L'auteur : goldenbianca
La course : Pilat Winter Raidlight Trail - Inov 8 Winter Trail
Date : 24/1/2010
Lieu : Marlhes (Loire)
Affichage : 3149 vues
Distance : 23km
Objectif : Pas d'objectif
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Pilat winter trail 24 janvier 2010
24 Kms 900 D+ avec la neige.
J'avais décidé il y a quelques temps déjà d'essayer un trail blanc et c'est naturellement que j'ai choisi le Pilat winter trail, car il se déroule chez moi. Enfin disons de là ou je viens.
Le départ est donné du village de Marlhes dans la Loire, un vrai retour aux sources pour moi, la plupart de ma famille paternelle est issue des environs, certains y ont encore des exploitations agricoles, mon grand-père lui était parti à la ville et était devenu mineur. Rien qu'en donnant mon nom aux inscriptions, on me demande si je suis du coin...
On a eu pas mal de neige récemment dans la vallée du Rhône et les fêtes passées en montagne m'ont donné l'occasion de courir dans la neige.
Par contre, depuis 2 jours j'ai le tendon d'achille droit qui me fait souffrir, je me dis que je vais y aller mollo.
Bon ça y est on est dimanche et le départ est proche. Les coureurs du 33kms viennent de partir et je me décide à m'échauffer un peu, histoire de voir ce que le tendon va donner.
Dès les premières foulées je sens que je n'y suis pas. J'ai mal au tendon, j'ai l'impression que mon camel back fait 10kg, je me sens lourde.
Bon de toute façons je suis là, je prends le départ on verra pour le reste. Je sais que je suis plutôt du type « diesel » et que je trouve ma vitesse de croisière après ½ heure de course, donc pour l'instant, wait and see...
Départ donné, je trouve que ça part plutôt tranquille, moi qui en général perd déjà 100 places sur le premier kilo, je me maintiens. On fait un petit tour dans le village et on s'en va prendre des chemins de randonnées enneigés. C'est là que le drame commence pour moi.
Je ne sais pas si c'est parce que les coureurs du 33 kms étant passés avant ils ont labouré la neige mais elle à une consistance entre mi poudreuse/mi semoule, j'ai énormément de mal à m'en sortir. En dessous elle est plutôt dure et irrégulière donc les appuis sont....hasardeux. Je me tords les chevilles par alternance, une fois à droite puis une fois à gauche, je pose souvent la main au sol car je manque de tomber régulièrement. Chaque pas est une presque chute.
On alterne parties poudreuses ou en fonction de l'endroit on s'enfonce de 10 à 20 cm et parties plus damées mais très irrégulières ou mes pieds je ne sais pour quelle raison ont choisi de se mettre le plus souvent possible dans les trous résultat, c'est l'agonie au niveau de mes chevilles.
J'ai bien mis des guêtres mais elles ne passent pas sous mes chaussures donc elles se relèvent à chaque fois que je m'enfonce. En gros j'ai des chaussures gore tex, mais j'y mets des poignées de poudreuse dedans, trop malin...
Plus on avance, plus je réalise que je perds énormément d'énergie à marcher dans cette neige, probablement plus que si je courrais. Je n'arrive pas à me lâcher, je suis trop vigilante, je n'y suis pas, j'appréhende chaque pas.
1er Ravito, les 13 kms bifurquent. Bien évidemment les 1ers m'ont doublé. Je suis exténuée, qu'est-ce que je fait ? Bon je vais manger un truc on verra après, je demande un verre de coca, on me demande mon gobelet. (On nous a donné une éco tasse à l'inscription pour éviter les gobelets en plastiques, je trouve que c'est une très bonne initiative). Il se trouve dans mon camel back, j'ai tellement mal au dos que je n'arrive même pas à l'attraper, tant pis je me contenterai de l'eau que j'ai sur moi.
Je repars, sur les 24 kms.
Les moments ou je peux courir sont une délivrance, quand j'arrive sur les morceaux de route j'ai l'impression d'avoir des bottes de 7 lieux !!! Mais c'est rare...
Je prends un gel. Je ne tiens plus sur mes jambes. Chaque pas est une souffrance. J'en ai marre, je m'ennuie, j'ai envie de courir, je suis frustrée, je n'arrive pas à m'exprimer. Je profite du paysage, j'ai largement le temps...J'ai mal aux jambes, j'ai mal au dos, je n'avance plus. Seule ma tête me fait avancer, une découverte pour moi qui ai plutôt un mental parasite, là c'est ma tête qui m'emmène. Je trouve ça chouette. Tout part en sucette et j'ai au moins quelque chose sur quoi me raccrocher.
N'empêche, j'ai jamais connu de telles difficultés sur une course. Les 1ers du 33 kms me doublent et là je suis très admirative de l'effort qu'ils accomplissent. Respect.
2ème ravito. J'en ai marre j'en ai trop marre. Il faut que je rentre. Je retrouve un peu de jambes pour courir jusqu'à la fin, une mono trace super agréable en sous bois, nous fait arriver près du village du Roset.
Je sais que c'est la fin, j'ai trop mal au dos, à la symphyse pubienne, aux chevilles, l'arrivée dans le gymnase me libère enfin de cette course.
Je n'évoquerai même pas mon chrono qui est catastrophique, mais ça c'est pas grave, ce n'est pas ce que je vaux sur cette distance mais tant pis. J'aurais juste bien aimé représenter mon club dont j'inaugurais la tenue mieux que ça.
L'ambiance générale de la course est conviviale et une bonne tartiflette nous attend pour le repas de midi, enfin de 13h pour moi...
Nietzsche disait « seule la grande douleur libère vraiment l'esprit, car elle nous enseigne le grand doute. J'ignore si une telle douleur nous améliore mais je sais qu'elle nous rend plus profond ».
A défaut d'avoir été performante, j'ai été en contact avec des ressources mentales que je ne pensais pas avoir.
Ca sera l'enseignement de cette course et vraiment ça valait le coup.
2 commentaires
Commentaire de nico2938 posté le 26-01-2010 à 19:03:00
Félicitations pour le mental! Je crois que c'était difficile pour tout le monde! Surtout que les multiples passages ont dû rendre le parcours plus difficile!
Il y aura des jours meilleurs!!
Merci pour le récit!
Commentaire de mysterjoe posté le 26-01-2010 à 21:52:00
"Chaque pas est une souffrance. J'en ai marre, je m'ennuie, j'ai envie de courir, je suis frustrée, je n'arrive pas à m'exprimer."
merci pour ton récit ou tes mots expriment eux exactement ce que j'ai pu ressentir plusieurs fois sur le 33, bravo à toi pour le courage trouvé pour finir, recupere bien
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