L'auteur : kailasa
La course : Raid Orient'alpin Hivernal
Date : 1/2/2009
Lieu : Chamrousse (Isère)
Affichage : 1910 vues
Distance : 32km
Objectif : Pas d'objectif
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« Tu as vu ce qu’il y a sur la montagne d’en face ? » « Allez, chiche ! »
Voilà comment après un simple échange de mails, 2 coureurs du Vercors se retrouvent à faire équipe lors de la version hivernale du Raid Orient’Alpin, une toute première édition qui se déroule à Chamrousse, dans le massif de Belledonne.
Forts de notre expérience plutôt réussie du Raid Inook, on est confiant (trop !), et on décide de s’inscrire sur le parcours « élite » : au programme, course à pied, ski de fond orientation, raquettes orientation, tir « biathlon » et à nouveau du ski de fond orientation.
Une fois inscrits, on a commencé à réfléchir…
Premier souci, le tir à la carabine. Pour l’un comme pour l’autre, nos derniers essais de tir datent… de notre service militaire, et c’était avec des Famas… Et pour ma part, ce n’était même pas de réels essais puisque ma philosophie personnelle m’avait dicté de volontairement vendanger toutes mes balles (80 balles tirées, une seule dans une cible, et tirée par mon voisin de tapis). Bon, mais là, j’ai mis ma philosophie de coté… Et c’est ainsi que je me suis retrouvé dans mon jardin, avec mon équipier, à m’entrainer au tir à la carabine… En fait, c’est vraiment sympa, le tir…
Deuxième souci, le ski de fond. Certes, on skie. On se débrouille. Mais il est clair qu’on n’est pas nés sur des skis, on a donc chacun une technique très personnelle et bien peu académique. De plus, si je n’arrive pas à suivre mon partenaire dans les montées, lui n’arrive pas à me suivre dès que c’est roulant… Bref, c’est pas gagné…
Troisième souci, LE gros souci : l’orientation, la vraie, on découvre. Sur le Raid Inook, on connaissait le terrain, et c’était des cartes classiques IGN au 1/25000eme. Des vraies cartes d’orientation, avec ces couleurs spécifiques, et ces échelles inhabituelles, je n’en avais jamais vues…
Dimanche 1er Févier, Chamrousse, 8h15 du matin, il neigeote (mais heureusement, il n’y a pas de brouillard…). Retrait des dossards. Essais sur le pas de tir (Et un sans faute ! Et deux sans fautes ! C’était presque du Raphael Poirée tellement on était bons !!!). Installation du matériel sur la zone de transition. Echauffement. Petit coup d’œil aux autres équipes : houla ! La plupart sont équipées de tablettes porte-cartes, boussoles, etc. Notre équipement à nous : une boussole (euuuh, elle est où, d’ailleurs ? Ah oui, au fond du sac…) ; pour la carte, mon équipier a prévu une pochette plastique tenue par une ficelle qu’il met autour du cou. Ficelle, bien sur, qui va se défaire dès l’échauffement (il orientera donc, en ski de fond comme en raquettes, la carte tantôt à la main, tantôt à la bouche). On sent les amateurs…
Le départ se fait en masse, puis on enchaine les épreuves (le chrono n’est arrêté que pour l’épreuve de tir).
La course à pied : Deux boucles de 2,2 kilomètres, sur neige damée (plutôt molle). Une double problématique se pose à nous : d’abord, il faut concilier notre différence de niveau (mon partenaire vaut moins de 31 minutes au 10 kilomètres ; moi, je suis plutôt un trailer de moyennes distances, et donc plutôt diesel). Ensuite, vu nos compétences en orientation, notre stratégie est de ne pas perdre de vue les meilleurs pour pouvoir les suivre dans les parties d’orientation pure.
9h30, le départ est donné. Je me mets de suite dans le rouge, tandis que mon partenaire est facile. Premier tour à fond, les appuis sont un peu aléatoires, mais ça va. Le deuxième tour est plus difficile car la piste est labourée. On est en troisième position à la fin de cette section de course à pied en 20mn30s, et on est avec les premiers.
On ressort second de la transition, au contact avec l’équipe de tête.
C’est donc parti pour le ski de fond. La semaine précédent la course, j’étais venu « apprécier » les pistes de Chamrousse, et je m’étais dit qu’il y avait une piste que je n’aimerais vraiment pas faire en course (L’Astragale pour ceux qui connaissent). Et en découvrant la carte… Bingo… Les balises font le tour de cette piste.
Tout commence par une descente. On se fait doubler par deux avions. Puis c’est une longue-longue-longue montée qui va devenir pour moi un long-long-long calvaire. Je suis déjà cuit, et le raid est loin-loin-loin d’être terminé. Mon équipier, grimpeur dans l’âme, suit d’abord les premiers, puis voyant mes difficultés, gère et attend le « boulet ».
Je me retrouve à la lutte pour la 4eme place avec un concurrent qui en bave autant que moi. C’est rassurant. Mouai… Il me dépose quand même dans la dernière descente.
Fin de cette partie ski de fond, sur les 9 kilomètres, on a du perdre environ 5 minutes sur la tête de course, autant dire que notre stratégie de suivre les premiers pour l’orientation est oubliée.
A ce moment de la course, l’état du bonhomme est à la limite de la lucidité. En ce début de troisième section (orientation stratégique en raquettes, 17 balises perdues dans la nature à retrouver, 30 minutes de pénalité par oubli), je me contente d’essayer de suivre sans réfléchir. Mon équipier orienteur gère à merveille. On regagne une place, puis on la reperd. Puis vient la balise numéro 46. Je ne l’oublierai pas celle là. On y est passé à 10 mètres sans la voir. Et on va la chercher longtemps, et on va monter, descendre, remonter, redescendre, escalader, s’enfoncer, tomber, retomber, se balader, visiter, on va même trouver la balise 45 (située pourtant100 mètres plus bas en dénivelé). Cette balise 46, on va enfin la dénicher, mais après avoir perdu beaucoup-beaucoup-beaucoup de temps. Puis les balises s’enchainent à nouveau plutôt bien. Un petit tour sur le lac Achard. Puis encore une balise où on perd du temps. Puis on commet une erreur de néophytes : pour être plus efficace, on décide de se séparer. On perdra 10 bonnes minutes à se retrouver… Bilan de cette partie orientation : on a perdu plus d’une heure sur la tête de course, mais on a trouvé toutes les balises.
Le tir à la carabine : je suis sorti de la zone rouge, mais l’état de forme reste précaire. Toutefois, je me dois d’être bien sur cette épreuve, des bières sont en jeu. Les pénalités de tir (une minute par cible ratée) par contre n’importent plus vu les écarts… Mon équipier me met une pression énorme (c’est le terme qui convient), il fait un sans faute. A moi. Un coup d’œil dans le viseur. Houlà, ça tangue beaucoup plus que lors de l’entrainement du matin, la fatigue parait-il. Plus on attend, plus ça tangue, donc… Bim ! La première est dedans ! Bim ! J’ai trop attendu. Raté ! Suis dégouté ! La tournée bière est pour moi ! Au total, un 3/5 au tir. Je suis déçu.
Transition. Re-re-changement de chaussures. Je passe sur le plaisir de rechausser les chaussures de ski de fond glacée avec des chaussettes trempées. Et c’est parti pour la dernière épreuve.
Ski de fond orientation. Deux circuits d’environ 4 kilomètres à enchainer.
Heureusement, les pistes sont plus roulantes que le matin. Mais après 4 heures d’effort, la moindre petite bosse me semble pénible. Sur cette partie, l’orientation n’est pas trop difficile. Mon partenaire s’en sort comme un chef.
Finalement, on coupe la ligne d’arrivée en 4h14 (pénalités au tir incluse), à 1h20 des premiers. On est 9eme au scratch sur 20 équipes engagées sur le parcours élite, 6eme dans notre catégorie.
Bilan perso : je me suis mis en surrégime d’entrée, et je crois que je l’ai payé tout au long de la course. Et je n’ai jamais vraiment pu aider mon partenaire sur l’orientation.
C’était la première fois que je participais à un raid multisports, et la première fois que je faisais de la « vraie » orientation. J’ai été séduit par ces expériences, j’ai vraiment envie d’y gouter à nouveau (j’ai déjà repéré le prochain raid orient’alpin qui aura lieu du coté de Corrençon en Vercors début octobre).
Chapeau à mon coéquipier qui pour un néo-orienteur s’en est superbement tiré. Il avait en plus les moyens de suivre les premiers.
Bilan de la course : Rien à dire, c’était irréprochable. Organisation impeccable, des bénévoles aux petits soins, et des ravioles d’après course revigorantes. A refaire !
3 commentaires
Commentaire de le_kéké posté le 05-02-2009 à 12:38:00
Merci pour ce récit sur la version hivernale du fameux raid orient'alpin, que nous avons fait 3 fois mais en version été. C'est rassurant quelque part il ne suffit pas d'avoir un (très) gros moteur en raid multi pour gagner. Et oui, tout compte et aussi le matos, l'orientation et la gestion de course. Partir comme des balles sur la CAP n'etait pas forcément une très bonne idée quand on en a pour 4 ou 5h d'effort. Mais enfin vous ne vous en êtes pas trop mal tiré pour une première. Content de voir que ça vous a plu car le raid multi c'est vraiment extra surtout l'aspect orientation et la gestion d'equipe.
Au plaisir de se croiser sur un trail, une course au saucisson ou maintenant un raid multi autour de Grenoble.
A+
Philippe
Commentaire de agnès78 posté le 05-02-2009 à 23:14:00
éric, que te dire de plus que le "ça donne trop envie" que je me répète inlassablement depuis quelques lectures de récits blancs ces derniers temps! Bon, je n'aurais peut être pas traversé ton jardin lors des essais la semaine précédant l'objectif... ... ... ;-) mais franchement vous vous en êtes super bien sortis pour une première ludo et toi! Un grand BRAVO pour cette ténacité qui t'est propre en course comme sur des disciplines que tu découvres juste! et merci pour le récit même si maintenant je vais rêver "blanc" ;-)
bonne récup'
Commentaire de Davidou le minou posté le 08-02-2009 à 21:58:00
Ah on fait moins les malins quand on connait plus les organisateurs ;-)
En tout cas bravo pour votre début de course, car vous avez un super classement. Un peu moins bravo pour la suite, mais c'est tellement bon ces raids blancs, que... bravo quand même :-D
Et puis merci pour le récit qui à chaque fois énerve un peu plus Agnès :-D
David
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