Récit de la course : Le Grand Raid du Mercantour 2003, par LTDB
L'auteur : LTDB
La course : Le Grand Raid du Mercantour
Date : 21/6/2003
Lieu : Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes)
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Distance : 97km
Objectif : Pas d'objectif
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Le récit
Un tiers montagnard…
Un tiers caniculaire…
Un tiers interminable…
Un tiers… fraction anodine à laquelle on ne prête aucune attention mais qui peut parfois se révéler être le fil conducteur d’une aventure humaine comme le Grand Raid du Mercantour a pu le proposer.
Un tiers…
C’est à un tiers de la fin du mois de juin que notre sympathique équipe de baroudeurs nature s’est retrouvée à Saint-Martin-Vésubie, porte du Mercantour, afin de participer à la seconde édition du Grand Raid du Mercantour proposé par l’association APACHES, Thierry FADINI en chef d’orchestre. Un raid de 97km et 5000mD+ qu’on nous annonce technique et où la chaleur sera un paramètre à ne pas négliger.
Un tiers…
Il en faudrait plus pour effrayer notre équipe dont la quasi-totalité des membres a l’expérience des ultras, raids, multi-sports… avec des durées d’effort approchant ou dépassant les 24h. Bien que de sensibilités initiales hétéroclites (un tiers de montagnards rompus à la progression au-dessus de 2000m, un tiers de coureurs à pied avec des milliers de km annuels dans les jambes, et un tiers de « touches à tout » pourvu que ce soit long), l’amitié transpire dans chaque propos, chaque regard, chaque poignée de main. La passion est commune, l’envie également : se faire plaisir en communiant avec Dame Nature.
Un tiers…
Après s’être installés au camping nous prîmes la direction du centre du village afin de récupérer nos dossards et de commencer à nous imprégner de l’atmosphère si particulière à ce genre d’épreuve. Ceci fait nous décidâmes d’aller boire un coup où j’ai pris, je vous le donne en mille… pas un tiers mais un demi ;-))) Et c’est à ce moment-là que l’orage décida de nous rappeler que la haute montagne n’est pas si loin. Je suis un peu moins fringant en imaginant me retrouver à la Cime du Diable au milieu des éclairs. Une fois l’orage terminé nous sommes redescendus au camping où la pasta-party préparée par mes parents (que je ne remercierai jamais assez pour leur dévouement ce week-end) nous a mis dans les meilleures conditions : un tiers d’eau salée, un tiers de pâtes, un tiers de sauce au « pistou ». Rien de tel pour recharger en glucides.
Un tiers…
Après un tiers de nuit de pseudo sommeil nous émergeons de la tente, nous habillons, mettons nos sacs à dos et prenons la direction du chapiteau de départ ou règne une ambiance surréaliste. Les coureurs sacrifient au rituel du contrôle du matériel obligatoire, vérifient une dernière fois leur sac, se concentrent, échangent les derniers mots avec leurs proches. On sent que quelque chose d’énorme va se passer ce 21 juin, c’est palpable. Deux ou trois photos, le briefing de l’organisateur et on se retrouve sous les ordres du starter. Les dix dernières secondes sont égrenées en cœur par l’ensemble des coureurs. Le départ est enfin donné. Mercantour nous voilà !
Un tiers…
Je décide, du fait des conditions météo prévues et du fait que le gros du dénivelé se situe dans la première moitié du circuit, de faire la première montée, le Pas des Ladres, à un bon rythme. Je pars donc seul, dans la nuit noire, sans frontale, aux sensations. Que c’est magique de courir la nuit ! L’ascension du Pas des Ladres s’effectue en trois phases principales, un tiers d’approche pour aller jusqu’à Boréon durant lequel je trottine régulièrement, un tiers de moyenne montagne dans la forêt où le pourcentage se fait plus fort, un tiers enfin de paysages de haute montagne, cirques glaciaires, lacs d’une beauté à couper le souffle (comme celui de Trécolpas avec sa petite île), névés, pierriers… dénivelé. 2h50 pour atteindre le Pas des Ladres où un merveilleux panorama s’est offert à mes yeux avec, en contrebas, les lacs de Fenestre.
Un tiers…
S’en suit un véritable sentier de montagne pour rejoindre le Col de Fenestre avant de se lancer dans la descente, par moments technique, en direction du premier ravitaillement à la Madone de Fenestre, au milieu des lacs du même nom. A un tiers de la fin de la descente je vois mon père qui me prends en photo tout en m’encourageant. J’arrive au ravitaillement du 21° km après 3h34. Je m’hydrate, m’alimente, refais le plein de ma poche à eau et embrasse ma femme et ma fille aînée. Seul manque à l’appel le troisième tiers de mes amours : ma fille cadette (elle était en train de déjeuner dans le camping-car de mes parents). Je quitte le premier ravitaillement direction le second, 10km plus loin.
Un tiers…
Un tiers du temps pour arriver jusqu’à la Baisse des Cinq Lacs par le Vallon du Ponset, un autre tiers pour accéder jusqu’au Pas de Prals par les lacs du même nom, un tiers enfin pour rejoindre St-Grat par une descente « casse pattes » de plusieurs kilomètres durant laquelle le soleil et la chaleur se sont pour la première fois manifestés. Je trottine ensuite sur la route le petit kilomètre pour arriver au Relais des Merveilles, le second ravitaillement. Je suis surpris à la fois parce que je ne vois pas mes parents et parce que j’y retrouve José (L’Toutou), un montagnard habitué des longues chevauchées (deux Fort’iche et un Grand Raid à son actif, entre autre). Il me dit qu’il souffre trop de la chaleur et qu’il n’ira certainement pas au bout du raid, se demandant même s’il est raisonnable de repartir. En effet le prochain point où il est possible de se faire rapatrier se trouve au 54° km et nous ne sommes qu’au 31° ! Après nous être bien ravitaillés nous décidons de repartir ensemble afin d’affronter un des gros morceaux de la journée : le Pas de l’Arpette (1000mD+ en 6km). Au moment où nous quittons le ravitaillement arrivent deux connaissances, Hervé (Socrate) et Alain (le GML). Nous les incitons fortement à prendre leur temps pour se ravitailler car c’est du costaud qui nous attends.
Un tiers…
Après avoir cheminé deux km sur la route pour rejoindre Pont du Countet, nous bifurquons sur la droite et empruntons le sentier grimpant dans le Vallon d’Empuonrame qui doit nous conduire jusqu’au Pas de l’Arpette, à 2511m. Le premier tiers est agréable car sous les bois. José trempe sa saharienne dans chaque ruisseau à côté duquel il passe et cette habitude, que j’ai immédiatement adopté, s’est avérée prépondérante pour lutter contre la fournaise. En effet, le second tiers de l’ascension, bien que moins pentu, était totalement à découvert. C’est à cet instant que José s’est laissé un peu distancer, la chaleur n’étant pas sa tasse de thé. C’est également à ce moment de la montée qu’Alain, mon futur compagnon de route, est arrivé à mon niveau. Mais que dire du dernier tiers !!! Un paysage lunaire, un pourcentage ne cessant d’augmenter au fur et à mesure qu’on s’approchait du sommet, une chaleur caniculaire, une raréfaction de l’oxygène (du moins en ce qui me concerne, habitant du bord de mer). J’arrive enfin en haut à midi tapante, soit après 7h56 de périple. J’attends Alain qui était quelques dizaines de mètres en dessous et regarde si je vois José. Je l’estime à une dizaine de minutes du sommet.
Un tiers…
Nous sommes à la limite de la Vallée des Merveilles et on me demande de ranger mes bâtons durant la traversée de ce fabuleux site réglementé. Ce que je fais sans rechigner. Un tiers de la distance cumulée du raid à plus de 2000m à faire sans les bâtons avec, cerise sur le gâteau, le sommet de l’épreuve : la Cime du Diable, 2686m. Moi qui me suis habitué à cheminer avec les cannes de randonnée j’ai un peu d’appréhension quant à mes capacités à bien digérer la Cime du Diable… surtout après qu’Alain me l’ait montrée du doigt.
Un tiers…
400mD- à faire dans cette somptueuse Vallée des Merveilles pour atteindre le troisième ravitaillement au Refuge des Merveilles. 31km d’effectués, presque un tiers du raid. Je sacrifie au cérémonial du ravitaillement consciencieusement et demande à Alain s’il est d’accord pour m’accompagner dans la montée de la Cime du Diable. José arrive sur ces entrefaites et je lui prends un peu d’élastoplaste car j’ai un frottement au niveau du tendon d’Achille du pied gauche qui m’a brûlé. C’est avec la gorge nouée que je lui souhaite bon courage car je sais qu’il y a de fortes chances qu’on ne se retrouve qu’à l’arrivée, et je quitte avec Alain le refuge.
Un tiers…
La remontée de la Vallée des Merveilles est magique et la succession de lacs tous plus beaux les uns que les autres me fait un peu oublier que j’ai pas trop l’habitude de monter sans les bâtons. Lac Fourca, Lac du Trem, Lac de la Muta et enfin les Lacs du Diable vont tour à tour s’offrir à nos regards émerveillés… et à mon appareil photo jetable. Je continue à chaque cours d’eau à tremper ma saharienne et profite de chaque névé pour me frictionner les quadriceps avec de la neige car ils commencent un peu à tirailler. Nous arrivons enfin au pied du mur d’arrivée du Pas du Trem et en regardant sur la gauche je vois le terrible passage pour accéder à la Cime du Diable. Allez me dis-je, plus que deux gros coups à donner et le plus dur sera fait. Arrivé au Pas du Trem je dis à Alain que je m’arrête une minute pour manger une barre et profite de la présence d’un névé pour me frictionner une nouvelle fois les jambes. Ceci fait je baisse la tête et entame l’escalade, car c’est le mot par endroits, qui m’est proposée. J’arrive enfin au bout de ce mur et j’y retrouve quelques coureurs assis, récupérant. Le sentier tourne à droite et là je reste scotché : il reste encore à escalader une grosse bosse. Un dernier tiers en quelque sorte.
Un tiers…
Je prends sur moi et commence ce que je souhaite être le final de la Cime du Diable. A ce moment-là mon portable sonne, il y a enfin une réception GSM et je vois que j’ai 5 messages en attente. Comme les bâtons ne seront autorisés qu’à partir du sommet je décide d’écouter les messages. Et chemin faisant, sans trop m’en rendre compte, je me retrouve à un tiers de la fin de l’ascension. Et ce dernier tiers je le ferai en « direct-live » avec Xavier (T-Rex) qui a eu la bonne idée de me téléphoner juste à ce moment-là. Je raccroche, arrive en haut quasiment en même temps qu’Alain. Un petit vent souffle et 360° s’offrent à nous. C’est tellement beau que j’ai oublié de prendre une photo… Il est 14h00.
Un tiers…
Le premier tiers de la descente est très technique, très cassant. On contourne le Mont Capelet Supérieur en cheminant sur des gros pierriers et je remercie la météo qu’il n’ait pas plu. Le second tiers et constitué d’alpages que nous descendons par l’intermédiaires de sentiers étroits en lacets (je fais d’ailleurs mon Mea Culpa pour en avoir coupé quelques-uns). C’est à ce moment que mon épouse me téléphone. Elle m’explique la raison pour laquelle il n’y avait personne au deuxième ravitaillement (problème de freins sur le camping-car) et me dit quelle se trouve en compagnie de mon père un peu avant Peira Cava, lieu du sixième et dernier ravitaillement. Je lui explique que je suis sur la route du quatrième et qu’ils ne m’attendent pas avant plusieurs heures. Le dernier tiers pour rejoindre le ravitaillement de l’Authion est interminable : plus de cours d’eau, une fournaise, des remontées éreintantes, des sentiers peu roulants. Bref c’est le moral en berne que j’arrive au quatrième ravitaillement avec quasiment plus de liquide, il était temps ! 1h40 pour faire les 8km entre la Cime du Diable (2686m) et l’Authion (1989m), c’est pour dire ! 54km et 4000mD+ d’effectués.
Un tiers…
Je prends mon temps cette fois-ci car j’en ai un peu marre, j’ai les pieds en sang, le portable passe pas (heureusement car sinon j’aurais peut-être mis « la flèche »), bref j’ai un coup de blues. Arrive Alain, également fatigué par ce passage interminable et, me voyant dans cet état de lassitude mentale, décide de me faire une séance de « pompauculthérapie » pas piquée des hannetons. Et ça fait effet car je me rechausse et lui emboîte le pas… non sans avoir auparavant bu un tiers de litre d’eau et mis les deux tiers restants dans un bidon que j’utilise désormais pour m’asperger le visage, les points d’eau s’étant raréfiés.
Un tiers…
Ca commence par un peu de route ou je m’efforce à trottiner pour relancer la mécanique. Alain étant un marcheur émérite je suis obligé de trottiner afin de garder le contact, car à ce moment c’est à cette pensée que je m’accroche : garder le contact. Je sais que le moral va revenir, c’est une question de temps. Mais que ça m’aurait fait plaisir de voir ma petite famille au ravitaillement de l’Authion… Chemin faisant mes jambes se dérouillent un peu et je dis à Alain que je vais essayer de courir, nous avons effectué un tiers de la distance entre l’Authion et le village de Moulinet, prochain ravitaillement proposé. Je trottine comme ça pendant quelques kilomètres jusqu’à la Baisse de Déa où je prends un nouveau coup de bambou au moral car le cheminement est identique à celui avant l’Authion, long, suffocant, pénible. Mais là plus d’Alain pour me motiver. Je rassemble donc toutes les images positives que je peux, en l’occurrence ma femme et mes filles, et je me projette mentalement à Lucéram, franchissant la ligne. En tous les cas ça marche, puisque je cours sans arrêt jusqu’à Moulinet après une descente des plus usantes qu’il m’ait été donné de faire. Je franchis le torrent de la Bévéra et j’y trempe ma saharienne, ça faisait tellement longtemps ! Puis il a fallu remonter jusqu’à la place du village pour atteindre le ravitaillement.
Un tiers…
A cet instant précis mon cardio bipe et m’indique que sa mémoire est pleine. Zut j’aurais dû penser à augmenter le délai entre chaque enregistrement, ça m’aurait permis d’avoir tout le raid d’enregistré car j’aurais gagné un tiers de place mémoire, ce qui était suffisant pour aller jusqu’à Lucéram. J’appelle ma femme pour lui dire que j’étais à Moulinet et que je m’octroyait une bonne demi-heure afin de me requinquer. Je commence par prendre deux vitamines C effervescentes (Acérola), retire mes chaussures, bois beaucoup d’eau et me dirige dans la salle où est proposé le ravitaillement solide avec une envie furieuse de manger des pâtes. Je demande une soupe de vermicelles et à ce moment-là j’entends un « coucou ». Je me retourne et quelle en fut pas ma surprise de voir Gérard (Gé les Bômollés), moi qui pensait qu’il devait être loin devant. Il m’explique qu’il en a marre et qu’il souhaite stopper là. J’essaie de le motiver pour repartir en ma compagnie en lui disant qu’au pire il pouvait arrêter à Peira Cava étant donné que ma femme et mon père y étaient. Mais devant son abattement je n’insiste pas. Je ressors manger tranquillement ma soupe au soleil car transpirant beaucoup j’ai un peu froid. C’est à cet instant qu’Alain arrive, usé également par cette descente. J’avais encore des doutes quant à mon envie et mes capacités de faire les 800mD+ me séparant de ma femme mais il a suffit d’un seul regard entre Alain et moi pour prendre ma décision : on finira ensemble, quoi qu’il advienne.
Un tiers…
Je change de T-Shirt et mets une carline afin de moins frissonner, j’enlève ma saharienne car la montée est à l’ombre et je quitte Moulinet avec Alain, direction la Baisse de Patronel. Je téléphone à ma femme pour lui dire qu’on quittait le village et elle m’indique que les gens mettaient entre 1h10 et 1h30 pour effectuer la montée, ça nous donne une idée de l’effort à fournir. Fort heureusement la montée est régulière, fort heureusement le soleil s’est caché, fort heureusement le rythme d’Alain me convient. Il nous aura fallu une heure et un tiers pour qu’enfin je puisse embrasser ma femme. Nous profitons Alain et moi des bouteilles d’eau que mon père avait apporté jusque là puis empruntons le sympathique chemin forestier devant nous conduire à l’ultime ravitaillement de Peira Cava. Au fil des hectomètres je parviens à proposer une foulée de moins en moins chaotique et arrive physiquement frais à Peira Cava.
Un tiers…
Physiquement bien mais une envie de dormir terrible. J’en parle à ma femme et à mon père et j’émets même l’hypothèse d’arrêter là et de me faire ramener en voiture. Ca fait des jours, pour de multiples raisons que mes sommeils sont réduits à peau de chagrin, un tiers de leur durée normale pour être exact. Rajouté à ça la fatigue du raid et j’avais les paupières tellement lourdes que je les fermais parfois en trottinant ! Mais ne voulant pas trop précipiter les choses je décide de prendre mon temps au ravitaillement afin de voir si l’envie de dormir me passe, ce qui s’est déjà produit par le passé, notamment au Grand Trail de Castelnou. Pendant que je me restaure mon père téléphone à ma mère pour la rassurer et il m’apprend que ma fille aînée ne veux pas s’endormir tant que je suis pas arrivé. Et là ça a fait tilt ! Plus sommeil du tout, un regain d’énergie phénoménal, l’envie de la prendre dans mes bras. Je dis à Alain qui était arrivé entre temps : « on reprend des forces et on se fait les 17km restants ». Le téléphone sonne juste à cet instant et c’est Thierry (L’Bourrin) qui veut savoir où j’en suis, je lui dis que je suis au dernier ravitaillement et que je pars pour les derniers 17km. Il est étonné de mon état de fraîcheur… il est vrai que l’effet « fille aînée qui attend son Papa » vient d’agir ;-)) Il est 22h15, on a fait 80km et 5000mD+.
Un tiers…
Frontale en place, un dernier baiser à ma femme accompagné d’un « à tout à l’heure », et nous quittons avec Alain le dernier ravitaillement. Le premier tiers, jusqu’au Col de la Porte, était fort agréable et c’est tout guilleret que nous avons même gravi les 100mD+ après la Baisse de la Cabanette. Mais le second tiers jusqu’au Col du Savel fut pénible : sentiers de moins en moins roulants, nombreuses bosses cassantes, le bas du Col St-Roch (200mD+) était terrible. Bref ça commençait à faire long, surtout pour Alain qui fatiguait. Je reste à ses côtés, je l’encourage, l’aide à trouver la rubalise parfois difficile à apercevoir la nuit, bref j’essaie de lui redonner un peu de moral. Que dire du dernier tiers ! Une « bavante » terrible, une descente glissante en dévers dans le Vallon de la Pinéa ponctuée de nombreuses petites remontées éreintantes avant qu’à l’issue d’une énième bosse on arrive sur une piste roulante au niveau d’un virage à gauche. Quel ne fut pas notre bonheur au détour de ce virage de voir enfin Lucéram scintillant au fond de la vallée. On n’était pas encore arrivés, certes, mais plus rien ne pouvait nous empêcher de boucler ce raid. Aussi nous forcîmes l’allure afin d’entrer dans le village. Plus qu’une volée de marches d’escalier à gravir (en haut desquels ma femme attendait) puis un peu de route en montée avant la ligne d’arrivée que nous avons franchis en courant, ivres de bonheur.
Un tiers…
22h19 de périple durant lesquels une foultitude de sentiments se sont bousculés dans ma tête : béatitude, lassitude, euphorie, blues, bonheur, tristesse… pour terminer avec un curieux sentiment de plénitude, d’apaisement, comme si je m’étais véritablement trouvé au bout de ces 97km. Le fait que ma fille n’ai pas réussi à tenir le coup jusqu’à plus de 2h15 du matin n’a pas altéré de sentiment, après tout, elle a certainement rêvé de son père. Nous sommes allés ensuite avec Alain et ma femme manger une super assiette de pâtes sauce bolognaise accompagnée d’une bonne bière puis je suis allé faire un brin de toilette (il y avait la queue à l’unique douche éclairée la nuit) avant de somnoler un tiers de nuit dans la voiture.
Un tiers…
A 7h00 du matin j’ai enfin pu trouver une douche car je ne voulais pas embrasser mes filles non lavé. Une fois propre je les ai retrouvées et embrassées. C’est à ce moment que j’ai appris qu’il y avait un bon tiers d’abandons !
Un tiers… décidément !
LTDB_un_tiers_ému,_un_tiers_comblé,_un_tiers_émerveillé
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