Récit de la course : Les Templiers 2008, par Le Dahut

L'auteur : Le Dahut

La course : Les Templiers

Date : 26/10/2008

Lieu : Nant (Aveyron)

Affichage : 5151 vues

Distance : 72km

Matos : Un vrai catalogue running à moi tout seul :
- Salomon XA PRod 3D Goretex
- Chaussette Xsocks trail
- Caleçon Hom Sport
- Cuissard Skins
- Tee shirt Adidas
- Manchonts Gore
- Gant Asics
- Bonnet Helly Hansen
- Buff des templiers 2007
- Poche a eau Platypus
- Overstim en poudre et en barre
- Polar pour le cardio

Objectif : Objectif majeur

2 commentaires

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Le récit

Un ultra CR des Templiers 2008 (pas prêt de faire un 100 bornes moi, bien trop long à raconter) :

Il s’agissait pour mois du second objectif majeur de l’année (le 1er étant le 10  de Villeurbanne en Mars dernier), avec pour ambitions principales de :

-          Faire moins de 9h00 sur ce nouveau parcours supposé être plus long et plus dur que l’an dernier

-          Arriver en tête de notre bande de joyeux trailers, et notamment devant Fred qui m’avait mis une bonne demie heure l’an dernier

Deux mots sur la prépa :

L’an dernier, après la course, après digestion de la course (les 20 derniers kilos dans la douleur n’ont pas été faciles à avaler), j’étais arrivé à la conclusion que l’entraînement avait pêché sur les aspects spécifiques aux Templiers : montée, descente et récupération.

Cette année du coup : un gros volume en août pour la reprise (28 sorties sur le mois), du spécifique en septembre (sorties longues dans les Mts d’Or, frac à Fourvière et Parilly), baisse de volume relative en octobre. Pas suffisamment appuyé sur le plan perso et pro la récup mais à l’évidence, tant que je n’aurai pas divorcé et/ou donné ma dém, il sera difficile de faire plus, du coup me voilà condamné à faire mieux !

C’est tout de même avec la sensation d’être bien mieux préparé que l’année précédente que j’ai abordé l’épreuve cet année. Autre avantage : je savais cette fois-ci à quoi m’attendre !

Point négatif : en toute franchise, je pensais Fred être intrinsèquement meilleur que moi sur la distance, surtout compte tenu des dernières séances faites ensemble (lui en frac à Parilly, moi en étirement sur la pelouse à compter ses tours…)

Réveil 9h00 la veille de la course : 2heures devant moi pour préparer mes affaires avant que Fred ne passe me prendre. (cette année, c’est lui qui conduit). 1h30 aura suffi pour boucler ma valoche, du coup je me donne le temps de jeter un œil à la vidéo sur le site VO2.

Moi : « Cath, ça te dit de jeter un œil à ce que je vais faire ce WE ? »

Elle : « Non ! Pas le temps !!! »

Bon d’accord… Fred magne toi !!! ‘tain, que je n’aime pas ces moments là…

Trajet sans pb, pause casse-croûte, bien cool, au soleil : la météo sera bonne ce WE et ça, c’est déjà une bonne nouvelle. En arrivant au gîte, on croise Bertrand et ses filles (médaillées !) qui se rendent à l’arrivée de la Templière. Au gîte, on tombe sur Tanguy en train de ne rien faire… Satisfaits de constater qu’il reste des lits de libres, on pose nos bagages, et on file chercher nos dossards. J’en profite pour peaufiner l’équipement en achetant une paire de manchons – J’aurais bien fait l’acquisition d’un tee-shirt mais Adidas a le monopole du textile sur le salon, et rien qui ne me satisfasse sur ses portants. Basta, les manchons suffiront bien !

 Pour l’instant tout se passe bien, si ce n’est que j’avais prévu de trottiner un peu la veille de la course et que ca semble de plus en plus mal barré. C'est Yann qui va m’en fournir l’occasion en sacrifiant sa réputation de kényan blanc, en faisant fi de toute idée de performance et au mépris de l’inquiétude d’Anne. Inscrit sur le Marathon des Causses, pas encore arrivé après 5h00 de course, le Zybo. Il n’en fallait pas plus pour que Fred, Tanguy et moi partions à sa rencontre. Enfin surtout moi, parce que les 2 boulets, il fallait déjà se les traîner. Je ne savais encore pas qu’il en serait ainsi le lendemain :-) Bref, Yann arrive, complètement dépité, bien content apparemment d’avoir quelqu’un à qui raconter ses salades (« un marathon c’est long », « un marathon c’est dur », et d’autres trucs insensés). On a donc fait les 2 derniers kilos ensemble, merci Yann, ça m’a fait du bien !

 Soirée de veille des Templiers classique :

-          on s’attend et se regroupe qui devant une bière, qui devant un chocolat chaud ou un jus de fruit avant de se rendre ensemble à la Pasta Party. La différence de régime autour de la table est à l’image de la différence d’objectif… Certains s’empiffrent de pâtes et de poulet en s’envoyant la dernière binouse de leur prépa, quand d’autres calculent les calories en songeant avec crainte à la susceptibilité de leurs intestins… Je suis plutôt dans la retenue, faisant plutôt partie de la seconde catégorie. Merci à Olivier de nous faire partager sa stratégie de course : Quand le dénivelé est négatif c’est que ça descend ! Ce serait dommage de l’oublier en effet…

-          les avant derniers préparatifs, prélude à une nuit rarement bien négociée, sont un spectacle édifiant : Ronan, qui dit sans rire qu’il a dû avoir un pb de lavage avec son tee-shirt AGRC qui désormais le boudine, David qui nous fait le show du mec suréquipé, Seb qui nous sort un pyjama des familles. Les blagues salaces ont pour sujets crème Nok et thermos (quel drôle d'idée qd même ce cadeau). Olivier, Yann et Bertrand ne savent pas ce qu’ils manquent. Enfin, pas sûr… Bref ! Dernières discussions autour de l’heure du réveil, ajustement des montres et téléphones à la nouvelle heure et extinction des feux, y compris de la veilleuse, merci David !

 3h45 : réveil ! Douche pour moi, petit dej à base de poudre au choc et flotte. Jamais couru avec ça dans le ventre (juste bossé, jamais vomi !), on verra bien… Ca ne plaisante pas trop, en tout cas ca me passe au dessus, la concentration est déjà là. Côté équipement je fais les choix suivants : départ en tee-shirt seulement + manchons + gants + bonnet : que du facile à enlever et à remettre. Pas de coupe vent dans le sac (bouh !), pas plus de frontale sur la tête (re bouh !). Par contre j’embarque le cardio et compte bien ne pas dépasser les 170 !

 Nous (Fred et David) voilà sur la ligne, ou presque, au prix d’une manœuvre dont il n’y a pas lieu d’être fier : barrières enjambées et concurrents poussés du coude! Mais à quelle heure faut il donc se lever pour être bien placés ? Tanguy nous rejoint avec davantage de scrupules encore. A ce moment là une seule certitude : l’abandon n’est pas une option, finir sur une civière à la rigueur.

Me tombe sous les yeux une phrase de Tabarlytandis que j'écrit ce récit  : « Baisser les bras dans une compétition sous prétexte qu’on ne peut terminer premier est incompatible avec l’esprit du sport » Bon, ça devient lourd ce CR, promis je déplombe pour la suite…

 Sur le premier tronçon, rien de spécial. Pas de regret quand à l’équipement, content de faire la route avec Fred et David, Tanguy +/-. Sensation mis amusée mi inquiète lors de la première vraie montée : pensée émue vers Ronan à quatre pattes, et doutes concernant mes tendons d’Achille en feu. Ca va passer en courant, si, si ! Premier ravito : on est dans les clous (10’ d’avance même), j’attends en marchant David et Fred qui font le plein, qui font le vide, j’embarque pour ma part une bouteille et vois passer Tanguy à donf! Hé Tanguy, tu as oublié de noter qu’il y avait un ravito à Sauclières ou quoi ?

C’est parti pour le début de l’échauffement, avec les prémisses du St Guiral, le col de la Guérite, ses sapins, sa mer de nuages, son point du jour… Première barre avalée. On rejoint Tanguy pour rapidement le laisser derrière faire du tourisme… Une petite larme à l’endroit où m’avait lâché mon sac et Fred (salaud, je t'aurais !) l’an dernier. Je prends un peu l’air en laissant mes compères quelques dizaines de mètres derrière moi. Ne pas se mettre dans le rouge, ne pas s’emballer, monter à son rythme, ne pas élever le rythme. Pas avant le 50ème !

On bascule sur la première vraie descente. Pas de risque, tout en douceur, tout en souplesse. Fred me rattrape. Où est David ? En négociation avec ses ischios parait il…

Pas de surprise en bas cette fois ci : la bosse dans les sapins, la « descente » vers Dourbies, la montée dans le village avec Fred dans la roue. Jusqu’ici tout va bien, je suis surpris de constater à quel point les souvenirs de l’an passé sous restés vivaces. Un coup d’œil au chrono : bientôt 4h. J’espère que Yann sera à l’heure parce qu’en ce qui me concerne, c’est à la minute près !

Banane, barre, plein du camel et de la bouteille de Sauclieres, Yann est bien là, en plein reportage ! Fred aussi… On est encore très bien et on sait que ça va bientôt commencer. Pas encore la course, mais les difficultés ! Je laisse manchons, bonnet et gants à Yann (re re bouh !) et nous voilà repartis.

Ne pas se cramer dans la montée du Suquet. La faire au cardio, en dessous de 170. Ce que je, sans trop de difficulté, sans me soucier de Fredo, quelques mètres en dessous.

Ce salopiot se permet même de m’appeler pour que nous soyons ensemble sur la photo. Ok, je t’attends Fred, mais c’est la dernière fois !


Ayé, avalé le Suquet. Même pas mal ! Il n’y a plus qu’à faire gaffe à l’interminable descente vers Trèves. Un peu de marche pour se refaire qd même, une pause technique et… mais ou est Fred ? Encore derrière ? non tout de même… Devant ? il m’aurait passé sans que je le vois, sans me le dire ? Bon, m’en fous. Je descends à mon rythme.

Non pas à mon rythme en fait, bien en dessous. Le frein serré jusqu’en bas. Ai laissé passer plein de gens et une belle occasion de m’amuser. Me suis calé derrière une féminine étonnante : elle courrait dans le Suquet parce que blessée au genou, elle ne pouvait le faire en descente ! Bref, une descente pépère qui permettait peut être à Fred de prendre le large. Mais c’est dans cette descente que l’an dernier j’ai laissé mon quadri droit. Cette année, seul sacrifice : un peu de frustration de ne pas faire la descente !

La remontée sur Causse Bégon, c’est que du bonheur et je me dis qu’enfin, on va pouvoir se faire plaisir. Je me sens un peu trop euphorique, attendons le ravito. Je me suis fait à l’idée que Fred est définitivement lâché, ou m’a définitivement lâché. Au ravito : je tombe sur une file de coureurs attendant sagement que le type en charge de nous bipper change la batterie de son bippeur. Bernique ! je ravitaille et revient me faire checker la puce ensuite. Ravito essentiellement solide, je ne refais pas le plein du camel : il ne reste que 20 bornes et il y en a un autre à mi chemin.

C’est reparti et c’est un vrai bonheur de dérouler sur le plateau. Je redouble une bonne partie de ceux qui m’ont passé  dans la descente. J’apprécie aussi le fait d’avoir un sac très léger. Jusqu’à ce que je me rende compte assez rapidement qu’il est léger parce qu’il est vide. En tout cas la poche à eau est vide. J’ai beau aspirer tout ce que je peux, rien d’autre qu’un vague parfum d’hydrixir à la menthe. Oops ! ca risque de faire long qd même mais pour l’instant pas de souci… La descente en devers sur St Sulpice se déroule sans bien, avec Yann en bas (enfin je crois que c’était là) et me confirme que Fred est derrière. Je m’arrête pour taper la discute mais il me fout carrément dehors l’animal pour que je reparte. Bon, ok. On causera à l’arrivée…  Dans la bosse entre St Sulpice et Cantobre, le manque de flotte devient problématique. Je me surprends régulièrement à aspirer sur la tétine de mon camel plus que vide… Je profite des postes de secours pour demander une gorgée de flotte : au premier on m’envoie bouler, au 2nd on me tend une bouteille en me faisant comprendre qu’il y a d’autres concurrents et qu’il faut que j’en laisse… Je commence sérieusement à me dire que j’ai fait une belle erreur à Causse-Bégon en cherchant à gagner du temps à ne pas faire le plein. Bon, le prochain ravito n’est pas loin, on verra bien.

J’arrive à Cantobres avec encore 5 minutes d’avance par rapport aux 9h00 escomptées à l’arrivée. Remplissage du camel ! J’avale un tas de truc, dont du pain d’épice au roquefort et je bois pas mal pour compenser.

On repart et je partage avec d’autre le fait qu’à cette allure, passer sous 9h00 ne sera pas possible. Du coup, je tente un truc : je sors du chemin, double la dizaine de personnes devant moi pour partir dans la montée à un train un peu plus soutenu. Belle montée dans les tours (176), mais pour l’instant ça passe et il ne reste que 7 kilos à tout casser.

Sauf que la suite ne se déroule pas comme prévue  : malgré une course en dedans pendant plus de 60 bornes, le fait d’avoir manqué d’eau et de faire un effort violent dans la dernière cote fait monter le lactique dans les quadris. On est presque sur le plateau, crampes : je tente un étirement, c’est du côté des ischios que ca tétanise : je tombe à genoux et vomis le trop plein d’eau englouti au ravito. Grmpf !!! Tout ça pour ça… A ce moment là, je me dis que je vais rester coincé là, avant d’avoir atteint le roc Nantais. 3 milles personnes passent et m’encouragent. Moi j’enrage, couché sur le coté tentant d’éviter de solliciter le moindre muscle. Je ne vomis plus guère, et finis par vaguement me lever. La marche semble possible. Je tente de courir… re crampes ! Bon ben marche mon garçon, et arrete de pleurer quoi, t'étais pas obligé ! C’est parti pour un bon ¼ d’heure de marche assez rapide… je revis la fin de l’an dernier, j'aime pas. Je rebois un peu, impossible de penser manger quelque chose. Je ne suis pas prêt d’avaler de nouveau du Red Tonic ! La gueule du coup de boost pour l’arrivée !!!

Bon, les choses se remettent en place petit à petit, je peux trotinner sans que rien ne se déchire, tétanise ou révulse. Alors c’est reparti. Un œil au chrono : 8h50 : pourquoi pas ? Je remets les gaz (enfin, je dois être au moins à 9 km/h, waouh !), je repasse quelque concurrents qui doivent me prendre pour un bargeot en train de faire du frac : 10' à bloc, 5 ' à genoux. 8h55 en haut de la descente du roc nantais. J’y crois encore ce qui donne un peu une idée de l’état dans lequel j’étais… Considérant finalement (il est 9h02) que c’est mort pour faire moins de 9h, je vais essayer d’arriver en un seul morceau, ou du moins tous les morceaux en même temps. Pas le courage de sprinter au finish, pas envie en fait, juste assez de lucidité pour profiter au maximum des encouragements toujours aussi émouvant dont on est gratifié sur la fin du parcours. Voilà, c’est fait, me dis les yeux à moitié fermés pour mieux entendre la clameur. Les pieds dans le tapis à l'arrivée (2 ans de suite il faut le faire…).

9h07 au chrono. Une sympathique bénévole se propose bien gentiment de me désépingler le dossard (j'ai la lourdeur de lui demander si elle ne serait pas dispo aussi pour la douche, elle sourit). Le temps de mourir un peu, de causer à Yann, voilà Tanguy qui arrive. Une minute d'écart seulement ! Diable, j'ai eu chaud ! Fred se pointe une bonne demi heure plus tard.

Contrairement à l'an dernier, je ne me jette pas sur le ravito, mon estomac est rancunier. Du coup, je vais me faire du bien en visitant les kinés.

Notre bande de joyeux drilles arrive au compte goutte : chacun aura amélioré son temps, tous le monde est finisher. Certains parlent déjà de l'an prochain...

Le reste de la soirée se passe pour moi dans une autre dimension, plutot gazeuse. Me souvient tout juste d'une longue douche chaude, d'une biere au troquet, vaguement de l'alligo et pour une fois d'une nuit de bon sommeil réparateur.

Peu de courbature le lendemain (pas de souci notamment pour descendre les escaliers du gite contrairement à l'an dernier).

Tres bonne expérience, au point que je fais une croix sur l'idée d'aller performer au marathon de Berlin pour retenter le coup l'an prochain avec les copains. Objectif : 9km/h de moyenne (inaccessible ? Oui, je sais…)

2 commentaires

Commentaire de CROCS-MAN posté le 24-11-2008 à 09:37:00

Excellent CR,mdr!! Merci pour ce bon moment et de nous faire partager ton expérience. J'espère en être l'an prochain.

Commentaire de Fred69 posté le 08-12-2008 à 22:48:00

9km/h... pourquoi pas.

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