Récit de la course : 100 km de Millau 2005, par cagouille41

L'auteur : cagouille41

La course : 100 km de Millau

Date : 24/9/2005

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 3367 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Cagouille67 à Millau - Le CR

Vendredi 23 septembre : 08h45 –
Le bus vient de me déposer à la gare de Millau après une très longue nuit passée dans le train (c’est loin l’Alsace…). J’ai été parcouru de frissons tout à l’heure lorsque, au détour d’un virage, j’ai vu apparaître la ville et son imposant viaduc en contrebas. Ca fait un an que j’en rêve. Très exactement depuis la lecture du CR de Poussman en 2004 . Mais la magie de cette course ne m’est réellement apparue qu’en visitant le superbe site de Vincent Toumazou. Aujourd’hui je suis là, après 13 semaines de préparation, plus de 800 km parcourus, et j’ai encore du mal à réaliser que je suis à la veille de cette fabuleuse aventure.
Après un rapide passage à l’hôtel, je fais enfin connaissance (autour d’une p’tite mousse) avec le fameux « Patate » et sa petite chienne du même nom. Il m’est de suite très sympathique et nous discutons comme si nous nous connaissions depuis des année.
Durant l’après-midi, le Parc de la Victoire se rempli petit à petit de coureurs à la recherche de leur précieux dossard. Fait du hasard, le mien sera le 67, numéro de mon département du Bas-Rhin.
Je retrouve plusieurs membres du forum aux abords du stand Mizuno. Des pseudos sur lesquels je peux enfin mettre des visages. Forrest78 – Joluris – Poisson – Bernardlepirate – Patate (encore lui) – Le Squale – Tonio … et d’autres que j’ai oublié de citer et je m’en excuse.
Nous attendons tous Bruno qui fini par arriver avec l’équipe de Stade2. Il a un programme très chargé mais trouvera néanmoins le temps de tous nous saluer. Je suis très impressionné et intimidé en serrant la main de ce grand champion. « Grand » par la classe, mais également par ses qualités de cœur.
Jack26 est là aussi ; le sac à dos rempli de bouteilles de Clairette de Die qu’il partagera avec nous tous au cours d’un pot improvisé dans la foule.
La « Pasta » se déroulera également dans un esprit très convivial, chacun y allant de ses petites anecdotes de courses, mais en pensant déjà fortement au lendemain.

Samedi 24 septembre : Le grand jour –
Si certain ont eu du mal à trouver le sommeil, ça n’a pas été mon cas. La fatigue du voyage à eu raison de moi et j’ai passé une excellente nuit. Je retrouve Joluris et son beau-frère au petit déjeuner de l'hôtel et, à la vue de tous les sportifs occupant la salle, je me dis que l’hôtel devrait se vider très rapidement ce matin. Les « Gatosports » sont de sortie et la patronne se demande déjà comment elle va pouvoir écouler tous ces croissants…
Patrick, mon indispensable accompagnateur arrive enfin et, après avoir préparé le vélo, nous prenons le chemin du Parc de la Victoire. Il a plu un peu en fin de nuit mais la météo s’annonce plutôt bonne pour toute la journée.
L’enregistrement du dossard se passe bien pour moi, mais certains sont à la bourre et perdent déjà de précieuses forces dans un sprint d’avant course.
A 09h30 je dis au revoir à Patrick qui doit partir se placer à Aguessac (6ème km) pour m’attendre. Puis nous prenons tous ensemble, derrière la fanfare, la direction de l’avenue Jean Jaurès d’où sera donné le départ. Je suis avec 3 membres du forum et nous sommes tous émus par la magie de ces instants. Je ne me suis jamais senti aussi détendu au départ d’une course et c’est du pur bonheur.
10h : Voilà, c’est parti pour 100km. Je repense aux derniers conseils de Tanko… Partir doucement, et encore ralentir.
Au bout de quelques centaines de mètres, je m’arrête déjà car je viens de reconnaître les 2 charmantes dames qui sont en train de quitter une épaisseur de vêtement. Il s’agit de Koline et Lafrite que je n’ai plus revu depuis le semi de Paris 2004. Les retrouvailles sont chaleureuses et nous reprenons la route ensemble. Je fini par calquer mon allure sur celle de Koline qui adopte la fameuse méthode Cyrano, et qui nous fait progresser à un peu plus de 6mn au km. Nous « papotons » beaucoup et les km défilent très vite malgré les nombreux faux plats. Nous retrouvons nos suiveurs à la sortie d’Aguessac et j’en profite pour quitter le tee-shirt déjà trop chaud au profit d’un débardeur.
Les paysages dans ces gorges du Tarn sont de toute beauté et je m’en délecte tout en écoutant avec attention Koline qui joue les guides touristiques. L’ambiance est excellente et nous atteignons déjà Le Rozier. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait 21km et c’est pourtant le cas. Les cotes vont maintenant se succéder plus fréquemment jusqu’à La Cresse mais on utilise toujours la même méthode ; on trottine sur le 1er tiers de la cote, puis on marche d’un bon pas sur les 2 autres tiers.
Aux ravitaillements, nous prenons principalement des toasts au pâté, au jambon et au fromage ; ainsi que de l’eau et du coca.
C’était trop beau pour durer… Juste après le ravitaillement du 35ème, c’est la défaillance pour Koline. Lafrite va rester à son niveau et elles me demandent de poursuivre ma route.
C’est maintenant la lente descente vers Millau sur une portion de route plus monotone. Au 40ème km, Patrick m’annonce que je suis tout à fait dans mes temps de passage ; 4h35 à ce niveau.
Après la place du Mandarous, on croise ceux qui repartent déjà sur le 100km. Ils ont tous l’air bien. Patrick, comme tous les suiveurs, est bloqué dès l’entrée du parc. Je me dépêche donc d’aller au pointage de la salle des fêtes pour le rejoindre au plus vite. Un ravitaillement vite expédié et, à la sortie de la salle, je pénètre dans un monde nouveau pour moi ; celui de l’Ultra.
En quittant le parc, c’est d’abord le slalom impressionnant au milieu de la circulation automobile ; puis le franchissement du pont Lerouge à la sortie de la ville. Au milieu de ce dernier, je remarque le panneau 98 qui orne l’autre côté… Ce sera pour plus tard…
Côte de Creissel : la première vraie difficultée que je décide de franchir en marchant. J’en profite pour demander mon téléphone à Patrick. De nombreux messages d’encouragement m’attendent ( RakoJF – Soul94 – Charlotte – Tanko – J-Claude67 –Jojo57 etc.) et ça fait chaud au cœur.
Au rond-point suivant, on a une superbe vue sur le viaduc ; mais quelle côte pour y parvenir ! Plus personne ne court et c’est une longue file de marcheurs et de vélos qui s’étire dans la montée. J’en profite pour passer un premier coup de téléphone à mon épouse. C’est la mi-course et tout va bien même si les jambes sont un peu raides. Je pense aussi à ce moment à Vincent Toumazou qui m’a fait aimer cette épreuve avant même d’y participer. Je décide de l’appeler afin de partager cet instant d’émotion avec lui.
C’est maintenant la descente sur St Georges-de-Luzençon. Elle fait mal aux jambes et la chaleur est de plus en plus pesante.
La route vers St Rome-de-Cernon n’est ensuite qu’un long faux plat montant. Je souffre et Patrick me faire adopter un rythme de 30/30 (30s marche et 30s trot) ou de 20/40. C’est sur cette portion que je vais croiser les premiers. Un « Allez Bruno » auquel il répondra par un signe de la main. Le deuxième à quelques minutes et le troisième déjà très loin. Pas de Jack26… Je ne sais pas encore qu’il a abandonné.
J’aborde maintenant la fameuse côte de Tiergues. Un « Allez Cagouille » me sort de ma rêverie. C’est Phil84 qui vient de passer comme une fusée suivi de près par Joluris. Ils feront d’excellents chronos s’ils conservent le rythme.
Une autre image que je conserve de cette montée, c’est cette suiveuse qui poussait son vélo et qui s’écroule ivre de fatigue dans le fossé quelques mètres devant moi.
C’est maintenant la descente vers St Affrique. Je croise un meneur d’allure de 10h, seul, qui m’avoue être à la ramasse ; puis la meneuse des 11h qui semble fraiche comme une rose. Je descend rapidement mais j’ai l’impression que ça ne finira jamais. Je croise beaucoup de monde et quelques têtes connues du forum. Tout le monde s’encourage et je me sens bien, très bien, trop bien…
J’arrive au pointage de St Affrique avec seulement 2mn de retard sur mon planning. J’ai du mal à me ravitailler car rien ne passe. Je décide de me faire masser un peu… j’aurais pas dû. Vincent Toumazou m’appelle à ce moment là et me prodigue quelques conseils. Petit coup de téléphone à la famille et je décide de repartir ; il est 19h et j’échange mon débardeur contre un tee-shirt. Je suis soudain pris de frissons et je vomi longuement derrière une baraque de chantier. Je me sens subitement vidé et sans forces dans les jambes. La première idée qui me vient à l’esprit, c’est comment je vais pouvoir faire les 30 derniers km…
C’est là que Patrick va être super et m’épauler à chaque instant de la longue remontée vers Tiergues.
A la sortie de St Affrique, le trio du début se recompose durant quelques mètres. Au moment où je croise Lafrite qui termine sa descente, je suis doublé par un missile nommé Koline. Elle m’encourage à la suivre mais je ne peux que la regarder s’éloigner du regard.
La nuit s’installe petit à petit, et les lumières des vélos et des frontales peinent à percer l’obscurité.
Au ravitaillement de Tiergues, je ne peux toujours rien avaler. Je repars donc l’estomac vide et le moral en berne.
J’aborde maintenant la descente et Patrick me force à courir. Ca commence à aller mieux et je peux enfin m’alimenter à St Rome ( Perrier – Bière et chocolat ). Je conserverai cette formule à tous les autres ravitaillements.
Patrick m’annonce que j’ai perdu une bonne ½ heure sur mes prévisions. Je sais que je ne pourrai plus passer sous les 13h mais je vais essayer d’arriver avant minuit.
Les jambes vont mieux désormais et le moral revient. Je lis beaucoup de fatigue dans le regard des personnes que je croise aux ravitaillement et je me demande bien à quoi doit ressembler ma tête. Chose incroyable, je croise encore beaucoup de personnes qui passent de l’autre côté de la route en direction de St Affrique. La nuit sera très longue pour eux.
Juste avant St Georges-de-Luzençon, c’est le bus des abandons qui me dépasse. Je le regarde s’éloigner… moi, je serai Centbornard cette nuit.
Dernière côte avant le viaduc. Je l’avais bien descendue ; elle est beaucoup plus dure à remonter. Voici enfin le viaduc éclairé de mille feux au détour d’un virage. Mais plus j’avance et plus j’ai l’impression qu’il s’éloigne. Un dernier rond-point et je passe en dessous. La descente qui suit est vertigineuse et fait hurler de douleur mes quadriceps. Je dépasse le panneau indiquant 95 et m’élance dans la côte de Creissel. Elle n’est pas longue mais que c’est dur !
Me voici au dernier ravitaillement où je bois un gobelet de bière, un peu de Perrier, et c’est reparti. Je rattrape le meneur de 14h accompagné d’un UFO juste avant le 97ème km. Je ne sens plus la fatigue.
Voici la Place du Mandarous et l’avenue de la République. Je suis sur un nuage et je regarde au loin vers l’entrée du Parc. Je passe les grilles sous les applaudissements et j’aborde la remontée vers la salle des fêtes. J’avale la plate-forme métallique à l’extérieur et je pénètre dans la salle noire de monde. J’entend quelques « Bravo Cagouille » sur ma droite et je lève le poing en lançant un « Que du bonheur » (salut Fred !) qui sera repris par le speaker.
Je suis Centbornard à Millau en 13h 41mn 08s.
Après avoir reçu mon diplôme et ma plaquette souvenir, je retrouve Patate qui me félicite et me donne des nouvelles des autres.
J’aurais aimé rester mais je me sens épuisé. Je récupère mon sac et je regagne l’hôtel avec Patrick pour une nuit agitée car j’ai l’impression que les jambes courent encore.
Dimanche 25 septembre :
Ce week-end Millavois se termine comme il a commencé ; autour d’une petite mousse avec l’ami Patate.
J’ai rencontré des gens formidables durant ces quelques jours. Des gens simples, humbles, mais qui sont tous de grands champions.
Bravo à toutes et à tous.

3 commentaires

Commentaire de jsm0256 posté le 02-10-2005 à 20:10:00

Je ne joue pas dans la même cour mais je peux dire que j'y étais et même si j'ai mis 17 h 56, je me suis bien amusé et j'avais parié sur 17 h 58. Ceci dit, félicitations.
Après quelques centaines de mètres, j'ai vu un grand gars qui embrassait deux dames ... c'était peut-être toi?
A l'année prochaine, un marcheur belge (SPA)

Commentaire de felis posté le 03-10-2005 à 14:50:00

Arghh, je ne sais pas comment tu arrives à boire de la bière..Bon, sinon, cette année, vu la chaleur, il ne fallait pas viser un chrono. C'était pas une température pour un cent bornard :o)

Commentaire de joy posté le 03-10-2005 à 17:45:00

C marrant parce que pour les jambes sa m est arrivé aussi impossible de dormir de la nuit vraiment tres chi.... .
A + et bravo pour ta prestation
JOY

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