Récit de la course : Eco-Trail des Lacs - 30 km 2009, par Lucien

L'auteur : Lucien

La course : Eco-Trail des Lacs - 30 km

Date : 26/4/2009

Lieu : Clairvaux Les Lacs (Jura)

Affichage : 2628 vues

Distance : 32km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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ECHO TRAILDES LACS 2009 ( CLAIRVAUX LES LACS)

Après une bonne semaine de préparation, quelques kilomètres en endurance, agrémentés de belles cotes et de chemins en sous bois, me voilà prêt pour une nouvelle fois m’échapper de cette vie tumultueuse qui nous envahit. La seule chose qui me restait à faire pour parachever cette mise en place fut de me couper les ongles des doigts de pied… Hé oui, tout est important, surtout les pieds, le travail de la tête est réservé au moment voulu, en règle générale lors de la course. Mais dès samedi, une baisse de moral m’a fait douter de mon envie de participer pleinement à ce trail, pourtant ce jour là fut une belle journée. Je ne connais pas du tout le coin, ce qui n’arrange rien à l’affaire. Aucune vérification du parcours, je n’ai pas prit connaissance du profil sur le site. Je verrai bien dimanche sur place. En fin de compte je n’étais pas si prêt de ça.

 

Clairvaux les lacs, 8h du mat, il fait assez frais et c’est de bonne augure car la fraicheur me donne des ailes, une bruine légère nous rafraichit un peu plus. On n’est pas nombreux, 4 poilus et 4 tondus. Ca commence bien, pas d’ambiance pour l’ instant, espérons que ça viendra car avec ce temps on a plus envie de rigoler que de se faire la gueule sous nos casquettes. Je vais chercher mon dossard que je dépose au plus vite dans la voiture car une envie pressante me fait courir aux toilettes.  Une bonne chose de faite, je vais pouvoir m’échauffer une bonne heure avant le départ. Je profite du parcours santé qui est à proximité du camping pour m’égayer dans les bois, ça monte et ça chauffe doucement mes vieilles articulations. Je change un peu et vais sur la route, quelques mouvements, le temps passe et les coureurs affluent, rigolards et bienheureux, désormais nous sommes plusieurs dizaines de poilus, de tondus et de barbus. On se dit bonjour comme de vieux potes, on a l’air de tous se connaître. Ca bouge, ça remue, ça court dans tous les sens, ça monte et ça descend, ça y est on y arrive les gars. Bientôt, on nous appelle pour le départ, ça va péter. On se met en place et qui vois-je !!! Serge, un ancien pote de mon frangin de Nantes, le footballeur de l’époque, si tu me lis frangin, c’est l’ MOREL. J’en parlerai à la fin car il m’a raconté un truc étonnant.

 

Le départ est donné, je suis surpris, mais je prends le train en marche avec une allure de «  pas envie », rien à faire je ne suis pas dans le bain. Ca roule devant et je me traine comme je peux sur ce terrain plat qui fait le tour du camping, il me semble même qu’il y a plusieurs campings attachés les uns aux autres, le parcours alterne chemins gravillonnés et herbeux qui longent le Grand Lac. Nous partons ensuite en direction de Hautecour, nous traversons le village par une route départementale. Ca commence gentiment à monter et nous traversons un champ, me semble t-il, avant de grimper par un sentier en direction de la ligne de crête. Sentier assez technique où je vois bon nombre de coureurs et coureuses me doubler sans vergogne. Elle est belle la vie, ils n’ont aucune pitié de moi et m’empêche d’espérer une bonne performance. Allez-y, profitez de l’aubaine, profitez de ma faiblesse. Surtout qu’un diable nous demande d’accélérer l’allure, je dis au stressé : « cool ». Je grimpe à mon rythme, un rythme qui n’est pas le mien, non vraiment quelle galère dans ma tête, pas envie mais je continue car comme disent les italiens « chi va piano, va lontano » et je fais confiance en ce dicton. Donc je vais « piano ». Et peut-être que j’irai « lontano ». Par moment je marche car ça bouchonne, je suis très mal placé, je me trouve dans un peloton de promeneurs, je profite de l’occasion pour suivre leur rythme sans doubler quiconque, après tout on est bien avec ces courageux. Arrivé au faîte de la côte, les portions sont descendantes et montantes dans les bois de sapins et les bois mixtes où les pommes de pins et les feuilles mortes jonchent le sol. Attention aux glissades, aux branches d’arbres et aux souches qui empêchent une bonne relance, ça ne me dérange pas puisque de toute façon mes jambes ne veulent faire aucun effort. Ca remonte par endroit d’une belle force, je me plais sur ces cotes abruptes et courtes, je ne m’arrête pas, je grimpe  par petites foulées où seules les chevilles et les triceps font le plus gros boulot (cela fait partie de mes échauffements journaliers). Je prends même le temps de ralentir pour admirer les deux belvédères où l’on voit la crête en face pour le 1er et une ferme isolé au fond de la vallée pour le 2ème. Ils sont vraiment paumés, seuls au milieu de leur champs. Le parcours devient chiant avec ses racines, ses cailloux et ses branches qui se prennent dans les lacets et tentent de nous faire chuter. Par moment de gros sapins coupent le sentier de leurs formes imposantes, encore un coup des bucherons qui ne veulent pas de touristes dans leurs belles forêts d’altitudes. Il ne manquerait plus que des chasseurs nous tirent dessus. Descente ensuite bien raide en direction de je ne sait où. Ca dévale, ça culbute, ça glisse, tous debout ou tous par terre, nous avons le choix. Tiens des nuages, nous sommes sortis de la forêt, que vois-je !!! la ferme isolée de tout à l’heure, juste à une centaine de mètres. Bon dieu, ça fait bizarre, nous sommes en bas et ça remonte dans les cailloux et les herbes folles. Si mes souvenirs sont bon nous ne sommes pas loin du 1er ravito a La Frasnée (me semble-t-il). Je suis complètement paumé, je ne sais même plus ou on traine. Mais, le fait est que les rubalises sont là pour nous indiquer le bon parcours, alors allons-y en cœur. Orées des bois, champs, chemins vallonnés, tous pour faire plaisir.   

 

1er ravito (1h18’11’’), deux verres de coca, 1 mn de calme, je range ma casquette dans mon camel et retire mes gants, le front à l’air, mon cerveau s’en portera beaucoup mieux.  Un coureur est près de nous, il s’est blessé au niveau de la cuisse, une égratignure et un petit hématome. Nous repartons ensemble, il ne sait pas s’il pourra continuer. Je l’encourage en lui conseillant de calmer le rythme et d’attendre patiemment que sa petite douleur se calme. Il est vrai que le fait de trottiner peu faire un bien énorme. Et voilà mon compagnon qui s’en va devant, je ne peux le rejoindre, il fait ce qu’il lui plait. A partir de là, je me sens un peu mieux, ces quelques minutes de relax relancent la machine un peu gripper « chi va piano ». Le chemin montant légèrement finira par grimper assez durement. Le blessé me croise, il redescend vers le point de ravitaillement (je saurai plus tard qu’il n’a pas abandonné et qu’il a continué la course). C’est très bien comme cela. Je commence à voir des petits groupes devant moi, je reviens sur eux petit à petit, je me colle au groupe et prends le relais de temps en temps. Je guette sur la gauche et j’aperçois la ferme en contre bas, bon dieu ses occupants nous surveillent. Ca grimpe pas mal, nous avons rejoint la forêt et toujours les pommes de pin et les feuilles mortes nous convient à un festin de galipettes entre racines et flaques de boue. Des descentes assez raides, habitude de la forêt jurassienne, des cotes sèches, des faux plats et le petit groupe qui se faufile, qui me distance, que je reprends  en quelques foulées légères. Sur le bord du chemin un bénévole nous crie notre classement (57ème) quand je passe près de lui. La bonne affaire, quand je pense que j’avais dit à Serge que je voulais arriver 40ème (en blaguant) je crois bien que je suis loin du compte et je ne suis pas près de récupérer cette place.

 

2ème ravito (1h54’21’’). Tout le groupe est là, quelques paroles, nous faisons les cadors en rigolant et le bénévole en souriant nous dit « mes pauvres, les premiers sont déjà passé il y a belle lurette ». Quelle bonne blague, ça nous les coupe un peu mais rigolards nous repartons tambour battant vers notre destinée. Belle ligne droite dans les sapins, les jambes répondent correctement et je laisse sur place mes compagnons sans forcer, l’un deux me crie « ça y est t’es parti !!! » je lui réponds « oui, mais jusqu’où… ». On s’est compris, tout peu arriver car il doit rester environ une douzaine de kilos.  Ms jambes sautillent entre les branches et les racines, j’évite les troncs d’arbres (lol). Je récupère au passage une nana qui trottine calmement, je lui souhaite bonne continuation, elle est toute souriante. Ha ! Ces filles, toujours le sourire  A partir de ce moment, mes jambes et mes bras embrayent une nouvelle vitesse et je ne peux plus m’arrêter, je reste toutefois dans une allure modérée. Un tronc de sapin imposant barre le sentier et je suis obligé de bondir comme un ressort pour y poser le pied gauche (jeunesse ?) mais le pied glisse sur l’écorce humide (vieillesse ?) et me voilà dans l’obligation de me réceptionner sur la jambe gauche dans une position pinocchiesque. Ca a tiraillé dure sur les muscles des jambes, je reprends vite mes petites foulées en attendant que le léger mal passe. Je reprends ma route en me rapprochant du nouveau groupe qui est devant moi, je passe,  certains marchent, d’autres se tiennent les côtes. Je reconnais quelques coureurs qui ont présumés de leur force dés les premiers kilos. Je suis trop bien, je dévale les pentes à allure régulière, je grimpe sur la pointe des pieds les buttes tueuses pleines de racines, de cailloux et de branches qui me fouettent le visage. Je passe deux féminines que j’encourage comme il se doit, accompagné de leur soutien masculin. Plus rien ne m’arrêtent, je ne compte plus les places acquises par ce train d’enfer qui me donne enfin de meilleurs sensations. J ai déjà du atteindre ma 40ème place, peu être moins. La forêt est devenue tout à coup une amie, un soutien.

 

3ème ravito (2h46’30’’), 2 verres d’eau, le groupe arrière revient avec les deux féminines. L’une d’elle en discutant nous fait savoir que la fin et proche (6km) mais qu’il y a encore de belles bosses avant l’arrivée finale. On repart de plus belle. A droite, un nouveau belvédère, celui des deux lacs, un coureur prend une photo. Le chemin plat relance notre vitesse et me voilà repartit vers d’autres que je happerai au passage en coup de vent. Deux s’accrochent, je les lâche dans les parties montantes, j’en rejoins d’autres, plus dur en rythme   

mais rien ne me dit que c’est la fin de mon périple alors je prends la tête de course, ils se collent à mes jambes, nous composons un petit peloton agréable et de même expèrience . Ils ne sont plus que deux à l’approche de la première cote forestière, je mène un rythme croissant mais mesuré, tout en légèreté. Il n’en reste plus qu’un, au tee-shirt blanc , étonnant grimpeur. Le faux plat au sommet me permet de relancer mais il est toujours là. Deuxième bosse, plus dure celle là, je lui prends quelques mètres, au sommet je récupère mais je prends garde, je me méfie il a l’air d’être à son aise. De nouveau je passe un autre coureur fatigué. La troisième bosse se distingue dans le feuillage, même stratégie, je me retourne et plus personne à l’arrière. Me voilà seul pour les deux ou trois kilos à venir. Je tiens le rythme, la pente diminue, je n’ai plus besoin de voir ce qui se trame à l’arrière, j’ai trop d’avance. Le sentier descend vers l’arrivée en empruntant le parcours sportif, je suis à l’aise et ne diminue pas la vitesse, au contraire je garde le cap, en plus on descend sur ce terrain très doux qui reposent les articulations. Au débouché de la forêt, je vois la route goudronnée qui mène à la banderole, plus que 300 mètres en gros, mes genoux se lèvent, tous déverrouillés, mes baskets épousent bien le sol avec le bruit significatif d’un coureur qui vient de parcourir 32 bornes. Victoire, mesdemoiselles, mesdames et messieurs (3h29’28’’)

 

Vite à la douche avant le repas. Je mange avant de faire mes étirements. Potage et pizza, yaourt et banane. De l’eau, de l’eau. Je fais mes étirements en attendant l’arrivée de Serge. Il met du temps le Serge, je file vers le parcours sportif en marchant, je rentre dans le bois et voilà Serge qui arrive goguenard avec un sourire de vainqueur, je cours les derniers 300 mètres avec lui, il est tout content de m’avoir en tant que supporter. Au ravitaillement, Serge me parle de sa participation à La Diagonale de Fous sur l’ile de La Réunion.. J’en tombe sur le cul car il n’a pas du tout le gabarit. Il l’a bouclé en 59h et des poussières, il avoue même avoir fait les 5 derniers kilos en 5h. Effarant. Il pense faire l’ UTMB s’ il maigrit de quelques kilos. Sacré Serge, il est vraiment fou. Tant mieux pour lui, il a les yeux explosés par les beaux paysages qu’il a parcourus.  

 

Les résultats sont affichés, je regarde vers les 40, 50, rien, ils m’ont oublié. Je monte un peu le regard, bordel je vois mon nom à la 27ème place. Génial et en plus 2ème VH2 sur 23 et certainement plus car tout n’est pas affiché. Désormais je peux rajouté au dicton « è svelto ». Ce qui donnerait « chi va piano, va lontano è svelto ». Je vais changer mon dicton sur mon profil.

 

Grand merci à  tous, organisateurs, bénévoles, coureuses et coureurs qui font des trails un vrai lieu de rencontre et d’amitié sincère. Ciao amici è buon viaggio nel paese dei matti.

2 commentaires

Commentaire de bluesboy posté le 30-04-2009 à 21:18:00

Bravo Lucien pour ce podium "de vieux" comme on dit chez nous ,tu as parfaitement bien géré ta course .Il y a des courses ou l'on ne se sent pas bien au début et que l'on finis trés à l'aise .J'avais fait le 30 km l'an dernier que j'avais trouvé assez "casse pattes" et surpris par le manque de ravito solide j'avais finis avec une grosse faim.Cette année j'ai fais le 19 km plus roulant pour me réserver pour le trail de l'ardéchois ce week end

Bonne récup
A la prochaine

Commentaire de TrackJuPath posté le 27-05-2009 à 21:32:00

Joli récit
ça donne envie

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