Récit de la course : Le Tour de la Grande Casse 2009, par aie mac

L'auteur : aie mac

La course : Le Tour de la Grande Casse

Date : 23/8/2009

Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)

Affichage : 1553 vues

Distance : 62km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Le récit

Raaah! piégé!

Il a du bagout, le Sylvère!

Il suffit d'arriver avec un buff kikou (st-é-07-merci-nono) pour qu'il embraye dessus, remercie les kikoureurs qui viennent hanter la Vanoise (voila voila je transmets) et... réclame un compte-rendu.

si si, c'est bien à moi qu'il s'adresse.

Bon, ben y'a plus qu'à s'y coller...

6h du mat.

Il fait encore nuit, et Sylvère décompte les dernières secondes avant le départ sur la place de Pralo, où depuis une heure et demi les bénévoles tiennent la cafétéria pour les coureurs.

Et c'est parti pour les 140 bipèdes.

Philippe Delachenal contrôle la course pendant le premier kilomètre.

Heureusement qu'il contrôle; embarqué dans un peloton de tête, je tire déjà une langue de 3 pieds à la sortie du village où on attaque direct sur un chemin en raidillon. Et où les ardeurs se modèrent rapidement.

Surtout la mienne.

Palpitant à 165 et souffle court, j'assaie de reprendre une allure plus conforme à mes possibilités. La pente qui s'adoucit un peu va m'y aider.

Aux premières lueurs du jour, la file devenue silencieuse dessine le sentier monotrace, en longs zig-zags sur la pente escarpée. Le cliquetis des batons sur les cailloux ponctue le bruit du torrent. Dernier bosquet puis la fin des éboulis; on contourne une arête rocheuse par des lacets plus serrés, au milieu des rhododindrons. je sais que d'ici s'ouvre une belle perspective sur la vallée de Chavière, mais pour l'instant, ce n'est pas ma préoccupation. Le col est visible tout là-haut, et le sentier parcours maintenant une pente herbeuse. Un dernier effort en s'aidant des mains et on débouche enfin au col de Leschaux.

1H27. ah, comme l'année dernière.

Un couple de CRS de montagne sont  là pour faciliter la transition sur l'autre versant.

Pour ma part, pas de mystère. Je m'engage en courant dans la pente, dans une sente graveleuse et sableuse, légèrement en dévers qui pique à flanc vers une combe rocheuse, vite traversée pour réattaquer l'autre face. Le chemin caillouteux mène sur un large plateau rocheux, coupé de petits torrents. Où je me perds (quelle andouille, j'ai loupé un cairn et suis parti trop haut). Erreur vite rectifiée et je recolle au groupe que j'avais distancé quelques minutes avant. Je relance dans la descente sur le refuge du Grand Bec, dans une sente un peu technique, pour attaquer celle qui mène au plan Fournier; un monotrace assez bien dessiné qui fait mon régal pendant 24 minutes (si je suis mauvais en montée, je ne suis que médiocre en descente). Quelques coureurs s'écartent pour me laissent le passer; sympa. Les derniers hectomètres sont plus roulants, et soulagent les cuisses quand même un peu brulantes. Plan Fournier, premier ravito.

2h20. kif kif.

Les bénévoles sont aux petits soins. Je prends un verre d'eau et repars rapidement; la suite est raide...

Le chemin serpente dans la forêt, assez plat. Cela n'empêche pas une méchante crampe à l'adducteur de me clouer quelques minutes (kif kif aussi...). Quelques grimaces et étirements et je reprends la route en trottinant avant d'attaquer la première côte de la Tour du Merl. Plus courtes, mais plus raides que celle de Leschaux. J'avance régulièrement. Mais pas vite. J'en vois quand même le bout et laisse sur ma gauche le petit panneau indiquant l'endroit, pour plonger dans le chemin descendant vers Champagny. Je suis rejoins rapidement par un petit groupe et nous dévalons allègrement la pente au travers de la prairie sauvage, puis les bois, pour débouler sur la piste de ski de fond longeant la rivière. Rivière que l'on traverse un fois (tiens, c'est l'arrivée du cross du Grand Bec), deux fois (un petit bout de route, avant de replonger dans une sente) dans un long faux-plat qui mène au Laisonnay, deuxième ravito.

Ca tombe bien, je suis à court de liquide depuis 10 minutes.

Un bénévole m'aide gentiment à refaire le plein, et je recharge mes batteries en puisant dans les TUC, sur une tablée bien achalandée, que je fais passer à grands renforts d'eau gazeuse. Un verre de coca pour finir, un coup d'eau gazeuse pour passer le goût du sucré et je repars.

Tranquilou, sur la route qui mène au hameau suivant. Devant nous, la Grande Casse dresse avec aplomb sa barrière rocheuse. On traverse le hameau entre des murs serrés pour déboucher sur un sentier qui en parait tout lumineux, au milieu d'une végétation luxuriante. Un panneau "photographe à 100m" nous fait préparer notre plus beau sourire. Tout occupé à parfaire mon faciès (et il y a de l'ouvrage) je mets le pied dans un trou au moment du déclic. Et un clown, un...

Le sentier débouche vite sur un chemin carrossable qui s'élève progressivement au dessus d'un torrent. Des gouttes me coulent sur le nez; je quitte mon buff et l'essore. Que de la sueur. Je dégouline et m'arrête au ruisseau suivant pour le rincer et me rafraichir la tête, avant de reprendre la route. Une épingle, et on prend sur la droite une sente en "raccourci" qui coupe plusieurs fois les lacets du chemin. Un peu plus raide, mais plus sympa. Elle mène enfin au chalet des gardes, où je croise Philippe qui vérifie le balisage (ou plutôt son absence). Une montée dans la prairie nous ramène sur la voie carrosable, qu'il faut quitter tout de suite pour attaquer une côte sévère, face au chalet de la Glière. Rude!
Et sans ombre autre que la sienne. Le sentier s'élève en lacets, barrés de temps à autres par les fils implantés par les gardes; on ne coupe pas..
Il arrive enfin... sur la voie carrossable, qu'il faut bien emprunter. Un peu vidé (mais moins que celui qui s'est arrêté en haut pour souffler et s'hydrater), je poursuis en marchant, et double quelques randonneurs. Passage sous la ferme, et j'arrive à la bifurcation pour m'engager sur un sentier herbeux. Un coup de sifflet m'arrête. A 3 mètres à gauche, deux marmottes me fixent, prêtes à rentrer dans leur terrier.
Je poursuis le chemin, trottinant quand je peux sur le plat et marchant dès la montée. Une nouvelle crampe m'arrête quelques instants. Toujours à l'adducteur. Je reprends le trottinement dans le long vallonnement qui mène au col. Un dernier effort dans un raidillon. Ca y est! je glisse un mot gentil à la randonneuse que je vois essuyer des larmes; je la voyais depuis longtemps, loin devant, se trainer et s'arrêter tous les 2 mètres pour souffler.

6h00. tout rond.

Je traverse le grand plateau désertique, un peu lunaire d'entre les 2 cols pour attaquer la descente sur Val Claret. La descente s'accentue assez vite, avec quelques passages glissants de poussière. Une nouvelle crampe me fait pester, alors que j'aperçois les tennis en contrebas. Dernier virage pour prendre la sente sur la droite. Un GR, il parait (effectivement, il y a les balises). Mais quelle m... Un monotrace caillouteux, instable, mi-chèvre mi-chou, que je trouve désagréableà descendre et qui parait d'autant plus long. J'en viens quand même à bout et traverse quelques flaques pour arriver au ravito de Val Claret.

6h32. nickel.

La tête dans la brume, un peu, quand même (qui a dit que ça ne change pas?...) Je ne vois même pas Dawa qui me regarde à 2 mètres, et commence à me ravitailler en TUC et eau gazeuse. En sortant quelques secondes de mon nuage, je réalise quand même, et vais saluer en m'excusant notre héros héraut. Qui m'aide du coup à remplir mon camel (la Classe, quand même! c'est pas au tennis qu'on verrait un champion couper des citrons pour un zozo de mon espèce...).
Quelques verres de gazeux et je reprends ma route vers la Leisse, non sans avoir salué Dawa tapé la bise à Annie, elle aussi zappée par mon nuage (j'ai honte...).

On quitte la station par un chemin merdique, en fait une piste de vélo-cross. Virages relevés et fond rabotés par les pneus, dans une terre poussièreuse. Un peu galère en montée...  Cela ne dure heureusement pas trop longtemps, et on retrouve vite un chemin "normal" qui longe les télécabines. Et qui traverse un troupeau de vaches, pas vraiment perturbées par le passage des coureurs. Le chemin devient sentier et suit le vallon dans un ruban terreux, pas très pentu même si queques passages sont un peu plus raides. Il débouche sur un vallon aride, caillouteux, rocheux, dont les ondulations semblent faire toujours reculer le but. Un petit panneau, enfin, indique le basculement.

8h01. zut, j'ai raté le tout rond.

Descente douce mais pas facile dans un chemin très irrégulier et caillouteux. Même le long du grand lac , il n'est pas aisé d'y trottiner. Mais le refuge arrive juste après.

8h40. je pense être dans les temps de l'année dernière.

Ca repart après le plein du camel, pour une alternance de marches rapides et de petit trot, un peu motivé par la vue des autres coureurs, de loin en loin. Le pont romain est enfin en vue, annoncé depuis un moment par la remontée sur l'autre versant.

9h29, je passe le pont.

C'est la dernière difficulté, la remontée vers le col de la Vanoise. Un raidillon en lacets que j'attaque calmement, d'un pas que je veux régulier. Ce faisant, je commence à m'interroger et cacule; 30 minutes de montée au blockhaus et 35 pour le col, puis une heure de descente, ça ne colle pas au temps prévisible; Je suis en avance d'une demi-heure. Ces pensées profondes sont brutalement interompues par une nouvelle crampe que je combat en étirant la jambe dans la montée.
Passage devant le blockhaus, on arrive dans le long faux plat. Pas le courage de courir, mais la marche rapide me permet de bien avancer. 6,4. c'est bon, je dois tenir les 35 minutes. Je valide le temps en courant les derniers décamètres, après la toute dernière petite bosse pour atteindre le dernier ravito.

10h35. yep, ça devrait être bon.

Le temps de boire un verre de coca et de demander qu'on me sorte mon téléphone du sac, je repars.

Tentative infructeuse de prévenir Sylvie. Ca ne passe pas; tant pis.
Je reprends l'alternance de marche et trot. La descente est quand même un peu douloureuse dans les cailloux, et la foulée bien raccourcie. Passage en trottinant du lac des vaches, j'enquille le chemin menant au chalet des Barmettes.
Qui arrive plus vite que je ne l'envisageais. Nouvelle tentative, aussi infructueuse, de téléphoner.
Et mon cardio qui m'indique piles faibles du GPS; allons bon, la technologie me trahit!

Je reprends ma course; maintenant, plus question de marcher. Je dois tenir jusqu'à l'arrivée. Je dévale comme je peux le chemin, double un coureur et m'engage dans la piste.
merde, le balisage est au dessus.
je remonte en biais pour prendre le bon chemin que je dévalle à petites foulées retenues (aie les cuisses). Un coup d'oeil à la montre. merdum, plus de piles. En ralentissant un peu, je réussis à la remplacer. Pour rien, ça ne capte pas tout de suite.

Bon, on s'en fout, c'est pas la course. Ouille, que c'est dur les marches à descendre! Passé les Fontanettes, je cherche un instant la route; "tout droit" clame le café; ben oui, que je suis c..! petit chemin empierré, ça débaroule sur une route, puis chemin creux; qui vire d'un côté, de l'autre. Un hélico fait des ronds dans le coin. J'aperçoit les premiers toits au hasard d'une trouée. Puis les premières maisons, le premier goudron, ça descent toujours, ma foulée s'allonge. Ca y est, la grande rue.

Que la pente est douce à courir! Je déroule sans effort, comme à l'entrainement! applaudissements nourris des badauds; je fais le pitre comme à l'UTMB en réclamant plus fort. 100 mètres. 50 mètres. ah comme je les aime ces dernières foulées!

11h35mn45s
Top!  c'est fini. Arrêt brutal sous les bravos. Sylvère crie dans son micro, mais je ne comprends qu'un mot sur 2. Il s'approche me tend le micro, "alors cette course?"; brouillard; vite! une connerie à dire.
"Facile".
(tu parles, Charles...)
Il enchaine sur... je sais plus, j'ai eu comme un trou. J'ai entendu Kikourou, compte-rendu... qu'est-ce qu'on peut entendre comme bétises dans l'euphorie...

La tête me tourne quand même un peu. Pour de vrai.

Sylvie me prend en charge, entouré des cop du club, qui me font la fête. Direction la buvette.
"Bière!" dis-je en rigolant.
Je me pose sur une chaise, derrière la buvette. haaa, s'assoir et étendre les jambes!
Et un bénévole m'apporte une bière, avec un grand sourire. waa! trop fort, le gars!
J'écoute quand même les conseils, et reprends mon calme avec quelques verres d'eau gazeuse.
La bière y passera quand même.

am. 24/08/09

remerciements;

L'avis est trop succinct pour refléter ce que l'on pense vraiment d'une course.
Surtout quand on valide trop tôt.

alors je complète:

l'organisation; nickel, quasiment rien à redire. balisage (avec les difficultés du parc), sécurité, résultats... rien à redire.Le seul point qui ait un peu déçu est le T-shirt coton (mais est-ce de l'organisation?), prestation quelque peu en retrait par rapport à l'année dernière d'autant plus surprenant avec l'arrivée du sponsor North Face (ça fait presque contre-pub) (mais c'est une réflexion d'enfant gâté, j'en conviens volontiers).
D'autant qu'en contrepoint, le ticket resto est une bonne idée (un ticket "à valoir" dans une liste de resto locaux).
Pour les personnes, c'est le top. des pro.
Chapeau.

les bénévoles; aux petits soins. que dire, à part MERCI... le sans faute.

le parcours: dur, mais tellement beau (sauf Val Claret qui fait tache, mais bon, on n'est pas seuls au monde).

bref, un trail superbe dont la seule chose qui m'étonne reste la "faible" participation.

3 commentaires

Commentaire de chef_lolo posté le 25-08-2009 à 00:26:00

merci pour ce superbe compte rendu, qui veint de me faire revivre mon dimanche. J'epère trouver le temps dans les jours qui viennent de faire mon compte-rendu de ce trail que je découvrais et que j'ai trouvé sensationnel. Félicitations à toi et en plus je me souviens de toi car un mec qui à l'arrivée dit au micro: "FACILE" et manque de s'effondrer dans les secondes qui suivent j'ai trouvé ça génial. Je te souhaite bonne récup et rendez-vous sur un prochain trail.

Commentaire de André 78 posté le 27-08-2009 à 19:19:00

Bravo pour ce compte rendu et pour la perf, ce qui m'impressionne c'est que tu te souviennes de tant de détails, peut être parce que tu connaissais un peu le parcours. Moi je n'y arrive pas. Je devais y être mais un mariage la veille m'a fait reporter ce projet de course que je souhaite vraiment faire car j'adore Pralo été comme hiver (j'y été début juillet). . Au fait tu ne parle pas trop de la chaleur ? Ca allait ?Bonne récup. André

Commentaire de blanche posté le 29-08-2009 à 04:50:00

j'ai rendu mes batons au km 37 avec deux tendinites une au tfl et au autre au releveur droit..... le morale en vrac pour ce premier abandon , dure quand le corps dit non et que l'esprit dit non aussi.......... je t'ai vu franchir la ligne avec envie.... a val clairey j' etais un quart d'heure derriere toi
bravo pour ta course, ton recit me fais revivre mon bout de course merci..........

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