Récit de la course : Spartathlon 2003, par b.constant
le spartathlon 2003
le Spartathlon un rêve d’ultra
Il y a six ans j’ai découvert le spartathlon dans VO2, un superbe reportage de l’édition 98, une course à pied de 246km non-stop considérée comme l’une des plus dures.
J’ai été ébloui et fasciné par cette course mythique et historique puisqu’elle se déroule en Grèce, terre des dieux et des premiers jeux olympiques. Mon rêve était de participer un jour à cette course tant convoitée par des coureurs du monde entier. Le seul petit problème était que je ne courai pas du tout, n’étais pas du tout sportif et qu’en plus je m’intoxiquais de cigarettes. Cela restait purement fantasmatique pour un néophyte comme moi. Et bien non ! ! !
J’ai relevé le défi pour échapper à l’attrait de la cigarette et n’avais plus qu’un objectif : participer et finir le spartathlon ! ! !
Durant cinq ans je me suis entraîné et participais à toutes les courses de la région. Progressivement j’ai même pu participer à des grandes courses telles que le marathon des sables, la désert cup en Jordanie, l’intégrale de riquet etc…
En 2003, j’ai téléphoné à Auguste Lespinas, le représentant pour la délégation française du spartathlon. J’avais vraiment envie d’en savoir plus sur ces coureurs qui me fascinaient par leurs exploits. Il m’a demandé ce que j’avais fait en course à pied et m’a vivement encouragé à me pré-inscrire, ce que j’ai fait sans perdre de temps. Après un entraînement assidu me voilà au départ du spartathlon en septembre 2003.
Voyage au bout de l’effort
246 km non-stop pour relier Athènes à Sparte. Dans les embouteillages athéniens, sous le Péloponnèse ensoleillé et sur des routes surchauffées, quelques 240 « doux-dingues » de l’ultra se sont alignés au pied de l’Acropole, pour essayer une nouvelle fois d’aller jusqu’au bout de leur rêve. Un voyage au bout de l’effort.
Qu’est-ce qui pousse l’être humain à accepter autant de souffrances et de douleurs ?
Qu’est-ce qui pousse le coureur d’ultra à repousser ses limites jusqu’au signal d’arrêt ? Trop tôt, parfois au grand désespoir de l’athlète. Arrêt physique, le corps jette l’éponge avant l’esprit. Plus d’accord de souffrir, la belle harmonie s’est envolée.
Ce n’est encore qu’un rêve.
Debout à 4h30 devant l’hôtel london, un dernier petit briefing avec ma femme et Christian Caumont, un ami qui est venu m’assister dans « mon périple ». Puis nous-nous retrouvons au pied de l’Acropole une demi-heure avant le départ. Là, la tension est montée d’un cran. Le départ est donné à 7h. Nous traversons la ville au lever du jour au moment où les Athéniens partent au travail. Quel embouteillage ! ! !
Voitures, camions, motos nous étouffent avec leurs échappements.
Nous longeons une six voies, les véhicules nous frôlent et ce durant 25km pour sortir d’Athènes. J’ai pris un rythme un peu trop rapide me semble t-il, mais je suis avec un petit groupe de Français et bavardons ensemble. Les kms passent et j’apprécie ce paysage sec, il fait très chaud, .38°. J’essaye encore de découvrir des odeurs, chèvrefeuilles en fleurs, bougainvilliers, odeurs de marées avec les petits marchands d’huîtres plates. La mer transparente est là juste derrière leurs étals. Odeurs aussi de gaz brûlés avec les raffineries que l’on frôle. Je rêve d’un petit bain mais il sera pour plus tard. J’écoute mon corps qui avance comme un métronome. La mécanique fonctionne, j’ai rejoins un compagnon de route, Auguste Lespinas avec lequel on se voit gravir la montagne de nuit et remonter l’ultime boulevard de Sparte le lendemain. Le soleil grimpe doucement vers son zénith. Encore plus de lumière pour éclairer l’exploit, la mer scintille. Pieds, chevilles, genoux, mollets et cuisses répètent l’effort. Machine de sang et de muscles en action, le cœur bat bien la cadence. Presque serein, foulée après foulée sur l’asphalte surchauffé le corps avance.
Puis soudain c’est la panne. Quelque chose s’est installé dans la belle harmonie que rien ne semblait pouvoir brisé. Quelque chose que l’on arrive pas tout de suite à identifier ? Une douleur vielle de quelques mois, vacherie ! ! !Elle ne s’était pas manifestée depuis longtemps. Pourquoi me faire ça aujourd’hui ? Ou douleur nouvelle, inclassable, insupportable. On jette l’éponge ou on continu d’avancer, l’esprit ne s’évade plus. Sparte s’éloigne de plus en plus, mettre un pied devant l’autre devient de plus en plus difficile. Le rêve devient un vrai cauchemar. Les mois de sacrifices défilent, les heures « volées » à sa famille pour accumuler des kilomètres. Non, ce n’est pas possible, pas si vite. J’ai envie que la magie se prolonge et d’être encore du voyage. Et il y a ce message qu’il faut porter à Sparte, Pheidippides y est arrivé lui... Tout ça pour finir sur le bord d’une route entre deux villages de nulle part. Le compagnon de route essaye quelques vains mots d’encouragements puis s’éloigne, son rêve encore préservé. Malheureusement lui aussi abandonnera au 110ème km. L’émotion est à son comble, mon cœur déborde de larmes. Ici les échecs font très mal, la sélection est rude, 82 arrivants sur 240 partants triés et sélectionnés. Dès le 40ème km de course j’ai commencé à souffrir de troubles digestifs, c’est aller en s’aggravant au point de ne plus pouvoir avaler quoi que ce soit. J’ai très vite compris que je n’irai pas à Sparte et ce malgré les encouragements de ma femme et mes deux garçons Romain et Nicolas qui ont fait le déplacement pour m’encourager. Au 80ème km, à Corinthe ma course s’est achevée non sans avoir lutter, je me suis retrouvé hors course à une barrière horaire pour 3 petites secondes. A ce moment là tout s’est écroulé. Nous étions un quart des participants à avoir abandonnés. J’ai une profonde pensée d’impuissance pour ma famille, les sponsors et plus particulièrement à Monsieur Morandin directeur de carrefour, les amis, mon club et toutes les personnes qui ont cru en moi. Je pense que dans toute défaite il y a du bon à prendre, je retiens la leçon et j’ai fait la promesse à mes fils de leurs ramener la médaille du spartathlon fin septembre 2004. Pour relever le défi, j’ai repris l’entraînement en décembre 2003
Bernard
8 commentaires
Commentaire de may posté le 12-04-2007 à 10:43:00
Bernard,
MERCI INFINIMENT de partager avec nous tes émotions, tes sensations à travers ton périple... et de nous faire rêver...
les mots me manquent... merci merci merci
May
Commentaire de proton posté le 29-06-2007 à 14:32:00
bravo, pour ce courage !
Courage des entrainements, courage d'oser participer, courage pendant la course et courage d'oser en parler avec ces mots !
On voit bon nombre de recits enjoliver les courses avec de belles phrases, de belles photos mais ce recits là est magnifique car il parle vraiment de ce que l'on ressent dans une course, peut importe notre niveau, la douleur, le depassement de soi et parfois les echecs ! alors moi je dis bravo, bel echec malgré tout ! Il fallait oser !
Commentaire de b.constant posté le 30-06-2007 à 23:31:00
waaa ! merci May et Proton pour le p'tit com !
juste pour vous dire que j'ai eu ma revanche en 2004
j'ai fini 24 ème sur 240 .
ça va faire prétentieux mais cette année là j'étais trop fort mentalement et au fond de moi je "savais" que j'allais réussir !
je vous la recommande .
bernard
Commentaire de may posté le 02-07-2007 à 16:20:00
non "ça" ne fait pas prétentieux!!!! car tu es humble, c'est pour ça que je t'adore!!!!
@mon étoile,
biz,
may
Commentaire de mary29 posté le 18-08-2007 à 16:02:00
c'est beau , c'est fort !! j'ai pas d'autres mots.. dans la vie ,il n'y a pas d'échecs , que des expériences qui nous poussent à aller plus loin. Merçi bernard pour tes récits. Maryline
Commentaire de HervéB posté le 18-09-2007 à 17:29:00
Merci Bernard, j'espère que dans 10 jours ça se passera bien pour moi, je viendrais vous raconter...
Commentaire de mico34 posté le 24-04-2008 à 14:31:00
et le récit de 2004 il est où ? je reste sur ma faim moi
Commentaire de b.constant posté le 24-04-2008 à 19:01:00
hé hé Mico le "fouine" lol
ben... désolé Mireille je n'ai pas eu le courage d'en faire un ! manque d'inspirations mais tout ce que je peu te dire c'est que la course c'est très bien passé !
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