L'auteur : Sprolls
La course : Trail des Alpes Maritimes
Date : 5/10/2008
Lieu : Menton (Alpes-Maritimes)
Affichage : 2760 vues
Distance : 58km
Objectif : Pas d'objectif
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Après un premier trail réussi en 2006, la 6000D, je me suis lancé dans la pratique exclusive de la course d’orientation pendant 2 ans. Il aura fallu un voyage à la Réunion et un petit pari entre amis pour que je me décide à réaliser un projet qui me trottait dans la tête depuis un bout de temps déjà : faire la Diagonale des Fous, une course qui me fascine par sa localisation, son dénivelée, sa longueur et la technicité de son parcours. Hors-sujet me direz-vous ? Et bien non car pas question de me précipiter, c’est la course de 2009 que je vais essayer de terminer et d’ici là je compte bien me préparer sérieusement en me remettant à la pratique du trail en allongeant les distances par étapes. Ayant déjà fait la 6000D et courant régulièrement des CO de 10 à 15km, je décide de commencer par le Trail des Alpes Maritimes, version 53km, pour sa première édition. Je l’ai choisi pour les 4000m de dénivelée négatif, l’arrivée sur la plage à Menton et le challenge du meilleur descendeur qui est organisé, vu que c’est ce que je préfère dans le trail, surtout si elles sont bien techniques ! Le point négatif, c’est que j’aurais eu du mal à trouver une course plus éloignée de Paris, le point positif c’est que je ne serai pas seul puisque j’arrive à motiver Marek qui viendra avec moi découvrir le trail sur la version 30km.
Marek, concentré la veille de la course
Après une petite visite fort agréable de Menton le samedi et un dîner gastronomique, le lever est matinal pour un départ à 5h en bus direction le col de Turini. J’y fais la connaissance de Jak, qui s’apprête lui à faire la diagonale des fous 2008 et vient faire aussi une ultime préparation, en particulier pour la descente. Le trajet est épique : le bus affrété par la compagnie de transport est tellement large qu’il se retrouve empêtré dans chaque épingle, frottant les rochers dans les encorbellements, frottant les trottoirs dans les virages. Il parvient péniblement à Moulinet mais nous abandonne là, où les organisateurs ont préparé en urgence un convoyage en voiture jusqu’au col ! Finalement le départ est donné avec ¾ d’heures de retard permettant au jour de se lever pour le départ mais pas à la température, il doit faire 5° environ à ce moment.
Le parcours commence par une petite côte progressive sur piste forestière partant du col de Turini. Je suis le groupe de tête qui part tranquillement je trouve, en comparaison avec la 6000D (effet du nombre) et au rythme de la course d’orientation. Cela montre bien que j’ai un peu oublié ce que c’est de faire 50km en montagne, je m’en rendrais compte plus tard. Dès les premiers lacets techniques de descente je passe devant histoire de me faire plaisir et de bien me placer pour le challenge de descente tant que je suis encore frais ! Cela me fait tout drôle de me retrouver en tête d’un trail après avoir été perdu dans la foule de la 6000D il y a 2 ans… J’essaie de ne pas trop m’enflammer mais visiblement j’ai fait le trou ! Traversée de Moulinet, descente dans le fond de la vallée, premier pointage Sport’Ident (système que je connais bien grâce à la course d’orientation qui permet de connaître après coup tous les temps intermédiaires et positions par section) et c’est parti pour la première côte, avec un peu plus de 2 minutes d’avance m’apprendront les tamps intermédiaires après coup. Je me force à ne pas m’enflammer du fait d’être en tête. Je sais que je suis nettement moins performant en côte et que le trail est encore long, donc que les suivants me rattraperont vite. J’envoie quand même un sms à Marek pour lui mettre la pression en lui disant que je suis en tête de la course car son objectif est que je ne le rattrape sur le 30km qui part 1h30 après nous. En réalité il sera plus rapide que moi sur ces 30 kilomètres…
Je prends aussi le temps de profiter aussi du paysage superbe que nous offre la crête où nous évoluons. C’est l’une des raisons pour lesquelles je fais du trail en montagne si loin de Paris, j’essaie donc d’emmagasiner autant d’images que possible dans ma tête ! Je commence à voir aussi mes poursuivants qui mettent quand même pas mal de temps à me doubler : un puis deux et un 3ème juste avant la fin de la côte. Avant de me lancer dans la 2ème descente, je m’arrête pour resserrer mes lacets pour être dans les meilleures conditions pour consolider ma place au challenge descendeur. Là, 3 mauvaises nouvelles : j’ai déjà un peu les jambes lourdes malgré une montée relativement tranquille, conséquence de ma première descente, je sens depuis quelques temps une ampoule à mon pied droit et surtout je m’aperçois qu’un des 2 lacets de ma chaussure gauche est sur le point de casser ! Les commentaires lus sur le forum kikourou sur la salomon xt wings se trouvent vérifiés, un peu tôt à mon goût dans ce trail ! Et dire que je me suis posé la question d’acheter des lacets de secours avant de venir… Il va falloir tenir jusqu'au ravito de Sospel où j’espère trouver un lacet de secours !
En fait dès le début de la descente le lacet casse pour de bon. Heureusement la chaussure a 2 lacets indépendants donc mon pied est un peu maintenu malgré tout. Du coup je décide de descendre à un rythme normal, tant pis pour les ampoules. Je rattrape mes 3 prédécesseurs, qui étaient à moins d’une minute devant au col, et continue sur ma lancée, quitte à me cramer les cuisses pour de bon en me disant que je ralentirai beaucoup plus nettement sur les prochaines montées. Des chasseurs sont postés régulièrement sur le sentier dans la fin de la descente, ça ne me rassure pas vraiment d’être en tête à ce moment, d’autant qu’on entend les chiens aboyer juste en dessous… Je m’en sors indemne ;o) et arrive au ravito de Sospel en tête, ce qui continue décidément à me faire tout drôle ! Je demande tout de suite si quelqu’un a un lacet à me prêter. Les bénévoles me trouvent un bout de ficelle mais hélas ça ne passe pas dans les trous. Finalement je demande du gros scotch pour entourer la chaussure et maintenir le pied un peu mieux (je sens déjà une grosse ampoule sous le talon et 2 autres vers la plante du pied). Les organisateurs m’en trouvent et me laissent même le rouleau ! Vraiment sympas sur ce coup-là !
Le temps de me ravitailler un peu je repars bien après le trio de tête en raison du temps perdu. Pas grave, je veux désormais ralentir pour finir honorablement et continuer à faire de belles descentes, si la réparation tient. Le 5ème me double d’ailleurs vite, lui qui trottine dans la côte suivante alors que je marche. Le parcours fait une boucle dans un très beau vallon entre pierriers et forêt dense. Je me force à relancer après le boîtier qui marque le début du chrono descente. Je laisse pas mal d’énergie à relancer sur les nombreuses petites côtes qui précèdent la vrai descente. Celle-ci se passe bien, malgré les jambes lourdes car la réparation me tient pas mal le pied !
Puis j’arrive au deuxième ravito, en eau uniquement, au moment où mon prédécesseur en repart. Je prends le temps de bien m’étirer et me prépare à souffrir dans la côte vu l’état de fatigue de mes cuisses. Très vite je me fais déposer par le futur vainqueur du trophée de meilleur grimpeur. Plus grave, je me rends compte que mes cuisses me brûlent comme pas possible. Je ne suis pas essoufflé mais je dois m’arrêter tous les 50m… J’ai l’impression de me traîner comme une limace. Cela dit je ne suis pas seul dans cette mauvaise passe puisque j’ai quelques mètres devant un des coureurs de l’ancien trio de tête qui semble également en grande difficulté. Bref la montée est très longue, je commence à bien gamberger en imaginant la Diagonale des Fous à me demander comment je pourrais bien la terminer quand je me sens cramé après une trentaine de kilomètres… Le sommet arrive enfin, je décide de m’allonger quelques minutes pour me refaire une santé, en buvant bien, et me ravitaillant. Cela dit je ne me sens pas en fringale, je n’ai pas les symptômes que j’ai déjà pu connaître. Par contre l’acide lactique semble ne plus quitter mes cuisses avec une sensation de brûlure permanente qui ne passe pas… Très bizarre et très désagréable… Je remets du gros scotch autour de la chaussure, le précédent morceau s'étant visiblement détacher pendant l'ascension (je referai cette opération 2 fois encore). Quand je me relève, j’ai les jambes de bois et me demande où abandonner puisque nous sommes au sommet d’une montagne mais loin de tout ravitaillement. La meilleure solution reste encore de continuer, avec un peu de chance la forme reviendra… Il faudrait juste que j’arrive à temps pour prendre mon train !
Je n’ai plus trop la notion de mon classement, quelques coureurs m’ont passé dont Jak, mais assez peu étrangement au final, même pendant mes 10 minutes d’arrêt juste avant… Et tranquillement, les cuisses se réchauffant, elles redeviennent moins douloureuses, ça va un peu mieux. Je retrouve mon camarade de galère qui m’explique être victime d’une hypoglycémie et envisage d’abandonner rapidement. Je lui fais part de mon relatif regain de forme en espérant qu’il puisse aussi se relancer (ce qu'il fera finalement une demi-heure après me racontera-t-il à l'arrivée).
Le passage qui suit est superbe, on commence à voir la mer, le sentier est très agréable, je reprends confiance sur ma capacité à terminer. En plus on ne me double plus. Après un petit détour en Italie et une petite côte tranquille que je grimpe doucement mais sûrement, le chemin redescend sous la crête. Puis passage d’un petit col avec le dernier ravito. J’apprends que je suis 9ème. Ça devrait être possible de faire dans les 10 alors ! Je repars, petite descente puis dernière petite montée jusqu’au col du Berceau à 1100m qui nous offre une superbe vue sur la Méditerranée et Menton à nos pieds (mais qui semble encore loin).
Le temps d’une photo et je me prépare à achever mes cuisses. C’est d’ailleurs la descente la plus raide et la plus technique de la course avec des appuis fuyants. Les jambes lourdes font que j’y prends moins de plaisir que pour les premières mais l’envie d’arriver vite me pousse à y aller franchement. On rejoins Castellar par une route bitumée très raide qui continue à faire mal aux cuisses puis un temps de replat par un chemin de traverse agréable vers Menton mais qui me paraît bien long. Quand la descente reprend je vois des coureurs qui remontent ! On a raté une bifurcation pas très visible. Je remonte aussi (moins qu’un autre coureur du 53km qui perdra 2 places dans l’histoire mais plus qu’un autre à qui nous indiquerons le virage manqué et qui finira devant !). Quelques derniers raidillons puis nous entrons dans Menton avec un parcours dans les ruelles très jolies de la ville.
Enfin voilà la plage des Sablettes et l’arrivée que je franchis avec soulagement en 8ème position après 7h18 de course ! Je rejoins Marek qui a bien fini son premier trail en moins de 5h pour 30km (plus rapide que moi sur cette section) avec notamment une montée très rapide sur la côte qui m’a tant fait souffrir. Bien joué !
Au bilan, je suis content de ma performance mais j’ai beaucoup plus souffert pour finir que pour la 6000D, sans doute à cause de mes descentes rapides de début de course. Le parcours était somptueux du point de vue des paysages et très varié au niveau des chemins empruntés : pistes larges et single tracks, pentes et technicité variées, un peu de route forcément mais de manière limitée avec un tracé cherchant à l’éviter au maximum sur la fin. Enfin une équipe d’organisation sympathique bien rodée et réactive pour une première édition. Personnellement, la course m’a permis de mesurer le chemin qui reste à parcourir (dans tous les sens du terme) pour être en mesure de finir la Diagonale des Fous l’an prochain ! Je finis, c’est l’essentiel, en ayant pu goûter à l’ivresse d’être en tête d’une course (ça ne devrait plus m’arriver de sitôt !). Je remplis aussi mon 2ème objectif en finissant meilleur descendeur. Il va cependant falloir que j’apprenne à « gérer » les descentes et en garder sous le pied pour les prochains trails, histoire de finir plus sereinement et d’être capable de faire plus de 100km de course. Mes 2 seuls regrets : avoir été obligé de partir avant la remise des récompenses pour attraper mon train pour un long retour sur Paris et avoir oublié au col de Turini dans la précipitation du départ en retard ma polaire, mon écharpe et ma veste… On va aussi travailler ça pour la prochaine course…
2 commentaires
Commentaire de Shostag posté le 22-10-2008 à 20:53:00
C'est donc toi le "furieux" qui a titillé les favoris jusqu'à la mi-course. Nous en parlions encore jusqu'à la remise des prix. Il fallait oser attaquer au taquet dans les descentes et finir en roue libre. Chapeau et bravo pour ta persévérance !
Merci pour le récit et les belles photos qui m'ont replongé trois semaines après dans la course.
Commentaire de Sprolls posté le 31-10-2008 à 07:26:00
Pour le photos, j'ai encore un peu d'efforts à faire par rapport aux tiennes !
Et pour le trail, je crois que je ne suis pas prêt de refaire un départ comme ça ;o)
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