Récit de la course : Les Templiers 2009, par poluc

L'auteur : poluc

La course : Les Templiers

Date : 25/10/2009

Lieu : Nant (Aveyron)

Affichage : 4314 vues

Distance : 72km

Matos : Sac Nathan Ultimate Wasp
Chaussures Brooks Cascadia

Objectif : Terminer

1 commentaire

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Compte Rendu de l’ultra trail des Templiers 2009

 

Nous sommes le 25 Octobre 2009, il est 3h30 du matin quand le réveil sonne, je me lève de suite. Il a plu abondamment, la nuit a été courte et le sommeil léger mais je n'y prête aucune attention. Je sors du réfrigérateur mes pâtes carbonara fraîchement préparées la veille, elles me semblent bonnes et je les mange de bon appétit. Une fois ce festin terminé je m'habille consciencieusement sans oublier les précautions d'usage: crème anti-frottements sur les pieds et sparadrap sur les tétons. ☺
Nous partons ensuite chercher les Z-Trailers, une joyeuse bande de ch'ti coureurs aguerris dont certains envisagent de terminer dans le top 20. Inutile de vous dire que je suis bien loin de ces préoccupations, finir serait déjà un exploit. Ils sont prêts et discutent tranquillement sur le pallier du bungalow voisin, quelques photos d'usage puis nous partons rejoindre le rassemblement.
Sur la ligne de départ l'ambiance générale peut sembler décontractée pour un regard extérieur mais les coureurs sont quand à eux concentrés voir un peu fébriles, ils sont dans leur bulle, prêts à en découdre. Après les discours des favoris les fumigènes s'allument, la musique "Ameno" est lancée et à 5h15 le départ est donné, nous y sommes. Devant nous attendent 70km et 3200 mètres de dénivelé positif de chemins dans le parc national des Cévennes.
Le ciel encore chargé et la température douce m'imposent un arrêt après quelques centaines de mètres pour retirer mon sweat-shirt sous peine de me déshydrater inutilement. Nous montons dans un chemin sinueux et un flot ininterrompu de lampes frontales serpente dans la nuit. Environ 3000 coureurs sont au départ, le non-respect des barrières horaires et les blessures obligeront 900 d'entre eux à abandonner dans les heures qui suivent.
Les premiers kilomètres se font sans encombre mais le terrain est glissant et la nuit n'arrange pas mes affaires. A plusieurs reprises les chevilles partent, je suis désormais prévenu il va falloir y aller lentement. De toute façon l'objectif est de terminer alors je me montre patient et trottine tranquillement. Avant de partir je me suis fait un road book sur 11h, me disant que si les jambes ne tenaient pas j'aurais toujours la possibilité de ralentir pour finir dans de bonnes conditions, enfin j’espère.
Je rejoins Sauclière (km 15) à 7h00, prends 2 gobelets d'eau et continue ma route en direction de l'ascension du Saint-Guiral, prochain objectif sérieux situé au km 30,8. Le ciel se lève et laisse apparaître…un voile gris, nous sommes loin de la fameuse mer de nuages dont m'avaient parlé les copains! Pour ne rien arranger le vent se lève et la température chute, j'enfile rapidement un coupe vent pensant que si cela ne s'améliore pas la journée risque d’être très longue… Qu'à cela ne tienne je savais que cela serait difficile en venant ici et il en faudra plus pour atteindre ma détermination.
Je passe en mode diesel et avance en direction du St-Guiral, puis une fois ce col passé nous amorçons la descente vers Dourbies. C'est à ce moment que le soleil choisit de pointer le bout de son nez, il ne nous quittera plus jusqu'à l'arrivée, voilà une bonne nouvelle qui réchauffe - aussi - les organismes.
J'arrive à Dourbies après une descente très sympathique que je juge technique. A ce moment de la course je n'ai pas encore vu les suivantes… des murs de pierres à désescalader par marches de 1m, du jamais vu dans ma courte vie de trailer (faut dire que c’est mon premier ultra trail...)
Dourbies – km 39 - 5h15 de course, les anciens disent que la course commence maintenant: "Si t'es pas frais à Dourbies, perds pas ton temps, tu peux t'arrêter là." Objectivement ils doivent avoir raison, nous en sommes à moins de la moitié de D+ et il me reste environ 6h00 de course… La côte de Trèves est réputée longue et les descentes suivantes cauchemardesques pour celui qui n'a plus de cuisses.
Soit, une fois étirés les muscles ne sont plus douloureux et je ne ressens aucune fatigue latente, je n'ai pas particulièrement faim ni soif mais par précaution j'avale 3 gobelets de Perrier, remplis la poche à eau et ne résiste pas aux tartines de Roquefort gentiment préparés par les bénévoles. Bref les kilomètres sont dans les jambes mais tous les indicateurs sont au vert, cela doit être synonyme de "fraîcheur" dans ce monde…
Après un arrêt de 20 mn je décide de repartir en direction de la fameuse ascension de la côte de Trèves, "1 heure" me disent certains alors que d'autres vomissent arrivé en haut! A vrai dire je n'en mène pas large et attaque la grimpette sur un rythme calme et régulier. L'ascension se déroule sans encombres et la descente vers Trèves s'amorce rapidement, et quelle descente!
Non seulement elle est longue mais des pierres hautes de 1m font office de "marches", des single tracks dans le maquis glissent et l'on ne voit pas nos pieds, ajoutez à cela des successions interminables d'épingles à 180° sur 15 mètres de long étalées sur plusieurs dizaines de mètres de D+ et me voilà avec des jambes qui chauffent sérieusement et une fatigue latente dans les quadriceps. Je viens de perdre ma fraîcheur musculaire et comprends  désormais les conseils dispensés par les coureurs aguerris...
Arrivé à Trèves je prends maintenant la mesure de l'effort à fournir, cela fait 6h40 que je suis parti, nous sommes au 49ième km, il m’en reste encore 21 à parcourir agrémentés de 2 ascensions sérieuses dont le Roc Nantais. La fatigue musculaire est désormais latente mais je décide de ne pas y prêter attention dans la mesure où les douleurs sont uniformes donc pas de blessures en vue. Je m'assois tranquillement pour manger quelques tartines de Roquefort et du gruyère puis décide de repartir après les quelques étirements que je m'impose à chaque arrêt.
La montée est agréable, nous sommes au soleil, le paysage automnal des Cévennes est magnifique comme toujours depuis Dourbies et de nombreux spectateurs nous encouragent tout au long du parcours. J'en profite un maximum et discute avec des coureurs sur le chemin. L'ambiance entre trailers est paisible, les rapports sont agréables, nous allons à l'essentiel avec le sentiment de partager quelque chose d'unique et l'envie d'aller au bout.
Une fois l'ascension terminé nous voilà sur une succession de valons où il faut courir un maximum pour gagner du temps mais les nombreux changements de rythmes rendent l'exercice fatiguant. Les organismes sont marqués et je croise de nombreux coureurs allongés sur le bord du chemin, certains ont des crampes, d'autres sont au bout et décident de dormir un peu avant de repartir.
S'en suit une nouvelle descente périlleuse puis une montée très pentue où il faut régulièrement s'aider des mains pour avancer. Cette montée me semble interminable, je n'en vois pas le bout et je suis dans le dur jusqu'à la fin de l'ascension. Arrivé en haut je m'arrête quelques instants pour m'étirer en prévision de ce qui m'attend, à savoir 3-4 km de plat où j'ai décidé de relancer pour gagner du temps puis une descente dantesque - sans doute la plus technique du parcours - vers Cantobre. Tout se passe plutôt bien si ce n'est que je perds énormément de temps durant la descente, une demoiselle se fait aider par un ami pour descendre les "marches", elle est bourrée de crampes. J'attends donc sagement derrière avant de pouvoir les doubler quasiment en fin de descente, après tout cela fait aussi parti de la course.
Cantobre, 62ième km, 9h15 que je suis parti, plus "que" 8 km dont l'ascension du Roc Nantais - 5km et 400 D+ - puis la descente finale vers Nant - 3 km et 400 D- -. Je remplis la poche à eau, m'assois pour manger tranquillement et fais ma gymnastique réglementaire avant de reprendre la route.
Le chemin qui mène au Roc Nantais est inoubliable, il y a des spectateurs partout, on se croirait sur les derniers hectomètres de l'ascension d'un col du tour de France et je savoure ce moment de gloire éphémère :)
Les jambes tirent un peu mais qu’importe, c'est la fin et j'en profite pleinement. La descente s'amorce devant nous et, frustré de mon aventure en arrivant à Cantobre, je compte bien m’amuser cette fois! Je pars billes en tête et double au total 37 coureurs sur 3 km, je me sens en pleine forme et ne ressens plus aucune douleur en arrivant à Nant… jusqu'à ce que je découvre cette côte mesquine à 500m de l'arrivée, et là je marche lamentablement jusqu'en haut, ces quelques mètres de pente "douce" auront fait oublier tous les efforts consentis ces 10 dernières heures, le mythe est déchu… :)
Me voilà finalement arrivé en 10h43, heureux d’en finir avec un résultat bien au delà de mes espérances puisque l’objectif était simplement de rallier l’arrivée, si possible en moins de 12 heures…
Je comprends désormais ce qui rend cette course mythique, le départ de 3000 coureurs de nuit sur fond de chant grégorien (si je vous jure), les paysages magnifiques des Cévennes en cette saison. Et puis tout au long du parcours les bénévoles et spectateurs ont à cœur de nous faire partager leur région pour rendre cette épreuve inoubliable.
Parmi les coureurs on sent un respect mutuel détaché des considérations chronométriques puisque terminer la course est en soi remarquable. Un finisher est avant tout un coureur qui est arrivé au bout et c'est ce qui compte.

A refaire sans hésitations…

1 commentaire

Commentaire de helmut posté le 18-12-2009 à 16:41:00

trés bien raconter. J'ai vecu la même chose en 12 h 43 et pleins de souvenirs en tête. Aprés la 6000 d, ce trail se rajoute à ma longue liste des courses. et pour 2010 j'envisage le TGV à Pralognan. A + sur des ultras... OLIVIER DIGNE (04)

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