Récit de la course : Merrell Oxygen Challenge - 40 km 2009, par Stéphane974

L'auteur : Stéphane974

La course : Merrell Oxygen Challenge - 40 km

Date : 23/5/2009

Lieu : Le Lioran (Cantal)

Affichage : 2871 vues

Distance : 40km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

Partager :

Excellent... à un détail près

Samedi 23, c'était donc ma plus longue course, mis à part mon Grand Raid arrêté au milieu.

Dès l'avant-veille, petit souci de mauvais augure : un mini-torticolis me bloquant en partie la nuque du côté gauche entre les cervicales et l'omoplate. Malgré les bons massages de Lina, je craignais des douleurs pendant la course. Heureusement, je ne ressentis une gêne que vers la fin, et des douleurs le lendemain.

Bref, nous partîmes vendredi après avoir mangé. Petit détour involontaire par le Barrage de l'Aigle et la jolie ville de Salers, puis arrivée à 18h à Saint-Jacques des Blats, où nous déposâmes rapidement nos affaires avant de rejoindre la station du Lioran pour y prendre mon dossard.

Beaucoup de monde au Lioran : des sportifs (trail et VTT), des familles, des bénévoles en grand nombre. J'allai prendre mon dossard, ainsi que les cadeaux : un joli t-shirt, un sac à dos et diverses bricoles.

Petit repérage du départ du téléphérique pour que Lina puisse monter me voir passer au Plomb du Cantal (point culminant du Cantal, 1855m), puis retour à l'hôtel pour y manger.

Au menu : des spécialités locales, telles que le pounti et la truffade. Un repas riche, mais comme la course n'est qu'à 10h le lendemain et qu'il me faut de l'énergie pour tenir 40km, je me permets quelques excès.

Samedi, jour de la course, je me réveille tôt, je me douche, je mange mes gâteaux de riz, puis je réveille Lina pour qu'on descende prendre un café pour moi et un petit déjeuner complet pour elle.

Après avoir vérifié tout le matériel, après m'être mis des protections sur les pieds aux endroits sensibles (bande autocollante antiampoules de Mercurochrome qui s'est avérée efficace), nous reprenons la voiture pour le lieu de départ.

Dans la voiture, je me mets de la crème antifrottements entre les jambes (j'avais déjà des pansements sur les tétins), puis je m'enduis les mollets d'une crème censée chauffer les muscles et éviter les crampes. Je prends également un gel antioxydant tout en buvant régulièrement.

À 10h, c'est le départ.

On commence par une grosse côte jusqu'au Plomb du Cantal. Je ne vais pas trop vite, car je sais que la course est longue. Je sens aussi que j'ai moins de muscles que quand je ne faisais que de la montagne à la Réunion, mais je parviens à me maintenir dans le groupe de tête du peloton (les meilleurs sont déjà bien devant).

Au sommet, il y a encore un peu de neige par endroits. Lina est là, me prend en photo ; je lui fais juste un petit signe et un bisou de loin. J'essaie de garder mon rythme avant d'attaquer la descente.

Enfin, descente... si on veut ! En réalité, alors que je commence à descendre à un rythme rapide, dépassant quelques coureurs, je me rends compte que ce que je prenais pour une descente de 15km contient quand même quelques côtes, ce qui casse mon effort. Du coup, je me fais reprendre par les mêmes coureurs et je ralentis un peu pour être sûr d'arriver en bas dans de bonnes conditions.

Au premier ravitaillement, je prends de l'eau et une pâte d'amande que j'ai l'impression de bien digérer.

À la fin de cette grosse descente, je me suis parfaitement maintenu dans ce qui me semble être la première moitié des coureurs. Je sais qu'il y en a beaucoup derrière car je les ai vus dans l'ascension du Plomb du Cantal. Je suis encore en forme, confiant dans mes chances d'arriver au bout et de mettre sans doute 6h30.

Mais au 21e km, après un ravitaillement où je bois un peu vite une petite bouteille d'eau et où j'avale une autre pâte d'amande, je commence à me sentir mal, comme lors du Trail des Mouflons en mars. Et merde ! Alors que je n'ai aucune crampe, aucune sensation d'échauffement sous les pieds, alors que j'ai des jambes, que j'ai du souffle, voilà qu'un état nauséeux me casse complètement : je dois ralentir de façon radicale, obligé même de m'arrêter très souvent pour faire des pauses de quelques minutes. J'espère (sans le souhaiter vraiment !) pouvoir vomir rapidement, car je me souviens qu'au Mouflons j'avais été dans un état pitoyable du 22e au 28e km où j'avais pu vomir et me sentir beaucoup mieux. Mais là, pas de chance (si on peut dire) : je ne peux vomir et je n'ose consommer quoi que ce soit pour y parvenir. Du coup, je me traîne comme une loque du 21e au 29e km. Je ne peux plus rien avaler. Je ne boirai ni ne mangerai plus rien jusqu'à la fin, soit 19km sans hydratation...

Alors, d'où viennent ces problèmes digestifs ? Sans doute pas le manque d'eau, car j'ai bien bu dès avant la course et régulièrement depuis le début, la meilleure preuve en est que je n'ai aucun signe de crampes et que je n'en aurai pas jusqu'à la fin malgré l'absence d'hydratation. Peut-être les gels, que je consomme forcément en plus grand nombre sur les courses longues, mais bizarrement je les supporte très bien sur les courses courtes. Dernière hypothèse : de l'aérophagie causée par l'absorption d'eau au tuyau de ma poche à eau. En effet, en buvant de cette façon, je sens en général que je suis obligé de roter de temps en temps. Samedi, quand ça n'allait pas du tout, que j'étais arrêté, je me forçais à roter, à évacuer des bulles d'air coincées quelque part, et ça allait mieux pendant quelques minutes. À moins que ce ne soit un mélange : beaucoup d'eau absorbée avec des gels et des efforts soutenus. Mais la piste de l'air dans l'estomac est à étudier : j'ai donc décidé de tester le bidon plutôt que la poche à eau lors de ma prochaine course, on verra bien.

Bref, revenons à notre galère. Alors que je suis très mal, des dizaines de coureurs commencent à me doubler. Inutile de préciser comme cela me fait enrager. J'arrive à la Cascade de Faillitoux où Lina m'attend. Je lui annonce que je ne vais pas bien, que je vais essayer de continuer pour le moment. Un petit bisou plus tard, me voici traversant la cascade pour de nouvelles aventures.

Au 29e km, ça va un peu mieux. Je peux remarcher sans m'arrêter tout le temps. J'essaie de m'humecter la bouche, histoire d'avoir un minimum d'eau, mais à chaque fois je dois peu après m'arrêter et me forcer à roter.

J'arrive au Col du Perthus où ma Lina est encore là. Je ne m'arrête pas à ce ravitaillement, car j'ai la poche à eau pleine depuis le 21e km et j'ai de nombreux gels et barres que je ne peux avaler. J'espère tenir ainsi jusqu'à la fin.

Pas de bol : au 34e km, mes troubles digestifs reviennent et me recassent les jambes et le moral. Je me traîne de nouveau dès que ça monte, faisant des pauses pour ne pas vomir (mais en espérant y arriver). À un moment donné, alors que je suis assis sur le sentier, des gars m'encouragent à les suivre doucement, l'un d'eux m'aidant à me relever. On fera un bout de chemin ensemble, eux allant plus vite en montée et moi en descente.

Après une succession de jolies grimpettes (elles auraient été plaisantes et pas si difficiles en temps normal, mais vu ma forme elles sont très usantes), la dernière descente commence par un petit passage casse-gueule dans la neige, puis un sentier pierreux et pentu, mais pas dangereux : je retrouve un minimum d'énergie simplement parce que je sais l'arrivée proche. Je sais aussi qu'on finit par une côte, que je redoute déjà.

Je monte celle-ci tant bien que mal, puis c'est l'arrivée en descente (bas d'une piste de ski), sous les encouragements du public (dont des enfants disant « allez, il faut finir en courant ! »). Je trottine un peu dans les derniers cent mètres et passe la ligne d'arrivée en 7h59'.

Lina est toujours là. Elle m'apporte ma boisson de récupération que j'ai toutes les peines à avaler. Je vais chercher un peu d'eau, puis je sors de la zone d'arrivée. Lina et moi nous installons à l'ombre, histoire de souffler et d'essayer de boire.

Au bout de trois quarts d'heure, ça va un peu mieux : nous allons nous asseoir à une table près de la buvette. Je retrouve un peu d'appétit, du coup je me tape deux bières et deux sandwiches au jambon d'Auvergne. On assiste au début du concert en voyant les derniers coureurs arriver.

Nous quittons Le Lioran vers 20h et sommes à la maison à minuit.

Conclusion : Après avoir connu des moments aussi difficiles, c'est-à-dire les cinq dernières heures sur les huit de la course, après avoir été obligé de m'arrêter si souvent, après avoir renoncé à toute alimentation et hydratation pendant les 19 derniers kilomètres, je ne peux que me réjouir d'être parvenu au bout de cette épreuve. Il y a tout de même des points positifs : en 40km, je n'ai eu aucune ampoule et surtout aucune crampe, ce qui est exceptionnel pour moi. Je pense donc que mon alimentation et mon hydratation des jours précédents et du début de la course étaient bonnes. Je sais aussi, car je le sens au niveau musculaire, que j'avais le potentiel pour faire beaucoup mieux et que sans mes nausées j'aurais fait une jolie course en moins de 7 h. Il me reste donc à régler le dernier petit détail : comprendre d'où viennent mes troubles digestifs et m'en débarrasser afin que je puisse être réellement performant lors de mes prochaines courses. Pour l'instant, je vais me reposer pour bien récupérer. Je n'ai rien de prévu en juin, ce qui va me permettre de me préparer au mieux pour mes prochaines courses de juillet (Trail du Bout du Monde) et d'août (Championnat du Canigou). Un grand merci à Lina pour son accompagnement et son soutien.

Stéphane

1 commentaire

Commentaire de Mustang posté le 27-05-2009 à 14:03:00

Slt Steph!! Pas évident de gérer les nausées! j'ai connu ça en Drôme! Il faut revoir son alimentation!
Bravo d'être allé jusqu'au bout!

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran