Récit de la course : 6 heures du Petit Ney 2005, par La Pluche

L'auteur : La Pluche

La course : 6 heures du Petit Ney

Date : 5/5/2005

Lieu : Paris 18 (Paris)

Affichage : 1063 vues

Distance : 69.075km

Objectif : Se dépenser

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Le récit

Ces 6 heures du Petit, c’est ma rentrée de coureur à pied de cette année. Il était temps, car après les pépins physiques du début d’année qui ont entravé ma préparation et même contraint à déclarer forfait pour Belvès, je me profite de ce 6 heures pour lancer ma saison et voir où j’en suis.
L’objectif, courir à allure 100 km, sans trop puiser dans mes réserves, car j’envisage de m’aligner aux 24 heures de Roche la Molière mi-juin. Je ne voudrais donc pas mettre trop de temps à récupérer ensuite. Objectif « syndical », 60 km et je serais pleinement satisfait avec 65.

9h30. Le temps est gris, un peu frisquet, mais vue les trombes d’eau qui se sont abattues la veille, estimons-nous heureux. Durant les premiers tours, le but est de s’échauffer, trouver le bon rythme de course et de gestion des ravitaillements, ne pas s’affoler. Pour le moment, je garde un rythme peinard d’environ 8 minutes au tour, qui me permet d’en garder sous le pied et de ne pas être obligé de me concentrer sur la course. Je laisse mon esprit gambader, trouve que le parcours, varié dans ses surfaces (tartan, bitume, un peu de terre) soulage les tendons, même si les principaux virages ont toujours lieu à gauche. Au bout de 4-5 heures peut-être que ce détail aura son importance. Un peu avant l’heure de course, je termine le 7ème tour (10,745 km) : j’ai de l’avance sur le tableau de marche, alors que je ne peux pas dire que ma course ait vraiment commencé. Cool !

Je commence à m’intéresser au rythme des autres concurrents. Les allures sont encore faciles. Les autres UFOs font une bonne impression et me grignotent à chaque fois que je les croise quelques dizaines de mètre. Globalement je suis un peu surpris par le rythme des concurrents. Pour le moment j’avance à un train qui doit m’emmener vers les 60 km et plus, et pourtant bon nombre de coureurs me précèdent et me prennent des tours. Le plateau est relevé. C’est bien pour la discipline.

Petit à petit, sans trop m’en rendre compte, j’entre dans la course et accélère progressivement la cadence : 7’50 au tour. Courir devient machinal, on y pense même plus, et on regarde ce qui passe autour. Fin de la 2ème heure, je suis dans la ligne droite qui termine mon 15ème tour. Mon avance sur le tableau de marche continue de croître.

Le temps s’éclaircit, et voilà que le soleil fait son apparition. Youpiiii.
Mes abdos commencent à râler un peu. C’est vrai que je voulais les renforcer cet hiver, mais bon, j’aime pas ça, et du coup je trouve toujours un excuse plus ou moins vaseuse pour ne pas le faire. Maintenant, y a plus qu’à composer avec. Je me sens bien maintenant, j’accélère un peu 7’40 au tour puis 7’32. "Bon là P’tit Gars (c’est ainsi que je m’adresse à moi-même dans ma tête) arrête de déconner, on n’est pas encore à la moitié, et si tu continues à ce rythme tu risques de partir en vrille plus tôt que prévu". D’ailleurs, les 1ers signes de flanchissement apparaissent chez certains concurrents. Si tu pouvais éviter de les imiter.

Je reviens à un rythme moins « suicidaire » d’environ 7’50 au tour. On verra dans les 2 dernières heures s’il en reste encore sous la pédale pour en remettre une couche, pour l’instant il importe de rester sage et de continuer à ce rythme.

3 h, mi-course, 23 tours (35,3 km). Ca roule. J’ai une avance sur l’objectif minimal de 60km qui me permettra de gérer sereinement la fin. Il suffit de conserver cette allure jusqu’à la fin, et c’est gagné, simple non ?

Oui, mais les cuisses ne sont plus aussi fraîches qu’au début, c’est un peu plus tôt que je l’escomptais initialement. D’autant qu’une douleur se développe au sommet de la jambe droite juste à l’intersection entre la jambe et le bassin. Aurais-je mal négocié les 2 dernières heures en accélérant un peu trop tôt ? L’avenir le dira. Pour le moment le rythme reste bon, mais je dois me concentrer un minimum sur ma course. J’ai besoin de me fixer des objectifs à cours terme. Le marathon sera le 1er, et je décompte les tours à son approche.
3h41 : je termine le 28ème tour, dans lequel j’ai franchi le marathon. A partir de maintenant, je vais pouvoir scorer à la CTU.
Cap sur la barrière des 50 km. Plus que 5 tours et j’y suis.
4h de course : 32 tours. Je suis moins fringuant qu’au début, les jambes sont moins amènes mais j’avance bien et suis toujours combatif. C’est rassurant.

4h02, ça y est, on est au 50 km. Bon ben on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, en route.

4h30, je double MMI et Jésus qui font route ensemble. Je me rappelle leur dire « allez, plus que 90 minutes ». Oui, mais là je n’aurai pas dû fanfaronner de la sorte, car moins d’un demi tour plus tard, une violente douleur abdominale surgit dans mes entrailles. Je ralentis et marche même une centaine de mètre pour récupérer. Bon, ça se complique. Je repars en trottinant et tente de me refaire une santé. Je croise ma sœur qui me tends mon bidon de boisson énergétique et lui fait part de mon soucis « oui, mais c’est normal » qu’elle me retorque, « tu ne bois pas assez ». Soit chef, pourtant j’ai l’impression de boire suffisamment : un petit gobelet d’eau à chaque tour et 2 gorgées de boisson énergétique tous les 3 tours.
Arrêt pipi quelques centaines de mètres plus loin, plus pour récupérer que par réelle envie, et je constate que les urines sont plus foncées qu’à l’accoutumée. C’est qu’elle a raison la frangine, elle n’y connaît certainement pas grand chose en matière d’ultrafond, mais là, elle marque un point. Du coup, je prends 2 gobelets d’eau à chaque tour et … la douleur abdominale s’amenuise, alléluia.
Je continue à faire le gros dos durant cette phase de moins bien, je sais bien qu’il y aura une éclaircie un peu plus tard. Ainsi sont faites les courses longues distances, des périodes de moins bien, d’autres plus euphoriques. Il en avait été ainsi à Millau, il n’y a pas de raison pour qu’il n’en soit pas de même aujourd’hui. Et puis on approche bientôt des 60 km, je vais atteindre mon objectif initial bien avant la fin de course.

38ème tour (58,33 km) et oui, ça ne fait pas 60 km, mais à ce moment je suis persuadé avoir franchi cette marque. Le calcul mental après 5 heures d’effort est bien moins précis (oh que oui) et j’étais persuadé avoir lu le matin qu’il suffisait de 38 tours pour passer la fameuse marque. "Mais il te reste une heure, c’est à dire qu’en continuant tranquillou à ton rythme du matin, tu peux dépasser les 70 ????". Non c’est pas possible, il y a quelque chose qui cloche, car même si je reconnais être assez régulier, pas trop mal gérer les temps forts et les temps faibles, 70 km est une distance qui me semble pas très réaliste. Tout en gambergeant à tout ceci, je continue mon bonhomme de chemin. Ce n’est qu’au 40ème que je réalise que 40*1.5 = 60. Ouais, ben heureusement qu’on a des calculatrice dans la vie de tous les jours.

Maintenant, tout ce qui vient est du bonus. Aussi prends-je plus de temps aux ravitaillements, je m’accroche certes, mais ne vais pas puiser dans mes derniers retranchements pour tenter une perf. "Imagines que tu établisses une perf trop haute, comment battras-tu ton record à l’avenir ? Hein ? Et puis d’abord, ce n’était pas l’objectif du jour".
Du coup je continue à mon rythme, ni plus, ni moins.
Plus que 40 minutes, puis 30, puis 20. Avant dernier tour j’entends. Euh non, pas d’accord, en 20 minutes, je dois pouvoir en caser 3 quand même. Et c’est que j’ai raison en plus. 5h55, alors que j’arrive dans la ligne droite d’arrivée, des concurrents repartent pour une ultime chevauchée. « Vous pouvez vous arrêter ou repartir si vous le voulez » qu’on nous annonce. Ma sœur me crie « jusqu’au bout ». "Mais qu’est-ce que tu crois, je suis venu pour courir 6 heures moi, alors pas question de m’arrêter à 5 minutes de la fin". Et puis d’abord, même je ressens une fatigue légitime, je pourrai continuer encore plusieurs tours à ce rythme s’il y avait besoin.
Cette fois, c’est sûr, c’est le dernier, c’est le tour d’honneur. Les dernières foulées sur la piste en tartan qui nous conduit hors du stade, à l’extérieur du stade sur le ciment en dévers, devant la piscine, le dernier virage en épingle, la rentrée sur le stade avec son petit secteur pavé, le dernier tour des terrains de foot, et la dernière ligne droite.

Fin du périple, au bout de 6h05’40’’, et 45 tours couverts. Je regarde la feuille de correspondance, 69,075 km. Non ? Tant que ça ? Et bien si on m’avait dit ça le matin, j’aurais signé des 2 mains.

Assez content de ma course du coup. Ca me motive pour mon 1er 24 heure dans un mois.

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