L'auteur : ChrisTof
La course : Trail du Petit Ballon
Date : 21/3/2010
Lieu : Rouffach (Haut-Rhin)
Affichage : 1671 vues
Distance : 47km
Matos : Trabuco - collant Odlo - tee-shirt manches courtes - ceinture porte-bidon
Objectif : Terminer
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Ca y est ! Le printemps est de retour et avec lui son flot de bonnes nouvelles : la saison de trail reprend ses droits…si tant est qu’elle les ait réellement perdus durant le long hiver que nous venons de vivre.
Quoi qu’il en soit, courir de nuit avec la frontale au beau milieu de « ma » forêt, c’est certes très « oxygénant » mais ça en devient presque « indigeste ». Faut dire que mon entraînement de nuit a débuté avec le changement d’heure, fin octobre 2009, à raison de 2 sorties nocturnes par semaine.
Pour en revenir au sujet qui nous intéresse ici, à savoir le Trail du Petit Ballon, je pouvais enfin retrouver les « sensations » d’une sortie longue entre trailers !!!
Je retrouve notamment Poucet, le régional de l’étape, qui terminera 1er V2 en moins de 4H 40 ! Chapeau bas…
Mon objectif pour cette course est simple : finir en 5 heures dans un bon état de fraîcheur. Le trail du Petit Ballon est ma 1ère sortie « longue » de la saison. C’est aussi le 1er des 6 trails qui devront m’amener fin août dans les meilleures conditions qui soient sur la ligne de départ de la CCC, là-bas de l’autre côté de la frontière italienne.
Ma 2ème course étant prévue dans 2 semaines, il faut en garder suffisamment en réserve pour ne pas me griller dès le début de la saison. Je décide donc de partir à un rythme moyen, me permettant d’arriver le plus « frais » possible au sommet du Petit Ballon.
Dès le départ, on quitte Rouffach pour s’aventurer dans le vignoble, juste avant d’entamer la première difficulté du parcours : la montée de l’âne ! Ca grimpe assez sèchement et le sentier très étroit est vite encombré par les coureurs. Du coup, on marche en file indienne. Heureusement cette marche forcée est relativement brève et on peut à nouveau courir après quelques dizaines de mètres.
Sur le « plateau » qui suit la montée de l’âne, on peut déjà admirer le morceau de bravoure qui nous attend, je veux parler bien sûr du Petit Ballon. A ce moment-là, on n’imagine pas une seule seconde les conditions qui nous attendent là-haut ! Bref, je continue mon petit bonhomme de chemin en direction d’Osenbach. Je suis parti avec une ceinture porte-bidon (50 cl) et une bouteille de 50 cl que je tiens à la main. Et oui, le règlement prévoit 1 litre minimum. Je n’ai pas envie d’être « disqualifié » pour non respect du règlement. Mais finalement, il n’y aura eu aucune vérification au départ. Du coup, me voilà bien embêté avec cette bouteille…
Je n’ai encore jamais couru en tenant une bouteille à la main ! Après coup, je dois reconnaître que ça n’est pas si évident que cela…pire, au fil des kilomètres, le poids de la bouteille se fait sentir ! A tel point qu’une petite douleur commence à poindre à…l’épaule !!!
J’arrive au ravitaillement d’Osenbach en 59 mn. Ayant décidé de faire ma course en quasi-autonomie totale, je décide donc de ne pas m’arrêter aux différents ravitaillements. J’aviserai selon mes sensations à partir du 35ème km, sachant que j’emmène avec moi, 3 pâtes de figue, dont la prise est prévue aux alentours des 10ème, 24ème et 33ème km.
Après Osenbach, nous voici à l’assaut du Firstplan. Je continue mon ascension vers le Petit Ballon en courant. Je passe le Firstplan et continue en direction du Boenlesgrab. Il y a des passages « roulants » qui permettent de reprendre son souffle et de se préparer à l’ascension finale. Mais il faut bien sûr en garder sous le pied ! D’autant qu’une fois le sommet atteint, il nous restera encore près de 25 bornes avant l’arrivée !
Je passe le dernier ravitaillement avant le sommet en 1H53. J’en profite pour vider la bouteille que je porte à la main et la jeter dans les sacs poubelles à disposition sur le poste de ravitaillement. Ouf, croyez-moi, ça fait du bien de s’en débarrasser ! Je peux enfin tirer sur les bras et finalement ma douleur à l’épaule va progressivement s’estomper.
La montée devient d’un coup plus raide. Pire, la neige fait son apparition. Et la glace aussi…
Km 20,7, selon mon GPS : cette fois, je ne peux plus courir et dois me résigner à marcher ! Non pas que la montée soit à ce point raide mais la neige nous empêche de progresser convenablement ! Par moment, si l’on n’y prend garde, on s’enfonce jusqu’à mi-mollet (rien à voir avec la Mimolette…). Il est vraiment impossible de courir et tous les trailers devant moi se mettent également en mode marche.
Après quelques centaines de mètres, la neige s’estompe un peu et laisse place à quelques passages bien plus praticables. J’en profite pour me remettre à courir, ne serait-ce que pour ne pas trop me refroidir ! Il faut dire que bien que j’ai enfilé un collant, j’ai préféré partir avec un maillot manches courtes. Soudainement, on arrive sur une portion très enneigée. Je continue à courir car cette partie est très peu pentue mais il faut être très vigilant à l’endroit où l’on pose les pieds car on s’enfonce parfois très profondément et une entorse ou autre blessure ligamentaire est vite arrivée ! Mais pire que la neige auront été les endroits totalement couverts de glace.
Quelques glissades parfois mal contrôlées me feront presque chuter. A ce moment-là, je me dis que j’ai quand même bien fait de chausser mes Trabuco ! Et dire que j’envisageais de partir avec les Nimbus, comme sur la dernière Saintélyon…Cela aurait frisé l’inconscience !...
Quoi qu’il en soit, Trabuco ou pas, il faut reconnaître que ça glisse, même avec des crampons sous la semelle ! Cela ne me permet pas d’avoir une foulée aussi sûre et souple que je le souhaiterais ! Certains trailers ont chaussé les « chaînes ». Et ça a l’air de nettement mieux les aider à surmonter cette difficulté heureusement passagère. Le sommet est en vue ! Mais quel vent ! Et quelle fraîcheur !
Il ne faut surtout pas traîner au risque de prendre froid ! Je contemple rapidement le panorama autour de moi, ah que les Vosges sont belles, mais déjà mes yeux sont irrémédiablement attirés vers la plaine d’Alsace que l’on devine sur notre gauche ! Cette fois, ça y est : après 2h30 de course, j’arrive enfin au sommet du Petit Ballon ! C’est maintenant que la course commence car il va falloir encaisser les quelques kilomètres de descentes qui suivent cette longue ascension tout en évitant de trop solliciter genoux et quadriceps.
Et c’est parti ! A fond la caisse…ou presque ! D’abord dans les chaumes sommitales puis par un sentier assez technique qui plus est recouvert d’une épaisse couche de neige, parfois très piégeuse ! Je continue mon bonhomme de chemin jusqu’à Osenbach. Je décide de poursuivre ma course sans m’arrêter au ravitaillement. J’ai mangé mes 3 pâtes de figue mais il me reste encore un peu de boisson dans mon bidon. Je traverse le village avant de bifurquer sur la droite ! Jolie petite montée qui nous rappelle alors que le D+ n’est pas encore tout à fait fini ! Heureusement Poucet, l’ami Kikoureur, m’avait prévenu ! C'est maintenant que se joue la course…physiquement et mentalement !
Mais pour le moment, tout baigne ! La preuve en image au km 35 :
Arrivé au sommet, le parcours est plus roulant avant de redescendre vers le pèlerinage du Schauenberg, à proximité de Gueberschwihr où j’ai logé la veille dans un petit hôtel bien sympathique. C’est à ce poste de ravitaillement, au 40ème km environ, que je décide enfin de m’arrêter. Je n’ai pas faim. Je me contente de boire 3 verres d’une boisson dont la couleur me laisse à penser qu’il s’agit d’un mélange isotonique. J’en profite pour dialoguer avec les bénévoles et rassurer les deux coureurs qui sont là, victimes de crampes, et qui par conséquent s’inquiètent de la dernière partie. C’est vrai qu’il reste encore du chemin avant l’arrivée mais, d’un autre côté, on a fait le plus dur ! OK les gars ? On est tout près du but ! Alors on positive, on se remotive et on part à l’assaut de ce joli sentier à flanc de montagne qui nous tend les bras !
Après quelques kilomètres à admirer la plaine d’Alsace sur notre gauche, ah que l’Alsace est belle, on arrive au dernier poste de ravitaillement….si ma mémoire est bonne ! Je le passe sans m’arrêter, on est trop près du but pour s’accorder une seconde pause ! Petit concert de Djembé en plein air…Ca change des cors de chasse ou des sons de cloches qui nous ont accompagnés à certains endroits du parcours. Mais les uns comme les autres auront finalement contribué à donner le bon tempo à ce très joli trail !
Il reste a priori moins de 5 kms à parcourir. Je me sens bien. Pas de sensation de soif, de faim ou de fatigue. Pas de signe avant-coureur de crampe et, cerise sur le gâteau, une température extérieure extrêmement agréable sous un ciel bleu bien ensoleillé ! C’est sûr, le printemps est de retour ! Mon objectif de finir en 5 heures est largement envisageable. Je peux donc m’accorder une fin un peu plus dynamique. J’accélère donc le rythme sur la fin et parcours le dernier km en 4 minutes, bien aidé en cela par la descente qui nous aura permis de nous extraire du vignoble surplombant Rouffach.
Résultat : 61ème en 4H 50’ 23’’. Mon GPS indique 47,9 km pour 1849 D+. L'organisation en indiquait environ 47 pour 2100 D+. L'écart est très certainement lié au fait que les GPS ne sont pas des outils fiables en matière de mesure de l'élévation. Je suis donc d'autant plus heureux d'avoir pu courir un 2100 D+ et très satisfait de finir en "boulet de canon", sourire aux lèvres, moral au beau fixe et patate d’enfer !
Bravo à toutes celles et ceux qui sont arrivés au bout de l’aventure. Félicitations aux amis Kikoureurs et à ceux que j’ai pu modestement « aider » –moralement s’entend- à aller au bout.
Le froid et la neige au sommet du Petit Ballon auront été à n’en pas douter rudes pour les organismes. Je pense qu’un certain nombre de ceux qui couraient en short ont été victimes de crampes. Si je devais donner un conseil à celles et ceux qui voudront tester ce trail en 2011, je leur dirais de prévoir un vêtement plus chaud au niveau des jambes. Le collant n’était pas de trop au sommet du Petit Ballon, même si à l’arrivée la température flirtait avec les 16-17° !
Un grand merci aux organisateurs de la course ! Le tracé est superbe, le bitume peu présent et la signalisation sans faille !
Merci aussi aux bénévoles, signaleurs, ravitailleurs, secouristes et..."musiciens" en tout genre dont la bonne humeur est toujours très précieuse lorsque survient un coup de moins bien.
Juste 2 coups de gueule néanmoins !
Je suis écoeuré par le comportement de ceux qui jettent leur détritus en pleine nature (gels, gobelets, emballages…). C’est à cause de ce genre d’individus que certains trails auront peut-être un jour totalement disparu ! On traverse des paysages sublimes, une nature remarquable, dans des sites parfois protégés, et il y a encore des gens pour qui visiblement la notion de respect de l’environnement est totalement abstraite…
Second coup de gueule pour les…tricheurs ! Et oui, je n’imaginais pas en rencontrer un jour ! Et bien c’est fait ! Je ne parle pas de dopage mais d’itinéraire non respecté. J’en veux pour preuve ces 2 coureurs qui, soudainement, à la croisée de plusieurs sentiers forestiers, débouchent devant moi en venant de ma droite alors que cela faisait allègrement 15 bonnes minutes que je les avais dépassés… Bravo les gars, bel esprit sportif !
Allez, ne laissons pas ces quelques impressions ternir le tableau quasi idyllique de ce très beau premier dimanche de printemps !
Dimanche 4 avril, un autre trail m’attend : le 55 km – 2000 D+ du Trail de la Vallée de Chevreuse dans les Yvelines.
Je vais pouvoir découvrir d’autres paysages sympathiques dans l’ouest parisien et j’ai déjà hâte d’y être…mais, juste une question, « comment ki font les franciliens pour trouver 2000 D+ sur un tel parcours » ???!!!...
Ils vont quand même pas oser nous faire un trail en mode « fractionné » ?!...Si ? Non !!!...
4 commentaires
Commentaire de poucet posté le 23-03-2010 à 21:13:00
Ola Chris Tof
Sympa de revivre ta course .. Bravo pour cette belle rentrée trail et ton super esprit sportif kivabien.
Bonne balade à chevreuse. On attend déjà le CR.
Poucet
Commentaire de francois 91410 posté le 23-03-2010 à 21:14:00
Merci pour ce rcit détaillé qui montre que tu t'es bien préparé cet jhiver !
Pour ce qui est du D+ en région parisienne, t'inquiète ils y seront les 2000m : j'y ai goûté un échantillon modestement sur la Route des 4 châteaux à Chevreuse cet automne !
Commentaire de JLW posté le 23-03-2010 à 22:47:00
"juste une question, « comment ki font les franciliens pour trouver 2000 D+ sur un tel parcours » ???!!!..."
Tu verras, tu ne seras pas déçu, je peux même te dire que 2000m découpés en 40 montées de 50 mètres environ c'est très très spécial et peut-être plus dur que 2 fois 1000 mètres !!!
Merci pour ton récit très bien écrit et qui me donne vraiment envie d'y retourner dans ma chère Alsace.
Commentaire de Fimbur posté le 24-03-2010 à 19:06:00
Chapeau Christophe,
toujours aussi performant, toutjours aussi agréable à lire, bonne récup avant chevreuse
Franck
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