Récit de la course : Trail des 7 Monts 2009, par seapen

L'auteur : seapen

La course : Trail des 7 Monts

Date : 11/10/2009

Lieu : Septmoncel (Jura)

Affichage : 2044 vues

Distance : 32km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Trail des 7 monts. Le 50ième... récit.

Le trail organisé à Septmoncel dans les hauteurs jurassiennes avec ses 1700+ sur 32 kms à parcourir se présente 15 jours suivant celui des sangliers à Pontarlier. Après le Haut Doubs, Le parc régional  Haut Jura.

Le dénivelé est impressionnant. Il dépasse carrément de quelques 500 m mes habituels que je commence à bien maîtriser sur ces distances ne dépassant pas 40 kms. Mais là c'est un palier que je vais franchir. Et le but sera de ne pas être grillé avant d'en avoir terminé. La distance est limitée à 32 kms et c'est plutôt rassurant ; celà compense en quelque sorte le côté qui pourrait être rebutant.

 

Pour l'instant je m'arrête sur les infos et irrésistiblement je me laisse happer pour y revenir plusieurs fois. La décision d'y participer n'est pas encore prise mais on voit bien qu'elle le sera sûrement et rapidement. Cette course me séduit non seulement pas son profil et sa distance mais aussi par l'environnement dans lequel elle se déroule ; le Haut Jura, haut lieu des pratiques sportives hivernales. Bien sûr le cadre naturel est remarquable, le circuit devrait nous faire passer dans des endroits aux points de vue exceptionnels.

 

Donc je m'inscris sans délai et étudie sans relâche le profil qui voit une descente de plusieurs centaines de mètres d'un coup suivi aussitôt d'une remontée de 700+ sur 2.5 kms. La partie finale avant le dernier km légérement descendant n'est pas mal non plus, près de 400+ et la gestion tout du long de la course sera déterminante pour l'aborder. Il faudra avoir garder impérativement du jus si on ne veut pas souffrir au moindre déplacement de jambe pour assurer une très légère progression dans cette côte très très raide à travers champ sur bord de crête et atteindre le sommet et sa dernière vue sur le fond du val puis souffler définitivement.

 

La récupération s'est faite dès le lendemain des sangliers pendant 45 minutes. Puis 2 sorties ont suivi jusqu'au week-end suivant. Une 01h 20mn sur herbe avec sur la fin 3 kms sur route pour une course plus pleine suivi d'une séance sur route de 15.500 kms 2-3 jours plus tard. Ensuite sortie de 02 h 30mn avec une série de 4 dénivelés de 100+ à 220+ le dimanche. Re-sortie sur herbe de 01h 30 le mercredi de la semaine précédent le trail et repos.

Tout ça au feeling en ayant bien soin de ne pas trop en faire avec le souci de travailler et de me donner à l'entraînement.

 

Aussi cette participation implique un long déplacement de 2 heures dans le meilleur des cas.  Le départ est relativement tôt ce dimanche, 08h30. Petit calcul, réveil donc à 04 h du mat. Il ne faudra donc pas manquer de sommeil.

La météo est cou-ci cou-ça. On annonce de la pluie samedi et une accalmie dimanche. Tant mieux. La pluie dans ces lieux, c'est immanquablement du froid et de la gouillasse glissante et usante. Donc pas d'autre chose à faire que de toucher du bois.

Le résultat est que je m'en suis bien tiré de tout ça. Le temps a été idéal avec cependant une certaine fraîcheur. Le déplacement s'est très bien passé, départ dans la nuit et arrivée juste avant l'éclaircie matinale qui se faisait attendre du fait de l'épaisse couche nuageuse. A plusieurs reprises traversée de grandes zones de brouillard mais pratiquement pas de circulation. L'arrivée s'est donc faite à bon port et en bon état.

Traversée du bourg de Septmoncel pour s'en éloigner un peu du côté de la crête surplombant la ville jurasienne de Saint Claude et atteindre le lieu du départ au milieu des sapins, la boucle de ski à roulettes près du stade sportif.

L'ambiance me rappelle un peu le lieu de départ de La Meix meusy tout droit (récit 2007) entre Morteau et Villers le lac quand au petit matin on se retrouvait dans un espace frais et humide complétement nature et un peu perdu du fait qu'il semblait isolé au milieu de nulle part. Il faut se laisser alors envelopper par dans cette ambiance apparemment ingrate pour la dépasser et finir pas s'y sentir rapidement bien. On est un peu décalé par ce qui nous entoure et rapidement la prise de possession des lieux efface cette sensation étrange. On veut bien accepter de poser les pieds sur terre et ça y est, la nature est à nous. Puis le jour donne enfin son plein de lumière matinale et la page est tournée de la fin de nuit griseuse. On est tous là bien réveillé, frais et dispos ; il vaut mieux l'être, bon pied bon oeil, dès le lever du lit pour affronter cette épreuve qui ne souffrira pas d'un mauvaise préparation.

Pour ma part j'ai le sentiment que j'ai fait ce que j'avais à faire. Ma forme est ascendante et les conditions sont bonnes, météo et terrain légérement ramolli par des pluies récentes. C'est quasiment idéal.

L'échauffement est très léger. En fait je me sens très étiré naturellement, j'ai le souci de l'être en permanence et d'assurer une réelle décontraction musculaire à tous moments de la journée. Le calme des trois derniers jours a suffi à me remettre de la tension des sorties entraînements et pendant les moments de repos, je veille à m'étirer jusqu'au bout des extrémités, j'essaie de ressentir cet état au plus profond de la musculature. Je conserve ainsi la sensation d'une souplesse musculaire ; l'ensemble détendu et souple est ainsi prêt à parer à tout effort d'une façon instantanée et sans contrainte.

Et puis j'ai vraiment intégré l'idée qu'il ne fallait pas partir en forçant un tant soit peu. J'en suis d'autant plus persuadé après avoir lu le récit d'un traileur sur son UTMB en 2009 qui a terminé 9ième. Certes un champion mais de bon conseil pour un coureur nature de mon niveau. Il faut le lire pour voir son insistance à marquer l'importance d'un départ tout doux dès l'installation sur la ligne et dans le tout début de course jusqu'à l'économie des gestes fournis à compte goutte et son souci de produire le moins d'énergie possible ; en opposition il remarque l'emballement de ceux qui sont déjà essoufflé dès les premiers kms. Quelques lignes ont suffi pour le dire mais elle ne sont pas passées à côté de ma lecture.

 

Le départ va être donné et il fait encore frais. Le ciel est dégagé et on imagine pour bientôt un ensoleillement qui pourrait nous faire regretter nos habits protégeant du froid. La situation évoluant vite, ni une ni deux je décide de ne garder que le maillot de base sans manche. Même une couverture nuageuse ne suffira pas à me le faire regretter. Cette décision m'a permis un confort de course sans souci de gérer mes habits. Le bon choix.

Le départ est donné et l'on effectue un tour d'honneur sur le petit circuit ski à roulettes. L'ambiance est chaleureuse dès le début et le restera jusqu'à la fin des festivités. Les gens sont naturellement sympatiques et comme je le suis aussi je me fond facilement dans la masse. L'ambiance est de bonne humeur chez les coureurs avec juste l'excitation nécessaire pour amorcer un bon départ. 

De plus la petite boucle longue de 7 à 8 kms qui nous ramène près du départ s'évère une excellente préparation pour le reste. Au fil de ces premiers kms nous découvrons progressivement le terrain, sa technicité, sa diversité, ses états. L'effort est modéré car roulant et confortable au début et puis il nous offre petit à petit ses difficultés comme pour nous montrer ce qui nous attend et nous forcer à nous y adapter dès maintenant.  

Je suis étonné d'avoir déjà couru autant de temps ; l'impression d'un long échauffement préparatoire. Pourtant la course est bien entamée lorsque je consulte ma montre, plus de 40 minutes déjà sans m'en rendre compte particulièrement. Ainsi plus loin, lors du passage au milieu de la foule des spectateurs je me sens parfaitement prêt... à continuer. Un petit coucou à mon accompagnatrice qui m'encourage vivement.

Je n'ai pas spécialement à l'esprit cette grande descente et la longue remontée qui suit. Je pense qu'elles sont le coeur de la course, elles constituent la course elle-même et la manière d'aborder tout ce qui a précédé le montre bien. Insconsciemment la concentration reste sur ce qui va arriver. Et ce qui occulte cette sensation qui n'en est pas une c'est la troisième partie de la course qui dépend entièrement de ce deuxième tiers. Elle ne se présente pas comme un problème, ce serait presque une formalité, pourtant celà reste du costaud et est bien conforme à ce qu'un trail d'une telle nature peut présenter. Advienne que pourra, c'est ce que l'on pourrait penser à partir du moment où l'on a passé l'épreuve des forts dénivellés. c'est tellement ma façon de penser qu'ayant quand même fait attention en le constatant sur le profil le fort dénivelé positif final, près de 400m, j'ai tendance tout de même à le mettre de côté, ce n'est pas un souci. 

Je peux peut-être me le permettre car toute mon attention a tellement été portée sur la descente et la grimpée la plus importante que j'ai dû y inclure de ce fait celle que j'aurais pu porter directement sur le reste.

Ce qui revient à dire que toute ma gestion de course sur la deuxième portion déterminera le reste et qu'il n'est pas nécessaire d'y prévoir telle ou telle façon de courir. La course bien gérée dans le deuxième tiers est une course qui l'est immanquablement globalement.

Pour l'instant tout est conforme à ce schéma que je n'avais pas apprécié jusqu'à maintenant aussi justement. Le début de course s'est donc passé en respectant scrupuleusement ce positionnement face à la difficulté à venir.

La descente progressive est rapidement pentue. la découverte des divers terrains au fur et à mesure de l'avance sur sentiers et chemins qu'ils soient terreux ou caillouteux, toujours luisant d'humidité qui font que ceux-ci restent gras mais pas assez pour nous contraindre à ralentir, les pierres qui attendent de rouler sous les semelles, l'attention de tous les instants, les moindres parties du corps à l'écoute, la grande concentration, la relative décontraction dans l'action, la volonté de ne pas traîner, la recherche d'aller plus vite en restant dans une allure confortable avec le souci d'économiser ou plutôt de ne distiller son énergie qu'à bon escient s'imposent alors pleinement et font que je suis maintenant totalement dans la course. Et je m'éclate.

Une descente de ce type à ce niveau de parcours où la réserve d'énergie est à peine entamée pourrait être explosive si la fin de la course se situait en bas de la descente.

Un répit, une traversée de route que l'on longe un peu en faux plat montant et l'on reprend aussitôt le sentier pour la phase finale.

Alors je donne seulement ce que je dois donner et c'est suffisant pour des sensations tip top. Qu'est-ce que c'est bon de dévaler sur une piste que vous avez à peine le temps de deviner. A bien y réfléchir c'est à se demander comment celà peut se réaliser. Là on est dans une autre dimension où les réflexes fontionnent à plein. Dans cette descente les places sont respectées. Devant une féminine. Je ne sais si elle m'a doublé en début de descente mais en tous cas elle finira pas me distancer de quelques dizaines de mètres sur la longueur de la difficulté. Meilleure dans la descente. Incontestable. Cet esprit de compétition est là pour plus de motivation et surtout plus d'investissement dans l'attention portée à sa course. Il est tout à fait naturel. C'est bien beau de dévaler la pente mais si on ne sait pas pourquoi, autant s'arrêter. C'est ce qui explique totalement l'incapacité à réaliser ce genre de performance à l'entraînement même si on l'aborde comme dans une course populaire. On a décidé de descendre à fond mais il ne faut pas que celà soit comme se jeter du haut d'une falaise. Comme dirait l'autre, un peu de retenue s'il vous plait surtout que c'est l'occason d'y aller sans retenue.

Je ne vous demanderai pas de tout retenir, rassurez-vous.

Bon, maintenant que je suis arrivé en bas je peux me lâcher un peu, je ne risque pas de tomber de bien haut.

Elle était quand même bonne cette descente.

 

Ensuite on longe un cours d'eau, l'air est presque froid et l'atmosphère très humide. Le passage de deux petits ponts aux mains courantes glissantes sur lesquelles on ne peut compter pour se retenir nous permet de passer de l'autre côté, de tourner une page ce qui permet de respirer.

Bientôt l'ascension entièrement sous couvert. Normalement celà devrait bien se passer mais quand je pense en l'entamant qu'elle fait presque 700+ je me dis que ce n'est pas joué.

Et rapidement après une légère récupération, un nouveau positionnement, les premières foulées accrochent le terrain. Les semelles aggrippent tout de suite. Le pied posé ne bouge plus et mon appui est sûr. Ces premières sensations seront confirmées tout du long sur une pente régulière dans son ensemble. Bien sûr  des petits raidillons se sont présentés et aussi des adoucissements qui m'ont permis la relance mais l'appréhension de la grimpée était globale quelque soit là où je puisse me trouver. A aucun moment je me suis buté à une difficulté qui m'aurait obligé à l'affronter indépendamment du reste. Résultat ma vision est restée globale tout du long.  

Mon train a été régulier du début à la fin en haut sur le découvert. Pas de ralentissement obligé dû à un faux rythme. La carburation n'a pas eu de ratés.

Et bien sûr à l'approche de coureurs je n'avais pas d'autre choix pour conserver cette vitesse qui m'allait si bien de dépasser. J'ai dû en passer une bonne douzaine. C'était assez stimulant mais sans plus du fait qu'à certains moments, à la réflexion je me disais que celà commençait à peine ou que l'on en était peut-être à la moitié seulement et que l'inverse pouvait se produire. 

Mais la confiance était là et j'étais persuadé que je garderais le bon rythme. Peut-être qu'à un moment donné j'aurais pu être obligé de réviser ma façon de monter en embrayant une autre vitesse mais celà n'a pas été le cas.

J'avais l'impression d'enfiler des perles, les dizaines de mètres s'accumulaient et celà faisait des centaines.

Mes pensées n'étaient pas spécialement et seulement celles-là. En fait je vivais l'instant le plus présent, une seconde plus tard il était oublié, un autre l'avait remplacé. La cadence de la course s'imposait et j'étais parfaitement dans son tempo.

Celà se sentait dans ma manière de courir. Pas de faux mouvement. Le bon choix dans la pose des pieds ou toujours le souci de bien dérouler par la pose la plus approprée. Et celà a duré ce que dure une telle montée, sans lassitude, sans essouflement autre que celui nécessaire, sans questionnement ou pensées parasites.

Pareil sur la fin lorsque la pente se durcit encore mais permet toujours de conserver le même tempo. Quelques foulées de marches rapides, véloces et relance sur quelques pas chaque fois que c'est possible et c'est toujours l'occasion de constater que l'on "peut" encore sans se "cramer". La sensation au niveau des appuis de ressort est rassurante sur la capacité de réserve, on en use de ce ressort mais modérément pour le faire durer.

Voilà je tiens le bon bout. On est maintenant dans les hauteurs. La pente se radoucit sur le sentier qui serpente. Je cours aussitôt que c'est possible et le fort dénivelé est déjà du passé. Je regarde en avant, vais de l'avant sans perdre un instant. Pas de répit, je peux me le permettre alors autant en profiter.

C'est le moment de respirer aussi, là haut sur le bord des roches qui dominent le val. Un regard en arrière et une vue magnifique sur le fond tout en bas, au loin. Epoustouflante. Magique. Etonnamment belle, la ville aux habitations toute blanches au coeur du val éclairé d'une lumière douce. Des nuages épars juste au-dessus à quelques hauteurs qui ne la masquent pas pour souligner le tout.

Un dernier regard fugace sur cette vision éphémère juste pour être sûr que l'on a pas rêvé.

 

Je l'ai passé cette côte et bien passé. Maintenant le reste est là qui s'amorce. Une poursuite en douceur de la grimpette avec bien sûr des plats et des faux descendants qui nous font parvenir au lieu le plus haut. Un terrain varié qui me convient bien. Course dans les prés cabossés mais je suis bien entraîné sur ce genre de terrain qui vous font passer les pieds à la moulinette sans compter qu'à partir de là une fatigue peut se ressentir et rendre plus dure la course.

Un de mes terrains d'entraînement totalement sur herbe sur lequel je me suis aventuré la première fois était vraiment éprouvant pour les jambes et surtout les pieds, tordus de toute les façons, mais à force j'en suis arrivé à courir sur cette étendue herbeuse comme si c'était du plat. Alors j'affronte dans les meilleures conditions ces terrains piègeux et pouvant se révéler usant à la longue.

Question de lancer les jambes en avant, celà fontionne bien. Bien sûr je ne vais pas à une vitesse mirobolante mais j'avance et j'éprouve la sensation qui va avec et ça c'est important.

A cet instant pas de ressenti quant au renforcement de la dureté de la course.

 

Au point le plus haut, une pancarte : 10 kms. Je pense alors qu'il reste 10kms. Logique mais pas évident. cette pancarte ne s'adresse peut-être pas aux coureurs. Il y a les randonneurs, les coureurs petites distances ; ils ne passent pas par là. 10 kms de parcouru ? non. On les a dépassé depuis longtemps. J'opte pour l'idée qu'il reste 10 bornes et que cette pancarte est pour nous. Et c'est bon de le penser. Le restant est globalement descendant jusqu'au mur final auquel je ne pense pas du tout. Il suffit que je gère en espérant que ne surviendra pas un coup de bambou ou de mou, physique ou moral ou les deux. Les montées, les descentes se succèdent sur sentiers qu'il faut choisir parmi les divers proposés à travers champ. Je fais donc ma route. A partir de cet instant je ressens vraiment la dureté de la course. Plusieurs coureurs se côtoient. Je dépasse tranquillement sur mon rythme et passe l'un qui me reconnait. Il me rappelle le trail des guillettes (récit 2009) à Prénovel-Les Piards (Haut Jura) auquel nous avons participé (récit 2008). On est arrivé ensemble dans un groupe de cinq. (Je réagis, lui demande comment ça va. Il me répond qu'en ce moment c'est dur. Je lui répond que c'est dur aussi pour moi mais que l'important est que celà n'empire pas.) Si celà reste ainsi c'est bon, de plus on a toujours l'espoir que çà devienne plus facile. Il suffit d'attendre que celà passe. Seulement il est vrai que l'on peut payer le prix de ses erreurs de début de course. C'est ça l'endurance et quelquefois ça fait mal. Et je continue sur mon rythme.

Puis une descente se précise à travers bois, un chemin délicat à négocier, technique où il faut courir toujours avec une grande attention. De gros rochers forment souvent le sol sur lesquels il faut poser les semelles ; délicats à négocier du fait de l'humidité qui les rend glissants et pas de possibilité de passer à côté au rique de faire des détours nous écartant trop du chemin. Mais depuis le début tout est technique et nous sommes rompus à la manoeuvre et quelque soit les nouveaux obstacles qui se présentent nous sommes préparés à les affronter et les passer comme les autres. Rien ne me retiens plus. Le talent de descendeur s'expriment pour certains dans cette sente qui dévale maintenant sous couvert dont les multiples virages quelquefois serrés nous font penser à un toboggan. C'est grisant. La descente est stimulée par l'accompagnement d'un coureur qui prend vraiment son pied. Je le sens plus léger que moi et plus à l'aise, je n'essaye donc pas de le provoquer. Nous restons ensemble un bout de temps, le temps de passer deux coureurs plus prudents. Le commentaire de l'un "wwouahhh  ! les descendeurs fous", le dépassement de mon concurrent direct dans un virage sur une accélération me distraye et brusquement le pied droit se tord. Je continue sur ma lancée le remettant dans la course dans un réflexe protecteur de retenue. Je sens le coup de chaud du à l'étirement mais pas de douleur. Quelques mètres, celà s'atténue rapidement. Quelque mètres encore et me voilà rassuré.

Bon sang ! j'ai eu chaud.  Dans une telle situation, la moindre distraction nous déconcentre et nous voilà en danger. Un léger emballement dû à l'excitation de l'instant que j'ai plutôt subi.

Enfin tout va bien et la course folle continue. Pas de répit avant d'avoir atteint le fond et franchement aucune raison de ralentir un tant soit peu alors que tout fonctionne.

Mais je suis à l'écoute. Beaucoup d'effort jusqu'à maintenant et je sais qu'à un moment donné, le plus tard possible j'espère, à ce rythme le corps refusera de continuer. Et c'est ce qui arrive. Mon concurrent qui avait décidé de se tenir derrière passe sur mon léger ralentissement. Je n'assure plus. Effectivement j'adapte un tout autre rythme qui ne ressemble en rien au précédent. Plus de mordant mais plutôt une réserve comme un refus du corps qui en a assez. Je prends acte et continue sagement en assurant.

Une centaine de mètres seulement encore et le bas est atteint. Je n'ai rien perdu. "Le dévaleur fou" un peu devant. Et je peux de suite récupérer dans la partie entre-deux qui sépare cette descente dingue de la montée finale que j'aborde sagement.

Au départ je cours le plus possible avec des pauses marche puis avec la progression qui voit la pente s'accentuer, la tendance commence à s'inverser. Les derniers taillis clairsemés laissent apparaître alors une vaste étendue herbeuse devant nous. Mais il faut lever les yeux haut pour espérer en voir la fin.

Pas de problème, on est là pour ça. Et puis on a jamais été aussi proche de l'arrivée, non ?

L'ascension dure ce qu'elle doit durer. Un seul objectif. Ne pas s'arrêter car avec le poids du corps et le laisser aller qui accompagnerait cette action, le risque est grand de repartir en arrière. (j'en fais pas une peu trop ? là) (pas du tout) Quand on est en mouvement on est instinctivement dans la bonne position d'équilibre qui évolue constamment en fontion des changements permanents dûs aux nouveaux positionnements de l'avancée. Si on s'arrête, alors la recherche d'équilibre s'arrête aussi et nous voilà dans une situation scabreuse où il faut rechercher un nouvel équilibre dans une position statique et c'est là que celà se complique du fait que l'on vit une instabilité sur une terrain pentu et cabossé où les pieds ne nous assurent pas encore car mal posés. Un laps de temps très court où la fatigue aidant et les réflexes un peu à contre temps on peut se voir partir dans la pente en arrière. Et là je suis désolé, on recule bien.

Donc pas d'autre solution que d'être besogneux. Ne pas lâcher le morceau. De toute façon impossible de courir. J'en ai encore la ressource mais le terrain n'est pas fait pour ça. Je prends donc un rythme rapide de marche aux foulées courtes et n'hésite pas à faire des zig-zags qui rallongent mais rend plus facile la grimpée. Un rythme est pris. Je le tiendrai jusqu'à la fin là où la pente se radoucit vers le début du sommet au bord de la crête pour enfin pouvoir me relancer. Bon sang, j'ai encore du jus. C'est le pied. Je ne suis pas lessivé. En fait je l'ai monté de bonne humeur cette pente. Pour d'autres ce n'était pas la même chose. Une réflexion du genre " après la pente y'à un radoucissement, on va pouvoir relancer " jeté à la cantonade alors que l'on en était seulement au début n'a pas du tout plu à l'un. J'ai compris tout de suite que l'ascension devait se faire en silence. Normal, quand celà devient dur dans la tête, on n'est pas d'humeur à... Je suis vite rentré dans le rang.

 

Le soulagement est bien là quelque soit l'état dans lequel on se trouve mais comme je suis bien je peux de nouveau profiter du panorama qui s'offre aux coureurs à cet endroit. Respiration. Je savoure , sans attendre je prend un rtyhme de course à pied. les quelques spectateurs et bénévoles présents nous renseignent, 1 km reste à parcourir en légère descente. Génial. Le chemin toutefois s'avère glissant par ses roches humides, il faut donc tout en recherchant un maximun de vitesse pour un beau final faire très attention. Bientôt les rumeurs du stade d'arrivée me parviennent et rapidement au vu du nombreux public nous devinons l'arrivée très proche. En effet la boucle du tour d'honneur est là que nous empruntons. Un petit moment savoureux sur le goudron de la piste et c'en est terminé.

Environ 04 h de course dans un environnement exceptionnel. Je la ressens toute, à l'instant du passage de la ligne.

Une des plus fameuse course que j'aie couru. Sûrement du fait de ma forme qui m'a permis de bien la gérer, de son cadre incontestablement exceptionnel, de son environnement naturel-sauvage, de ses parcours et profil faits pour nous offrir toutes les sensations que l'on peut attendre d'un trail. En plus un temps adapté pour notre plus grand plaisir mais ça c'est de la chance et j'en souhaite beaucoup à ceux dont je ferai partie sans aucun doute qui participeront l'année prochaine. Merci aux bénévoles et organisateurs.

 

Petite loufoquerie.

 - Ah ! au fait. c'est mon cinquantième.

   - cinquantième quoi ?

- récit.

   - cinquantième... woouaahh ! cinquantième comme les cinquantièmes rugissants ?

- Ben non, je n'ai pas vu de lions.

   - Pas évidente l'énigme.

- Ali Baba et les cinquante voleurs ?

   - ça marche pas, il y en a quarante.

- ça ne pouvait pas marcher, il n'y a pas de voleurs par ici.

   - ----

- ----

 - Blanche neige et les cinquante nains !

- Non. Blanche neige et les sept monts.

   - Je vois. On se repose un peu.

- Non, non on va trouver, je le sens.

   - D'accord. Bon, Un : Il y a de la neige et en plus elle est blanche. Deux : Il ya a des monts et il y en a sept, on retiens sept.

   - jusque là tout va bien.

- Ah ! si il y avait des nains dans le coin

   - c'est çà le Hic.

-  ----

   - ----

- Bon sang mais c'est bien sûr. Des nains, il y en a ... dans les jardins.

   - banco.

- L'éditeur remis de sa maladie qui s'interresse : Bravo pour l'énigme. Blanche neige et les sept nains. C'est le conte préféré des gens du coin ?

   - euh... on ne leur a pas demandé.

- L'éditeur : Bon ben... les gars, on annule tout.

   - d'accord

-   On se repose ?

   - O. k. 

 

   

 

 

2 commentaires

Commentaire de Mustang posté le 13-10-2009 à 22:09:00

récit très détaillé et d'une très grande qualité d'écriture.
bravo pour la gestion de ta course et pour nous avoir fait partager tes émotions.

Commentaire de Fimbur posté le 14-10-2009 à 12:37:00

Salut,

merci pour ton récit. Bonne récup après cette belle course.
Je l'avais prévu mais elle aurait été de trop dans mon planning, en 2010 peut être.
Fimbur

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