L'auteur : Pierrot69
La course : La Traversée du Vercors
Date : 21/6/2009
Lieu : Col de Rousset (Isère)
Affichage : 837 vues
Distance : 33.5km
Objectif : Pas d'objectif
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Et voilà, une semaine après mes débuts en trail dans le Vercors avec "La ronde du Mont Aiguille", voilà que je remet ça pour cette fois-ci traverser les haut plateaux. Bon, je suis sans doute un peu présomptueux car je doute que mon niveau actuel me permette cet enchainement mais finalement je n'ai pas été trop marqué par la première course et j'ai fait deux petits jogging légers dans la semaine pour bien récupérer...
Lever à 4h du matin pour prendre un bon petit dèj et départ vers Corrençon. Le temps n'est pas génial à Lyon et je me doute que ça ne va vraiment pas être terrible sur les plateaux. En effet, arrivé à Corrençon, le thermomètre de la voiture affiche 8°C, il y a une bonne brise du nord qui souffle et le plafond est bas.
Je file chercher mon dossard. Hésitations sur le contenu du sac. polaire, pas polaire... Gore-Tex en tout cas au cas où et manches longues sur moi. J'adore ce truc en mérinos avec lequel j'ai fait du ski de rando cet hiver et qui convient idéalement pour ces températures.
7h, départ de la navette pour rejoindre le col du Rousset, départ de la course. Quelqu'un me salut et le sésame kikourou permet d'échanger quelques mots. Il vient du sud où la température était autrement plus élevée! C'est sûr ça surprend un peu pour un premier jour de l'été...
La route s'enfonce dans les gorges magnifiques et en car il vaut mieux avoir son brevet de pilote pour ne pas racler la falaise!
Plus nous allons vers le col et plus le temps est bouché... C'est dans la crasse et par un froid glacial que nous débarquons après une bonne heure de trajet.
Tout le monde est frigorifié. Un buffet nous attend avec des boissons chaudes et de quoi prendre quelques forces avant le départ.
Briefing sérieux sur le parcours. C'est qu'une fois lâchés sur les plateaux il n'y aura plus de balisage et il ne s'agit pas de se perdre. Prévoyant, j'ai rentré la trace du GR sur ma montre, on ne sait jamais...
Pas le temps de s'échauffer, le départ est donné tout simplement et on attaque gentiment par une belle montée dans laquelle je trottine. Oui mais voilà, au bout de 500m à peine j'ai une belle décharge électrique dans le tendon d'achille et je sais qu'il ne faut vraiment pas insister. Je passe donc en mode marche et me voilà en train de fondre doucement à l'arrière du peloton... Je songe presque à rebrousser chemin pour abandonner mais je met surtout ça sur le compte du départ à froid.
(La course vue de l'arrière)
Après les 3 premiers km arrive une légère descente dans laquelle je peux enfin me mettre à trottiner. J'essaye de trouver mon rythme et voilà déjà que ça remonte. Il faut se rendre à l'évidence, je n'ai pas de jus, les jambes ne répondent pas... La course va être bien longue je crois...
Peu après le 6ème km nous quittons le GR93 pour rejoindre le GR91. A partir de là le terrain devrait être bien roulant avec une succession de bosses. Oui mais voilà, je ne suis pas bien dans mon assiette, je me traine, je cherche les coureurs que je pourrais accrocher pour faire un bout de trajet.
Finalement au 8ème, je suis dans un petit groupe que je suis tant bien que mal.
Devant moi à quelques encablures une jeune femme court avec des bâtons et semble avoir un rythme qui me convient. Je me cale derrière et suis en espérant que je retrouve enfin un peu de punch. Petite bosse, tic-tac-tic-tac, elle avale celle-ci en sautillant de pierres en pierres et moi je constate impuissant que je dois lâcher pour marcher... Je reviens dans les descentes et sur les plats mais le scénario se répète inlassablement pendant plusieurs km.
Je voudrais bien prendre quelques relais mais c'est tout bonnement impossible.
Nous arrivons à la source de la chaux (15ème), elle s'arrête pour boire, je continu sur ma lancée car j'avais rempli la totalité de ma poche à eau. Ça va un peu mieux, j'ai enfin réussi à trouver un rythme qui me convient. Je cours un peu seul dans ces grands espaces, je profite de ces paysages magiques.
Finalement les nuages sont restés en bas et il ne fait pas si mauvais ici même si le vent du Nord nous vient bien de face...
Le terrain devient de moins en moins roulant, je me suis déjà pas mal tordu les chevilles sur des pierres. Mes pieds glissent dans mes baskets. Depuis le début, je le sais, je n'ai pas assez serré mes chaussures et je suis au bord de l'ampoule.
20km, en haut de cette montée c'est décidé je m'arrête pour resserrer tout ça. Évidemment, ça va tout de suite mieux!
Oui mais voilà, je viens de rentrer dans la descente du Canyon de Erges. Je bénis de m'être arrêté tant le sentier est piégeur et cassant. Je manque de tomber à plusieurs reprises. Je me tord les chevilles. C'est un enfer!
Du coup, je descend prudemment alternant marche et trotte. Mes chevilles me supplient de sortir vite d'ici, mais je fais ce que je peux!
Et voilà que derrière moi revoilà le tic-tac-tic-tac. J'ai l'impression d'être poursuivi par le crocodile de Peter Pan :)
Je m'écarte pour me laisser doubler et c'est un véritable cabri qui me passe sautant de pierres en pierres, volant presque sur celles-ci. En quelques secondes je ne la vois déjà plus... Je viens de prendre une belle leçon mais je suis bien incapable de la reproduire.
Après 3km de descente infernale le chemin s'élargit un peu et les pierres roulent un peu moins. Au détour d'un virage je croise mon cabri arrêté sur le bord du chemin en train de boire. Visiblement, il n'y a pas que moi que cet exercice a marqué physiquement.
Enfin une portion sur un bel alpage. Un beau chemin bien dégagé sur 2-3 kms ou je vois à quelques encablures des groupes de coureurs. Voilà mes nouveaux points de repère!
Je reprends un peu de terrain et suis à une centaine de mètres quand ils bifurquent plein Est sur les consignes de signaleurs placés là.
Ouch! montée sévère dans laquelle je suis litérallement scotché. Je me fais violence, puis au sommet de la bosse essaye de relancer mais c'est dur, c'est dur. Ça monte encore bien régulièrement du 25 au 28ème. J'en bave, je n'avance plus mais je tiens le bon bout!
Les descentes qui suivent sont toujours aussi cassantes et de nouveau j'ai une féminine en point de mire. Elle semble complètement cuite. Ça tombe bien moi aussi! Finalement mon rythme est un peu plus rapide qu'elle et je la passe.
Le terrain devient de plus en plus roulant. Bizarrement je me sens mieux en jambes qu'au début même si elles commencent à être bien lourdes. J'enchaine au train et revient peu à peu sur un puis deux, coureurs.
Nous arrivons à la route dans Corrençon, il reste 1,5km. Encore un concurrent en ligne de mire et je le passe au train. Sur ma lancée je passe enfin sous l'arche d'arrivée. Ouf! Enfin!!!
Bon sang que c'était laborieux! Mais malgré tout j'ai pris beaucoup de plaisir et surtout n'ai jamais trop lâché prise dans la tête.
Une bonne petite collation avec saucisses, bière et autres bonnes choses et le bonheur de marcher pieds nus dans l'herbe bien verte.
Je ne m'attarde pas, le vent glace toujours autant et je suis attendu à Lyon.
Vraiment une bien belle course mais je n'avais pas réalisé à quel point ce terrain serait si difficile...
Et maintenant repos avant d'enchainer sur la prépa du marathon de Berlin. Mais cette fois-ci ça y est j'ai mis un pied dans le trail et j'ai bien l'intention de recommencer!
1 commentaire
Commentaire de philorange posté le 24-06-2009 à 10:36:00
bravo pour avoir vaincu cette course d'un niveau de difficulté ardu!Tu commence peut-être dans le trail mais pas d'une façon progressive, d'entrée de jeu par un truc hyper dur! Encore bravo et content de t'avoir rencontré.
Phil.
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