toute la course me sapait aussi beaucoup le moral. J’avais l’impression de me retrouver en fin de peloton et de fermer la marche; impression fausse puisque j’étais encore en milieu de tableau lors de mon arrêt à Trient après des heures de débâcle; mais ça fait tout de même près de 800 personnes qui me sont passées devant au fil de la course… J’étais parti avec un objectif de temps et de classement ambitieux et lorsque j’ai compris qu’il fallait plutôt basculer en mode « finisher », je n’ai pas réussi à croire à ce nouvel objectif. Anne me poussait à terminer. Elle me disait que les barrières horaires étaient encore à des années lumières derrière moi et que, même en marchant et en m’arrêtant tous les quarts d’heure, je serais à temps sur la ligne d’arrivée. Monter et redescendre deux grosses bosses (Catogne et la Tête au Vent) pour terminer en 24h00; même pour une veste polaire rouge, ce n’était plus mon truc. Je me suis arrêté au moins 20 minutes à la Fouly et près de 50 minutes à Champex; sans compter toute les pauses que j’ai faites pendant l’ascension et la descente de Bovine. Avec tous ces arrêts je n’étais plus « en course ». Chaque pause aurait pu durer 15mn supplémentaires, je n’en avais rien à faire; je n’étais plus « en course » depuis longtemps. C’est sans doute dans ma préparation mentale que que le bât blesse. Je n’ai clairement pas trouvé la motivation pour finir coûte que coûte. Je me demande même aujourd’hui s’il faut finir à tout prix. Dès que la course a cessé de ressembler à ce que j’avais imaginé, ça n’allait plus. Impossible de transformer l’objectif et de me dire que le statut de « finisher » valait la peine de courir. Terminer dans la deuxième moitié me semblait un échec tel que je n’y croyais plus: j’étais, quoiqu’il arrive, un looser. Ce sentiment est arrivé relativement tôt dans la course (pendant la descente vers la Fouly).  J’ai bien essayé de projeter des images positives (à Chamonix sur la ligne d’arrivée avec mes enfants ou accueilli par les bras de Catherine Poletti !) mais l’idée que tout cela était vain s’affirmait davantage que tout le reste. Il reste difficile d’admettre que de ne pas atteindre une ligne d’arrivée ne signifie pas « un échec ». C’est une course dans laquelle on investit beaucoup de temps et dans laquelle nos proches sont impliqués malgré eux. Anne, les enfants et certains amis me voyaient me préparer depuis des semaines. Je parlais et je parle encore énormément de cette course; c’est un sujet important et ils l’ont subi. Les repas, les vacances sont organisés autour de la course… J’ai quand même un peu honte d’avoir « bâché » tout cela car j’ai l’impression que leurs efforts pour accepter mon engagement n’ont pas été récompensés. Terminer, au milieu de la nuit, au poste de secours de Trient, c’est un peu glauque; mes enfants méritaient mieux que de voir ça.

Je ne vais pas multiplier les ultras l’an prochain. Je vais sans doute rester sur des distances plus courtes sur lesquelles je peux « envoyer » sans prendre le risque d’un gros échec ou de me mettre minable. 60km max me parait constituer une bonne limite. La Maxi-Race peut-être, rien n’est moins sûr. Ce qui est certain en revanche c’est que je tenterai de m’inscrire une nouvelle fois sur la CCC, pour courir à travers la montagne magique, jusqu’au bout.

 

 

pour finir, juste pour rigoler (ou pour en pleurer) mon de plan de course pour 15h00… on en reparlera :

Plan de course 15h00