Récit de la course : EmbrunMan 2005, par L'Squick

L'auteur : L'Squick

La course : EmbrunMan

Date : 15/8/2005

Lieu : Embrun (Hautes-Alpes)

Affichage : 3738 vues

Distance : 234km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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EmbrunMan 2005

L’EmbrunMan, qu’est-ce que c’est ?

C’est un triathlon longue distance sur un format IronMan c’est à dire qu’il faut enchaîner 3,8 Kms de natation avec 185 Kms de vélo puis terminer par un marathon, soit 42,195 Kms, le tout le plus rapidement possible et dans les délais bien sûr !!!

L’EmbrunMan, c’est les mêmes distances qu’un IronMan mais il n’a pas le label « IronMan », c’est à dire qu’il n’est pas qualificatif pour le championnat du Monde à Hawaï.

Aux dires des spécialistes, l’Embrunman est le triathlon le plus difficile du Monde en raison de son fort dénivelé(3600 D+ sur le parcours vélo) et (400 D+ sur le marathon). C’est aussi certainement le plus beau et le plus mythique avec son cadre fabuleux dans les Hautes-Alpes avec entre autre un passage en vélo au col de L’Izoard à 2400 m d’altitude.

Quand j’ai débuté le triathlon, en juin 2001, je pensais qu’il fallait vraiment être fou, avoir un volume d’entraînement énorme ainsi qu’une aide médicamenteuse pour terminer une telle épreuve !! Aujourd’hui, ça y est, j’ai terminé cette épreuve, je suis un Finisher et rien de ce que je pensait n’est vrai sauf peut-être que je suis vraiment fou car j’ai envie d’y retourner.

A la fin de ce CR, j’espère que je vous aurez convaincu que le triathlon, c’est beau et que c’est à la portée de tous, même de terminer l’EmbrunMan, il faut juste être patient, avoir un entraînement régulier et un moral à toutes épreuves.

Déjà plus d’un an que le triathlon d’Embrun me trotte dans la tête, mais le plus dur c’est déjà de passer la barrière de l’inscription, j’y vais, j’y vais pas…. ? Déjà trois ans que je vais en repérage passer des vacances à Embrun avec ma petite famille et l’ambiance je l’a connais car bien sûr, tous les ans j’ai assisté au départ des Héros à 6 h du mat et vraiment ça remue les tripes, ils sont vraiment fort ces mecs(ces filles aussi !!).
L’inscription, c’est 160 euros, il faudra donc prévoir cette dépense dans le budget « vacance ».Ma femme est un peu inquiète, elle à peur que je termine dans un sale état et elle me dis d’attendre encore un peu, un ou deux ans, mais je l’ai tellement saoulée l’an passé avec ça, qu’elle finit par me dire, c’est toi qui voit, si ça te fais plaisir vas-y, alors là….

Après beaucoup d’hésitations sur mes capacités à terminer ce genre d’épreuve, je me décide enfin à envoyer mon inscription fin juin. Cette fois je n’ai plus le choix, je dois m’entraîner un peu plus sérieusement et surtout faire du volume. Quel kilométrage aurai-je au 15 Août , sera –t il suffisant, ai-je vraiment les capacités ?

C’est donc dans un climat assez tendu et d’inquiétude, toujours à l’écoute de mon corps, attention aux tendinites, à l’alimentation, fais du dénivelé, vas nager, vas courir, vas rouler, vas au boulot, occupe toi des enfants, que le jour J approche.

Finalement, je nage presque pas, quelque séances tranquilles où j’essaie de nager pendant une heure, je ne cours presque pas non plus, j’ai couru le marathon de Paris en début de saison, je devrais avoir encore quelques restes. En fait je travaille surtout le vélo car c’est mon point faible mais c’est surtout le plus exigeant et ça grimpe !!!J’allonge mes sorties jusqu’à 5-6 voire même une de 7 heures, j’essaie de bouffer un peu de bosses et je participe à quelques triathlons plus court qui contribuerons à me rassurer sur ma forme.

Le départ à lieu à 6 heures, me voilà donc à 5 h dans le parc vélo pour y retrouver ma bête de course qu’on a du laisser dans le parc la veille. Je regonfle mes pneus et je prépare ma transition, cuissard, maillot manches courtes, manchettes, lunettes, casque, gourdes, barres de céréales, dossard, etc…
J’ai fais un gros travail sur moi, le chrono je m’en fiche, c’est décidé, seul terminer m’importe et c’est déjà pas mal !!Me voilà derrière la ligne de départ accompagné d’environ 900 triathlètes prêt à passer une longue journée inoubliable. Il fait nuit et déjà des centaines de spectateurs sont là pour nous encourager. C’est magique, cette fois j’en suis, je vais être un acteur de cette fabuleuse course. Le départ est donné et c’est parti pour deux tours du plan d’eau .Le premier tour se fera de nuit, gare à l’orientation !!Je nage tranquillement en 2-3 voire même 4 temps par moment, je suis zen, j’y vais peinard, je regarde les herbes, les algues défilées sous moi et j’essaie de me concentrer sur ma technique pour m’économiser. Le jour se lève derrière les montagnes, c’est superbe, je sors de l’eau en 1h09 min, acclamations du public, il y a un monde fou, c’est magique.

A ce moment, je suis 396° sur 900, je mets 6min45s pour me changer et attaquer le vélo. Il faut que je gère, je fais les montées peinard en moulinant et je me laisse aller dans les descentes. C’est à Savines, Km 35 que j’ai décidé de retrouver ma femme et mes enfants, déjà 2h 40 de course, que ça fait du bien de les voir, je m’arrête 2 petites minutes, un petit pipi et un gros bisou et c’est reparti. Tom, mon fils aîné de 4 ans ramasse les gourdes des autres participants il est aux anges, il doit être fier de moi !
En plus petit développement j’ai 39x28 et en plus gros 50x14. Au 75°km, on se rapproche de plus en plus de l’Izoard, ça grimpe de plus en plus et on a le vent de face, je suis scotché, debout sur les pédales sur mon 39x28 à 8 km/h. J’ai bien géré mais je suis déjà dans le dur, le doute s’installe, je ne pense plus qu’à une chose terminer la partie vélo, ça va être dur de rentrer dans les délais !!
Km 99, sommet de l’izoard, le ravitaillement est le bien venu, je m’avale un sandwich, des tucs salés et une énorme salade de riz. Il fait froid, 3 degré là haut !!
Après 20 minutes d’arrêt (et oui c’est beaucoup), je repars, j’ai perdu beaucoup de temps et de places, mais je suis toujours dans les délais.
Je pense à tous les Zanimos qui m’ont encouragé, je pense à mes enfants, ma femme, je visualise des pensées positives et surtout, je sais qu’il y a des hauts et des bas, il faut que je sois patient, ça ira mieux !!Effectivement , une heure après, la salade de riz commence à faire effet et le moral revient petit à petit, c’est dur quand même !
Km 141, la terrible côte de Pallon, je la passe assis sur ma selle, tout en puissance avec mon 39x28.
Km 172, je suis revenu dans Embrun, plus que l’interminable côte de Chalvet, là je revois femme et enfants, que c’est bon, mes enfants m’encourage, Go-Go Papa, vraiment j’en chie, mais je vais y arriver.
Dans la descente sur Embrun, je perd la tête, faute de belle blonde, j’accoste un moustachu qui me rattrape, et devinez qui …Cigaloun, le bougre il a fait une belle remontée à vélo, on se salue brièvement puis on arrive dans le parc vélo. J’ai une demie heure d’avance sur la barrière horaire qui est fixée à 17h15.
J’en profite donc pour me faire masser un petit coup les jambes et les deltoïdes, la transition aura durée 11 min, la partie vélo 9h25, je suis désormais à la 746° place, déjà plus de 10h30 de course !!

A la seconde même ou je démarre le marathon, je sais que je vais finir, j’ai de bonnes sensations, pas trop mal au jambes, juste aux articulations du genou, qui, très sollicitées me font un mal de chien, mais musculairement, ça va bien et puis je suis assez frais dans ma tête.
J’alterne marche et course et m’arrête à tous les ravitos, je fais les 21 km du premier tour avec cigaloun, on se quitte par moment de quelques centaines de mètres pas plus. Au deuxième tour je me mets à boire du coca, je n’y avais encore pas touché du tout. Désormais à chaque ravito, je mange un quart de tomate et bois un demi gobelet de coca, ça me fais un effet bœuf, l’arrivée se rapprochant l’envie d’accélérer se fais sentir. J’ai horriblement mal au genou et les successions de montées et de descentes ne les ménages pas, je marche toujours beaucoup trop. Dans les cinq derniers kilomètres, je pose le cerveau, et décide de ne plus m’arrêter de courir, ça fait mal mais je suis bientôt finisher, c’est bon je me sens bien, je suis heureux.
Dans les deux derniers kilomètres sur la digue ma femme et mes enfants sont encore là, merci à eux, quel plaisir de voir le visage de ceux qu’on aime quand on est dans la souffrance.
J’accélère encore et je ne doit guère me tromper en disant que je frôle les 15 km/h, d’ailleurs les spectateurs sont bluffés « regarde celui-là à quelle allure il termine ».Plus que 300 mètres, mes enfants sont là, je prend le petit(1 an et demi) dans un bras, le grand par la main et c’est parti pour un faufilage entre deux haies de spectateurs, c’est magique.. Je passe la ligne d’arrivée en 16 h 16min, j’ai couru le marathon en 5h23, c’est le 595°temps. Au final je suis classé 658°. Il y a eu plus de 200 abandons ou personnes qui ne rentraient pas dans les délais.
Une cinquantaine de concurrents arrivent encore derrière moi.

Je suis fier d’avoir terminé le triathlon le plus difficile au Monde, ma femme et mes enfants sont fier de moi, je suis heureux d’être auprès d’eux. Je les remercie d’avoir supporter mes humeurs et mes doutes pendant ma préparation. J’ai eu la chance d’être soutenu par eux tous les jours, grâce à eux je peux vivre pleinement ma passion, merci.

Le départ a donc lieu de nuit et je suis arrivé également de nuit, j’ai eu droit au collier fluo pour entamer le deuxième tour.
Il faut penser à s’alimenter régulièrement et à bien s’hydrater.
Le 39x28, c’est encore trop gros, il faut tabler sur 34 ou 36x 28.
Dans ma préparation j’ai très peu couru et très peu nagé et j’ai accumulé 3600 kms de vélo, trop peu à mon avis, 1000 bornes de plus sont nécessaires pour être plus à l’aise.
Au départ et au sommet de l’Izoard, il fait froid, je conseil un coupe-vent ou, comme je l’ai fais au minimum des manchettes.
Je m’octroie maintenant 15 jours de repos complet, sans boulot, sans entraînement, ensuite, on verra !!
Globalement mes sensations, hormis en vélo, ont été bonnes, je pense avoir très bien gérer et je pense pouvoir faire un meilleur temps à l’avenir, mais l’essentiel c’est de se faire plaisir et là le contrat a été rempli à 200 pour cent.

L’Squick

4 commentaires

Commentaire de cigaloun dupuy posté le 21-09-2005 à 08:38:00

Salut M. Christophe L'Squick

Embrun sera toujours Embrun, quel récit !
Que d'émotions et quelle communion familiale.
Bravo
Très heureux de t'avoir rencontré et d'avoir passé un moment avec toi sur le marathon et après au massage.

Bon séjour aux USA à tout point de vue :-)
et toutes mes félicitations.

P.S comment fais tu pour mettre 1h08 en natation sans t'entrainer, moi en nageant 3/4 fois par semaine j'ai mis un peu plus.....

Cigaloun dit l'enclume du fond de la piscine.

Commentaire de cigaloun dupuy posté le 21-09-2005 à 09:14:00

Salut M. Christophe L'Squick

Embrun sera toujours Embrun, quel récit !
Que d'émotions et quelle communion familiale.
Bravo
Très heureux de t'avoir rencontré et d'avoir passé un moment avec toi sur le marathon et après au massage.

Bon séjour aux USA à tout point de vue :-)
et toutes mes félicitations.

P.S comment fais tu pour mettre 1h08 en natation sans t'entrainer, moi en nageant 3/4 fois par semaine j'ai mis un peu plus.....

Cigaloun dit l'enclume du fond de la piscine.

Commentaire de Papy posté le 01-08-2008 à 14:24:00

Je ne sais pas si tu traines encore par ici, mais je me servirais de ton CR dans 14 jours maintenant.

J'espère que la forme est toujours là ? :-)

Commentaire de LtBlueb posté le 23-10-2010 à 21:45:00

salut le squick, embrun c'était il y a dejà 2 mois (pour moi) , et c'est trop bon de relire ton récit pour se souvenir ! L'Blueb

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