Récit de la course : Le Clair de Lune 2006, par Baobab

L'auteur : Baobab

La course : Le Clair de Lune

Date : 4/11/2006

Lieu : Romans Sur Isère (Drôme)

Affichage : 718 vues

Distance : 50km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Le récit

Voilà deux ans ou presque que la course est courue. Les souvenirs se sont cristallisés autour d'images fortes et des prolongements de l'expérience. Autant dire que ce sera très difficile d'écrire un compte rendu précis et fiable.

Pourtant je me lance; deux éditions de la Clair de Lune ont eu lieu depuis celle de 2006, ce n'est donc pas pour faire un coup de pub pour une manifestation a rayonnement départemental.

Je crois que je prends le clavier pour partager avec toi lecteur mon amour de la course de nuit. C'est bien le pivot que je souhaite garder à l'esprit. J'espère ne pas te décevoir et t'offrir un tableau qui te donnera envie d'ajuster le bandeau de ta lampe frontale, de chausser tes chaussures préférées, et de t'enfoncer dans l'obscurité à la poursuite du rêve et de la poésie.

Ami de la lumière, au fond de toi tu sais que la nuit est belle. Les étoiles chantent la beauté de la création pendant que la lune offre un regard neuf sur le monde.

Que tu te trouves dans une foule nocturne (je ne parle pas des foules motorisées) ou dans la solitude longtemps avant l'aube, tu deviens en quelques sortes le premier homme. Le feu n'a pas été domestiqué, la terre n'est pas encore accoutumée à la présence des bipèdes. Tout est neuf, à découvrir. Tel un vagabond, tu avances en prenant garde de faire le moins de bruit possible : Dieu sait quelles créatures terribles pourrait-on réveiller !!!). Tu te glisses dans un silence peuplé d'odeurs étranges. La terre respire à nouveau librement. Les arbres exhalent les parfums de la vie qui monte des racines à la cime. Tout ce qui est immobile et figé sous le soleil se réveille pour revêtir une qualité d'existence nouvelle. La nuit mon frère ma soeur, la vie change de casquette (et si elle n'a pas encore acheté sa casquette kikourou personnalisée, c'est certainement par distraction)

La Clair de lune 2006, c'est quoi ?

Une marche populaire organisée par une association locale de randonneurs. La boucle de 50km autour de Romans en Isère est prévue pour être marchée, mais chaque année des coureurs investissent l'évènement.

Cette édition a été pour moi l'occasion de rencontre Thunder et Biru (euhhh Tortue Géniale). Vous pensez certainement, ne les connaissant pas en dehors de la Toile, qu'il s'agit de deux individus peu recommandables, du genre a se ballader la nuit en collant, et en racontant des blagues de mauvais goût, sentant à plein nez l'oignon er l'ail de la veille. Bref le genre de gars avec qui vous ne feriez pas 50km,. 40 oui, mais après il y en a plein le dos !!!
Eh bien, chers amis...vous avez raison. Ce sont deux gars bien barrés, comme moi, qui aiment la nuit, comme moi, qui courent en collant (ben oui, c'est mieux contre les irritations et en plus on a l'air de runners !!!!). S'ils sentent l'oignon c'est à cause du plat que je leur ai imposé 3 heures avant le départ (pâtes aux oignons-fromage), et s'ils racontent des bêtiises c'est parcequ'on s emarre bien ensemble alors il faut relancer l'ambiance quand le sommeil vient pour nous cueuillir au détour d'un ravito). Par contre c'est vrai, après 40km j'en ai eu plein le dos...mais vous saurez la vrai raison un peu plus tard.

Rendez vous un samedi de novembre au terminus du tramway derrière Perrache. Outre nos deux kikous, un ami de ma pomme est de la partie. Notre chauffeur de choc nous aide à l'installation dans sa kikouroule, et hop, après les embouteillages pour sortir de la Presqu'ile, c'est l'autoroute.
Quelque chose comme deux heurs plus tard, nous voila arrivés à Romans. Je ne connaissais pas cette bourgade auparavent. Je croyais que c'était plus près de Valence, et surtout j'ignorais la proximité du Vecors.
Enfin bon...nous nous dirigeons dans la froidure (il fait 4 degrés) jusqu'au gymnase. Le comité d'accueil n'est pas encore chaud. Il faut dire que le départ est dans 3h30 et que les romanais sont chez eux, à table.

Dans le gymnase, alignées sur les différentes bandes de peinture marquant les terrains de tennis, de basket, de hand et j'en passe, des tables font office de guichet. Nous retirons notre cadeau, un T shirt souvenir.

Puis nosu songeons à nous mettre à table. Là c'est pas du tout diététique, on s'en met plein le coco, on en redemande. Mmmm les bonnes pâtes, le bon glycogène avec son fromage fondu. Au moins on ne se laisse pas aller. Le stress ne nous atteint pas, et pourtant on a oublié le jaja.

Après les agapes, on fait une petite sieste, puis on s'habille. Pires que des filles, on en a pour une bonne demi heure à se demander si le collant est bien ajusté, et vas-y que je m'en duis de gras pour éviter les irritations. Epique ! On n'en oublie pas pour autant l'heure du départ : 22h.

15mn avant le “pan” qui fait mal aux oreilles, le parking est noir d emonde, incroyable et saisissant si on compare avec le désert que nous avions investi quelques heures plus tôt.

Nous prenons le temps de faire une photo de groupe, juste devant l'ambulance.
Nous cherchons ensuite le départ, histoire de ne pas être derrière les centaines de randonneurs avec des bâtons.

“Pan” : ouverture du bal. On est bien sur le départ ? Voui madame. Alors il ne reste plus qu'à courir...ou plutôt s'échauffer avant de courir.

Pour des raisons liées à la facilité de la narration, je passe en mode “Je”.

La nuit est bien noire, je cours avec un groupe de tête. Les coureurs se reconnaissent et se jaugent. Quelques bonnets Saintélyon annoncent la couleur : 50 bornes ? C'est un petit entraînement, histoire de s'échauffer avant la grande échéance, dans un mois !

Nous avançons sur une piste cyclable. Il faut sortir de la ville et sa banlieue avant de trouver les sentiers et la nature.

Les frontales sont allumées et commence alors le magnifique ballet de lucioles qui s'étirera bientôt sur de longs kilomètres, avalant cols et vallées, dans un silence des plus profons.

Pour ce qui est du silence...c'est pas encore ça dans notre groupe. Ça rigole, ça raconte des bétises (je n'y suis pour rien, c'est de la faute des autres...). A la moindre montée on se sent obligés d'allonger en préconisant la prudence. Allez comprendre !

Rapidement nous nous retrouvons isolés. Seules les indications d'itinéraire nous rappellent que nous sommes sur un événement organisé.

Au bout d'un moment on arrive à un ravitaillement. Très bien fourni, il faut lui rendre les honneurs alors je mange de tout (ou peu près), pas vraiment par faim, mais bon...il reste bien 35km alors on ne va pas se laisser aller !
Je remplis ma poche à eau. Mon poto abuse et remplis mes poches arrières de victuailles. Le saligaud !!! Im me prend pour son garde manger ou quoi ??? Ça me fait une silhouhette marante, je ne ressemble à rien !!!!

Nous reprenons les sentiers. Après un elongue période plutôt montante, nous nous trouvons sur une sorte de plateau, perdu dans la pampa. Le groupe est moins bavard. C'est que 50 bornes c'est quand même un peu plus qu'un échauffement. Même si l'événement n'est pas aussi médiatisé qu'une saintélyon, il faut quand même se les enquiller ces kilomètres !!!

Dans le “bois brûlé”, des divergences d'approches se révèlent. Il y a les fous furieux qui balancent en descente comme s'il faisait grand jour, comme si le profond tapis de feuilles mortes ne pouvait pas cacher une pierre traîtresse. Bref, des kamikazes. Au contraire, derrière moi, un membre du crew appelle (je dirai gueule) : Attendez moi mes salauds. Prudence prudence...

On se retrouve après le bois, en route vers le ravito 2.

Là c'est surprenant puisque nous arrivons dans une sorte d egrande salle des fêtes. Ambiance fin de soirée, tables pleines, chaises vides.

“un ricard ou je fais un malheur” qu'il dit mon pote
“eh ben, allez -y, faites un malheur” qu'elle répond la bistrotière.

Houlala, ça va pas être simple de récupérer l'ambiance !!! Je crois qu'on a loupé notre entrée.

Enfin...on mange, on bois, et zou on file. Ça commence à tirer dans les pattes. Un trailer qui s'arrête au ravito est un trailer en danger, quelque part, un peu.


Un peu plus loin (ou alors était-ce avant) je suspecte la présence assez proche de ce que j'imagine être un véhicule stationné dans lequel hurle de la techno.

Boum boum Boum Boum....

Mais on avance, et toujours rien. Le bruit semble avoir disparu. Bizarre.

Plus loin, on entend très nettement de la musique. Dans ce coin perdu ??? Une répétition du groupe de Pierre Boulez ?

Le fin mot de l'histoire, ce n'est que beaucoup plus loin que nous l'avons.

La Clair de Lune 2006 tombe le même jour qu'une rave sauvage sur les hauteurs de Roman !!! On va guincher un peu les amis ? Tant qu'on a de la souplesse, pourquoi pas ?

Après réflexion (au moins 1/10 de seconde), on décide de continuer. Nous sommes tous les 5, on a les crocs, on en veut, et on espère bien que tout se passera correctement jusqu'àla fin.

Jusqu'à présent, le rythme est nettement sous 10km/h. Il faut dire qu'on n'hésite pas à marcher sur les grimpettes, et on ne bombarde pas vraiment sur les portions les plus roulantes.Personne ne se plaint de douleurs, ampoules, ou autres. Tant mieux parceque le plus dur est à venir. Même à notre allure.

Bientôt je sens une douleur vers le bas des ischios. Pfff c'est bête, on n'est pas encore au 35. Plus ça va et moins ça va. Maintenant, toujours du même côté (à droite), la douleur se fait plus soutenue et prend davantage d'espace. RHEUUUU RHEUUUU alerte. Je décide de marcher, et préviens les copains : on se retrouve au ravito. Il reste 1km, je courotte tranquillement, espérant qu'ainsi passera le pépin.

Au ravito, je retrouve la clique. On mange de tout, on boit. On s'étire aussi (première fois depuis le début).

Et on y retourne. Il reste 13km (environ), normalement c'est bon... en plus c'est essentiellement de la descente et du plat.

Malheureusement, l'impression d'efficacité des étirements était illusoire. LA douleur revient. C'est balourd, je ralentis. J'en informe les potos. Je les libère. Ils m'abandonnet comme un sac dans la neige, mais je les absous... Muarf, c'est pas grave il ne reste que 10 bornes. Ou 11-12, m'enfin c'est tout comme.

Bon maintenant on va gérer en espérant que je ne sois pas dépassé (par la douleur). A propos de dépasser, quelques coureurs me doublent.

Maintenant j'ai mal du bas du dos à l'orteil, avec une pointe dans la cuisse et derrière le genou. Magnifique, c'était trop facile ce 50 bornes. Heureusement que je suis blessé, ça pimente l'expérience.

Un mec qvec son chien me trace. Pas grave, il doit être à 15km/h, donc pas de regret.

J'essaye d'alterner course et marche, avec plus ou moins d ebonheur. Il fait très froid et j'ai l'impression que ça n'arrange pas mon affaire. Le collant que j'ai choisi est bien trop mince. La prochaine fois je rajoute un damart !!!

Seul couac dans le fléchage, aux alentours du passage d'un ruisseau. Je nesais vraiment pas où ça passe. Je mobilise mes restes de neurones, et opte pour une option qui se révélera juste. Par contre en longeant une des rives, j'entends de l'autre côté, derrière une sorte d ehaie (des mais ?) un groupe de coureurs. Ils ont du se gourre de chemin. J'espère que ça ira pour eux. Ils semblent revenir sur leurs pas, si ça se trouve ils me doubleront dans 10 minutes.


Je continue tant bien que mal, entre calculs prévisionnels d'une arrivée plus qu'attendue, et pointes de douleur qui m'inquiètent un brin. A ce moment je crois que c'est une tendinite, mais comme je ne suis pas (encore) médecin, je cherche d'autres pistes.

Je l'ai dit plus haut, il fait froid. Mais le froid de 22h en ville n'est pas celui qu'on a à 4h du matin en rase campagne, près d'un ruisseau. Mon tube de Camel gèle, et je bois des glaçons avec ma flotte. J'essaye de courir aussi pour me réchauffer parceque je souffre de la température (-5 environ).
Heureusement il n'y a pas de vent parceque je serai bien mal en point !!!

Dans une descente à travers une forêt, j'admire les rochers. On a l'impression d'être dans le sud. Ça me fait aussi penser à certains sentiers du Vercors. Je double deux types arrêtés, hagards. Ils sont aussi mal en point que moi. A mon avis on va jouer ensemble au yoyo.
Je les laisse, lampe sur la tête et langue pendante. Finalement je ne suis pas si mal que ça.

La douleur est stabilisée, je reprends courage. Je ne vais pas me laisser aller. Je me remets à galoper, m'accordant que quelques passages par la marche, histoire d eme ménager.

Bientôt je me trouve dans des banlieues résidentielles, aussi mortes de nuit que de jour (normal pour des quartiers dortoirs). Je cours au milieu de la route, et m'écarte à l'approche d'une rare bagnole. L'éclairage orange ets à vomitr, mais ce n'est le temps de réfléchir à l'éclairage urbain.
Je quitte la zone...ouf.

Panneau Romans. Chouette j'y suis presque; malheureusement je n4ai plus beaucoup de jus; je n4ai mëme pas envie de m'arracher pour un finish de toute beauté puisqu'à presque 5h du mat, la foule en furie avec les banderoles d'encouragement, le champagne et les applaudissements, doit être encore au dddo. Je me dépêche sans me presser, sans pression puisque je suis sûr d'arriver. Je me demande depuis combien d etemps mes potes sont arrivés :30mn, 1h ??? Tout dépend de leur stratégie de fin de course : en marchant ou en se tirant la bourre ?

A 500m de l'arrivée, je me fais doubler par mes deux compères, ceux-là même qui étaient en désepoir sur le bord du chemin dans le forêt. Ils boitillent bien un peu mais bon, l'odeur de l'écurie leur redonne des forces. Je le sredouble, ah non mais. A 50m du gymnase, je cherche un peu mon chemein. On entre comment dans cette cambuse ? Par la cheminée.
Un des deux coureurs en profite pour taper un sprint (12km/h). Je lui emboîte le pas (11,5km/h), hors d'haleine, bien content de me faire indiquer le chemin. On arrive ensemble à la porte(l'honneur est sauf). Il est 5h du mat. Son pote met 3mn ppour arriver à son tour.
J'ai mis 7h pour couvrir ces 50km. Bien mais pas top.

Dans le gymnase c'est ambiance dortoir. A part quelques bénévoles, plusieurs coureurs dorment dans leurs sacs de couchage, à même le sol. La lumière n'esta llumée que dans les vestiaires ou certains prennet des douches. Je retrouve les membres de mon crew. Ils sont arrivés peu avant moi (15mn), ayant choisi une fin tranquille. Ils ont été aussi été ralentis par un problème de crampes.

Le buffet d'arrivée est un peu mince à mon goût. On annonce de la “pogne”, une spécialité locale, mais je trouve à la place une sorte de brioche industrielle sans goût. Un peu de café pour faire passer...ok, c'est pas la mort, je me rattraperai à la maison.

Nous restons là au chaud quelques instants puis nous décidons de repartir, direction Lyon pour un somme.

Dans la voiture, ceux qui peuvent dorment. En fait...tout le monde sauf le chauffeur ; )

Arrivées à Perrache, je prends le tramway, puis un coup de bus et me voila à la maison.

Sauf que...hin hin hin, j'ai oublié mes clés !!!! Faut dire que je pensais terminer plus tard. J'avais aussi prévu une après course plus palitante, genre autour d'un plat de pâtes proposé par les gentils organisateurs.

Je décide alors de partir pour 1km aller retour jusqu'à une boulangerie. Je mange des viennoiseries, puis retourne doucettement à mes pénates.
Ma belle est réveillée. Elle m'ouvre la porte. Ouf, j'y suis. Je repousse la douche à plus tard, saute dans mon lit et dorrrrrrrs tout ce que je peux. Mmmmm ça fait du bien !!!!!


Merci aux organisateurs pour ce bel événement, bien préparé.
Merci aux bénévoles qui sont formidables de veiller sur nous toute la nuit.
Merci Biru le chauffeur de choc
Merci aux autres kikous présents sur l'événement.

1 commentaire

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 10-11-2008 à 18:40:00

Un coup de Nostalgie ou tu n'as pas envie de nous raconter tes aventures récentes ? Moi aussi, j'aime courir la nuit mais beaucoup de collègues ont peur de se vautrer !

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