Récit de la course : Marathon des Causses 2008, par Murwar
Marathon des Causses, par Murwar
Compte rendu du Marathon des Causses #1
Nant en Aveyron, une petite ville très sympa, mais dont les montagnes environnantes se dressent avec inquiétude.
Le temps est parfait pour la course, un grand ciel bleu et de la chaleur en perspective, il va falloir boire beaucoup. Avec mon pôte, on a la chance d'avoir 2 suiveurs à qui on confie des vetements plus chauds en prévision de l'arrivée.
Et c'est parti! Départ 13h15 pour le premier gros trail de ma carrière! C'est parti pour 40 km, et l'objectif de 5h20 avant le départ semble tout à fait réalisable. On part plutot en queue de peloton, en se disant que doubler des concurents nous motivera plus que se faire doubler, tout en ayant le choix de ne pas partir excessivement vite... Le début de course tend à confirmer ce choix tactique, avec des montées goudronnées bien larges, des descentes sympas, puis des remontées dans les sous-bois qui me rapellent ma garrigue natale. Bref tout baigne, même si au bout de seulement 30 minutes de course, une douleur apparait simultanément aux 2 talons. Mais pas la tendinite. Non, c'est plutot la douleur de brulure caractéristique du début d'ampoule... Et là je sors à mon pote "putain, j'ai déjà les talons en feu!!!" Toutes les montées qui vont suivre vont être un véritable calvaire...
Après les 2 premières petites montées, on attaque la grosse montée vers les Tombeaux des Géants... Premier véritable test, la douleur au pied devient très très vive et je pose avec de plus en plus de précautions mon pied à chaque pas. On évolue en file indienne, les sentiers sont très étroits, et impossibles de doubler. Bref, on n'est pas maître de son rythme et ça m'énerve. Pour me calmer je sors mon téléphone portable pour faire quelques photos, je vois que ma copine m'a envoyé 3 textos. Je repars encouragé. Un peu plus tard, sur le plateau, que je sors mon ipod, et j'effectue un long relais avec mon pote. Bref, on cavale bien en doublant pas mal de concurrents, les jambes vont plutot bien et on n'oublie pas de s'alimenter. Le premier ravito est atteint en 1h43, soit mon record au semi sur route... La descente sur St Sulpice se passe bien, sauf qu'évidemment on bouchonne pas mal (toujours impossible de doubler)...
Et on entame le juge de paix de l'épreuve, la quatrième montée. Là encore, on se relaye avec mon pote, on gagne encore quelques places à la marche. Mes talons me balancent des douleurs telles que je dois monter "en canard". Je pense à mes pauvres chaussettes qui seront bonnes à jeter avec des grosses taches rouges... Petit faux plat descendant, on double encore quelques personnes, et là la montée la plus pentue arrive, en plein cagnard. Environ 15 minutes plus tard, (après environ 3h30 de course) on trouve un mec allongé par terre avec sa couverture de survie, 2 gars autour qui s'occupent de lui.
"-Est-ce que quelqu'un a un telephone portable?"
Ni une ni deux, je m'arrête et appele le 18... (notez que il n'y avait aucun numéro à appeler en cas d'urgence, ça pourrait être une bonne innovation pour les prochaines éditions)... J'essaye de décrire l'endroit où s'est passé l'incident, mais je ne peux que donner une description évasive... C'est fou le nombre de GPS qui sont tombés en panne sur le parcours... Une infirmière nous parle 10 secondes et préfère aller faire un classement plutot que de s'arréter 5 minutes pour s'assurer que le gars allait bien... Ce comportement scandaleux me mine plus que tout... Apparemment, un autre mec s'est effondré sous les crampes à 200m de là où on stationne depuis maintenant 10 minutes... Aucun secours n'arrive... On attendra 20 à 25 minutes un gars de l'organisation arriver avec son talkie... Quant au médecin, on le croisera une fois reparti! Heureusement que ce n'était pas sérieux, car l'organisation des secours, même en terrain accidenté, laissait vraiment à désirer.
Et c'est ainsi qu'on repart, après un arrêt de plus de 30 minutes, les muscles froids et le moral à quasi zéro après la vue de 150 concurrents (au moins) qui nous ont doublés. Pour mon pote c'est pire, lui a maintenant peur de son sort en cas d'accident... On fait l'erreur de repartir trop vite en pleine montée (pour doubler ceux qui nous avaient passés), et on se crame les muscles. On se remet à marcher tranquilement, et mes jambes reviennent peu à peu. C'est au sommet de la 4eme montée que je lache mon pote, et je dévale la descente vers le second ravito à fond. Je pense pas avoir pris autant de risques dans mes précédents trails... Mais ça paye car je remonte une bonne cinquantaine de concurrents... Bon, j'ai des signes avant coureur de crampes au dessus du genou droit, mais je bois un bon coup et ça repart. Boire, boire, boire et concentré! Le passage en dessous de la falaise puis l'épingle à cheveux avant de foncer au ravitaillement. Là, je remplis mon camel et repart en moins de 2 minutes, histoire de gagner encore un peu de temps.
La dernière montée est un véritable calvaire, car la douleur au talon me convainc presque de monter à genou... Heureusement, j'arrive à suivre un groupe de 8 personnes, que je lache, puis un couple qui arrive à à me suivre pendant 10 bonnes minutes. Je continue arc-bouter sous mon sac à dos, je sais que c'est la dernière partie et que j'ai encore des reserves pour accélerer. J'arrive au sommet avec 2 gars en point de mire que je rattrape après 5-10 minutes de descente. Là, après avoir évité d'extrème justesse la chute à 2 reprises, je m'étale de tout mon long, réveillant ma crampe au genou droit. Je laisse échapper un hurlement, mais plus de peur que de mal, j'avais encore un peu de marge avant son arrivée. Je perds une trentaine de seconde dans l'affaire, mais plus de peur que de mal. Je prends en compte la leçon et récupère ma frontale. Et là, je suis dans mon élément. J'avale encore une bonne vingtaine de concurrents avant la fin de la descente... Et là il ne restait plus que quelques kilomètres de plats, une simple formalité quand on a déjà courru presque 6h? Et non, c'est sur ce plat que j'ai connu mes limites, car j'ai du marcher pendant 10 minutes, le temps de me refaire un peu. Bien sur je perds quelques places, et puis j'arrive enfin à accrocher un groupe de 3 personnes. Les lumières de Nant, les encouragements entendus au loin me donnent aussi un coup de fouet. J'attaque dès le passage sur le goudron, avec un gars du groupe sur mes talons (que je ne sens étrangement plus...). Je le sens revenir qu'il veut me passer sur la ligne, mais un dernier coup de collier permet de m'adjuger la 476eme place en 6h29'12''. Mon pote arrive 20 minutes plus tard, en 6h49'...
J'ai quand même un gros regret de ne pas avoir pu défendre mes chances normalement. Même si un retrait de 30 minutes de mon temps me fait remonter à la 320eme place, je sais bien que les calculs ne sont pas aussi simples, que j'en ai profité pour me reposer, récupérer, m'alimenter, etc... Mais je ne peux pas m'empécher de revivre ce re-départ, les muscles froids, cette sensation de m'asphyxier en repartant, sans compter le moral qui en a pris un gros coup et la perte de temps provoqué par tous les doublements que j'ai du effectuer... Je pense que ça doit grosso modo s'équilibrer...
En tout cas, vraiment accroché, et je vais apprendre de mes erreurs:
-partir avec des gens de ton allure pour ne pas perdre trop de temps dans les bouchons
-bien préparer le pied pour éviter les ampoules (au talon), d'ailleurs si vous avez des conseils, je suis preneur.
-sortir la frontale plus tot pour éviter les chutes
-prendre plus de photos tant qu'on peut, car le paysage était magnifique!
3 commentaires
Commentaire de Seldon posté le 28-10-2008 à 15:42:00
Très bien raconté ! :-)
Commentaire de laurent f posté le 08-11-2008 à 12:45:00
impossible de voir les photos !
Commentaire de laurent f posté le 08-11-2008 à 12:46:00
je voulais dire les photos de nico 01 !
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