L'auteur : Shostag
La course : La Transvésubienne - VTT
Date : 31/5/2009
Lieu : Valdeblore (Alpes-Maritimes)
Affichage : 2310 vues
Distance : 85km
Objectif : Pas d'objectif
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C’est sans vraie préparation et donc sans pression que j’aborde cette deuxième Transvésubienne. Une reprise tardive de l’entraînement en Avril après plusieurs mois d’inactivité et divers pépins physiques (entorse grave, contracture au mollet, lumbago) font que je suis loin du top de ma forme, qui aurait été, avouons-le, de toute manière insuffisante pour prétendre jouer une place ou le chrono.
Il s’agit pour moi de voir où j’en suis et si possible d’essayer de terminer dans les délais. Cela suppose avant tout de franchir la dernière barrière de Sainte-Claire (env. 60 km, +2.400 m, - 3.400 m) fixée à 8h15 de course puis de terminer en « roue libre », ce qui constituera mon unique objectif.
Lever à 4h00, nous partons avec Claude de Grasse direction la Colmiane (1.503 m) où nous retrouvons avant le départ les potes de 1001 sentiers et de l’ASCVTT. J’entre en milieu de grille à 6h30, celle-ci se remplit progressivement.
7h00, les 500 bikers sont lancés à pleine allure sur les alpages du Col. Je négocie assez bien les deux chicanes, placées là pour ralentir tous ces furieux, et sors à la Combe dans les 150. Je prends un rythme randonnée sur la piste montante qui nous amène au Col de Colmiane. Me laissant griser par l’évènement, les pulsations montent rapidement trop haut et je tempère quelque peu mes ardeurs. Je glisse rapidement dans le fond du peloton (bon, j’ai pas les watts aujourd’hui, va falloir faire avec !) et retrouve Thierry et Laurent avec qui je vais faire un brin de chemin.
Du Col de la Colmiane, nous prenons un court sentier, avec un premier ralentissement, qui retombe sur une piste menant au Col de Varaire. Bref passage sur sentier puis piste raide jusqu’au Col de la Madeleine. Comme beaucoup, je préfère m’économiser et commence à pousser.
Au Col de la Madeleine, Bertrand est arrêté et répare sa chaîne. Une belle ligne de crête nous attend où je pousse de nouveau, comme je le ferais quasiment toute la journée dès que la pente dépasse 10 %. J’atteins le Col des Deux Caïres (7,8 km, 1.902 m) en 1h07.
Nous empruntons ensuite le GR5 et superbe travers qui passe sous la Tête de Clans, le Mont Chalancha, le Partissuolo et la Cime de la Combe. Quelques trouées nous permettent d’apercevoir la mer et l’arrivée si proche et si lointaine. Nous pouvons aussi apprécier le chemin restant à parcourir. Bertrand me rattrape puis s’échappe, nous contournons le Mont Tournairet par l’est et cela bouchonne sévère dans la descente au Col d’Andrion (16,5 km, 1.678 m, 2h05). S’y tient le 1er ravitaillement. Inquiet pour les délais, je décide de tracer direct.
Toujours sur le GR5, nous descendons aux Fournés. A ma grande surprise, pouvant enfin m’exprimer, je me révèle pas si mauvais descendeur, doublant plusieurs participants. Le sentier devient traversant, passant par le Col de Gratteloup (où Laurent me rejoint pendant que je prends une petite pause) et les Pras avant le portage du Brec d’Utelle (22,7 km, 1.543 m, 2h55).
La descente du Brec, que je craignais pour le vide et le gros gaz, notamment au Castel Gineste, après un petit portage négatif dû à un ralentissement général, passe plutôt bien et vite, concentré que je suis sur la trajectoire et encore relativement en forme. Je lâche Laurent, double encore pas mal de monde, dont Olivier, et arrive à Utelle (27,8 km, 854 m) en 3h25.
Nous montons désormais à la Madone d’Utelle (32,6 km, 1.182 m, 4h12), sur la piste contournant la Cime de Diamant, suivie par le sentier qui coupe la D132. Je commence à ralentir, alternant pédalage et poussage. Après avoir rempli le camel-bag au 2ème ravitaillement et m’être restauré, j’attaque la descente vers la Vésubie.
Dans les premiers mètres, les B&B (Banana et Bourriquet) ainsi que Faby de Grenoble sont là pour nous encourager. Merci à eux ! Plus longue descente du jour, elle nous conduit au Col d’Ambellarte, Col de la Moutète, la Villette et le Cros d’Utelle. Toujours dans un bon rythme en descente, la fatigue s’installe et je lutte désormais dans les montées. J’arrive au Pont du Cros (45,6 km, 181 m) en 5h35. Il me reste 2h40 pour parvenir à Sainte-Claire.
Nous allons prendre 500 m de dénivelé positif en 3,6 km, sur sentier, caillouteux et donc peu roulant. Il parait que les premiers arrivent à pédaler, moi pas. Je connais un véritable coup de mou et suis peu à peu déposé sur place par plusieurs concurrents : j’essaie de prendre un rythme régulier, même lent, sans faire de pauses mais cela s’avère de plus en plus difficile. Je mettrai 1h06 pour aboutir au joli single en balcon qui marque la fin du poussage.
Celui-ci rejoint la piste du Férion. Je pédale péniblement et lentement, je crois que j’ai d’ailleurs un double point de côté. Miraculeusement, je reviens sur Claude, encore plus à la peine que moi. Cela me booste mentalement et m’aide à ne pas marcher. Nous joindrons nos efforts jusque Sainte-Claire. Cela ne finit jamais, montée, descente, remontée, redescente, … Philippe va nous passer et encourager. Je donne tout ce qui me reste. Je connais mes premières crampes, dans la descente et sur le bout de route avant le ravitaillement, qui m’obligent à m’arrêter, la jambe tétanisée le temps que celle-ci se décontracte. Finalement, je passe la barrière horaire (58,9 km, 521 m) en 8h13, soit deux minutes avant la deadline pour apprendre qu’elle a été décalée à 8h30. C’était juste !
A ce moment, je sais que je vais terminer. Je n’ai quasiment plus de jus ni de forces mais j’ai déjà connu de pires situations en trail (insolation, déshydratation, vomissements, mur) et à chaque fois j’ai réussi à finir. Quoi qu’il arrive, même en marchant, j’irai à la mer. Avec Claude, nous attendons Laurent une dizaine de minutes en vue de finir ensemble. Il arrive mais nous le perdons de vue, nous repartons. Sur la piste, Claude plus en forme, prend son envol et c’est seul et doucement que je me dirige vers Plan d’Arrou.
La thématique du jour c’est décidemment le monta-cala, j’en viens à maudire l’organisateur : pourquoi faire simple et direct (Cima) quand on peut profiter de détours compliqués ? Le temps s’allonge, je reste concentré sur mon objectif et poursuis mon chemin tel un zombie. Je retombe sur la D719 qui me mène à Aspremont, avant de démarrer le portage du Chauve. J’y cale véritablement, devant faire quelques petites pauses pour reprendre mon souffle. A la baisse de Guigo, alors que je me restaure, je vois Laurent arriver au loin. Je l’attends.
Nous allons terminer ensemble tranquillement, n’hésitant pas à multiplier les pauses pour des motifs divers et variés (répondre au téléphone, aider les participants à franchir une échelle, discuter avec les spectateurs, …). Jean-Claude, Olivier, entre autres nous dépasseront. Sur la route qui conduit au sommet du Chauve, je suis victime de nouvelles crampes et doit pousser jusqu’au ravitaillement. Après, légèrement revigoré, je parviens à repartir sur le vélo pour atteindre le fort (69,9 km, 840 m) en 10h16.
Dans la descente du Chauve, je crains la crevaison, comme cela m’est arrivé à chacune de mes précédentes sorties dans le coin. Je fais bien attention dans le choix des trajectoires et j’essaie de rester debout, sans m’appuyer sur la selle, pour éviter que l’ensemble de mon poids soit supporté par la roue arrière. Cela passe miraculeusement sans incident. A Falicon, Georges nous a concocté une surprise, une véritable jungle avec multiples tours et détours : nous prenons la chose avec philosophie et notre mal en patience. Nous débouchons finalement à Saint-André (79 km, 67 m) en 11h31.
Pas de Paillon ni de tunnel pour nous, bons derniers. Nous prenons les boulevards et les feux tricolores jusqu’au Théatre de Verdure (85 km, 0 m) où nous arrivons finalement exténués en 11h59.
Une course exceptionnelle par sa difficulté qui réside non seulement dans sa distance et son dénivelé (85 km, + 3160 m, - 4.630 m) mais aussi et surtout dans la grande technicité des montées (très raides et peu roulantes, près de 1.900 m de D+ en poussage pour ma part) et descentes qui nécessitent une attention de tous les instants.
Coup de chapeau à l’organisation et au balisage, irréprochable cette année. Mon seul regret est que certaines boucles (Col de la Moutète, Levens, Jungle de Falicon) ne semblent là que pour durcir le parcours et justifier la réputation de course de VTT la plus dure du monde, au détriment peut-être de la beauté des sentiers et endroits parcourus.
Bravo aux collègues qui ont presque tous terminé et réalisés de superbes chronos. Pour ma part, c’est passé vraiment à l’arrache, le genre de pari et coup de bol qui réussissent rarement. Pour l’instant, je ne pense pas revenir l’année prochaine, mais comme on dit, il n’y a que les c… qui ne changent pas d’avis.
2 commentaires
Commentaire de brague spirit posté le 06-06-2009 à 13:31:00
Joli CR,qui reflète bien ce que j'ai pu observer du bord du chemin.Bonne récup,afin de pouvoir poursuivre ton tryptique.
Commentaire de claude 34 posté le 06-06-2009 à 20:17:00
Bon, et bien ça fait envie.
Bravo pour la course et le cr. On sent bien que tu es allé jusqu'au bout, de et de la course.
Un jour j'irai...
ps : beau vélo.
claude
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